[mariage bourgeois]
(...) nous avons tous deux dû faire des efforts pour ne pas éclater de rire en regardant les gens danser. Je ne saurais dire à quel point je me suis sentie mieux en voyant comment se trémoussent les rupins. Les hommes donnaient l'impression d'avoir été électrocutés, et les femmes pointaient l'index en direction des étoiles et avaient l'air horriblement empruntées, même en tournant sur elles-mêmes. (p. 350)
"[...] tous les enfants sont des cadeaux du ciel [...]."
- Vous aviez une sacrée vie, n'est-ce pas ?
- Ouais. (Il a avancé son fauteuil et encore rehaussé le siège pour que nos yeux restent à la même hauteur.) Et c'est pour ça que vous me gonflez, Clark. Quand je vois tout ce talent, toute cette...a-t-il dit en haussant les épaules, sa phrase restée en suspens. Cette énergie, cette vivacité, ce...
- Ne dites pas "potentiel"...
- ...potentiel. Parfaitement. Ce potentiel. Et je ne parviens pas à comprendre comment vous pouvez vous contenter de cette vie minuscule. Cette vie qui va se dérouler dans un rayon de dix kilomètres, sans personne pour vous surprendre, vous pousser à aller de l'avant, vous montrer des choses qui vous mettent la tête à l'envers et vous empêchent de dormir la nuit.
"Ça, c'est une chose qu'on ignore toujours au sujet des enfants, à moins d'en avoir soi-même : le bain, les Lego et les bâtonnets de poisson interdisent de s'abandonner trop longtemps dans la tragédie."
En fait, il existe plusieurs degrés de tétraplégie, mais dans le cas présent, nous parlons d'une personne qui a totalement perdu l'usage de ses jambes et qui n'a plus qu'un usage limité de ses mains et de ses bras. Est-ce que cela vous pose un problème ?
- Et bien, certainement moins qu'à lui, répondis-je en esquissant un sourire, alors que le visage de Mme Traynor demeurait impassible.
Tu as changé ma vie infiniment plus que cet argent ne pourra changer la tienne.
Il y a quelque chose de miraculeux dans l'infatigable optimisme de la floraison qui revient après la désolation de l'hiver, une forme de joie à remarquer les différences chaque année, la façon dont la nature choisit de mettre à son avantage telle ou telle plante.
Parfois, je me mets à la fenêtre pour le regarder, la tête inclinée en arrière, en train de prendre le soleil. Un jour où je vantais sa capacité à rester immobile pour goûter l'instant - quelque chose que je n'ai jamais réussi à faire -, il m'a fait remarquer que quand on ne peut bouger ni les bras ni les jambes, on n'a pas vraiment le choix.
Tu veux voir ce qu'est vraiment le triomphe de l'espoir sur l'expérience ? Alors, c'est simple. Organise une sortie en famille.
Comment peux-tu avoir le droit de détruire ma vie, quand moi je n'ai pas mon mot à dire au sujet de la tienne ?
Voilà ce que j'avais envie de lui demander.
Mais j'avais promis.
Alors je l'ai serré contre moi.
Je l'ai serré contre moi sans rien dire, sans cesser un instant de lui crier en silence qu'il était adoré.