Lire les auteurs classiques est avant tout une question d'hygiène !
Se nettoyer l'esprit, clarifier ses pensées, lutter contre les contaminations du langage, réapprendre la syntaxe, enrichir son vocabulaire, se prémunir contre les dangers de la futilité et la facilité contemporaines, ne composent-il pas les pratiques essentielles ayant pour but de préserver le goût de la lecture !
Il faut lire les auteurs classiques pour ne jamais se lasser de lire !
Parmi ces classiques, j'ai lu pour la première fois «
Les désarrois de l'élève Törless » de l'un des maîtres de la littérature autrichienne, Rober Musil, dont j'avais tant aimé « L'homme sans qualités ».
«
Les désarrois de l'élève Törless » est son premier roman, publié en 1906 à 26 ans. Une remarquable précocité .
L'époque (la fin du 19eS.), le contexte (le crépuscule de la monarchie austro-hongroise) et le lieu du récit (un austère internat) sont assurément ancrés dans le passé, mais la langue est éternelle et la thématique tout à fait pertinente et actuelle.
Le livre raconte l'arrivée et le séjour, bref mais intense, du héros dans une institution militaire élitiste et rigoureuse qui va radicalement le transformer. le titre du livre résume une expérience sensible et intellectuelle d'une rare intensité, que la prose de Musil évoque avec une exactitude et une justesse inouïes.
L'aventure métaphysique de Törless devient la nôtre et l'on approche grâce à lui l'origine de la connaissance intime, cette chose à laquelle ni la science, ni la religion n'apporte une réponse satisfaisante, cette part intangible de notre être, que nous avons tous éprouvée sans parvenir à la circonscrire avec l'exactitude du vocabulaire romanesque de Musil.
Un livre sublime, indispensable à lire.
Question d'hygiène intellectuelle, sans doute…