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Citations sur Dernier jour à Budapest (31)

Le Français galant, au débit rapide et à l'intelligence brillante, l'Italien jovial, généreux et excessif, l'Anglais impénétrable, lent à s'émouvoir, dont les nerfs mettent autant de temps à se connecter que les images au ralenti dans les films, l'Allemand suintant d'un zèle palpable, à la curiosité sournoise, le Russe discourant sans fin sur la rédemption et qui cherche Dieu, l'esprit ailleurs, le Polonais qui, le pauvre, est voué au chagrin et aux lamentations à cause de la propension de son pays à se perdre de façon régulière : aucun d'entre eux ne comprenait le Hongrois. Il y avait là quelque chose, magie et contagion, névrose et crainte, dignité et noblesse, dont il suffisait de goûter le mélange ensorcelé pendant quelques générations pour que le descendant de l'étranger émigré ici se réveillât un jour avec ce désespoir dans les yeux et comprît qu'il avait été envoûté : il avait bu l'eau pénétrante du chagrin secret et il était devenu hongrois.
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Oui, l'hiver hongrois d'antan sentait bon, s'y entremêlaient les odeurs de boudin, de vin nouveau, de raifort, de patchouli des nuits de bal, des corps chauds, de la transpiration de la danse et de la passion, des coings séchant sur le toit des armoires, d'eau-de-vie, de sapin et de gibier, et c'était comme si toutes ces senteurs avaient conclu une trêve les unes avec les autres dans les appartements et les maisons le temps d'un hiver ; chaque fête étincelait de la même lumière jaune que celle du feu de brindilles dont la braise réchauffe les mains calleuses du vieil homme en casaque qui figure sur l'as de trèfle. On entendait tinter les clochettes d'un traîneau, les femmes faisaient cuire des betteraves et lisaient des romans interminables dans lesquels le héros se retrouve contraint de partir à l'étranger pour une raison inconnue. L'hiver était la fête de la famille et de l'espérance, le carnaval du coeur et du ventre [...].
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Une senteur particulière que l'on ne pouvait comparer en aucun cas à quelque parfum parisien à la mode, une senteur dont on eût dit qu'elle était l'émanation éternelle de l'amour, mélange d'essence de rose, d'eau de Cologne, de savon cuir d'Espagne, une exhalaison charnelle et redondante dont l'ambition était d'exprimer la température physique et l'élan spirituel d'un sentiment ; car en fin de compte, ce n'était que cela, l'amour, une évanescence qui se volatilise, semblable au souvenir des eaux parfumées qui persiste sur les mains et les oreillers. Ainsi, seul un souffle, seule une trace légère persistait dans les chambres du London, une trace qui enveloppait les meubles fatigués, semblable à la lueur de la lune qui s'égarait parfois, le soir, dans les chambres de l'hôtel délabré, à travers les interstices des stores.
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Au cours de cette vie incroyablement courte, il ne fallait rien regretter de ce que l'on faisait quand on écoutait son coeur et ses envies.
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-Quelle est donc la situation dans les cafés de Pest ? demanda le marin d'une voix un peu rauque, en se raclant la gorge, car la flamme brûlante de la prune lui chauffait agréablement la glotte.
-Et qu'imaginez-vous qu'elle soit ? demanda Ede, l'ami de la littérature, et il ouvrit les bras, en signe de découragement devant le monde. Les jeunes font du sport, ils vont nager et skier, et ils pratiquent toutes sortes d'activités louches du même genre, censées être bonnes pour la santé. Mais nous deux, monsieur Sindbad, sans vouloir être prétentieux, nous sommes les derniers à savoir que les seules choses saines pour les jeunes poètes sont la littérature et les cafés.
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Oui, l’hiver hongrois d’antan sentait bon ; s’y entremêlaient les odeurs de boudin, de vin nouveau, de raifort, du patchouli des nuits de bal, des corps chauds, de la transpiration de la danse et de la passion, des coings séchant sur le toit des armoires, d’eau-de-vie, de sapin et de gibier, et c’était comme si toutes ces senteurs avaient conclu une trêve les unes avec les autres dans les appartements et les maisons le temps d’un hiver ; chaque fenêtre étincelait de la même lumière jaune que celle du feu de brindilles dont la braise réchauffe les mains calleuses du vieil homme en casaque qui figure sur l’as de trèfle.
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Au cours de cette vie incroyablement courte, il ne fallait rien regretter de ce que l'on faisait quand on écoutait son coeur et ses envies. p.42
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La voix était profonde comme le son du violon, triste comme le regard des femmes seules, grave comme le questionnement des hommes quand ils exigent de la vie tout ce dont ils estiment qu'elle leur est redevable, et parfois elle était sombre comme le cri du destin (pages 121-122).
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En tant qu'écrivain et gentleman, il penchait pour l'opposition, moins par conviction que par bon goût et par fidélité aux traditions familiales.
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Il écrivait parce qu'il voyait des hommes de cet autre monde, leurs visages, en connaissait les parcours solitaires, savait de quoi ils souffraient, connaissait leurs serments, leurs souvenirs, leurs attentes; il savait ce qui chagrinait leur coeur, il se sentait solidaire d'eux dans l'âme et il voulait raconter ce qui tourmentait le coeur de ces hommes.
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