Et il n’y a pas meilleur endroit sur terre que dans la fraîcheur des montagnes.
"Le donneur d'etoiles" par Amy LOWELL
Tiens ton âme ouverte pour m'accueillir
Laisse la quietude de ton esprit m'inonder
Avec sa fraicheur limpide et ondulée
C’est ce que les gens ne voient pas, absorbés par leurs grandes villes, avec le bruit et la fumée, et les minuscules boîtes qui leur servent de maisons. Là-haut, vous pouvez respirer. Vous n’entendez pas l’incessant bavardage de la ville. Aucun regard sur vous, à part celui de Dieu. Il n’y a rien que vous, les arbres, les oiseaux, la rivière, le ciel et la liberté… Là-haut, c’est bon pour l’âme.
En y repensant plus tard, Alice se souviendrait de janvier comme du mois le plus sombre. Ce n'était pas seulement que les jours étaient courts et glacials et que la majorité de leurs trajets s'effectuait désormais dans l'obscurité totale, les cols remontés autour de leurs cous et leurs corps emmaillotés dans d'innombrables couches de vêtements. Les familles auxquelles elles rendaient visite étaient elles même souvent bleues de froid, les enfants et les personnes âgées bordées ensemble au lit, certains toussant ou l'oeil chassieux,blottis autour de feux timides.
Chacun d'eux avait cruellement besoin de la distraction et de l'espoir qu'un bon livre pourrait procurer.
Alice observait ce spectacle avec émotion; l’alcool, la chaleur et la musique circulaient dans ses veines. Elle sentit quelque chose céder en elle, quelque chose qu’elle n’avait pas voulu s’avouer, quelque chose de primordial ayant trait à l’amour, la perte et la solitude.
Partir était considéré comme un acte de traîtrise familiale, et il fut purement et simplement effacé de l’histoire de leur clan.
L’intérêt, c’est qu’on sera mariés aux yeux de Dieu, pas obligés de se voir en cachette, comme deux foutus gamins. Tu crois que ça me plaît ? Tu crois que j’ai envie de cacher à mon frère et au reste de la ville que je suis fou de toi ?
À l’évidence, ils n’arrivaient pas à parler de ce qui se passait entre eux. D’autant plus qu’elle n’était même pas certaine de ce qui se passait. Jusque-là, rien dans sa vie ne lui avait fourni le vocabulaire ni l’expérience. Et elle n’avait personne à qui se confier. Sa mère estimait que toute conversation ayant trait au corps – jusqu’au limage des ongles – était « vulgaire ».
La bibliothèque existe juste pour encourager les gens à lire. Peut-être s’instruire un brin s’ils s’aperçoivent qu’ils ont le goût pour ça.
Pour la première fois depuis presque un an, Alice n’avait plus à se soucier du regard des autres. Il ne se trouvait personne pour faire des commentaires sur sa tenue ou sa posture, personne pour lui décocher des regards curieux ou rôder autour d’elle pour épier sa façon de parler.