Animabilis

Thierry Murat nous entraîne avec son personnage Victor de Nelville dans une enquête fantastique dans la campagne britannique des années 1870. Il est journaliste pour un journal parisien qui recherche du sensationnel et des phénomènes étranges. Mais l'enquête va laisser place aux réflexions poétiques de Victor, on sent chez lui la lutte entre le poète et le journaliste, deux façon différentes d'appréhender le monde. le style graphique est sobre et austère, laissant une place importante aux mots. le texte est superbe, chargé de poésie dans le style post-romantique. On à l'impression de décoller parfois, de partir dans des réflexions éthérées, mais la fin va nous remettre les pieds sur terre et nous donner les clés pour nous finalement submerger. C'est une bande dessinée qui sort des sentiers battus, qui renoue avec le poème illustré, qui nous invite à respirer, ou à retenir son souffle, juste pour la beauté des mots.

Hiver 1872. Un journaliste français foule les chemins enneigés du Yorshire pour faire la lumière sur d'étranges phénomènes inexpliqués. Accueil glacial par les habitants du cru, corneille qui veille, brebis décimées, sursauts moyenâgeux, légendes, rivalités, tête baissée nous entrons dans cette BD à l'atmosphère envoûtante. On ressent le froid, la neige, la solitude, les brocs qui claquent à l'auberge. Thierry Murat tisse une intrigue sourde et feutrée, sur fond de superstition et de folklore, évoquant la méfiance des hommes et la condition des femmes.

Je ne suis pas certaine d'avoir tout saisi, mais j'ai beaucoup aimé, cette atmosphère enveloppante, ce graphisme qui rend l'hostilité palpable. Etonnant et marquant. Je ne saurais que trop vous recommander d'y jeter un oeil, et de vous laisser happer.
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Superbement noir, poétique et mélancolique... un peu long peut-être...