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Josette Chicheportiche (Traducteur)
EAN : 9782351782910
284 pages
Gallmeister (07/03/2024)
4/5   7 notes
Résumé :
Alaska, 1956. Marie et Lawrence se rencontrent et décident de se marier. Dès lors, leur grand projet devient d’aménager parcelle de 150 acres qu’ils viennent d’acquérir. Pour Lawrence, voici enfin l’occasion de s’intégrer à un monde qui n’a jamais tenu ses promesses. Pour Marie, cette terre est le moyen d’échapper à l’avenir vide qu’elle redoute. Certes, le pari peut sembler risqué, mais cela vaut toujours mieux que de n’avoir aucun projet. Au cours des années qui s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pour découvrir les paysages grandioses et sauvages de l'Alaska, le premier roman de Melinda Moustakis, se déroulant de 1956 à 1959 pendant la candidature du territoire de l'Alaska au statut d'État, offre une belle opportunité à saisir. D'autant qu'en digne plume du nature writing, l'autrice accorde une place prépondérante à cet environnement hostile et magnifique.
Elle examine plus spécifiquement ce que signifie réellement posséder une terre pour un individu ordinaire et dépeint cet instinct de possession partagé par tant de colons américains.

Lorsque Lawrence Beringer pénétre dans le Bureau of Land Management en Alaska en 1956, il est déterminé à abandonner son ancienne vie et à posséder sa propre exploitation, comme l'y invite le rêve américain.
Originaire du Minnesota et vétéran de la guerre de Corée, Lawrence veut saisir l'opportunité d'acquérir 150 acres de terre comme propriété, "où ses enfants désigneront les années. Où il coupera du bois et labourera la terre et construira une cabane à sa propre mesure. Il réclamera ce qui lui est dû. Et par le travail de ses mains, tout cela sera à lui." Car il suffisait alors de construire une maison et de cultiver la terre pour la posséder ( au détriment des populations autochtones spoliées ici également ! ).

Pour gagner cette terre et fonder une famille, il a besoin d'une femme. Il rencontre dans un bar Marie, une jeune fille du Texas venue rendre visite à sa soeur et à son beau-frère, et décide de l'épouser. Pour la séduire, une méthode peu romantique : il lui glisse dans la main un morceau de papier sur lequel il a écrit 150 acres.
Heureusement pour lui, Marie n'est pas une ingénue puisqu'elle connaît la pauvreté, la précarité et l'abandon. le mariage et la promesse d'une terre sont pour elle un moyen de s'émanciper et de donner un sens à sa vie.
Ce qu'elle ignore, c'est que Lawrence est la plupart du temps mutique, qu'il souffre d'un syndrome de stress post-traumatique suite à la guerre de Corée, éprouve le sentiment de culpabilité du survivant et a décidé qu'il voulait 12 enfants.

Après un mariage expéditif, le couple de pionniers devra finalement relever deux défis : apprivoiser une nature sauvage et surtout s'apprivoiser l'un et l'autre.
Si la concession s'avère de prime abord inhospitaliere en raison du climat et des animaux sauvages, le couple s'installe peu à peu en profitant du lac de la propriété et en vivant dans un bus en attendant que la cabane soit construite. Même l'isolement n'est pas un problème puisqu'ils reçoivent régulièrement la visite de Sheila et de son mari.

Melinda Moustakis ne minore pas les épreuves qu'ils traversent pour survivre sur ce territoire mais elle insiste davantage sur l'interiorité de ses personnages et sur la difficulté de se connaître et de se comprendre dans un mariage. C'est là sans doute l'enjeu le plus redoutable qui incombera essentiellement à Marie puisque c'est elle qui accomplira les plus grands sacrifices.
La narration à la troisième personne  permet à l'autrice d'explorer successivement les sentiments de l'un et de l'autre et de décrypter leurs réactions.
Elle nous fait découvrir les réticences de Lawrence qui repousse toutes les tentatives de Marie pour se rapprocher, autant physiquement qu'affectivement.
"Qu'il arrive à la repousser, à se priver, signifie que c'est comme ça et pas autrement. C'est lui qui tient les rênes et qui fait signe d'approcher, et non pas celui qui se laisse traîner."
Dans une logique de domination patriarcale, il veut imposer ses règles et son mode de vie à sa femme. Dans une logique viriliste, il s'interdit tout sentimentalisme et craint tout rapprochement. Il n'hésite pas à mentir  et à trahir sa promesse de partager la terre avec elle, puisqu'il  inscrit la concession comme sa propriété à lui seul.

L'autrice va cependant accorder une porte de sortie moins méprisable à son héros masculin. Car la force vitale de Marie, sa ténacité et son courage le feront évoluer, prendre conscience de ses erreurs et reconnaître que "le titre de propriété n'était que le début, et il en avait besoin pour prouver que le terrain était à lui, peut-être parviendrait-t-il à le faire comprendre à Marie, que si ces deux année-là étaient à lui, il pourrait lui donner toutes celles qui restaient. "
En acceptant de partager la terre avec Marie, il devient digne de cette magnifique scène finale où il accomplit son chemin de croix en transportant la couronne de bois de rennes jusqu'à la cabane.
" Chaque pas est un fardeau, un don, une repentance. Et elle oubliera les questions qui la tourmentaient ce matin. Chaque nouvelle journée sera un ancrage, un autre lever et n'est pas parvenue à s'imposer, et le nom qu'elle porte est son nom à lui, leurs enfants, et cet endroit leur survivront, et un territoire devient un État, une femme se marie et devient une épouse, et quelle différence cela fait-il, qu'est-ce qui doit être payé de retour ? "

Le seul bémol apporté à ce beau roman tient au décrochage épisodique dans la fluidité de l'écriture comme dans la citation ci-dessus. Il arrive parfois que certaines phrases soient grammaticalement douteuses ou maladroites, sans que je puisse juger s'il faut en imputer la responsabilité à l'autrice ou à la traductrice, ou encore au fait que la langue anglaise soit plus apte à supporter certaines phrases non-verbales.
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La plume de Melinda Moustakis a l'odeur résineuse des épicéas qui entourent la clairière au coeur de son roman, un caractère primitif et instinctif saisissant. Pour raconter le couple de pionniers dont elle décrypte le mariage, elle use de phrases non-verbales, parfois trop brutes mais à l'identité forte et assumée qui répond à la pureté aride de l'Alaska où tout se déroule (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/03/10/la-clairiere-melinda-moustakis/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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