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EAN : 9782877301794
222 pages
Editions Philippe Picquier (19/05/1998)
3.86/5   47 notes
Résumé :
"Les saules et les fleurs", comprendre les hommes et les femmes, c'est ainsi que l'on nommait les quartiers geishas, à Tôkyô au début du siècle. Roman d'amour et de jalousies compliquées autour de la belle Komayo, au parfum nostalgique, dans l'intimité des maisons de plaisir. Kafû y décrit les intrigues, les jeux érotiques, les manoeuvres d'amour et d'argent entre amants et geishas : autour de la belle Komayo, acteurs, musiciens, parasites ou amoureux veules se croi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Kafū Nagai peut être considéré comme le chantre des quartiers de plaisirs, ce monde flottant des saules et des fleurs. Dans nombre de ses ouvrages, il en dépeint les réalités, même dans ce qu'elles ont de plus triviales. Son oeil vif et acéré repère les us et coutumes de ce monde singulier mais également ce qui sort de l'habitude.

Dans ce roman, il se focalise sur l'univers des geishas, l'une d'elle en particulier, Komayo. Cette jeune femme fut épousée par l'un de ses admirateurs lorsqu'elle officiait dans le quartier des plaisirs. Son mari étant mort, elle préféra reprendre son rôle de geisha plutôt que de continuer à vivre dans une belle-famille peu cordiale.

Autour de Komayo gravitent clients, acteurs de théâtre et tous les habitués de l'ukiyo, le monde flottant. Kafū Nagai recourt à une écriture toute en subtilité et finesse, non sans quelque ironie à l'occasion. Sa connaissance de l'intérieur de cet univers apporte à ses propos et à son intrigue toute sa véracité. Son pinceau trempe également dans une encre teintée de nostalgie car le romancier sent l'évolution qu'est en train de vivre le Japon à la charnière entre le XIXème et le XXème siècle. A l'image d'autres confrères contemporains comme Tanizaki ou Sôseki, il regarde avec mélancolie et regret disparaître des spécificités séculaires et proprement nippone au profit d'une occidentalisation de la société et du pays.

Kafū Nagai fait partie de ces témoins remarquables et de ces auteurs classiques d'un Japon en pleine transition. J'ai aimé découvrir avec du côté des saules et des fleurs son style, et compte bien lire d'autres de ses ouvrages qui figurent au catalogue des éditions Picquier (merci à elles pour les splendides découvertes orientales qu'elles permettent).
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Udekurabe
Traduction : Catherine Cadou

Deux-cent-vingt-trois pages de plaisir pur, telle est la définition que je donnerai de ce roman qui, par petites touches précises, relate quelques événements décisifs dans la vie de la geisha Komayo.

Je l'ai pris hier au soir, assez tard, car j'avais des insomnies ... et je ne l'ai plus lâché, enthousiasmée par la tendresse, par l'authenticité et aussi par le talent ébouriffant dont faisait preuve son auteur.

"Du côté des saules & des fleurs" dépeint en effet l'univers du quartier chaud de Tokyô, vu cette fois-ci, non pas exclusivement par l'oeil d'une héroïne geisha (comme nous pouvons le rencontrer dans "Geisha" de l'Occidental Arthur Golden, ou encore dans "Le Miroir des Courtisanes" d'Ariyoshi Sawako) mais aussi par celui des patrons de la maison où elle exerce et par celui de ses clients, bien sûr. Bien mieux, le caractère de ces derniers et leurs motivations sont scrupuleusement analysés par un représentant de leur propre sexe, qui les juge sans les charger mais en toute impartialité.

Autre qualité de ce livre : il rappelle, magnifiquement, à toutes celles et à tous ceux qui, à un moment ou à un autre de leur existence, ont vécu et travaillé dans l'univers des plaisirs, cette excitation qu'il y a par exemple à commencer à travailler quand les autres se claquemurent chez eux pour dormir. le bruit, les lumières, la gaieté, celle que l'on feint comme celle que l'on ressent réellement, la fatigue, le dégoût, la conscience de sa marginalité, le désir parfois de la troquer contre une vie bien tranquille, et puis à nouveau cette excitation qui monte, qui monte et vous emporte dans un tourbillon qui vous épuise et qui, pourtant, vous place au-dessus de tout, y compris de vous-même, voilà tout ce que Kafû a placé dans son roman.

Certes, l'intrigue se déroule à Tokyô, dans les années vingt (probablement). Mais le génie de l'artiste et son amour pour ce petit monde qu'il connaissait si bien sont tels que, au delà du décor aux portes coulissantes, sous les kimonos de cérémonie et dans les nuages du vin chaud, c'est le demi-monde dans sa réalité universelle qui prend corps sous les yeux du lecteur.

Ajoutez à cela ces descriptions poétiques que seuls savent faire les Japonais - mais Kafû était vraiment doué pour ça - et une entière franchise sur les "prestations" réclamées aux geishas (et qui incluaient bel et bien la relation sexuelle). Lorsque Komayo doit quitter son amant de coeur pour se rendre aux rendez-vous fixés par un client, puis par un autre, Kafû exprime sa lassitude et son dégoût avec une sensibilité et une justesse toutes féminines. Faut-il qu'il ait été à l'écoute de ses amies geishas et prostituées pour parvenir, lui, un homme, à un tel degré d'empathie ! Et quel talent !

Fabuleux. Kafû : un auteur à lire. Absolument. ;o)
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Le titre suggère les quartiers de geishas à Tokyo, une manière poétique et imagée de désigner cette pratique qui nous est si étrangère. Donc, dans ce monde si particulier du plaisir codifié et raffiné, mais dont le caractère physique n'est pas nié, on suit Komayo, une geisha, qui revient après quelque temps d'absence sur le "marché". Elle retrouve Yoshida, un ancien amant avec lequel elle renoue. Inutile de raconter la suite, pour ne pas gâcher la lecture. On est au début du 20 ème siècle.
Ce qui est à la fois intéressant et compliqué est tout ce monde du plaisir, avec ses règles strictes dans le comportement ou les vêtements, d'ailleurs décrits avec beaucoup de précision et de détails. Cela doit correspondre à quelque chose en japonais, sans doute les couleurs et les motifs ou même les textures suggèrent une pratique ou des aptitudes ou encore un caractère. En tout cas, le roman s'attache au sort de Komayo, à ses errances sentimentales et à sa précarité. Les aspects sordides du roman sont tempérés par la langue imagée qui suggère aussi le plaisir qu'elle-même éprouve avec Segawa, l'un de ses amants, ou celui d'Hoshida avec elle.
Une lecture originale et plaisante même si le manque de connaissance précise du contexte et de ce monde du plaisir ne permette pas de d'apprécier totalement le charme et l'intérêt du livre.
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Les saules et les fleurs est la dénomination des quartiers de geishas à Tokyo au début du vingtième siècle. Nous rencontrons quelques unes d'entre elles, et en particulier Komayo, une jeune femme d'environ 25 ans, ce qui n'est plus si jeune pour une geisha. Mais Komayo a eu une histoire singulière, elle a pu se marier avec un de ses anciens clients, elle est partie vivre en province avec lui. Mais son mari est décédé et elle n'a pu supporter de vivre dans sa belle famille. Il ne lui restait plus que la solution de redevenir geisha. Au début du roman, elle rencontre un de ses anciens clients, qui est maintenant un homme qui a réussi, et qui a très envie de renouer leur ancienne relation. Il devient de plus plus attaché à Komayo et veut racheter sa dette pour l'installer uniquement à son service. Komayo a du mal à se décider, d'autant plus que d'autres possibilités s'offrent à elle.

Portraits de geishas, de leurs clients, des rivalités, de jalousies, de conflits dans un petit monde. L'envers du décor n'est finalement pas très gai, et la vie de geisha est remplie de contraintes et d'humiliations, leur marge de manoeuvre est très restreintes, et elles sont des jouets des hommes, soumises à leurs caprices.

C'est très finement conté, avec une ironie permanente, on s'attache à ces personnages, mais d'une certaine façon on est bien content de ne pas vivre dans leur monde.
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Nous sommes dans les années 1910, en pleine époque Meiji, période de transformation de la société japonaise, à Shimbachi, un des quartiers des plaisirs de Tokyo.
Komayo, Jeune femme de vingt sept ans, a été geisha, puis s'est mariée. Après le décès de son mari, elle a été épouvantée par sa condition de veuve dans un trou perdu. Condamnée a rester une étrangère perpétuelle dans sa belle famille, elle est revenue à son premier métier dans l'honorable maison Obana, dirigée par le vieux Gozan et sa femme, Jûkichi.
Le roman commence lorsque Komayo croise au théâtre son ancien protecteur, une homme richissime, qui ignorait son retour sans le monde « des saules et des fleurs ». A partir de ces retrouvailles, nous allons suivre les aventures galantes et l'ascension de Komayo dans le monde des geishas, qui est ici décrit avec verve, réalisme et tendresse par un spécialiste de ce milieu particulier (Kafu vivait dans un des quartiers des plaisirs de Tokyo). À cette époque, l'activité des geishas était très proche de la prostitution de luxe (ce n'est plus le cas depuis longtemps) et entre rivalités, « engagements » et fêtes diverses, nous découvrons tout un monde disparu, parfois raffiné, parfois cru, ses codes et ses coutumes ; un monde qui commence doucement à s'étioler, qui n'est déjà plus que le reflet encore flamboyant d'une époque qui se sait révolue.

L'écriture de Kafû est étonnement moderne, tout en restant délicate et feutrée. Il faut tout de même noter que ce livre, même publié en France en 1989 seulement, a été écrit voici plus d'un siècle, en 1918. Les têtes de chapitres sont décorées de petits portraits de Geishas qui soulignent encore le coté suranné de l'époque décrite, tout comme l'écriture de Kafû met en avant la permanence des sentiments humains à travers le temps et les cultures.
Lien : https://litteraturedusoleill..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Chez Yoshioka, la quête des plaisirs charnels offerts par une vie débridée dans la vie civilisée d'aujourd'hui s'apparentait à l'instinct qui poussait les hommes des temps reculés lorsque, enfourchant leurs fières montures, ils poursuivaient dans les vastes landes les animaux sauvages pour les dépecer et se délecter de leur viande avec de grands claquements de langue ou encore à celui qui animait les guerriers de l'époque des fiers combattants, lorsqu'ils revêtaient leurs armures et casques fastueux pour aller s'entre-saigner. Tout ceci n'était que manifestation de la pathétique et infinie libido de l'homme. Avec le développement de la civilisation, la société s'était organisée de telle manière que la force vitale s'était transformée maintenant en poursuite de l'opulence et de la volupté ou encore en volonté de vaincre dans le monde des affaires. La gloire, la fortune et les femmes constituaient les trois forces motrices de l'homme contemporain.
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Ne pensez-vous pas, maître, que l'art quel qu'il soit, tous les arts naissent de la passion qui s'empare insensiblement du protagoniste tandis qu'il les met en œuvre. Cette passion se transmet naturellement au spectateur qui, insensiblement envoûté, à son tour, apporte sa flamme. C'est précisément là que gît la singularité de l'art : de cette rencontre entre celui qui reçoit et celui qui pratique ; sans elle l'art n'existe pas.
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Aux yeux des personnes de son sexe, avec ses attributs mal assortis, Kikuchiyo était une femme de piètre physionomie mais les regards masculins étaient tout d’abord attirés par sa chair glorieuse d’un aspect invitant au toucher , qui semblait refléter, à l’image de son maquillage, un concentré de consistance également réparti en toutes ses extrémités et, si ses manières manquaient globalement de classe et paraissaient confusément indécentes, cela excitait au contraire dans certains cas beaucoup plus surement les battements de cœur et la concupiscence des hommes que le charme et le savoir-vivre de la geisha la plus accomplie.
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Video de Kafū Nagai (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kafū Nagai
Ryoko Sekiguchi Patrick Honoré le Club des gourmets et autres cuisines japonaises. Traduire. Où Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré tentent de dire de quoi est composé "Le Club des gourmets et autres cuisines japonaises", présenté par Ryoko Sekiguchi, et comment a été traduit du japonais ce recueil de Kôzaburô Arashiyama, Osamu Dazai, Rosanjin Kitaôji, Shiki Masaoka, Kenji Miyazawa, Kafû Nagai, Kanoko Okamoto, Jun?ichirô Tanizaki traduits par Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré, à l'occasion de sa parutuion en #formatpoche aux éditions P.O.L et où il est question notamment de la traduction à deux mains, de Patrick Chamoiseau et de mangas,et des mots pour dire la nourriture et la cuisine. "Si le Japon est connu comme un pays de fine gastronomie, sa littérature porte elle aussi très haut l'acte de manger et de boire. Qu'est-ce qu'on mange dans les romans japonais?! Parfois merveilleusement, parfois terriblement, et ainsi font leurs auteurs, Tanizaki, Dazai, Kafû du XIIe siècle à nos jours, dix gourmets littéraires vous racontent leur histoire de cuisine."
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