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3,81

sur 366 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pas assez de Proust, trop de Laure Murat.

Je dois avouer qu'au bout de 30 pages j'ai posé ce livre de côté, plutôt excédée par le style pompeux qu'à pris Laure Murat pour se présenter et introduire les éléments essentiels concernant sa famille et qu'elle allait détailler dans cet essai. J'avais vu rouge, d'autant que je n'apprécie pas spécialement qu'on crache dans la soupe familiale. En vouloir autant à ce qu'elle appelle « sa caste » m'avait refroidi.

Puis je me suis raisonnée et me suis dit que cet ouvrage n'avait pas pu faire couler autant d'encre, avoir été sur plusieurs listes de prix littéraires de cet automne, n'avoir pas pu être autant invité dans des émissions littéraires et surtout n'avoir récolté le Prix Médicis de l'essai 2023 sans raison. Et c'est dans cet état d'esprit et après la lecture d'un très bon écrivain que j'y suis, bon an, mal an, retournée et ai pu modérer « le rouge » présupposé.

En avançant dans la lecture j'ai réussi à m'adapter au style Murat, un style très lourd, mais peut-être aussi un style pouvant être en lien avec son titre de « professeur de littérature l'Université de Californie à Los Angeles ».
J'avais surtout envie de connaitre ses explications à elle quant à l'attirance de tant de continents pour « La Recherche du Temps Perdu » de Marcel Proust. Pourquoi atteignait-il si bien le coeur de tant de lecteurs d'horizons différents, de la Chine à l'Islande en passant par l'Argentine ? Pourquoi chacun de nous, pouvons nous nous y reconnaitre ? Pourquoi Proust peut-il si finement décortiquer notre cerveau ? Et surtout qu'étant toujours en quête de quelques données complémentaires à me petite connaissance de Proust, je me suis dit que cela me serait culturellement profitable. Et ça, Bingo ! J'ai pu le vérifier.

L'autrice déroule un fil familial qui est autant le sien que celui de Proust. Elle a été, autant que Proust, phagocytée et atteinte par l'aristocratie. Si bien atteinte qu'elle peut (le mieux ?) comprendre Proust.
Une chose est certaine, Laure Murat on ne peut pas la pointer en lui trouvant « une ignorance de laquais » comme le disait Proust lorsqu'il parlait des familles d'aristocrates. Elle a vécu d'horribles choses de la part de ses frères et soeurs. Son père par contre elle l'a profondément aimé. Elle nous parle aussi de la réelle souffrance des enfants grandissant dans cette toxique ambiance bourgeoise. Concernant ces points familiaux et bien d'autres, le livre apporte beaucoup à ses lecteurs.
Je suis contente pour l'autrice lorsqu'elle détaille à quel point la lecture de Proust l'a sauvée ; je rajouterais volontiers qu'elle l'a probablement aussi émancipée.
Oui, c'est une écrivaine bourrée de culture et de connaissances littéraires. Dans bien des passages autobiographiques l'autrice est émouvante.

Et pourquoi ces différents passages en écriture inclusive ? Je ne pense pas qu'elle y avait une place dans un ouvrage ayant pour thème de base Proust.

Bref, étant donné que Laure Murat a essentiellement revisité sa propre vie alors que pour ma part c'est celle de Proust que je cherchais, il faut absolument que je persévère. Je pense que la lecture de la biographie de Proust par Jean-Yves Tadié complètera cette lecture.
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Proust m'a sauvée !

Laure Murat nous livre son autobiographie.

Née Princesse dans une famille issue de vieille noblesse d'ancien régime et de noblesse d'Empire, Laure dénote dans ce monde.
Dans une scène de la série Down Town Abbey, elle découvre un maître d'hôtel qui mesure l'écart correct et symétrique entre tous les couverts disposés sur la table. Ce geste lui fait remonter tout le monde de son enfance et de sa jeunesse, archaïque, figé et seulement de surface…

Par ce livre, Laure Murat se dévoile, se rappelle, mets des mots sur ses maux : il s'agit autant d'une auto-analyse, qu'un exutoire et un essai littéraire sur Proust.

Par ce livre, elle nous montre la césure avec sa famille toute entière dévouée à son spectacle ; ses relations et le dernier échange avec sa mère sont émouvants, lui révélant son homosexualité : "tu es une fille perdue !" lui avoue sa mère ! Tandis que son père essaye de tenir une position de "juste milieu" mais y échoue…

Son écriture assez érudite est néanmoins aisée à lire et quelque fois (surtout au début) amusante : alors qu'elle se promène à Paris, elle entend quelqu'un appeler « Princesse ». Elle se retourne pensant qu'on s'adresse à elle, mais c'est un homme qui appelle son chien ! Ou lorsqu'une collègue américaine lui avoue qu'à une lettre près, elle aurait pû porter un nom célèbre (Marat-Murat) !

Connaissant bien Proust, qu'elle enseigne à l'Université de Californie à Los Angeles, elle explique en quoi les romans de Proust lui ont ouvert les yeux sur cette aristocratie vide qu'il raconte dans ses livres et qu'il a côtoyé (il était chroniqueur mondain) et a modifié sa compréhension des gens et du monde.

Même si Laure Murat ne m'a pas convaincue de lire Proust, j'ai apprécié son roman, malgré certaines longueurs, et des extraits de Proust trop nombreux…

Sortir d'une caste qui se veut un modèle, ce n'est pas le seul exemple familial !

Je remercie vivement Babelio et les éditions Robert Laffont pour ce livre !
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Je n'aurais pas lu ce livre s'il n'avait pas fait partie de la sélection proposée au jury de lecteurs dont je suis membre et je ne serais pas allée jusqu'au bout si je n'avais pas tenu à respecter la règle tacite de ne donner un avis qu'après avoir lu l'ouvrage en entier.
Ce livre, dont l'auteure est une descendante des Luynes (noblesse d'Ancien Régime) et des Murat (noblesse d'Empire), qui a totalement rompu avec son milieu il y a une trentaine d'années, qui enseigne la littérature française à l'UCLA (Université de Californie de Los Angeles), est, tout à la fois, essai/autobiographie/analyse littéraire/roman.... ,
Laure Murat déclare que c'est Proust, et en particulier "A la recherche du temps perdu" qui lui a ouvert les yeux sur l'aristocratie dans laquelle elle a été élevée et lui a permis de se libérer d'un carcan qui étouffait ses forces vives. Car, affirme-t-elle, contrairement à certaines interprétations, Proust n'était pas un dandy snob qui essayait de se faire accepter par l'aristocratie, même s'il le fut un peu au début de sa carrière, mais en est devenu un contempteur ironique et sans pitié.
Même si ce procédé d'entremêler les fils de son passé avec ceux de l'oeuvre de Proust qui a côtoyé sa famille (il dinait à la table son arrière-grand-mère qui le qualifiait avec mépris et condescendance de "petit journaliste") est intéressant, même si la description de l'aristocratie française m'a appris pas mal de choses, j'ai globalement trouvé cet ouvrage profondément ennuyeux et dérangeant.
Ennuyeux car l'auteure nous abreuve d'une pléthore de noms, plus ou moins prestigieux, plus ou moins connus à tel point qu'elle a ressenti le besoin d'ajouter une annexe intitulée " Index des noms de personnes et personnages" qui compte 490 noms (en moins de 256 pages!!!!); en quoi l'énumération de tous ces noms (les Camondo ???? les Ephrusi???, Mme Furtado-Heine???, Max Fould???........) présente un intérêt quelconque à part nous présenter le Who's who personnel de Laure Murat,
Ennuyeux, car au risque de faire hurler les aficionados de Proust, je n'ai jamais pu, ni lire vraiment, ni apprécier cet auteur que ce soit pendant mes études où il m'a été imposé ou plus tard, lorsque saisie d'un grand courage littéraire, j'ai essayé de m'y replonger; je n'ai donc pas pu goûter l'analyse littéraire pointue à laquelle s'est livrée l'auteure dans certains passages.
Dérangeant car Laure Murat se livre à un dégommage en règle du milieu dont elle vient : d'après elle, les aristocrates sont tous incultes, prétentieux , pleins de morgue, méprisants pour ce qui n'est pas de leur monde, en continuelle représentation, cruels, endogames.... Je comprends parfaitement que l'on puisse critiquer son milieu social, voire le rejeter mais cette description sans nuance, pleine de hargne n'honore pas celle qui la fait. S'appuyer sur Proust ne rend pas l'attaque systématique plus acceptable d'autant qu'on pourrait se demander, en ayant l'esprit très tordu, s'il n'a pas démoli l'aristocratie car il n'en était pas et surtout parce qu'il en a été rejeté et n'en serait jamais.
Commenter  J’apprécie          2015
Un de mes amis est grand amateur de Proust et lointain cousin de Laure Murat .
Je ne pouvais pas ne pas lui offrir ce livre !
Il l'a beaucoup apprécié et m'a incité à le lire à mon tour .
Laure Murat y décrit parfaitement le milieu aristocratique dans lequel elle a grandi ,
sa vacuité et l'importance des apparences , " se tenir ... tenir ... maintenir " .
Ce monde où personne ne travaillait . Ce monde où l'homosexualité , assez fréquente , ne doit pas être dite , même si elle est connue de tous .
Le portrait de personnages savoureux et quelques anecdotes cocasses émaillent
ce livre parfois ardu pour quelqu'un qui ne connaît pas bien ( ou pas du tout )
l'oeuvre de Marcel Proust .
Il a fallu "m'accrocher" pour lire certains passages . Laure Murat a beau dire et répéter que " Proust n'est pas difficile " , j'ai du mal à en apprécier le style complexe
et les phrases interminables !
Dans cet essai , " Proust , roman familial " , Laure Murat raconte magistralement comment Proust l'a aidée à " sortir du placard " , jusqu'à rompre avec sa famille ,
mais cela ne m'a pas donné envie de me plonger dans " La recherche ...." .
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Intéressant dans la mesure où ce livre est un témoignage de la vie décrite par Proust dans la Recherche. Laure Murat a des ancêtres prestigieux qui ont côtoyé Proust et qui ont probablement nourri ses réflexions et critiques de la société aristocratique. Ce qui me gêne un peu est que tout en indiquant s'être sortie de ce milieu, avoir renié ce lourd héritage, j'ai malgré tout senti cette complaisance, cette fierté des personnes bien nées à citer leurs prestigieux ancêtres.
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l faut bien le dire, les cinquante ou soixante premières pages du bouquin ne m'ont pas enthousiasmée... La généalogie de L. Murat, et le fait que Proust ait repris tel ou tel personnage qu'il côtoyait lors de ses sorties dans le monde pour en faire un protagoniste de son récit, n'est pas en soi passionnant, ni les détails familiaux de cette noblesse qui cherche à survivre.
Ce qui l'est beaucoup plus, c'est de retrouver le regard que l'écrivain portait sur les aristocrates : "Dans la danse de l'aristocratie et de cet art de vivre qu'il convient de prendre au pied de la lettre, Proust a trouvé un inépuisable objet de réflexion". (p 22)
Ainsi le récit devient nettement plus attractif lorsque l'autrice décortique quelques textes proustiens, par exemple "les souliers rouges de la duchesse" et nous montre que Marcel Proust - s'il a eu envie à un moment de faire partie de ce monde - n'était pas dupe, en particulier d'une certaine grossièreté, la brutalité vulgaire que montrent le Duc et la Duchesse de Guermantes en retard pour un dîner alors que Swann annonce sa mort prochaine... La bêtise, la vanité, le monde du néant sont dénoncés par Proust, et L. Murat démontre qu'il a mis à nu de façon impitoyable cette noblesse française persistante.
Il y a des passages très intéressants sur les relations de l'autrice avec ses parents - sa mère en particulier - dont on s'effraie que la vie en ait fait des êtres aussi rigides, persuadés de leur supériorité en toute chose, incapables de s'adapter et de comprendre, même un de leurs enfants...
Mais Laure Murat n'a pas respecté les règles et les usages de son monde :
"Mon destin, on me l'a assez répété, était de me marier et d'avoir des enfants. Je n'ai pas d'enfants, je ne suis pas mariée, je vis avec une femme, je suis professeure d'université aux États-Unis, je vote à gauche et je suis féministe. Pour le milieu d'où je viens, c'est excéder de beaucoup le délit de cumul des mandats". (p 14).
Vers la fin du livre, de belles pages sur son père le montrent finalement assez libre et original par rapport aux dictats aristocratiques : " Mon père avait le sens de l'élégance comme celui du jeu et de l'amitié. Je crois n'avoir jamais rencontré quelqu'un qui souffrait autant de la vulgarité - un geste déplacé, une expression ordinaire trahissant une pensée médiocre l'atteignaient comme quelqu'un qui reçoit un coup. Cela n'avait rien à voir avec la classe sociale. Ou plutôt si. Bien des ducs et des grands bourgeois n'étaient pour lui que des ploucs, mot qu'il employait à tout va et à leur destination exclusivement."
Récit autobiographique basé sur "Comment Proust a changé ma vie" par l'éclairage qu'il donne d'un milieu vide et finalement assez pauvre qui est celui d'origine de Laure Murat, et par le rejet des homosexuel.les au début du XXème, rejet dont fut victime l'autrice de la part de sa famille, ce texte assez inégal a le mérite de donner l'envie de relire À la recherche du temps perdu pour y trouver encore plus de plaisir.
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Laure Murat nous livre dans Proust, roman familial, son autobiographie.

Née princesse, sa mère est issue de la lignée du duc de Luynes et son père est le prince Napoléon Murat. Autant dire que l'auteure se sent à des millénaires de cette lignée prestigieuse et de haute noblesse. Elle s'est toujours sentie en totale contradiction avec le monde dont elle est issue ; elle, la jeune femme sans enfants, pas mariée, professeur aux Etats-Unis et qui vit avec une autre femme. Elle va même jusqu'à parler de « délit » qu'elle enfreint aux yeux de cet héritage familial.

Lors d'un visionnage d'un épisode de la série Down Town Abbey, elle découvre un maître d'hôtel qui mesure si l'écart entre les couverts disposés sur la table est correct. Delà, elle reprend les travaux qu'elle avait laissé de côté sur Proust et ne peut s'empêcher de replonger dans son enfance. Elle se rappelle l'univers figé, les codes, et pourquoi elle a eu temps de mal à y trouver sa place. Une ambiance toxique au sein des milieux bourgeois qui ferait souffrir les enfants. La parallèle est lancée entre sa propre atteinte par ce milieu aristocratique et celui de Proust. Parallèle qui a pu en agacer plus d'un, et à juste titre, comme si la princesse Murat, de par ses ancêtres, pouvait mieux « comprendre » Proust.

Légèrement décevant car à mon sens Laure Murat ne donne pas l'entière accessibilité à son essai. Erudite, sa manière de reprendre les évènements et les termes employés place directement cette lecture dans une catégorie inaccessible à certains lecteurs. Des longueurs durant la lecture, du au nombreux passages de « La recherche » et sa savante analyse. Je m'attendais à plus d'intimité, plus d'explications sur le virage à 180° qu'elle prend entre ses racines et son quotidien actuel. le côté positif, c'est qu'après sa lecture, vous n'avez plus qu'une envie, relire Proust dans son intégralité.
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« Proust n'est pas difficile » nous dit Laure Murat ! L'essentiel est d'être attrapé par cette écriture qui n'est pas un calvaire mais une véritable expérience de lecture. Laure Murat cherche à nouer sa propre histoire avec celle du temps perdu. Proust enchâsse dans des généalogies fictives des généalogies réelles, en l'occurrence la famille Murat, dont on trouve de nombreuses références au fil des pages.
Voici un récit aristocratique qui me semble bien loin de moi. Je n'ai pas lu Proust au-delà de quelques pages et plusieurs tentatives, et malgré le texte riche de Laure Murat et la sincérité enthousiaste de ses propos, je n'ai pas envie pour autant de le reprendre.
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Un roman que je languissais d'ouvrir et dont j'avais trop d'attentes peut être...
J'ai mis beaucoup de temps à rentrer dans ce récit..la moitié du roman...parce que je n'avais pas les références citées par l'autrice, parce ce que je ne me suis pas attachée au personnage principal, ni à son histoire ni à son parcours.

L'autrice a dû rompre tous liens avec sa famille, avec tous ces codes et règles aristocratiques pour vivre son homosexualité.
Laure Murat se livre avec cette autobiographie, où elle clame que "Proust l'a sauvé", il lui a ouvert les yeux sur la véritable aristocratie, tellement "vide".
Elle enseigne Proust à l'université de Californie à Los Angeles.

J'ai subi la première partie du roman avec beaucoup trop de longueurs pour moi, pour enfin apprécier la seconde partie qui m'a un peu plus intéressé.

Une lecture mitigée donc pour moi, qui ne m'a pas donné envie pour l'instant de découvrir Proust.
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A tous ceux qui appréhendent de se lancer dans le fameux pavé de Proust, À la recherche du temps perdu, n'ayez crainte ! Nul besoin de l'avoir lu pour comprendre cet ouvrage hybride entre essai et autobiographie.
Pour les autres ayant déjà passé le pas, cela ne peut être qu'un plus.

Pour Laure Murat, cette fiction est un peu sa réalité. Ayant grandi dans l'aristocratie, ce livre de Proust lui sert de base pour mettre en perspective le milieu dans lequel elle a grandi, si fascinant mais si rigide !
Elle se raconte de sa noble jeunesse à sa vie d'adulte, totalement coupée de ses racines.
Son éducation, ses choix, son orientation sexuelle même, se confondent et se reflètent dans la fiction de Proust. Cette oeuvre met non seulement en lumière sa vie, mais a aussi eu une influence considérable sur la compréhension de l'autrice de son milieu et lui a permis de devenir la femme qu'elle est aujourd'hui.
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