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Elisabeth Suetsugu (Traducteur)Jacques Lalloz (Traducteur)Kafu Nagai (Auteur présumé)
EAN : 9782877303149
133 pages
Editions Philippe Picquier (30/11/-1)
2.75/5   14 notes
Résumé :

Un original, séduit par le charme d'une ancienne maison de rendez-vous, l'achète et y fait quelques travaux. Il découvre, en grattant le papier d'origine des cloisons coulissantes, l'existence d'un texte écrit serré. Piqué par la curiosité, il se met à le déchiffrer et nous offre le récit d'une nuit passée avec une geisha. Un Japonais, revenu d'Europe, se souvient d'une aventure amoureuse qui lui est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans ce recueil, les éditions Picquier ont rassemblé deux récits « érotiques » écrits semble-t-il, les preuves ne sont pas absolues, par deux grands noms de la littérature japonaise autour de 1920.

Dans le secret de la petite chambre, Nagai Kafû met en scène un Japonais qui a acheté une ancienne maison de rendez-vous (elles commencent à disparaître à cette époque) et y découvre un texte qui narre dans le détail les ébats d'un homme avec une prostituée.

Le second récit, la fille au chapeau rouge, est plus long et apparaît davantage structuré, plus intéressant. Un Japonais qui étudie en France et a décidé de faire un court séjour en Allemagne entend bien en profiter pour satisfaire ses besoins sexuels avec des femmes du pays. Il repère une jeune femme dans la rue, et ils font affaire une première fois nuitamment dans un parc, moyennant finance. Il croise ces jours-là d'abord fortuitement un ami japonais, lui aussi bien accompagné. Ils vont deviser de ces bons plaisirs, et le deuxième va organiser pour le premier une seconde rencontre avec la jeune femme, plus confortable, à l'hôtel.

On est frappé dans ce second récit par le nombre de Japonais qui déambulent à Berlin. Dans ces années 1920, de nombreux Japonais étudient et voyagent en Europe, ils sont avides d'Occident, en ce début de l'ère Shôwa qui a succédé à la période Meiji de modernisation effrénée du pays.

Pour le contenu, il est riche en ébats particulièrement détaillés, le lecteur est au coeur de l'action avec le narrateur qui se raconte à la première personne dans ces scènes de sexe. L'érotisme frise la pornographie, mais les traducteurs français, chevronnés, ont su y faire pour varier le vocabulaire anatomico-sexuel, et le style reste de qualité, accréditant la thèse d'écriture de ces textes par des écrivains de renom.

C'est plutôt un bon moment de lecture, quoique sans grande originalité. En outre, l'époque était différente…Autant dire que l'homme est le macho triomphant, le grand dispensateur de plaisir pour une femme qui n'attend que ça, et qui forcément prend son pied. Nos narrateurs ne doutent guère…
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L'ouvrage contient 2 nouvelles érotiques de longueurs inégales : le secret de la petite chambre (d'une vingtaine de pages) et La fille au chapeau rouge (environ 90 pages). Écrits de manière anonyme au début des années 20 au Japon, les 2 textes ont été par la suite attribués à deux grands auteurs de la littérature japonaise. Un anonymat de rigueur, compte tenu de la censure de l'époque. En effet, de 1869 à 1945, des mesures restrictives quant à la liberté d'expression sont en place, dans le but de se prémunir de l'opposition au nouveau gouvernement Meiji. La presse et l'édition sont censurées et toute publication troublant l'ordre public ou contraire aux bonnes moeurs était saisie.


Le secret de la petite chambre :

Attribuée de manière quasi certaine à Kafû Nagai, cette nouvelle paraît pour la première fois en 1940.
Le narrateur, Kimpu Sanjin, découvre lors d'une promenade une ancienne maison de rendez-vous qui est à vendre. Sans réfléchir, il achète cette dernière sur un coup de tête. Puis, en voulant apporter quelques changements dans l'aménagement, il découvre sur le papier des cloisons coulissantes un texte bien particulier qui y a été griffonné. Il s'agit des amours d'un jeune homme avec une geisha qui deviendra sa femme, en l'occurrence la première nuit qu'il passa avec elle et la manière dont il tente de lui offrir la jouissance.

Étonnante nouvelle qui évoque dans un premier temps les affres du plaisir masculin lié à tel ou tel âge avant d'aborder les différences entre l'homme et la femme. Alors que celle-ci désire une « relation profonde », l'homme « est sans cesse la proie du désir d'une multiplicité de relations, toutes superficielles ». Revenant sur la rencontre avec cette prostituée, l'homme détaille les obligations de sa profession : la geisha doit se laisser faire sans s'abandonner, sans écarter ses vêtements de dessous, garder les yeux fermés, tout particulièrement la première nuit avec un client. Elle ne semble pas particulièrement active durant l'acte sexuel. Tout le défi et tout le plaisir de l'homme en question va donc être de réussir pourtant à troubler cette jeune femme et à l'amener à la jouissance qu'elle se refuse. Suit dès lors une description précise mais distinguée des gestes de monsieur et des frémissements de sa compagne. Les plaisirs sont variés. L'homme exprime une grande attention au plaisir de sa partenaire et semble infaillible quant au contrôle qu'il a sur sa personne. Bataille, victoire, triomphe, femme vaincue : l'acte est pourtant vu comme un combat entre l'homme et la femme. le masculin prend évidemment le pas et l'homme repart vers de nouveaux horizons, « toujours à la recherche de sensations neuves ». La femme légitime, comparée aux trois repas d'un homme, n'a qu'à en prendre son parti tandis que son mari est libre de picorer des douceurs qui ne l'empêche pas de diner.

Représentatif de son époque et d'une certaine conception des rôles sexuels, ce petit conte érotique n'hésite pas à vous convier ouvertement aux plaisirs du narrateur en jouant sur le côté voyeur de la chose qu'accentue le cadre quelque peu licencieux (un ancien bordel) de l'histoire. Si une attention particulière est portée à la recherche de la jouissance féminine, néanmoins, j'ai été gênée par la vision offerte sur le mariage et ses petits arrangements. Il faudra prendre un peu de recul pour en apprécier toute la saveur de ce texte capable de réveiller quelques ardeurs endormies.


La fille au chapeau rouge :

Autre texte, autre style. Cette nouvelle est parue dans la revue Sôtai dirigé par Ogura Seisaburô. Étudiant la sexologie ce dernier fonda un groupe dont le but était d'étudier la sexualité et de publier leurs propres expériences. Regroupant près de 300 membres dont de célèbres auteurs, il est difficile d'identifier avec certitude l'auteur de ce texte. Attribué, suite à une simple déclaration, à Akutagawa Ryûnosuke, rien ne permet de prouver la paternité de ce texte.

L'histoire se déroule non pas au Japon mais à Berlin. On y suit un jeune japonais déambulant dans une Allemagne de l'après-guerre. Alors qu'il se promène, un soir, dans les rues de la ville avec le « secret espoir d'une aventure amoureuse », il fait la rencontre d'une berlinoise au chapeau rouge. Il ne parle que quelques mots d'allemand, la belle ne parle que l'allemand. Malgré leurs difficultés à se faire comprendre, le couple finira par s'accorder pour une relation tarifée. Loin d'être une prostituée, la jeune femme fait partie de ces dames qui tentent, dans un pays ruiné, de se faire quelques sous auprès d'un étranger. Ils décideront de se revoir le surlendemain et passeront une nuit ensemble après un diner. le lecteur suivra notre narrateur et amant sur 3 jours. Les deux rencontres coquines se voient entrecoupées par un intermède amical où nous découvrons notre japonais retrouver un confrère avec qui s'entame une conversation culturelle quant aux moeurs des femmes allemandes.

Si l'histoire et les coucheries du couple écrites avec un sens descriptif aigu sont sans surprises, l'intrigue bien plus étoffée permet de s'attacher à ce couple atypique sans grand effort. Touchant dans leur problème de communication, on assiste à leurs efforts pour tenter d'échanger. Gestes, dessins, sourires, regards et un petit dictionnaire leur suffiront à se faire comprendre. Pour autant, si les plaisirs de la chair ne nécessitent pas de parole, un diner dans un espace public peut s'avérer rapidement gênant pour un couple incapable de se parler. L'attirance physique fait le jeu de l'incommunicabilité et met au jour une relation particulièrement intéressante, tarifée mais vraie.
L'autre aspect intéressant de ce texte est tout le contexte social de l'Allemagne de l'époque. Elle sort d'une guerre qui l'a ruiné. Les français sont persona non grata et rien que le fait de parler leur langue est plutôt mal perçu. Les habitants survivent avec beaucoup de difficultés à cette crise et certaines jeunes femmes n'hésitent pas à donner de leur personne pour améliorer l'ordinaire. Les étrangers, notamment les japonais, avec leur devises fortes sont vus comme des riches pouvant tout s'offrir, le mark étant tellement dévalué. L'ami du narrateur n'hésite pas à expliquer à ce dernier tous les avantages d'une relation avec une allemande. Peu exigeante, elle se contente des quelques largesses qu'un étranger voudrait bien lui offrir et ne s'attache que le temps de leur relation, permettant à certains à aller et venir sans s'encombrer d'un amour légitime, durable et contraignant.

« Par les temps qui courent, les jeunes filles bien elles-mêmes, plutôt que de recevoir un salaire de misère dans quelque magasin ou usine, préfèrent apparemment se mettre avec un Japonais enrichi par la guerre. »

Une guerre qui profite ironiquement à certains : « Eh bien, te rends-tu compte, c'est à la guerre qu'on doit tout cela ! »

Les scènes érotiques loin d'être de purs accessoires. Plus vivantes que dans la première nouvelle, elles restent malgré tout fort précises dans le détail. Pour autant, la nouvelle est loin d'être réjouissante. le contexte social et les extrémités de ces allemandes qui, d'une certaine manière, se vendent au plus offrant, offre un portrait dur et pathétique d'une Allemagne à terre tandis que les japonais montrent un visage hypocrite profitant de la faiblesse des uns pour assouvir leur besoins charnels, se cachant et se mentant les uns les autres quant à leurs relations avec la féminité allemande.
Une époque difficile qui fait oublier la composante sexuelle de la nouvelle, pourtant non négligeable et laisse un goût amer en refermant ce recueil.

Voici donc deux variations amoureuses extrêmement différentes mais qui, derrière des apparences de liberté de moeurs détachée des convenances s'avèrent finalement à mon sens encore très rétrograde dans leur approche. L'homme est toujours le moteur et la femme, par nécessité, s'astreint au désir de l'homme, même s'il y a jouissance et intérêt de sa part.

Je rappellerais juste que parler sexualité dans un Japon censuré était déjà une petite victoire contre le pouvoir.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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Il y a deux histoires dans ce livre, toutes deux axées sur l'érotisme La première est banale, convenue, sans grande imagination et terriblement timide en comparaison de ce qu'on peut lire de nos jours. La deuxième, plus consistante, évoque une improbable rencontre entre un japonais en goguette et une allemande. Encore ici, rien pour émoustiller vraiment, les scènes suggestives manquent de rythme, tombent à plat. de plus l'auteur se lance dans une comparaison farfelue et machiste entre les femmes occidentales et les femmes orientales, genre philosophie de magasins à quatre sous . . . Faut croire que, si ces récits sont représentatifs, la conception japonaise de l'érotisme m'échappe !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
« Lorsque l’homme obtient pour la première fois, après qu’il s’est entendu avec la servante de la maison de thé, le consentement de la geisha sur laquelle il a jeté son dévolu, il éprouve un plaisir exaltant qui lui fait battre le cœur. Mais lorsque plus tard, il parle avec la femme, c’est pour s’entendre avouer qu’elle est dans l’incapacité de se donner avec cœur la première fois, tant l’assaillent craintes et réticences. Voilà qui déjà donne une idée des différences qui existent entre l’homme et la femme. Celle-ci, en effet, souhaite une relation profonde que rien ne saurait distraire ; l’homme au contraire est sans cesse la proie du désir d’une multiplicité de relations, toutes superficielles. Si, connaissant les dispositions de l’homme, la femme se montre exigeante, l’homme se lasse bientôt, s’estompe le charme de la nouveauté, s’évanouit la tendresse : voici venu le temps de la rancune car la femme est dans l’incapacité d’admettre cette altération des rapports.
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Passé vingt-cinq ans, au seuil de la trentaine, on est plein de soi-même, et le désir est impérieux de vouloir toucher une ou deux fois à tout ce qui tombe sous le regard. Vient le moment où l’on attribue à toutes les femmes un rôle et un ordre respectifs : l’épouse (pour l’intimité), la maîtresse (pour la passion charnelle), la femme d’une fois (pour le libertinage), profitant ainsi de toutes et de chacune selon le plaisir qu’elles dispensent, le cœur n’ayant seulement point le temps de se fixer. Puis vient le temps où, préoccupé par sa mise, l’on se veut séduisant, sans pouvoir à aucun moment oublier son apparence qu’on espère charmeuse et dont on tire fierté. La voix de la quarantaine se fait bientôt entendre sans qu’on ait rien fait dont on doive avoir honte.
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Dédaignant les jeunesses inexpérimentées de dix-sept ou dix-huit printemps, j’allais jusqu’à faire des vœux pour que le ciel me fasse rencontrer une femme de cinq ou six ans mon aînée qui pleurât d’amour pour moi, et lorsque je voyais s’amuser des vieillards de quarante ou cinquante ans, me venaient involontairement aux lèvres les mots : “Vieux dégoûtants ! Sagouins !”, car si la passion et la jeunesse peuvent excuser bien des fautes, que dire de ceux qui, parvenus à l’âge de faire la part des choses, se servent des femmes comme de jouets dont ils s’amusent sans éprouver de honte, malgré la répugnance qu’ils leur inspirent, grâce à la puissance que leur confère l’argent ?
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Les femmes sont toutes pleines de retenue et il n’en est aucune qui s’abandonne dès la première fois. Puisqu’il en est ainsi, il est du devoir de l’homme d’être suffisamment conscient des choses pour prendre en main la direction des opérations, d’avoir assez de finesse pour ôter à la femme sa méfiance, assez d’art enfin et de technique, car s’il vient à lui répugner au point qu’elle préfère mourir plutôt que de se glisser dans la même couche que lui, tout sera peine perdue. J’en profite pour préciser que cette attitude fait partie du répertoire des geishas qui veulent qu’on les supplie, qu’on les implore même pour qu’elles cèdent.
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… La soif de plaisir que tout un chacun porte en soi est inextinguible et ne trouve de fin qu’avec la mort. Combien d’années se sont écoulées depuis le temps de mes dix-huit ans où la lecture des Mille Fleurs me tenait éveillé jusqu’à l’aube, les soirs où mes pas ne m’avaient point dirigé vers l’ombre projetée par les lanternes des maisons de plaisir ? Je n’ai fait qu’aller d’une femme à l’autre, les belles se sont succédé sans que jamais lassitude me gagne, et me voici, ayant gravi la moitié de l’échelle de la vie, que dis-je, une année déjà, deux même se sont écoulées depuis que j’ai dépassé la cinquantaine…
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Ryoko Sekiguchi Patrick Honoré le Club des gourmets et autres cuisines japonaises. Traduire. Où Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré tentent de dire de quoi est composé "Le Club des gourmets et autres cuisines japonaises", présenté par Ryoko Sekiguchi, et comment a été traduit du japonais ce recueil de Kôzaburô Arashiyama, Osamu Dazai, Rosanjin Kitaôji, Shiki Masaoka, Kenji Miyazawa, Kafû Nagai, Kanoko Okamoto, Jun?ichirô Tanizaki traduits par Ryoko Sekiguchi et Patrick Honoré, à l'occasion de sa parutuion en #formatpoche aux éditions P.O.L et où il est question notamment de la traduction à deux mains, de Patrick Chamoiseau et de mangas,et des mots pour dire la nourriture et la cuisine. "Si le Japon est connu comme un pays de fine gastronomie, sa littérature porte elle aussi très haut l'acte de manger et de boire. Qu'est-ce qu'on mange dans les romans japonais?! Parfois merveilleusement, parfois terriblement, et ainsi font leurs auteurs, Tanizaki, Dazai, Kafû du XIIe siècle à nos jours, dix gourmets littéraires vous racontent leur histoire de cuisine."
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