Transformation de la beauté et du passé historique d'une île japonaise par le tourisme. Il ne se passe pas grand-chose et pourtant l'essentiel y est. L'observation de la nature, de la flore et de la faune que la course au profit va détruire. Désespoir du jeune géographe, héros de l'histoire, qui dans le futur y retournera parce que son fils fera parti de l'équipe du 'progrès'. Tristesse également pour le lecteur qui a parfois assisté à la destruction d'un paysage qu'il a admiré et qui lui rappelle des souvenirs heureux. Merci Bookycooky
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Osojima, l'île « lente », une île japonaise fictive au relief montagneux, à la forme d'hippocampe. Une île d'où l'on peut voir fugitivement des mirages de la mer.
Un lac, la lueur de la lune, des brumes matinales, des côtes escarpées et une odeur maritime.
Akino, professeur de géographie humaine, nous offre des pages apaisantes qui détaillent les différents lieux, de la tête à la queue de l'hippocampe, en passant par son oeil, son ventre, sa colonne vertébrale faite de montagnes.
Comme un cours de géographie, calmement, simplement, il nous dépeint la faune et la flore, les particularités des habitations, le climat.
Comme en apesanteur, accompagnés du bruit des cigales, nous évoluons entre chênes, lauriers, camélias, fougères arborescentes en croisant parfois papillons, chèvres sauvages, saro, poissons volants.
Avec une écriture pure et sans artifice, une véritable symbiose avec cette île s'installe inévitablement lors de cette lecture.
Dans les vestiges d'un monastère et en interrogeant les quelques habitants dont il fait la connaissance, Akino tente de compléter les recherches d'un collègue disparu au sujet de faits historiques religieux.
Fragilisé par des deuils successifs, on pressent que sa quête a sûrement plusieurs finalités.
Ce fût une promenade apaisante, contemplative, doublée d'un petit cours d'histoire sur les courants religieux du Japon. C'est aussi une belle réflexion sur le temps, le chemin de la vie, le monde changeant.
Tout au long de cette lecture, j'étais comme dans une bulle, à arpenter cette île au côté du narrateur, silencieusement.
À lire lentement, pour en extraire toute la puissance harmonieuse de la nature et des relations humaines respectueuses et d'une extrême simplicité.
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Voyage poétique et spirituel
Akino, le narrateur, est un jeune chercheur en géographie humaine. Il vient de perdre successivement sa fiancée et ses parents. Il profite de ses vacances pour explorer une île isolée au sud de Kyûshu. Il recherche en particulier les ruines d'un immense monastère qui a été violemment détruit au début de l'ère Meiji quand on a voulu éradiquer les anciennes croyances populaires du bouddhisme. Des gens bienveillants l'accompagnent dans son périple qui est aussi une quête spirituelle.
Jusqu'à la page 187, j'ai adoré cette lecture-exploration sous mon édredon. Complètement hors du temps, dans une nature apparemment préservée, j'ai exploré l'île dans les pas du narrateur, lentement, tranquillement. J'ai observé les paysages magnifiques entre mer et montagne, la flore sauvage, les fameux saros, je me suis intéressée aux habitats, aux croyances populaires, aux dialectes locaux avec lui. Qu'est-ce que j'étais bien !
Et puis patatras ! Brutalement page 189, le Temps est revenu ! Avec les regrets du narrateur, la modernité, le tourisme et tous ces trucs commerciaux. Bon j'ai commencé à comprendre les mensonges de la mer, ces mirages qui donnent son titre au livre...mais j'aurais dû arrêter ma lecture p 187 !
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Nous sommes dans les années 30 du siècle dernier. Un jeune chercheur de « géographie humaine » se rend dans une île hors du temps. Il est venu suite à des notes d'un professeur, qui avait aussi visité l'île. Il a des prétextes scientifiques à ses observations, mais il semble aussi chercher autre chose, se chercher, vouloir se reconstruire. Il va voir et essayer de comprendre un maximum de choses, faire des rencontres, dont celle d'un jeune villageois, Kajii, qui sera son guide dans un périple dans la nature, qui constitue l'acmé de son séjour dans l'île. le narrateur aura l'occasion de revenir dans l'île une cinquantaine d'années après, pour se souvenir, et peut-être finir de boucler son voyage.
Difficile de parler de ce beau livre, fait de petits rien, de moments saisis au vol, comme cet oiseau marchant sur un sentier croisé inopinément. le personnage principal rationalise, c'est un chercheur, il donne des noms aux choses, il prend des notes, mais avant tout il ressent, entre en empathie avec les gens, la nature, les souvenirs. Tente de trouver sa place, et de mettre de l'ordre dans sa vie, éprouvée par des deuils récents et douloureux, nous ne comprendrons qu'à la fin à quel point. Nous découvrons un monde maintenant disparu, des traditions en train de mourir, une mémoire en train de s'effacer, qui ne survivra plus que fixée dans des travaux scientifiques ou historiques, une nature antédiluvienne qui vit ses derniers moments.
Un très beau voyage, un moment doux et nostalgique.
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Akimo est un jeune chercheur qui parcourt une île japonaise pour parfaire sa connaissance de la flore et faune locales. Il va y rencontrer des gens, une histoire, un passé.
Je connais mal le Japon et pourtant ce roman m'a totalement emporté. Je ne suis pas versée dans la religion bouddhiste ni dans les mille et une divinités des légendes japonaises mais j'ai beaucoup aimé le récit. Cette découverte de l'île de Osojima est extraordinaire tant par la beauté des descriptions des paysages que par la qualité des personnages rencontrés. L'auteur est très érudit en botanique et il est extrêmement plaisant de découvrir une faune et flore étrangère. de plus il y a beaucoup de poésie dans les termes : le passage des loutres, le mirage de la mer, la paupière du Dragon … J'ai cherché l'île sur un planisphère mais je ne l'ai pas trouvé. Elle fait certainement partie des mensonges de la mer. C'est un très beau roman et une écriture très élégante et la fin est très réussie. Un roman que vous conseille.
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