Né au Kongo (et non Congo) Nsaku Ne Vunda devient prêtre sous le nom de Dom
Antonio Manuel. Élevé dans le respect des traditions ancestrales tout en embrassant la religion catholique, il est envoyé par le Roi Alvaro II du Kongo pour une mission auprès du Saint-Siège à Rome : dénoncer le caractère antichrétien de l'esclavage.
Il n'a jamais quitté son pays mais c'est avec la conviction de pouvoir améliorer le sort de ses semblables qu'il devient le premier diplomate africain envoyé au Vatican. Il embarque à bord d'un galion français, et découvre qu'avant de naviguer vers Rome, il doit faire escale...dans le Nouveau Monde !
C'est ainsi que notre jeune héros plonge dans un monde d'une indicible cruauté.
Détresse, colère, abattement s'emparent de lui lorsqu'il voit monter sur le vaisseau des centaines de personnes enchaînées, capturées dans son pays natal pour être vendues comme de la vulgaire marchandise et asservies.
Il réalise qu'il a été manipulé par son Roi, qu'il est le jouet d'intrigues politiques qu'il ne pouvait concevoir dans sa noble candeur.
Pendant la traversée, alors qu'il est traité au même rang qu'un officier, il devient le témoin horrifié et impuissant des traitements ignobles, dégradants, avilissants réservés aux captifs jusqu'à les rendre fous, amorphes ou suicidaires. Sa foi s'en trouve ébranlée : "Être dans l'incapacité d'atténuer leurs souffrances me consumait, cette impuissance torturante et coupable altérait fortement les fondements de ma foi."
Sur le vaisseau, il se lie d'amitié avec un mousse, Martin; ils deviennent "compagnons de souffrance, exilés dans le royaume de la brutalité, séquestrés tous les deux par la barbarie qui (les) entourait ". C'est cette consolante amitié qui lui permettra de tenir le coup durant cette pénible traversée de plusieurs mois.
Le vaisseau jette enfin l'ancre en été 1605 au Brésil, pour décharger sa marchandise humaine en piteux état.
Révolté, désespéré, ressassant les horreurs vécues par les esclaves pendant la traversée, et la misérable vie qui les attend, il se fait le serment d'interférer auprès du Pape afin d'arrêter ces innommables tragédies et l'exploitation d'humains par d'autres humains se sentant supérieurs.
C'est dans cet état d'esprit qu'il entreprend la deuxième partie de son voyage pour Rome...
Grâce à une plume d'une splendide virtuosité, l'auteur réussit l'exploit de rendre poétique cette histoire d'une indicible cruauté.
C'est bouleversant, d'une âpreté inouïe, ça vous prend aux tripes ; heureusement, l'indéfectible amitié entre notre héros et le mousse, l'espoir qu'il gardera chevillé au corps de réussir à plaider la cause de ses frères et soeurs malgré des moments de total découragement et de foi vacillante, nous aident à reprendre notre souffle.
Je vous laisse découvrir la suite de son périple en espérant que ce billet vous convaincra de lire ce chef-d'oeuvre.