Merci à L'apprenti Otaku pour cette découverte.
Voilà un ouvrage qui sort de l'ordinaire, de mon ordinaire en tout cas, qui mêle dessins et petites chroniques, qui se penche sur un cas bien précis : les puceaux tardifs au Japon.
J'avais écrit un beau petit pavé comme ça m'arrive assez peu, pour finalement tout effacer : d'une part, je m'éloignais du sujet et d'autre part, cela impliquait un peu trop mon esprit tortueux.
Je le disais en commentaire sur le blog de L'apprenti Otaku mais il me semblait pas si correct que ça (avant lecture) d'exagérer la laideur des hommes occupant la place centrale du livre. Cependant, je dois reconnaître que cela sert très bien le ressenti du lecteur : peut-être cela attise la pitié et la compassion ou à l'inverse cela confirme qu'ils n'ont que ce qu'ils méritent. Attention : n'interprétez pas mal mes derniers mots. Je suis partisane du vivre et laisser vivre du moment que personne n'en souffre… Bref ! Loin de moi l'idée d'émettre une quelconque critique moraliste à propos des travers des protagonistes de ce livre.
Pourtant, ces fameux travers sont à la fois causes et conséquences de ce qui fait le sujet de cet article : la virginité passé 30 ans. de fait, je vais tout de même m'éloigner à nouveau pour parler d'un problème sociétal et pas uniquement japonais : les traumatismes de l'enfance, le harcèlement et la maltraitance sont possiblement à l'origine des troubles de nos protagonistes et de leur virginité en particulier. Ces humiliations, ces rejets qu'ils subissent les empêchent de mener une vie basique avec le minimum d'interactions sociales.
Plus on vous répète que vous êtes nuls, inutiles, moches et méchants, plus vous y croyez et incarnez un être qui s'en rapproche et plus vous vous marginalisez d'une société qui ne veut pas de vous. de fait, il devient difficile de se lier avec d'autres personnes et de nouer des relations.
J'ai été très surprise de ressentir une profonde empathie pour ces hommes rejetés, qu'ils le soient à tort ou à raison. Si leur virginité se justifie dans le contexte, il n'en reste pas moins qu'ils ont une vie merdique et que rien n'est mis en place pour qu'ils en sortent. le serpent qui se mord la queue.
Certains de ces portraits s'en tirent bien malgré leur virginité et un désir évident de trouver la femme avec qui ils pourraient avoir une sexualité épanouie. Après un long périple, ils sont parvenus à un équilibre mental fragile, certes, mais bel et bien là. Ce n'est clairement pas le cas de tous.
Atsuhiko Nakamura a lui-même travaillé dans le domaine des soins et services à la personne et se permet d'évoquer un problème de taille : on retrouve beaucoup de puceaux tardifs dans ce milieu et ce n'est pas un hasard. Il dénonce un problème de société, celui où on préfère rassembler dans un même endroit un « problème » en espérant qu'il se règle seul.
J'ai apprécié cette découverte et n'en dis pas plus. Si le sujet vous tente, je vous invite à vous procurer ce livre pour vous faire votre propre idée dessus.