Tu as probablement perdu tout intérêt pour ce monde. Tu es déçu, découragé, tu es indifférent à tout. Alors tu as délaissé ton corps, tu t’es déplacé ailleurs, et tu mènes une autre vie, n’est ce pas ? Dans un monde à l’intérieur de toi.
Depuis qu’il voyait briller deux lunes dans le ciel et que dans la chambre d'hôpital de son père, s’était manifestée à lui une chrysalide de l’air, Tengo en était venu à ne plus s’étonner de rien. Quel était le problème si Fukaeri et un corbeau qui lui rendait visite chaque jour échangeaient leurs opinions ?
Il restait là, les paupières abaissées sur ses yeux profondément enfoncés. Comme une maison habitée par le malheur, dont les volets ont été pesamment descendus.
« Je sais. J’ai connu moi aussi la même expérience, dit l’homme, sur le ton léger de la causerie. À moins de l’avoir vécue, personne ne peut comprendre à quel point c’est atroce. La douleur est une notion qui ne peut entrer dans une catégorie générale. Chaque douleur possède sa spécificité. Permettez-moi de paraphraser une célèbre citation de Tolstoï : les plaisirs se ressemblent tous ; les douleurs sont douloureuses chacune à leur façon. Sans toutefois aller jusqu’à dire qu’elles auraient chacune une saveur particulière. Vous n’êtes pas d’accord ? »
Dès que l'espérance se lève, le cœur se met en mouvement. Et quand les espoirs ont été trahis, vient le découragement. Le découragement appelle l'impuissance. On baisse sa garde par impuissance.
Avant de sauter dans une piscine, on s’assure de sa profondeur.
Les choses qui ont été cultivées durant une longue période de temps ne peuvent tout de même pas être aspirées dans du rien.
Quand on prend de l'âge, les tiroirs de la mémoire coulissent mal.
Moi qui suis accro à l'imprimé, j'aurais voulu lire n'importe quoi, je sais pas, même le menu d'un room service... Mais non, il n'y avait ni livre, ni journal, ni revue.
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Tôt ou tard, il y aura forcément un jour quelqu'un qui vous découvrira.
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