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EAN : 9782356441805
102 pages
Enrick B. Editions (22/03/2017)
2.5/5   4 notes
Résumé :
« Le fait que des problèmes soient douloureux et compliqués ne signifie pas que les solutions doivent l'être tout autant. Au contraire, les pathologies, même les plus sévères, peuvent être débloquées rapidement si l'on appuie sur le bon bouton. » Giorgio Nardone. L'un des meilleurs spécialistes des troubles phobiques et obsessionnels, Giorgio Nardone, examine ici les typologies des pathologies alimentaires les plus répandues afin d'expliquer leur naissance, leur mai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le titre, « l'amour et la haine de la nourriture ou comment résoudre rapidement les troubles du comportement alimentaire », m'avait fait penser que je trouverai là un guide pratique donnant des astuces pour mieux vivre lorsqu'on souffre de TCA. Il ne s'agit absolument pas de ça, l'auteur dévoile dans ce livre son approche thérapeutique pour guérir les personnes atteintes de TCA. Cela pourrait être intéressant et donner l'occasion à une personne malade de trouver des pistes de guérison. Il n'en est rien. Cet ouvrage m'a déçue et même agacée.

J'aurais déjà dû me méfier en lisant le titre. « Comment résoudre rapidement », « rapidement ». Quelle présomption de la part de ce thérapeute ! Il prétend résoudre rapidement des pathologies complexes sur lesquelles de nombreux spécialistes se cassent les dents. D'ailleurs, une des premières choses qui m'a agacée, c'est le ton très péremptoire de l'auteur derrière lequel on sent poindre un constant dénigrement envers les autres spécialistes de la question. Mais plus que la forme, c'est le fond qui m'a déplu. Et ce pour plusieurs raisons.

L'approche thérapeutique de l'auteur n'est pas inintéressante. Nardone soutient qu'il ne faut pas, comme dans les approches classiques, se focaliser sur les causes de la maladie mais sur les symptômes en eux-mêmes. le passé étant le passé, il dit qu'on ne peut le changer et qu'il est inutile de vouloir connaître les causes de la maladie pour ne s'intéresser qu'à son expression. Je ne partage pas cet avis. Je ne dis pas que la compréhension des origines de la maladie permet de guérir mais que cela reste intéressant de savoir pourquoi elle est apparue. de plus, en se limitant aux comportements symptomatiques, il me semble qu'une bonne part de la compréhension de la maladie échappe au thérapeute. Il me semble aussi que c'est là une approche illogique d'un point de vue médical. En général, un médecin va tenter de soulager les symptômes mais va surtout chercher à éliminer la cause de la maladie. Ici, il ne traite que les symptômes. Si je disais que l'approche pouvait sembler intéressante, c'est que je pense qu'il s'agirait plutôt d'une approche complémentaire à une thérapie plus profonde sur les causes. Car, il me parait tout de même indispensable de connaitre les causes de la pathologie pour pouvoir espérer la traiter totalement. Nardone réduit les TCA à des maladies symptomatiques et néglige totalement les blessures intimes profondes qui les sous-tendent. J'ai l'impression qu'il pose un pansement sur une plaie sans la désinfecter.

L'auteur commence par proposer une classification des TCA les plus répandus en s'attachant à les décrire, non pas à partir de données médicales, mais à partir des comportements qu'ils engendrent. Là encore, l'idée est intéressante mais comme toute classification, cela a ses limites. Et ici, la classification est très limitée. Si je devais absolument poser un diagnostic définitif sur le TCA dont je souffre, je serais classée parmi les anorexiques restrictives. Je m'appesantirai sans doute donc plus sur cet aspect de l'ouvrage. Ceci dit, je ne vais pas m'empêcher de critiquer la classification des autres pathologies. Nardone distingue 3 types de boulimie et met à part ce qu'il appelle le syndrome du vomissement, prétendant que ce dernier, généralement classé comme boulimie nerveuse ou boulimie vomisseuse, est une maladie à part. Ainsi, il prétend que dans le syndrome du vomissement, la peur de grossir n'existe pas réellement mais que le malade prend plaisir, consciemment ou non, à son rituel « ingurgitation / vomissement » et que celui-ci revêt un caractère érotique. J'ai connu une femme ancienne boulimique vomisseuse et jamais elle n'a évoqué un quelconque plaisir. Par contre, elle parlait beaucoup du poids et, alors qu'elle était sortie de cette maladie, elle disait souvent « à l'époque j'étais mince ». Je ne ferai pas de ce cas une généralité même si c'est ce que fait l'auteur à longueur de bouquin. En ce qui concerne l'anorexie, sujet que je connais le mieux, l'auteur ne fait pas vraiment de classification de différents types de la maladie mais évoque plutôt celle-ci comme une pathologie s'exprimant toujours de la même façon lors de plusieurs phases identiques mais évoluant de façons différentes, soit en guérison, soit en maladie chronique, soit en dérivant vers d'autres TCA, soit en décès. Je ne me suis pas reconnue dans ce portrait de la maladie. Il démarrait pourtant plutôt bien en disant que la survenue de la maladie était progressive, qu'on ne devient pas anorexique du jour au lendemain. Mais, après ça se gâte. Déjàà, lorsqu'il explique que généralement l'abstinence de nourriture survient dans le but de se conformer au modèle de beauté érigé par la société. Je ne dis pas que cet aspect n'existe pas, qu'il n'y a pas là un facteur de la maladie. Mais c'est extrêmement réducteur. L'anorexie est une pathologie multifactorielle, dont l'un des facteurs est souvent un vécu difficile. Je n'en ai jamais rien eu à carrer des mannequins, je n'ai jamais voulu leur ressembler. Si j'ai peur de grossir, si je veux modeler mon corps d'une façon pathologique, ce n'est pas pour me conformer à un modèle commun, c'est pour me conformer à mon propre modèle, c'est pour moi-même, et aussi et surtout pour prendre le moins de place possible. Tout au long de son exposé sur l'anorexie, Nardone semble dire que le malade est dans le déni et que, de là, vient son côté réfractaire au traitement. Que l'anorexique ait une vision déformée de la réalité, je suis d'accord mais le déni, pas vraiment. de très jeunes malades le sont sans doute mais très souvent, le malade a conscience de l'être et refuse de guérir en toute connaissance de cause. J'ai échangé avec nombre d'anorexiques et quasiment toutes on avait un peu le même ressenti vis-à-vis de cette maladie qui avait pourtant une expression propre à chacune d'entre nous. Toutes, on vivait mal le fait d'être malade mais on ne voulait pas guérir. Et pour beaucoup d'entre nous, dont moi, la maladie était même vécue comme nécessaire, comme un refuge pour supporter la vie. Pour résumer, je pourrais dire que je souhaiterais ne jamais être devenue anorexique mais que, maintenant que c'est fait, je ne souhaiterais pas qu'elle me quitte.

Après toute cette partie de description hasardeuse et simpliste des pathologies, l'auteur raconte des cas qu'il a prétendument guéri en usant de stratégies, de stratagèmes (ce sont les mots qu'il emploie). Je n'ai absolument pas cru à ces histoires. Elles sont invraisemblables et peu crédibles, en tout cas dans sa façon de les raconter. C'est toujours un peu le même schéma qui se répète. Une personne atteinte d'un TCA et/ou sa famille vient voir le thérapeute. Dans 9 cas sur 10, la malade est d'une grande beauté (même la top-modèle qui vomit 10 fois par jour depuis des années). le thérapeute écoute puis donne une consigne qui semble absurde ou bizarre au malade ou à sa famille. Immanquablement, quelques temps plus tard, le malade et/ou sa famille revient quelques temps plus tard. Ils irradient de bonheur, car bien sûr, le stratagème a fonctionné. Et dans la moitié des cas, l'ex-malade a rencontré l'amour. C'est écoeurant de niaiserie. Et sur le fond, je trouve ça sans intérêt. Je ne crois pas une seconde que les stratagèmes du thérapeute puissent fonctionner. Par exemple, au malade qui souffre de compulsions alimentaires, il préconise lors des prochaines compulsions de ne pas prendre 1 mais 5 parts de l'aliment objet de la compulsion. A chaque fois, le malade a renoncé à la compulsion plutôt que d'en prendre 5 parts. Lors de mes rares compulsions alimentaires, rien ne me ferait arrêter, mon corps agit comme en dehors de ma volonté, alors pourquoi pas 5 plutôt que 1, et de toute façon je ne compte pas lors de ces épisodes. Autre exemple : à la famille de l'anorexique, il préconise de ne plus du tout tenter de la faire manger, de ne même plus mettre son couvert à table et même de lui dire qu'ils comprennent qu'elle ne doit pas manger, que c'est important pour elle et qu'ils feront tout pour l'aider à ça. Quand la famille revient, elle raconte que la jeune fille a demandé spontanément si elle pouvait se joindre aux siens à table et s'est remise à manger. Comme ça, comme par magie. Déjà, ça me parait peu probable que cela fonctionne. Comme ma part malade serait ravie qu'on la conforte dans le bien-fondé de son comportement ! Je n'aurais plus ces garde-fous qui obligent à limiter la casse ou qui obligent à mentir, je pourrais me vautrer de façon absolue dans ma pathologie. Ensuite, cette stratégie est symptomatique de celles proposées par l'auteur, en cela que la plupart des stratagèmes mis en place font appel à l'entourage. Qu'en est-il des personnes sans entourage ? le bouquin ne concernerait-il que des cas de jeunes malades vivant dans le cercle familial ? Et qu'en est-il des cas où la famille est à l'origine du trouble ? Pour parler de mon cas, je pourrais résumer ainsi, mon père m'a fait rentrer en anorexie. C'est lui qui m'avait imposée, lorsque j'avais 14 ans, des restrictions pour que je perde du poids, « régime » qui a peu à peu entraîné une contamination de mon cerveau par la pensée anorexique et qui ne m'a plus quittée depuis. Mais, mon père, qui avait également des TCA (je l'ai bien compris depuis) s'est astreint aux mêmes restrictions que moi (une pomme et un yaourt par jour, et c'est tout, pendant plusieurs mois). Alors, comment envisager que le parent qui s'est montré prescripteur de la maladie puisse jouer un rôle thérapeutique ?

Cette critique est déjà bien trop longue et je doute qu'elle intéresse grand monde. Je finirai juste en disant que je ne sais pas à qui s'adresse ce bouquin. Pas aux malades qui n'y trouveront aucune piste et verront leur pathologie complexe réduite à un problème technique, comme s'il suffisait d'appuyer sur un bouton pour mettre fin à un comportement. Pas vraiment aux familles, certaines seront peut-être tentées de tester les stratagèmes dépeints mais ça me semblerait risqué. Pas aux soignants qui se voient pris de haut dès lors qu'ils ont une approche thérapeutique plus classique. En fait, j'ai plutôt eu l'impression que l'auteur se faisait sa pub à travers un bouquin qui vend de l'espoir mais qui, dans le fond, dit juste « venez me voir dans ma clinique, je vais vous guérir en deux coups de cuillère à pot ». Navrant !
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