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Dans les années 1930, un écrivain en panne d'inspiration flâne au gré des ruelles, des rencontres (et en particulier d'une rencontre), de la radio, des phonographes et des moustiques dans les quartiers populaires du plaisir à Tokyo, autour de Tamanoi, à l'est du fleuve Sumida.
Sans doute le chef d'oeuvre de Nagaï Kafû, si l'on en croit Alain Nahoum dans la préface.
Peut-être.
L'histoire est certes sympathique mais selon moi, pas transcendante.
Ce qui m'a le plus dérangée je crois, ce sont les descriptions des lieux, surchargées de détails géographiques très précis et plutôt ennuyeux à la longue.
En revanche, ce que l'auteur réussit très bien, c'est nous immerger dans une espèce de bulle à la dérive entre deux mondes, l'ancien et le nouveau qui se construit sous ses yeux, entre traditionalisme et modernisme. Finalement, le personnage central de cette histoire est sans doute ce quartier de Tokyo en pleine évolution, scarifié par les changements, au grand regret du narrateur. J'ai également été surprise par l'omniprésence de la crainte et la méfiance envers les forces de l'ordre et j'ai regretté qu'il n'y ait pas plus d'explications à ce sujet.
Toujours est-il que ce livre se lit agréablement, comme une flânerie nostalgique au détour d'une époque en voie de disparition. Alain Nahoum (eh oui, encore lui) précisera même que « cette Histoire singulière à l'est du fleuve nous apparaît comme une des rares formes de ‘littérature de l'exil intérieur' ».
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Nagaï Kafû (1879-1959) est un de mes écrivains japonais préférés, une personnalité forte, un auteur subtil et inclassable. J'aime arpenter les quartiers de plaisir de Tokyo en constante évolution avec lui et je suis toujours en admiration devant ses magnifiques portraits de femme.
En 1937, il publie Une histoire singulière à l'est du fleuve (Bokuto Kitan). le narrateur anonyme est un romancier en panne d'inspiration. Comme Kafû, il aime déambuler dans les bas-fonds et il marche en direction du Tamanoi, une zone prolétaire sans charme située sur la rive orientale de la rivière Sumida. le narrateur entre dans une librairie d'occasion, en ressort avec un paquet ficelé qui lui vaut un interrogatoire au poste de police. En même temps qu'il marche en essayant d'échapper aux contrôles, le narrateur donne des extraits du roman intitulé « La Disparition » qu'il est en train d'écrire et fait son auto-critique. Il aperçoit Tamanoi avec ses alignements de maisons délabrées et puis la pluie s'en mêle, O-Yuki emprunte son parapluie et l'attire dans sa chambre infestée de moustiques…
On retrouve dans ce roman l'humanité de Kafû, son écriture sensuelle et mélancolique et l'attention portée aux détails, accessoires, costumes toujours révélateurs.
Mais cet ouvrage est singulier à plus d'un titre. Il mêle narration, dialogues, extraits de journal et poèmes. Kafû et les deux narrateurs essaient de fuir, de disparaître de la réalité. Ce thème omniprésent est mis en abîme. le narrateur anonyme qui ressemble à Kafû essaye d'échapper aux contrôles policiers dans un dédale de ruelles sordides. Il est camouflé dans une tenue prolétaire car la police est présente à tous les coins de rue et il n'est pas du tout acceptable de sortir de sa caste. Il noue une liaison paisible et forte avec une fille du peuple. Elle lui rappelle par ses costumes traditionnels, un Tokyo perdu. Il sait déjà que leur relation est vouée à disparaître. Mais elle lui permettra de poursuivre son livre. Taneda, le narrateur du roman dans le roman est un homme marié et père de famille. Il fuit aussi les convenances, la morale et l'ennui sans savoir où il va puisqu'il est abandonné par son écrivain. Écrivain qui tôt ou tard abandonnera la prostituée. Kafû fuit son époque militarisée et disparaît dans son travail solitaire d'écrivain. En s'affranchissant des codes du récit traditionnel et des convenances morales, il affirme sa liberté individuelle.
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C'est pour fuir le son des radios et des phonographes de ses bruyants voisins que Tadasu Ôe se rend à l'Est de la Sumida, dans les vieux quartiers populaires de Tokyo. Il vient aussi y chercher le silence et l'inspiration pour terminer son dernier roman. Un soir de pluie, O-Yuki, une prostituée des bas quartiers, s'invite sous son parapluie et il la raccompagne chez elle. L'écrivain prend alors l'habitude de lui rendre visite, heureux de retrouver chez elle un peu de la ville d'antan. Alors qu'il écrivait l'histoire d'un professeur, Taneda Junpei, marié et père de famille, embourbé dans un mariage qui ne le satisfait plus, sa rencontre avec O-Yuki lui donne l'idée de jeter son héros dans les bras de Sumiko, une prostituée avec laquelle il envisage de s'enfuir.

Une promenade nostalgique dans le Tokyo de 1936. La ville tentaculaire continue de s'étendre et de se moderniser. A l'Est de la Sumidagawa, les quartiers de banlieue résistent. Ici la crasse règne, les canaux attirent des nuées de moustiques virulents, ouvriers et prostituées vivotent bien loin des radios qui indisposent le célèbre écrivain Tadasu Ôe. La promenade est aussi clandestine. Pour déambuler dans ces bas-fonds, observer ses habitants et se fondre dans le décor, l'auteur se camoufle dans des vêtements d'homme du peuple. Quand il entame une liaison avec O-Yuki, il ne lui dit rien de sa vie et se laisse aimer par cette femme au charme suranné qui lui rappelle le Tokyo d'un autre temps.
Amoureux de sa ville et fin observateur des métamorphoses qu'elle subit, Nagaï Kafu se livre ici à une double mise en abyme. Un écrivain, Kafu, écrit l'histoire d'un écrivain, Ôe, qui écrit l'histoire d'un professeur, Taneda, tous les trois déambulant dans le quartier de Tamanoi, les deux derniers se rapprochant d'une prostituée miséreuse.
Un livre très court mais troublant, envoûtant, attachant. C'est un plaisir de suivre Kafu dans ses descriptions d'un Tokyo aujourd'hui disparu et qui, en 1936, était seulement en voie de disparition.
L'écriture de cet auteur classique est tout à fait abordable et très évocatrice, on sent la chaleur moite, on aperçoit au loin une femme en kimono se pressant sous la pluie, on explore les ruelles sombres, on rencontre les petites gens de ces quartiers oubliés. Magnifique.
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Kafu en observateur attentif et sensible crée d'une rencontre fortuite entre un écrivain vieillissant et nostalgique et O-yuki, une prostituée, un récit envoûtant. Il s'attache aux moindres détails, des gestes, des lieux, d'une ville (Tôkyô à la fin des années trente) dont il trace une géographie secrète, un monde intérieur. la fin du récit s'apparente à une sorte de monologue, au ton de plus en plus poétique, où semblent l'emporter des sentiments de solitude et de fugacité.
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Dans la droite ligne de son roman "La sumida", un homme se promène avec une geisha dans la nature en marge de la ville. Du pur bonheur, pour qui, comme moi, aime les descriptions naturalistes. On prend son temps. On suit les personnages au rythme de la Sumida et des canaux environnants. Du grand Kafu !
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Le fleuve en question, c'est le Sumidagawa qui traverse Tôkyô. A l'est se trouvent les quartiers populaires, anciens villages peu à peu grignotés par la grande ville :Mukôjima et Terajima, habités par les ouvriers et Tamanoi, le quartier des prostituées.
C'est dans ces endroits là, en 1936, que déambule Ôe Tadasu, écrivain sexagénaire à la recherche d'une inspiration pour finir le roman qu'il a commencé d'écrire: son héros a fui une vie maritale ennuyeuse après 20 ans de mariage et l'auteur envisage de le faire se cacher dans une de ces banlieues en compagnie de sa maîtresse entraineuse de bar. Mais l'auteur sèche un peu pour conclure une histoire que lui même trouve assez peu crédible.
L'inspiration lui viendra suite à la rencontre fortuite d'O-Yuki, prostituée des bas quartiers qui s'incruste un soir de pluie sous son parapluie. Tadasu se prend au jeu et revient la voir, pas tellement pour les plaisirs qu'on peut trouver avec une prostituée, mais plutôt parce qu'O-Yuki a un style un peu surranné, qui lui rappelle le temps passé. Car le vrai souci de Tadasu c'est qu'il a du mal a accepter le changement, la mutation de la ville: il n'arrive pas à rester chez lui, car le son des radios et phonographes de ses voisins l'empêche de travailler. La quartier où vit O-Yuki étant assez miséreux, la modernité ne s'y est pas encore vraiment implantée. Et même si le canal qui y passe est crasseux et infesté de moustiques, on y est tranquille, dans le silence.

J'ai moins aimé ce texte que Scènes d'été, on y est plus dans la description des promenades de l'auteur en panne d'inspiration et de ses regrets du temps passé que dans le réel récit que pourrait laisser présager le titre. dans le fond, l'histoire n'est pas si singulière que ça.

Mais plusieurs choses m'intéressent. Pour savoir elsquelles, suivre le lien ci-dessous :)
Lien : http://purplenosekai.blogspo..
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