AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 27 notes
5
6 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman étonnant embarque le lecteur au coeur des légendes népalaises, peuplées de créatures fantastiques et permet de découvrir des rites ancestraux, très éloignés de notre culture.
Au royaume du Dolpang, quand une migoï, figure mythique du yéti, enlève la Kumari, jeune déesse vénérée de tous, nul ne sait comment la retrouver. Personne, sauf Tao, jeune moine bouddhiste, danseur et combattant. Il a déjà rencontré la créature sauvage et cruelle, c'est elle qui a tué son père.
Mais la bête féroce est aussi considérée comme gardienne du domaine des dieux. Personne n'a le droit de gravir la montagne sacrée et rares sont ceux qui en reviennent vivants.
Tous les personnages de ce conte aux multiples facettes sont touchants.
En partant à la recherche de la déesse, Tao ne cherche pas la gloire mais il veut surtout assouvir sa vengeance. Son oncle sans coeur lui a menti et a caché des pans entiers de son histoire. le jeune moine est aidé par un curieux enfant-lièvre et un yack blanc. Leur quête permettra de découvrir la vérité.
De son côté, la Kumari découvre la sauvagerie. Chanah, monstre dans le regard des humains, apparaît comme maternelle, meurtrie dans sa chair et capable de tendresse et de beauté. Elle permettra à la jeune fille de reprendre sa vie en main et s'ouvrir vers les autres.
Ce récit, rythmé par la voix des trois personnages, est universel et touchant. Il évoque avec délicatesse et poésie la question du destin et montre l'intérêt de s'ouvrir à la différence, de reconnaître l'autre pour ce qu'il est et non ce qu'il paraît.
Profondément humaniste, le texte de Mylène MOUTON prône le courage et le respect avec une question philosophique centrale : la frontière est très mince entre le sauvage et le civilisé.
Commenter  J’apprécie          20
Incontournable Mars 2022

"Dolpang" évoque à la fois les classiques tels que "Tarzan" d'Edgar Rice Burroughs, ainsi que "Tintin au Tibet" d'Hergé, mais ce qui le distincte, outre sa structure singulière en chorale, est la présence d'éléments culturels assez méconnus des Occidentaux. Il s'agit de l'un de ces romans pour les lecteurs qui veulent explorer le monde et sont capables d'apprécier un rythme tranquille.


"Dolpang" est un Népal fantastique, "petit royaume rêvé entre le Dolpo et le Mustang, les deux plus mystérieuses régions du Népal", pour citer l'autrice. Un monde dans lequel vivent les "migoïs", êtres quelque part entre humain et singe, que les américains du Nord appellent "Bigfoot". Ces créatures, comme les gorilles, vivent en clan, avec un mâle et plusieurs femelles, mais sont carnivores. Dans ce monde, ils ne côtoient normalement pas les humains, séparés par une rivière.


Cependant, dans le Dolpang existent des Déesses vivantes qui sont quand à elles bien réelles. On les nomme "Kumari", elles auraient reçu le souffle de Kali, une Déesse du panthéon Hindou, qui s'incarne dans ces très jeunes filles. Elles sont choisies dans la prime enfance et doivent correspondre à 32 critères de beauté spécifiques. En outre, elles sont soumises à des épreuves qui peuvent être terrifiantes, surtout pour des enfants de cet âge ( entre 3 et 8 ans) avant d'être officialisées. Les Kumari ont une vie très particulière. Elles ne marchent pratiquement pas, car le sol est jugé "impur" pour leurs divins pieds. Elles sont végétariennes, la viande étant considérée comme de la charogne et donc, impure. Elles ne doivent en aucuns cas saigner, autrement, elles perdent le "souffle de Kali". D'ailleurs, les kumari qui ont leurs premières menstruations sont aussitôt destituées. Elles ne doivent démontrer aucunes émotions, ne doivent jamais pleurer ou rire. Lorsqu'elles sortent dans les villages pour être adulées, elles sont portées et leurs pieds sont posés sur un plateau où l'on peut lui faire des offrandes. Les Kumari sont vêtues de vêtements somptueux, maquillées et parfumées. On leur peint un "troisième oeil" sur le front, comme en témoigne la couverture. La vie des Kumari peut paraître aisée, car d'un point de vu matériel, elles jouissent de tout, mais les conventions du Droit de l'Enfant dénoncent cette pratique encore aujourd'hui. Les anciennes Kumari ont souvent des problèmes d'atrophie musculaire du fait de si peu marcher, ne jouissent d'aucune scolarité et ont souvent des enjeux de santé mentale dûs au changement radical de style de vie. Aussi, selon un mythe, marier une kumari porte malheur ( la mort dans la prochaine année) et les confine donc à la solitude conjugale. Bref, je vous invite à aller vous renseigner sur le sort de ces petites népalaises, c'est aussi intriguant que triste. Petite lueur d'espoir: aujourd'hui, certaines Kumari sont scolarisées.


Maintenant que vous avez un meilleur aperçu des éléments culturels importants, qu'avons-nous côté histoire?


Shanah est une migoï femelle, qui vient de mettre au monde un énième bébé malformé, qui sera assassiné par le Grand Mâle de son clan. Dans la cour d'un monastère, de jeunes danseurs-guérriers se préparent à la fête de Changyar. Tao va mener la danse, c'est un grand honneur et il se montre fort habile, malgré son choix de masque. Il a choisi de lui donner la forme d'une migoï, celui de Shanah, qui serait responsable de la mort de son père. Hélas, alors qu'il espérait quelque signe encourageant de la part de la Kumari, elle ne daigne même pas lui faire l'offrande d'un sourire. Mais lorsque Shanah brave le monde des hommes et kidnappe la kumari, alors en déplacement, Tao se lance sur ses traces pour secourir la Kumari et du même coup, venger son père. Avec lui se lancent Petit Lièvre, un orphelin maigrichon qui a un bec-de-lièvre et une drôle de parlure, ainsi que Anmo, autrefois son meilleur ami, même si c'est un yack, au pelage immaculé. Mais à travers les rencontres des personnages, la frontière entre monstruosité et humanité semble devenir bien floue.


Le début du roman est atypique, il ne nous révèlera pas d'emblée tous les détails. Il faudra les cueillir en progressant dans le roman. On ne connait donc pas le monde exotique qui s'ouvre peu à peu à nous. Chaque chapitre est assez court, partagé entre Chanah, Tao, Kali et même Anmo et Kong vers la fin. Comme je l'évoquais au début, il faut se laisser imprégner par cet univers nouveau sans vouloir tout savoir tout-de-suite. Si vous êtes un Lecteur du genre impatient et à souhaiter rafler les romans rapidement, il se peut que vous abandonniez tôt. Au contraire, si vous donner le temps à ce monde de vous laisser entrevoir ses mystères et sa culture, alors vous êtes parti pour une belle ballade.


Chanah, en enlevant Kali comme enfant de substitution, me rappelle donc l'histoire de Tarzan et c'est d'autant plus vrai que les migoïs ressemblent à des gorilles. Kali, d'abord dégoûtée et choquée, réalise à leur contact qu'elle peut a nouveau éprouver des émotions. En outre, sa force de caractère, qu'elle croit liée à la présence en elle de Kali, lui donne le courage de faire face à la situation. Peu à peu, même notre perception des migoïs change en même temps que la sienne.


Tao pour part, est un orphelin qui a été élevé par des moines, après la mort de son père. Dans ce pays, la danse et la guerre vont de paire,ce qui vient de dynamiter nos concepts machistes occidentaux de la "virilité". Tout comme Kali ( de son vrai prénom Soleya) il croit qu'il ne doit surtout pas éprouver la peur.


Petit Lièvre, un personnage fort attachant, souffre d'une fente palatine, qu'on appelle communément un "bec-de-lièvre". Contrairement à Tao, personne ne l'a pris en charge, il a dû se débrouiller seul pour survivre. Il a une drôle de diction et son langage est très primaire. Il a en revanche un esprit vif et un meilleur instinct que Tao, surtout pour juger les gens. D'abord rejeté, il finira par se faire accepté comme compagnon par le jeune danseur.


Chanah, enfin, est le personnage phare. Tout arrive en raison d'elle. On comprend peu à peu que sa vie n'a pas été simple. Elle a survécu à une altercation la laissant borgne. Elle perd tous ses enfants, nés malformés et donc rejetés par leur père. Chanah est endeuillée et cherche désespérément à combler son manque affectif. La voir apprivoiser et être apprivoisée par Kali/Soleya est émouvant.


On a trop peu souvent la chance de voyager dans cette partie du monde, alors ça me fait réellement plaisir de le faire à travers ce roman jeunesse. Paysages nordiques, fêtes hindous, culture népalaise, drame familial et frontières entre espèce sont tous des thèmes de ce roman. Il y a quelque chose à la fois très "animal" et de pourtant doux dans les représentations des personnages. D'ailleurs, même les animaux nous parlent dans le roman, quand leur tour de chapitre leur permet.


C'est un roman d'incursion, telle que l'a fait son autrice quand elle a fait ce voyage dans ce pays méconnu. le genre qui nous fait changer de regard et ouvre sur le monde. Je me réjouis d'en voir de plus en plus en librairie jeunesse, surtout dans un monde intermondialisé comme le nôtre. Un roman où la beauté et la laideur, la civilisation et la nature, l'humain et l'animal jouent sur leurs frontières. Embarquez-vous?


Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 13 ans+.
Commenter  J’apprécie          10
Dolpang, mélange entre deux régions existantes du Népal, est un lieu inventé où se déroule cette histoire. Une histoire qui vous plongera dans les légendes du Népal avec le yéti, les moines danseurs-combattants et la figure de la Kumari (une petite fille considérée comme le visage de la déesse Kali.) Une histoire qui parle aussi de jugement hâtif sur ce qu'on ne connaît pas et qui fait peur, de vengeance et de tromperie. Un roman qui chamboulera peut-être un peu trop les âmes sensibles mais qui vous fera voyager et découvrir une autre culture.

Mylène Mouton réussit dans “Dolpang” à nous transporter dans cette région du monde avec succès. Nous alternons à chaque chapitre entre les trois personnages principaux de cette histoire : Tao, La Kumari et Chanah. Nous découvrons les intentions de chacun d'entre eux jusqu'au dénouement final. Une fin étonnante que j'ai trouvé extrêmement triste mais cohérente avec le reste de l'histoire. J'ai passé un très bon moment de lecture avec Dolpang. J'ai apprécié découvrir la figure de la Kumari, son interprétation du yéti s'il existait et les thématiques qu'elle aborde dans son roman : la vengeance, la culpabilité, la trahison…
Lien : https://journaldunebibliothe..
Commenter  J’apprécie          00
Un roman d'aventure, qui va chercher ses sources d'inspiration dans l'imaginaire ainsi que dans les traditions népalaises, pour proposer une expérience de lecture inoubliable. Innovant, réfléchi autant du point de vue de la construction des personnages que de l'intrigue en elle-même, l'autrice nous permet de nous questionner au sujet de cette trouble frontière qui différencie l'être humain de l'animal.
Une porte d'entrée idéale pour un public désireux de découvrir le genre de la fantasy.
À partir de 13-14 ans.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (77) Voir plus



Quiz Voir plus

Monstres de la mythologie grecque

Je suis une créature hybride, mi-homme mi-cheval.

Le Minotaure
Le Centaure
La Cavale
La Manticore

12 questions
3440 lecteurs ont répondu
Thèmes : monstre , mythologie grecque , créatures mythologiques , mythologie , mythesCréer un quiz sur ce livre

{* *}