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EAN : 978B0C4G4HK56
Robert Laffont (24/08/2023)
3.8/5   348 notes
Résumé :
" Toute mon adolescence, j'ai entendu parler des personnages d'À la recherche du temps perdu, persuadée qu'ils étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j'ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrières-grands-parents, do... >Voir plus
Que lire après Proust, roman familial Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (81) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 348 notes
« À chaque lecture, Proust a modifié ma compréhension du monde. Par les circonvolutions envoûtantes de ses phrases il m'a sortie de l'ignorance et de la confusion. Sa précision, sa lucidité, sa tendresse, sa grandeur comique m'ont épargné des années de mécompréhensions et d'atermoiements stériles. C'est pourquoi il m'a, chaque fois, consolée. »

Il me semble que l'ambition et l'humilité de l'autrice, son infinie reconnaissance à l'égard d'une oeuvre qui la suit partout depuis trente ans, sont tout entières contenues dans ces quelques lignes. Et c'est, à mes yeux, ce qui fait la force, la grandeur, la beauté de son livre. Un livre qui, bien qu'étayé par des milliers d'heures de lecture et de recherches, n'est pas un énième ouvrage savant prétendant apporter un éclairage érudit ou inédit sur une oeuvre qui donne lieu depuis sa parution à une glose exponentielle. Non, c'est un livre qui, partant du coeur tout en s'appuyant constamment sur l'exercice de la raison, nous donne à voir un condensé saisissant du dialogue fécond, salvateur, indéfiniment enrichi au fil du temps, qu'entretient Laure Murat avec Proust.
Issue d'un milieu, l'aristocratie, dans lequel l'implicite, le non-dit, la retenue, voire le refoulement, sont érigés en règle de vie, où l'expression des sentiments est perçue comme une faute de goût, où tout élan sensible, jusqu'aux plus intimes tragédies comme la perte d'un être cher, est converti en exercice de style, Laure Murat est parvenue à clarifier grâce à Proust ce qu'elle percevait confusément, douloureusement depuis l'enfance :
« Mon ambivalence vis-à-vis de l'aristocratie trouvait sa résolution : sensible, à l'occasion, à son sens du panache, mais aussi aux délicatesses morales de la grande politesse, je ressentais, dans le temps, un profond désarroi et même une angoisse face à son discours creux et sa complaisance passionnée pour le mensonge social. »

L'exercice de démystification méthodique de l'aristocratie auquel se livre Proust qui, après l'avoir élevée au firmament de l'esprit et de l'élégance, après avoir érigé ses membres au rang de Dieux de l'Olympe, les précipite plus bas que terre, les renvoyant à leur vacuité abyssale, n'offre pas seulement à Laure Murat une clarification salutaire, il lui en dévoile les ressorts intimes, l'irrésistible mécanique interne :
« Mais le plus sidérant, c'était que toutes les scènes lues où l'aristocratie entrait en jeu étaient infiniment plus vivantes que les scènes vécues dont j'avais été le témoin, comme si Proust, à l'image du Dr Frankenstein, élaborait sous mes yeux le mode d'emploi des créatures que nous étions. »

À partir de là s'enclenche le processus libérateur qui, en lui permettant d'identifier ce qui relève, en elle, de l'aliénation sociale et familiale, l'autorise du même coup à s'émanciper et à affirmer sa singularité. Mais dans un milieu dont l'idéologie conservatrice sacralise l'immuabilité et vitupère le changement, un milieu dans lequel il convient de tenir son rôle, l'émancipation n'est pas de mise, surtout quand celle-ci passe par l'énonciation explicite d'une homosexualité honnie. « Fille perdue » pour sa mère, subissant l'opprobre de sa nombreuse famille, il ne lui reste pas d'autre choix « que de commencer une nouvelle vie, dont l'horizon irait chaque jour s'élargissant. »

On comprend mieux, à présent, le sens de la phrase que je citais en introduction : « C'est pourquoi il m'a, chaque fois, consolée. » Mais Laure Murat ne s'arrête pas à son cas particulier. Elle élargit la focale à tous ceux pour lesquels, à travers le monde entier, « Proust, mieux qu'aucun autre écrivain, a si souvent incarné à la fois une bouée et un phare dans la tragédie. » Car « nous sommes tous et toutes inconsolables ». Chacun d'entre nous, dont la venue au monde, après nous avoir arrachés au refuge du ventre maternel, nous voue à jamais à la solitude et à l'angoisse de la mort, ressent le besoin inassouvissable d'être consolé. À commencer par le narrateur de la Recherche qui, soir après soir à Combray, attend anxieusement le précieux viatique qui ouvrira toutes grandes les portes du sommeil et du rêve, en l'absence duquel il n'y aura pas de repos possible, le baiser maternel :
« Il y a bien longtemps aussi que mon père a cessé de pouvoir dire à maman : « Va avec le petit. » La possibilité de telles heures ne renaîtra jamais pour moi. Mais depuis peu de temps, je recommence à très bien percevoir si je prête l'oreille, les sanglots que j'eus la force de contenir devant mon père et qui n'éclatèrent que quand je me retrouvai seul avec maman. En réalité ils n'ont jamais cessé. »
(Du côté de chez Swann)

Ce constat tragique, Proust en fait non pas l'objet d'une plainte complaisante, mais le coeur d'une recherche, transmuant le plomb en or, transformant une catastrophe en oeuvre d'art. Nous savons qu'il s'est véritablement attelé à l'écriture de la Recherche en 1906, un an après la mort de sa mère. Sa vie ayant désormais, comme il le confie à Robert de Montesquiou, « perdu son seul but, sa seule douceur, son seul amour, sa seule consolation », il ne lui reste plus qu'à se mettre à la tâche tant de fois différée afin d'offrir à sa mère disparue la consolation qu'il ne put lui offrir de son vivant, celle d'accomplir l'oeuvre à laquelle elle le savait secrètement promis.

« Proust se doutait-il seulement qu'en échafaudant son roman il inventait un secours plus puissant que la tendresse d'une mère absente ? (…)
Il n'endort pas nos douleurs dans les volutes de sa prose, il excite sans cesse notre désir de savoir qui, en séparant l'enfant de sa mère, nous affranchit plus sûrement du malheur que tous les mots de la compassion.
À ce titre, il ne serait pas exagéré de dire que Proust m'a sauvée. »

Un merci particulièrement reconnaissant à Hélène (@4bis) qui, la première, a attiré mon attention sur ce livre.

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J'avais envie de découvrir ce roman depuis un moment , ayant obtenu le prix Médicis, cela m'avait un peu refroidi, un récit philosophique , qui était, est et restera un monde littéraire loin de ma zone de confort. Je me suis laissée envoûter par ce récit. L'auteure nous entraîne dans un monde hors norme, elle nous immerge , dans le personnage de Proust, et retrouve une part de sa vie, issu d'une famille d'aristocrate très connu,deux familles rivales la famille Marat,et celle des Luynes, au 19 éme siècle. Elle se retrouve dans le personnage de Proust, particulièrement dans son oeuvre " La recherche du temps perdu" . Elle a vécu dans ce milieu où Proust tenait un rôle majeur. Un personnage qui a compté énormément, pour elle , tout le court de sa vie. Cette "Recherche" cette "Quête", et pour elle une sorte d'exécutoire, elle se dévoile sans fioriture . Au fil de ses recherches , elle découvre la véritable face du personnage . L'auteure fait une analyse très pointue, avec beaucoup de délicatesse, de passion, de recherches richement documentées et nous livre un essai magistral. Elle se retrouve reniée par sa mère, lorsqu'elle apprend son homosexualité, représentant une déchéance de son éducation, elle devient une paria une petite pointe d'humour, lorsque son père , grand aristocrate prend pour la première fois un bus, ce dernier parle au chauffeur comme s'il prenait un taxi. L'auteure met en avant ce milieu aristocratique, totalement répugnant, cruel, à ses yeux Ayant lu " A la recherche du temps perdu" m'a facilité la lecture, car cet essai est assez complexe à lire, il faut rester concentré. Contrairement à mes à priori du début , je suis laissée transporter dans ce récit enrichissant , L'auteure use d'un vocabulaire puissant, utilise les bons mots, elle les place là, où il faut, quand il le faut, un petit coté qui donne du piment à la lecture. Un roman, autobiographique, un témoignage poignant un essai philosophique, que je vous recommande."Proust l'a sauvé"
Il faut toujours essayer, en tout cas pour ma part, découvrir d'autres horizons littéraires , Je viens de le faire et j'ai été conquise.
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Née princesse Murat, du croisement de la noblesse d'empire – le maréchal Murat fut nommé roi de Naples par son beau-frère Napoléon – et de la noblesse d'Ancien Régime – le duc de Luynes compta parmi les favoris de Louis XIII –, l'auteur fut contrainte à ses vingt ans de rompre avec sa famille et l'étroitesse de ses codes aristocratiques pour vivre son homosexualité au grand jour. Aujourd'hui enseignante universitaire en Californie, connue pour ses essais et biographies sur la psychiatrie, la littérature et le troisième sexe, et plus particulièrement pour ses multiples études consacrées à Marcel Proust, elle passe pour la première fois à l'écriture autobiographique, le regard finement critique de « ce petit journaliste », que sa grand-mère plaçait avec condescendance en bout de table, l'amenant à passer au crible sa vie, sa famille et ce « monde de formes vides » qu'est l'aristocratie française.


« Toute mon adolescence, j'ai entendu parler des personnages de la Recherche, persuadée qu'ils étaient des oncles ou des cousines que je n'avais pas encore rencontrés. » Proust procédant par insertion de noms inventés à l'intérieur de vraies généalogies, Laure Murat se retrouve en effet des ancêtres communs avec le duc et la duchesse de Guermantes. Par un effet miroir proprement saisissant, la voilà qui découvre, dans cette oeuvre qui n'a pas fini de la fasciner, tout ce qu'elle a toujours vécu d'expérience sans jamais en avoir clairement conscience. La lecture de Proust est une révélation. Elle lui ouvre les yeux sur la vanité d'un monde en perpétuelle représentation, « un théâtre qui ne ferme jamais », tout entier consacré à la mise en scène de sa distinction. En vérité, l'aristocratie n'a plus comme preuve de son statut d'élite que la seule forme creuse modelée par un corset de codes et de normes.


Tenir son rang en est le maître-mot, et l'affection se devant d'être « désincarnée, toujours distante » pour une dignité et des apparences toujours sauves, cela donne des scènes, parfois drôles, souvent d'une confondante cruauté. « ‘'On ne pleure pas comme une domestique'', répétait mon arrière-grand-mère, que la haine de l'effusion avait poussée à donner un bal à la mort d'un de ses fils. » « ‘'Avec les enfants, chérie, il faut être in-di-ffé-rent, c'est cela, le secret. In-di-ffé-rent'', avait recommandé ma mère de sa voix douce à ma soeur, qui lui demandait un jour conseil à propos de l'éducation de sa fille aînée. » Et comme il n'y a pas pire que de briser le code, l'auteur qui, à vingt ans, prétend sortir son homosexualité du placard, s'attire d'office une éviction violente. « ‘'Tu incarnes à mes yeux l'échec de toute une éducation morale et spirituelle'', et : « ‘'Pour moi, tu es une fille perdue.‘' Je l'ai vue pleurer pour la première fois. C'est cela, surtout, que ma famille m'a le plus reproché : tu as fait pleurer ta mère en public. Comme une domestique. »


Loin de l'évocation plaintive ou revancharde d'un monde fermé qui l'a exclue, le récit de Laure Murat, assis sur une lecture éblouissante de l'oeuvre de Proust, impressionne par l'intelligence et l'acuité de ses analyses. Sa narration est celle d'un choc littéraire, aboutissant à une compréhension de sa propre vie et à une libération. « Proust (…) élaborait sous mes yeux le mode d'emploi des créatures que nous étions. Il mettait en mots et en paragraphes intelligibles ce qui se mouvait sous mes yeux depuis que j'étais née. » « Ma lecture de la Recherche m'a délivrée des faux-semblants attachés à l'aristocratie de mes origines, m'a instaurée en tant que sujet (…) et, plus que tout, m'a ouverte au réel. »


Elle l'a aussi instituée universitaire, pour la grande chance de ses étudiants, mais aussi de ses lecteurs, qui apprécieront la clarté de sa démonstration en même temps que la qualité de sa plume. Dire que Gallimard avait refusé le manuscrit de du côté de chez Swann en l'assortissant de ce commentaire lapidaire : « Trop de duchesses ! » A vrai dire, si elle bénéficie d'une « glose exponentielle », avec seulement quelque 5000 nouveaux lecteurs chaque année, l'oeuvre proustienne reste finalement très peu lue. « Plébiscité, encensé, revendiqué comme le plus grand écrivain du XXe siècle, Proust subit le sort des artistes fétichisés, dont la reconnaissance et le prestige sont inversement proportionnels au succès commercial. » Avec une avocate telle que Laure Murat, justice lui est passionnément rendue.

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Après sa floraison parme, avez-vous déjà observé les graines du cyclamen ? Resserrées dans des petits sacs comme des bourses fichées au terme d'une tige dont les ressorts assureront la projection, elles seront capables de prospérer bien plus loin que le plant qui les aura portées. Mais pour que cette expédition vers un ailleurs propice ait lieu, il faudra la complicité d'un soleil accommodant, d'un sous-bois humide, le temps de quelques saisons favorables, et auparavant, la formidable diligence d'une pousse qui sait d'elle-même comment donner à son essor les sinuosités nécessaires à la diffusion de ses rejetons. L'alliance d'une conjoncture et d'un héritage.

C'est le cyclamen et son mode d'exploration qui me viennent en tête pour décrire ce qui m'arrive avec la lecture de Proust. Ce même potentiel de démultiplication du sens et cette même conspiration explosive de mon environnement pour que je sois projetée vers l'ailleurs.

En revenant à la Recherche, je savais bien que je n'en serais pas quitte aisément. J'espérais d'ailleurs le contraire : en être l'enchantée prisonnière… mais ne ressassons pas ce premier désappointement ! Concentrons-nous plutôt sur les réflexions que m'ont valu cette lecture et les échos qu'elle continue de diffuser en moi. Comme s'il était impossible de rester seulement déçue et que si La Recherche et moi avions un problème, l'ensemble des torts ne reposait pas sur le seul livre. - de quelle honnêteté je fais preuve ! –

Je pensais plaisanter en écrivant que ce serait vous qui m'aideriez à apprécier ma lecture, comme l'entourage du narrateur lui permettra de trouver le sublime aux oeuvres qu'il était désespéré de ne pas apprécier d'abord, mais ça commence à fonctionner vraiment ainsi ! Quel sortilège !

Toujours est-il que non content d'accumuler les remarques visant à me faire réfléchir, les critiques inspirées des copains à propos d'A l'ombre des jeunes filles en fleur, les avis nuancés et avertis d'amis dont j'affectionne particulièrement le regard, l'univers m'aura aussi mis entre les mains ce Proust, roman familial. (En l'espèce, l'univers aura pris les traits d'une amie chère qui, ayant l'occasion de se procurer ce livre, aura immédiatement pensé à me l'offrir, chanceuse inouïe que je suis.)

A la croisée entre l'exploration littéraire, l'autobiographie et l'hommage, Proust, roman familial m'a rappelé, par sa forme Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon. Il s'agit à chaque fois de faire résonner le parcours singulier de l'autrice avec ce qu'une oeuvre littéraire peut offrir. D'éclairer par une recherche documentaire érudite les liens entre conscience collective et réception particulière.

Laure Murat, par ses ascendants, est la quintessence de l'aristocratie française. Par ses choix de vie, son orientation sexuelle, la manière dont elle se livre, dont elle se nourrit de littérature, elle en est l'antithèse. Et cela s'explique, selon elle… grâce à la Recherche du temps perdu !

Chapitre après chapitre, elle raconte certains souvenirs d'enfance qui ne dépareraient pas dans une reconstitution historique savoureuse, décortique le fonctionnement de l'aristocratie, cet échafaudage qui ne s'appuie sur rien, ce monde où l'apparence, les mots, ont remplacé le réel et le corps. Et elle montre comment Proust en révèle la vacuité, comment il fait en sorte d'introduire le mouvement, de remettre au centre ceux dont étaient tus les moeurs homosexuelles, dynamitant ainsi cet édifice vide fait de postures, rendant à l'individu sa place de sujet, ramenant l'universalité en lieu et place du néant. Ainsi, elle raconte comment sa lecture de la Recherche lui aura permis de franchir « le confort trompeur de l'enceinte infertile » dans lequel elle avait été élevée et d'être réellement vivante. Wahou !

Le décalque entre le monde figé de son enfance et les descriptions piquantes de Proust est confondant. Quand on a d'illustres ancêtres, quand on habite encore dans les lieux qui ont fait L Histoire, qu'on ne fraie qu'avec ceux qui le savent et vivent leur existence à cette aune, il est facile de multiplier les correspondances entre son histoire familiale et les personnages de la Recherche. Fiction et réalité historique, biographique, se mêlent en un imbroglio permettant de questionner le terme de chacune de ces réalités. de laisser la littérature dynamiter L Histoire et de révéler le scandale d'un monde qui n'était que signe vide.

La démonstration est exemplaire mais ce qui m'a plu aussi, c'est, qu'elle va plus loin. Point n'est besoin d'avoir des ancêtres parmi les plus proches de Napoléon ou descendant en droite ligne de Guillaume le Conquérant pour connaître le poids d'un milieu qui assigne. L'histoire particulière de Laure Murat, c'est celle d'Annie Ernaux, qu'elle cite souvent aussi, celle de tous ceux qui auront risqué de périr étouffés sous les codes quels que soient la classe sociale ou les tabous que ce derniers protègent. le mérite de la littérature, et de Proust qui est celui qui le fait le mieux aux dires de Laure Murat, n'est pas seulement celui de la description efficace ou de l'évasion, il est celui d'une mise à distance, d'une déconstruction efficace. Celui du dessillement qui permet ensuite la consolation, cette « substance active », « l'embryon d'une énergie prospective et féconde ».

Reste, pour revenir sur mes préventions, que Laure Murat parle très peu de l'obsession proustienne pour le passé. C'est un sacré tour de force d'ailleurs : d'un roman déjà nostalgique d'une période révolue au moment où il est écrit et qui fait écho aux heures glorieuses de sa famille, elle n'extrait que l'intelligence, l'énergie et l'exploration « sous le signe du « constant échange », du « lien mouvant », de l' « attache » permanente, interactive, entre le sensoriel et le spirituel, le corps et l'esprit, afin de rendre l'expérience totale de notre relation au monde. » On peut donc passer outre l'agacement contre les ratiocinations, ressassements onanistes d'une mémoire en boucle et chercher – trouver ! – autre chose dans la Recherche ?

Ainsi, à lire Laure Murat, et vous, les amis qui découvrez, lisez ou relisez sans cesse Proust, il faut croire qu'il existe un chemin pour trouver le sien dans la Recherche. Ce serait dommage de ne pas persévérer à le chercher.
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Laure Murat ne serait donc qu'une énième parmi d'autres à s'atteler à la tâche. À cela près que son approche de la lecture du grand oeuvre de Proust passe par sa singularité de femme dont l'orientation sexuelle l'a exclue de son milieu, et le lui a fait comprendre. Un cheminement qu'elle nous explique avec un talent susceptible de donner envie à quiconque de lire ou relire Proust. Car finalement n'est-ce pas ce que nous espérons tous, qui nous enchante, nous émeut, nous console, nous grandit, donne un sens à notre vie de mortel lorsque nous le découvrons au détour d'une lecture ? Trouver la réponse à nos interrogations, sur nous-mêmes, sur notre environnement familial et affectif, sur notre rapport aux autres et au monde.

« Proust se doutait-il seulement qu'en échafaudant son roman il inventait un secours plus puissant que la tendresse d'une mère absente ? Que son oeuvre, en proposant un exercice continu de dessillement, y compris en soi-même, livrerait une grille de compréhension et de déchiffrement du monde à la fois souveraine et dynamique, subtile et pénétrante, pour des millions de gens dans le monde ? Que tout un chacun sortirait étonnamment augmenté de cette lecture, tant il est vrai qu'une « erreur dissipée nous donne un sens de plus » ? Proust n'endort pas nos douleurs dans les volutes de sa prose, il excite sans cesse notre désir de savoir, cette libido sciendi qui, en séparant l'enfant de sa mère, nous affranchit plus sûrement du malheur que tous les mots de la compassion. »
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critiques presse (9)
LaLibreBelgique
07 décembre 2023
Un texte autobiographique et documenté, où l’acuité le dispute à une générosité non feinte, qui s’autorise même quelque humour.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
OuestFrance
25 octobre 2023
Entre autobiographie et analyse littéraire, l’autrice raconte son parcours à l’aune de l’œuvre de Proust.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Marianne_
27 septembre 2023
Dans cette œuvre qui n’a de roman que le nom, l’historienne explique comment la lecture de « À la recherche du temps perdu » lui a permis de s’émanciper de son milieu aristocratique et de vivre son homosexualité.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Bibliobs
25 septembre 2023
Dans un livre très personnel, l’essayiste issue d’une famille d’aristocrates raconte comment la lecture de la « Recherche » l’a aidée à s’émanciper de son milieu et de l’hétérosexualité.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
15 septembre 2023
Une autobiographie très singulière où vie et littérature se confondent pour s’éclairer mutuellement. [...] Il est aussi un des meilleurs livres qu’on puisse rêver sur Proust, parce qu’il se tient au plus près d’une véritable expérience de lecture.
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
11 septembre 2023
Laure Murat remonte le fil de sa noble jeunesse avec « À la Recherche du temps perdu » en bréviaire d’émancipation. Bouleversant.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeFigaro
08 septembre 2023
Descendant de maréchaux titrés par Napoléon, l’auteur multiplie les allées et venues entre sa propre existence et la Recherche.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesInrocks
28 août 2023
C’est à la recherche d’une existence plus vraie pour elle que l’autrice, alors jeune adulte, a quitté le carcan familial pour s’affranchir de son faux confort.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LesInrocks
28 août 2023
Avec “Proust, roman familial”, l’essayiste et historienne retrace sa vie à l’aune de l’écrivain, observateur implacable de l’aristocratie française.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (138) Voir plus Ajouter une citation
 […]  toute prestigieuse que fût l’union de « deux grands noms de l’histoire de France », elle n’en était pas moins marquée dans les mentalités par le décalage entre la noblesse d’Ancien Régime, incarnant le passé féodal, et la noblesse d’Empire, de plus fraîche extraction. « L’héritier des hommes de guerre de la vieille France a donné sa fille au descendant du “Petit Caporal” », […] Que Proust, longtemps chroniqueur mondain, ait été fasciné par ces différences de traitement dans les classes sociales ne doit pas étonner. Chacune incarne un rapport au Temps, à son épaisseur, à sa puissance d’accumulation, des croisades aux guerres napoléoniennes. C’est dans cette distance avec l’origine de l’anoblissement que Proust voit même l’écart sensible entre les deux noblesses, incarnées par Saint-Loup, affable, élégant, mais sans-gêne et méprisant le bourgeois, et le prince de Borodino, plus majestueux, car moins éloigné de l’époque où son père était reçu à la cour impériale. Quand les couches du temps auraient dû jouer en faveur de Saint-Loup, leur minceur bénéficie paradoxalement au prince d’Empire, aux manières supérieures. Saint-Loup a intégré toutes les élégances, au point de parfois les oublier. Borodino s’en souvient encore. 
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Ce qui vaut pour Proust s’applique, bien sûr, à la littérature en général
et à sa capacité à lever un coin du grand voile, à percer de nouvelles
perspectives, à désenclaver, à désancrer nos habitudes et jusqu’à nos plus
profondes convictions. Mais l’impact qu’a eu sur moi À la recherche du
temps perdu, en dehors des raisons déjà exposées dans les précédents
chapitres, tient à ceci que l’œuvre de Proust se place tout entière sous le
signe libératoire du flux – flux du temps qui s’écoule, bien sûr, et d’une
continuelle transformation des êtres et des choses –, quand j’ai été élevée
dans un milieu dont l’idéologie conservatrice sacralisait l’immuabilité et
vitupérait le changement. Ainsi peut-on lire dans Du côté de chez Swann
cette phrase souvent citée : « Peut-être l’immobilité des choses autour de
nous leur est-elle imposée par notre certitude que ce sont elles et non pas
d’autres, par l’immobilité de notre pensée en face d’elles. » Ou, dans
Albertine disparue : « Notre moi est fait de la superposition de nos états
successifs. Mais cette superposition n’est pas immuable comme la
stratification d’une montagne. Perpétuellement des soulèvements font
affleurer à la surface des couches anciennes. » Page après page, la
Recherche agissait comme une prise de conscience émancipatrice. Cette
esthétique de la mobilité, destinée à découvrir le moi des profondeurs, est
au fondement de l’analyse proustienne de « cette âme humaine dont une des
lois, fortifiée par les afflux inopinés de souvenirs différents, est
l’intermittence. » Contre l’histoire étale et monolithique, contre l’univocité
des raisonnements, Proust proposait une géologie vivante de la tectonique
des plaques et des élans telluriques. À l’opposé d’une psychologie
poussiéreuse qui avait les raideurs d’un traité de castellologie, il érigeait la
volatilité de la mémoire en fortification.
Que Proust ait d’abord songé à donner pour titre à son roman Les
Intermittences du cœur dit assez combien l’écrivain tenait à cette idée
centrale de discontinuité, d’instabilité, de fluctuation – du moi, mais aussi
des opinions, des critères, des convictions d’une société. Elle se matérialise
dès les premières pages dans le symbole de la « lanterne magique » qui, en
substituant « à l’opacité des murs d’impalpables irisations, de surnaturelles
apparitions multicolores, où des légendes étaient dépeintes comme dans un
vitrail vacillant et momentané », parvient à distraire l’enfant quand sa
chambre, à l’heure honnie du coucher, redevient « le point fixe et
douloureux de [s] es préoccupations ». Elle s’approfondit avec la métaphore
de « ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine
rempli d’eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à
peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent, se colorent, se
différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages
consistants et reconnaissables ». Elle se poursuit avec l’objet proustien par
excellence, le kaléidoscope, qui, pareil à la société qui change d’opinion,
« place successivement de façon différente des éléments qu’on avait crus
immuables et compose une autre figure », en renversant « une fois de plus
ses petits losanges colorés ». Elle s’incarne surtout dans le personnage
diffracté, innombrable, d’Albertine la fugitive, inaccessible et
impréhensible « grande déesse du Temps », une Albertine orpheline, sans
foyer, sans histoire ni amarres, qui révélera au narrateur les vertus
étrangement apaisantes de la variation et du morcellement :
"Mais ce fut surtout ce fractionnement d’Albertine en de nombreuses parts, en de
nombreuses Albertine, qui était son seul mode d’existence en moi. Des moments revinrent où
elle n’avait été que bonne, ou intelligente, ou sérieuse, ou même aimant plus que tout les sports.
Et ce fractionnement, n’était-il pas au fond juste qu’il me calmât ? Car s’il n’était pas en lui
quelque chose de réel, s’il tenait à la forme successive des heures où elle m’était apparue,
forme qui restait celle de ma mémoire, comme la courbure des projections de ma lanterne
magique tenait à la courbure des verres colorés, ne représentait-il pas à sa manière une vérité
bien objective celle-là, que chacun de nous n’est pas un, mais contient de nombreuses
personnes qui n’ont pas toutes la même valeur morale […]."
C’est cet être pluriel, mystérieux, que Proust a constitué pour la
première fois en sujet universel. En abolissant la supposée différence de
nature entre citoyen universel et sujet minoritaire, entre le prétendu ordre
hétérosexuel et le prétendu désordre homosexuel, en découvrant que le côté
de chez Swann touche le côté de Guermantes, l’écrivain, bouclant la plus
improbable des boucles, procède à une double opération : il replace la
marge éparpillée au centre et, partant, décentre la norme censément
univoque. Seule l’appréhension de figures successives détermine une
connaissance objective. Seule la pluralité véritable, avec ce qu’elle compte
de sauvagerie et d’inconnaissable, fonde l’universel.
Cette conviction est aussi la colonne vertébrale et le ciment d’une
œuvre qui, par l’art de la transposition, a entrepris d’extraire l’essence de
toute chose à partir d’un éloge de la multiplicité et de la disparité des êtres,
des objets, des émotions :
"D’ailleurs, comme les individualités (humaines ou non) sont dans un livre faites
d’impressions nombreuses qui, prises de bien des jeunes filles, de bien des églises, de bien des
sonates, servent à faire une seule sonate, une seule église, une seule jeune fille, ne ferais-je pas
mon livre de la façon que Françoise faisait ce bœuf mode, apprécié par M. de Norpois , et dont
tant de morceaux de viande ajoutés et choisis enrichissaient la gelée ?"
Le pouvoir de Proust à convoquer l’univers dans une tasse de thé ou à
le faire sortir de la gelée d’un bœuf mode est le même que celui de la nature
dans sa diversité infinie des espèces et des plantes. La description des
nymphéas sur les étangs de la Vivonne donne un éloquent exemple de la
puissance de l’écrivain, capable de renverser la terre et le ciel d’un coup de
plume, lorsqu’il évoque :
"l’obliquité transparente de ce parterre d’eau ; de ce parterre céleste aussi : car il donnait
aux fleurs un sol d’une couleur plus précieuse, plus émouvante que la couleur des fleurs elles-
mêmes ; et soit que pendant l’après-midi il fît étinceler sous les nymphéas le kaléidoscope d’un
bonheur attentif, silencieux et mobile, ou qu’il s’emplît vers le soir, comme quelque port
lointain, du rose et de la rêverie du couchant, changeant sans cesse pour rester toujours en
accord, autour des corolles de teintes plus fixes, avec ce qu’il y a de plus profond, de plus
fugitif, de plus mystérieux – avec ce qu’il y a d’infini – dans l’heure, il semblait les avoir fait
fleurir en plein ciel."
Tel était l’espace – et telle sa poétique – que m’offrait Proust en un seul
livre : une réflexion en perpétuel progrès aux antipodes des ressassements
généalogiques, l’assurance de ma réintégration dans l’humanité en lieu et
place d’une exclusion familiale, un paysage où évoluer sans cesse au
contraire du séjour immobile dans le château éternel. Je passais d’une
lecture verticale du monde, monolithe, hiérarchisée, autoritaire, héritée de
l’Ancien Régime et du XIXe siècle, à une lecture oblique, plurielle, globale
et en trois dimensions de l’univers. De la claustration à l’ouverture. Du
passé à l’avenir.
Ce prodige à faire « tourner des mondes », à montrer l’envers de la
tapisserie, à nous guider dans sa trame et ses fils multicolores, Marcel
Proust l’a accompli depuis sa chambre aux murs recouverts de liège,
allongé, écrivant dans les positions les plus inconfortables, se nourrissant de
croissants et de café au lait, dans un confinement (relatif) de plus de dix
ans. Comment ne pas penser, ici, à Emily Dickinson, à sa vie consacrée à la
poésie, recluse dans une maison jaune et cossue de la bourgade d’Amherst
(3 000 habitants), devenue le paratonnerre de tout l’univers ? Un jour,
Emily Dickinson invita sa nièce de huit ans à entrer dans sa chambre. Elle
referma la porte derrière elle, sortit une clé imaginaire de sa poche, fit mine
de l’insérer dans la serrure pour la verrouiller à double tour. Puis elle se
retourna et dit à l’enfant, en montrant la clé fantôme qu’elle tenait entre le
pouce et l’index : « This is freedom. »
L’ironie du sort veut que Proust, reclus volontaire dans sa forteresse de
liberté, ait précisément accompli ce miracle auprès de la lectrice que je suis
devenue avec le temps : m’assurer le chemin pour enjamber les douves de
mon château fantasmagorique et sortir du confort trompeur de l’enceinte
infertile. Dès lors, et pour reprendre les mots oraculaires de Victor Hugo, au
« livre de pierre, si solide et si durable », a succédé le « livre de papier, plus
solide et plus durable encore ». Je pouvais désormais laisser derrière moi
« l’aristocratie en sa construction lourde, percée de rares fenêtres, laissant
entrer peu de jour, montrant le même manque d’envolée, mais aussi la
même puissance massive et aveuglée que l’architecture romane, [qui]
enferme toute l’histoire, l’emmure, la renfrogne ».
L’espace imaginaire ouvert par Proust n’a pas de propriétaires, il n’est
juché sur aucun promontoire, aucune muraille n’en défend l’entrée. Il est
comme l’univers : en perpétuelle expansion. Cela n’en fait pas moins un
point de repère à l’horizon de mes bibliothèques, un lieu permanent qui
cependant se transforme au gré de mes relectures. Ce roman total me suit
partout depuis trente ans.
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De nombreux ouvrages ont rapproché le snobisme de la théorie de l’amour dans la Recherche. Or Proust ne s’intéresse pas à l’amour, mais à la jalousie, car elle est le moteur de l’imagination, dont il aurait pu dire avec Baudelaire qu’elle est « la reine des facultés ». Il n’y a pas d’étreintes dans la Recherche, ni aucun moment tendre entre amant·es, mais une suite de phantasmes et de délires érotiques. Odette, Morel et Albertine sont, respectivement, des créations de la jalousie de Swann, de Charlus et du narrateur. De même, Proust ne s’intéresse pas plus au faubourg Saint-Germain, mais au snobisme qui met en branle des univers entiers, excite mille chimères, détermine jouissances indicibles et blessures mortelles. Le snobisme serait en réalité à la mondanité ce que la jalousie est à l’amour : une machine à délirer, l’équivalent de la lanterne magique de l’enfance, cette usine à projections et à rêves. 
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La science du narrateur dans sa compréhension des usages du grand monde culmine dans Sodome et Gomorrhe.
« Je commençais à connaître l’exacte valeur du langage parlé ou muet de l’amabilité aristocratique, amabilité heureuse de verser un baume sur le sentiment d’infériorité de ceux à l’égard desquels elle s’exerce mais pas pourtant jusqu’au point de la dissiper, car dans ce cas elle n’aurait plus de raison d’être. « Mais vous êtes notre égal, sinon mieux », semblaient, par toutes leurs actions, dire les Guermantes  ; et ils le disaient de la façon la plus gentille que l’on puisse imaginer, pour être aimés, admirés, mais non pour être crus : qu’on démêlât le caractère fictif de cette amabilité, c’est ce qu’ils appelaient être bien élevés ; croire l’amabilité réelle, c’était la mauvaise éducation. »
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« Le plaisir aristocratique de déplaire… » Combien de fois cette citation de Baudelaire n’a-t-elle pas été répétée par les aristocrates eux-mêmes, persuadés que le poète justifiait par cette formule la supériorité d’une élite et légitimait sa morgue ? Ignorance mieux que mauvaise foi, la citation est le plus souvent tronquée de sa première partie, qui change pourtant singulièrement le propos : « Ce qu’il y a d’enivrant dans le mauvais goût, c’est le plaisir aristocratique de déplaire. »
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À l'occasion de la publication de l'ouvrage : "Proust, roman familial" de Laure Murat (Robert Laffont)
Modération: Nathalie CROM, journaliste littéraire, directrice du service «Livres » à Télérama Intervenante: Laure MURAT, écrivaine et professeure à l'université de Californie
Avec "Proust, roman familial" (2023), l'historienne et professeure de littérature, autrice notamment de "Passage de l'Odéon" (2003), "La Loi du genre : une histoire culturelle du troisième sexe" (2006) ou "Une révolution sexuelle ? Réflexions sur l'après-Weinstein" (2018), invente une déclinaison inédite de l'égo-histoire, en relisant son histoire familiale à la lumière de la Recherche du temps perdu.
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