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EAN : 9782809712520
240 pages
Editions Philippe Picquier (20/04/2017)
3.82/5   64 notes
Résumé :
Au début des années 1930, un jeune chercheur en géographie humaine se rend dans une île isolée au sud de Kyûshû. Une île petite et dense comme un bonsaï où, entre mer et montagne, il chemine dans la forêt de brume ou les villages accrochés aux pentes abruptes, attentif à la moindre rencontre, animaux, fleurs ou humains. Il cherche les ruines d'un immense monastère bouddhiste, recueille les croyances anciennes, mène de longues conversations avec un ancien marin retir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Ce fut un immense plaisir que de débuter la lecture de ce livre, « Les mensonges de la mer » de la japonaise Kaho Nashiki dont j'avais adoré le récent recueil « L'été de la sorcière ». J'avais hâte de retrouver son style épuré, sa délicatesse, son élégance. Pourtant, à mon grand étonnement, je n'ai pas été séduite. Enfin jusqu'au deux tiers du livre. Si le thème de la nature, de la flore et de la faune, de la jouissance des bonheurs simples, de l'observation poétique convoquant tous les sens sont de nouveau présents, j'y ai trouvé également certaines longueurs engendrant une distance ne me permettant pas de m'immerger totalement. Telle une image de ce que j'aime dans ce genre de lectures japonaises, mais une image plus édulcorée, plus floue, plus laborieuse, telle la musique assourdie d'une flûte qui tente de rappeler à l'âme ce qui me ravit…si assourdie au point de ne plus l'entendre par moment et de m'ennuyer un peu, je dois avouer. Sauf à la fin.

Et pourtant quel récit délicat dès le départ, je suis tellement déçue de n'avoir pas su mieux l'apprécier…La présence conjointe de la mer et de la montagne sur cette petite île au sud du Japon, Osojima, offre une faune et une flore riche et luxuriante que l'auteure se plait à inventorier et à observer avec émerveillement. Ces marches dans la nature, entrecoupées par l'arrivée impromptue de magnifiques papillons, de saro énigmatiques, de chèvres têtues, sont salvatrices pour le jeune Akino qui vient de perdre ses parents ainsi que sa fiancée. Étudiant du département de géographie humaine de l'Université K., le temps d'un été, au début des années 1930, il y vient donc et loge à "La Paupière du Dragon". Cette Île est en forme d'hippocampe, certains lieux sont nommés par rapport à sa position sur cet animal…et sa beauté est narrée de façon remarquable :

« Devant moi, à peu près à hauteur de genoux, une brume s'était formée. Légèrement laiteuse, elle bougeait à la façon d'une langue géante. Pendant que je l'observais, elle s'était répandue alentour et se mêlait aux vapeurs qui, montant de la mer, s'élevaient ici et là, ne formant qu'une seule et même matière, puis elle s'en séparait et, un court instant, se mettait à onduler comme un tapis vaporeux pour finir littéralement par s'évaporer au loin. C'était une véritable forêt de brume et de vapeur. Je venais d'entrer dans la forêt Noire. Au milieu des conifères enveloppés de cette brume, si on faisait abstraction de la moiteur, on pouvait se croire dans un pays nordique. Je ne savais plus du tout où je me trouvais. Je me demandais si j'étais sur le bon chemin. Devant moi, une chose de couleur brune qui n'était pas une plante bougea. Immédiatement mon esprit qui s'était un peu égaré se concentra sur cet unique point mouvant du paysage devant moi. C'était un saro ».

Il va faire de belles rencontres, dont le jeune Kajii qui sera son guide pour randonner en direction d'un ancien temple bouddhiste. Avec Akino, Kajii se rend compte qu'il est motivé par le désir de trouver ses racines, de savoir ce qui fait qu'il est sur cette île. Ces ancêtres ne sont-ils pas venus afin de trouver refuge sur cette île à une période où le bouddhisme a été aboli avec violence ?

On le comprend le lieu est chargé d'histoire, d'histoire religieuse notamment, et l'onirisme y vibre, subtilement, par petites touches tels des aplats de couleurs un peu plus vives sur ce tableau idyllique…Une voix rampante entendue dans une grotte, à ne pas savoir si elle vient de soi ou d'une source autre, des mirages étranges, les moines de la pluie, les génies de l'eau, les monomimi, ces esprits de l'île, le mystère sourde sur toute l'île.

Une belle histoire…Alors pourquoi cette déception, malgré le fait d'avoir vraiment apprécié la sérénité qu'offre cette marche et d'avoir ressenti avec émotion certaines scènes magnifiquement fugaces, d'avoir aimé la lenteur du récit sur cette île Osojima qui signifie « l'ïle lente »?

Est-ce le ton des protagonistes, souvent pétris de bonne manière les uns vis-à-vis des autres qui a fini, pour la première fois depuis que je lis des livres japonais, par me gêner (je ne mets pas le passage des boulettes de riz ici mais Onee l'a mis dans sa critique et je dois dire que j'ai eu exactement le même ressenti en lisant ce passage) ? S'agit-il des discussions dans cette maison au style colonial entre Akino et le propriétaire avec qui il a lié connaissance, M. Yamané, qui m'ont semblé si longues, les différentes interprétations des mots japonais et de la signification des lieux de l'île, qui en est leur thème principal, ayant fini par me lasser ? Est-ce moi qui change dans mes goûts ? Je ne sais pas.

Et puis le derniers tiers du livre arrive et là je tombe sous le charme et je comprends…sans trop dévoiler cette fin, il y a un bond temporel qui permet d'éclairer d'une lumière surannée, un peu ampoulée, toute la première partie du livre. L'impermanence, la fugacité, est alors magnifiquement honorée, d'abord de façon poignante puis accueillie quand la compréhension se fait : la forme est vide, la vacuité est forme. Tout ce qui faisait forme sur l'île est devenue vacuité alors que ce qui était vacuité, ces mirages, aussi appelés « les mensonges de le mer » sont formes et immuables. L'acceptation de cette vérité est une clé du livre et me fait écho.

Je suis ainsi partagée pour donner mon sentiment sur ce livre. C'est étrange cette sensation d'avoir les ingrédients aimés mais mélangés ou présentés de façon à ne pas savoir apprécier le plat proposé dans un premier temps…pour finir par le trouver vraiment à son goût à mesure qu'il décante…Je suis désolée de n'avoir pas su l'apprécier dans toute sa richesse dès le départ…Une dernière pensée pour la mer qui ne ment jamais quand il s'agit de retrouver les idées claires :

« Plus loin je commençai à apercevoir la mer. Sa surface était lisse et au loin il était difficile de la distinguer du ciel, ce qui donnait une impression d'étendue infinie. Devant ce spectacle, mon esprit sur le point de flancher à cause de la chaleur alla se fondre un instant dans ce lointain ».
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"Oh ! Un mirage. Un mensonge de la mer !"

Osojima, l'île " lente", au Sud des innombrables îles de toutes tailles qui constituent l'archipel japonais,
Entre les deux guerres,
Akino, un étudiant du département de géographie humaine de l'Université K., le temps d'un été, y vient et loge à "La Paupière du Dragon". Un visiteur, " une personne rare ", pour l'île. En apparence il y serait venu pour des recherches scientifiques, et en écrire un mémoire, mais sa vraie recherche est ailleurs. Les secrets de l'île, ses rencontres et un guide vont l'y aider. La trouvera-t-il ?.....
Alors que l'île abrite un monastère bouddhiste de plus de cinq cents ans, au début de l'ère Meiji, en 1872, un mouvement est lancé pour détruire le bouddhisme, -ici appelé le Shugendô, une tradition millénaire japonaise à forte dominance Bouddhisme Vajrayana, qui prône l'ascèse -, au profit du shintoïsme et ceux sont des hommes originaires de clans ayant autrefois appartenu à cette île qui vont s'en charger. Etrange non ? détruire ses propres fondements.....
Un livre à sensations fortes, où la communion avec la Nature et ses esprits en constitue la base. Une communion qu'Akino va vivre et la partager avec nous à la lueur des souvenirs tragiques de sa vie privée......" sentir l'impermanence des choses".
("Oui. Ça vous secoue. Terriblement. Quelque chose, c'est sûr, était là avant, on sent que c'est là. On sent très bien qu'il reste quelque chose dans l'air même si la chose elle-même a totalement disparu. Mais peut-être que cela me secouait déjà avant de venir ici, ce n'en est peut-être que le prolongement… Même si je sais que rien ne dure, je n'arrive pas à m'y faire.").

Si vous voulez faire un long pèlerinage naturaliste dans la montagne au Japon, sur les traces des vestiges de monastères bouddhistes fantômes,
connaître ou peut-être même avoir la chance de rencontrer les moines de la pluie, les "Funadamas" qui habitent les bateaux de l'île, les " kappa" , les génies de l'eau, les "monomimi",les" gens "de l'île qui font le lien entre les vivants et les morts, "les nadakazé", les vents du large malfaisants, de divers couleurs, noirs et blancs, les "tobi-io", les poissons volants, les saros qui se figent avec le froid et les "Umi-uso", les mensonges de la mer,
et en prime goûter de la langouste en sashimi........,
alors n'hésitez pas à lire ce magnifique petit livre, qui est avant tout une réflexion
sur l'éphémère de la vie et trouver " un point d'appui " pour vivre dans ce monde.
Je vous laisse découvrir ce livre dont je vous ai révélé que le début, et ce n'est pas que l'histoire d'un pèlerinage dans la montagne......

Un coup de coeur ! Merci Pamplemousse !


"La forme est vide, la vacuité est forme"

"Niraikanai. L'au-delà....
Au-delà de la rive, se trouve un lieu sans nom."
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L'impermanence c'est, pour les bouddhistes, le fait que tout change sans cesse, que rien ne reste jamais dans le même état.
Les lieux, la nature et les gens changent tout le temps, tout est amené à évoluer, à subir les assauts du temps ou des hommes, il faut donc d'autant plus profiter de l'instant présent, et cela devrait nous pousser à apprécier, savourer et chérir chaque moment agréable, chaque lieu visité, chaque personne rencontrée tout au long de notre vie.
Ce roman est un pur moment de sérénité et de lenteur, comme une parenthèse dans nos vies qui vont bien trop vite.

Pendant 200 pages, nous cheminons aux côtés d'un homme qui étudie la géographie humaine, sur une petite île japonaise isolée.
En compagnie de cet homme, nous allons arpenter les chemins montagneux de l'île le matin à la fraîche, nous allons tomber nez à nez avec un râle d'eau, nous allons explorer des grottes oubliées, nous allons apercevoir furtivement un saro, une sorte de bovidé ressemblant à une chèvre, nous allons goûter à des mets qui sentent la forêt, les algues marines et les oignons sauvages, nous allons caresser de vieilles pierres centenaires, traces infimes d'un monastère détruit, nous allons faire un bond dans le temps, nous allons fermer les yeux et sentir le vent qui vient de la mer sur nos visages, nous allons marcher, transpirer, respirer, manger, réfléchir, rêver, et chaque geste sera accompli avec plaisir, chaque instant fugace sera ressenti avec intensité.
Petit bijou de fraîcheur à l'écriture délicate, ce roman lumineux a égayé mon week-end.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Philippe Picquier pour cet envoi, qui fut un véritable cadeau.
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Il y a des musiques et des romans qui se marient merveilleusement … En écrivant ce petit billet, j'écoute un disque déniché aux puces dimanche dernier : Erik Satie et ses gymnopédies (qu'on peut probablement trouver sur internet aussi, pas besoin d'aller à la brocante). Et je trouve que les notes délicates de piano suspendues au-dessus du vide ont la fragilité des mensonges de la mer.

Ce roman nous emmène dans un paradis perdu, quelque part sur une île isolée, au large de Kyûshû, un endroit entre terre et mer, et dont les lieux portent des noms poétiques (j'avais constamment l'impression d'être en Chine, car c'est le propre de la langue chinoise de nommer joliment les lieux, non ?).

La nature y est un temple où chaque plante, chaque caillou, chaque animal est vénéré comme une divinité. C'est une invitation au calme, au silence, à la rêverie et à la nostalgie. Plaisir assuré pour une fille de passage en quête de recueillement et qui a aimé côtoyer les moines de la pluie, les sanctuaires oubliés envahis par les herbes. Et les mensonges de la mer.

La conclusion de ce roman pourrait être : « Nous suivons un long usogoé, un long, un très long chemin. Au-delà de la rive, se trouve un lieu sans nom». Puisse votre chemin être le plus fantastique possible !
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Osojima, l'île « lente », une île japonaise fictive au relief montagneux, à la forme d'hippocampe. Une île d'où l'on peut voir fugitivement des mirages de la mer.
Un lac, la lueur de la lune, des brumes matinales, des côtes escarpées et une odeur maritime.

Akino, professeur de géographie humaine, nous offre des pages apaisantes qui détaillent les différents lieux, de la tête à la queue de l'hippocampe, en passant par son oeil, son ventre, sa colonne vertébrale faite de montagnes.
Comme un cours de géographie, calmement, simplement, il nous dépeint la faune et la flore, les particularités des habitations, le climat.
Comme en apesanteur, accompagnés du bruit des cigales, nous évoluons entre chênes, lauriers, camélias, fougères arborescentes en croisant parfois papillons, chèvres sauvages, saro, poissons volants.

Avec une écriture pure et sans artifice, une véritable symbiose avec cette île s'installe inévitablement lors de cette lecture.

Dans les vestiges d'un monastère et en interrogeant les quelques habitants dont il fait la connaissance, Akino tente de compléter les recherches d'un collègue disparu au sujet de faits historiques religieux.
Fragilisé par des deuils successifs, on pressent que sa quête a sûrement plusieurs finalités.

Ce fût une promenade apaisante, contemplative, doublée d'un petit cours d'histoire sur les courants religieux du Japon. C'est aussi une belle réflexion sur le temps, le chemin de la vie, le monde changeant.
Tout au long de cette lecture, j'étais comme dans une bulle, à arpenter cette île au côté du narrateur, silencieusement.
À lire lentement, pour en extraire toute la puissance harmonieuse de la nature et des relations humaines respectueuses et d'une extrême simplicité.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
...ce genre de ficus, lui, s’accroche d’abord à des terrains aussi hauts que possible et de là entame son existence........Si ce qui lui sert de support est un organisme vivant (un arbre, en l’occurrence), avec le temps, peu à peu, il le recouvre entièrement, l’empêchant finalement de respirer, jusqu’à le faire mourir. C’est pourquoi ce ficus s’appelle aussi « l’arbre étrangleur ».......Il en use comme d’une sorte de « support » mais c’est de la terre sur laquelle il étend ses lianes qu’il se nourrit.
L’idée me traversa l’esprit que cela ressemblait aux nations et aux sociétés que construisent les hommes. Elles prennent pied sur un territoire qu’elles donnent l’impression de protéger par les lois qu’elles créent, or, en réalité, elles ne font que déployer un réseau de règles qui semblent faire prospérer ce sur quoi elles sont installées, mais, si l’on y regarde de plus près, on découvre que cette chose est exsangue ou que seule sa structure extérieure continue à se développer en maintenant plus ou moins sa forme initiale. Il s’agit donc d’une momification. Mais qui dépend aussi de la destinée sans doute. Alors, même exsangue, il est possible que l’intérieur continue quand même à vivre…
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Une île, ce fut la forte impression que j’eus au début de mon séjour, est comme un bonsaï. Non parce qu’elle est modelée par l’homme. Plutôt parce qu’elle déborde d’une vitalité qui ne cesse d’exploser. Comme un bonsaï, oui, une miniature dans laquelle tout semble s’accumuler. Aussi bien les arbres, que les chemins, que les animaux. Quelque chose de très dense s’y concentre.
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La lune qui avait commencé à monter tardivement dans le ciel venait poser son œil brillant sur le toit de cette petite cabane au milieu de la montagne. Si je ne m’étais pas réveillé par hasard, je ne m’en serais pas aperçu, ni personne d’autre, et la forêt serait simplement restée une forêt baignée de lumière, dans l’ignorance des hommes.
Je me levai et sortis. Il faisait si clair que mon ombre se dessinait sur le sol. Le chant discret des insectes nocturnes de la fin d’été résonnait autour de moi. La lune dessinait de son éclat blanc la silhouette du mont Shiun. Solennellement, sans le vouloir, je me retrouvai agenouillé, la tête inclinée.
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Le temps ne file pas à toute vitesse sur une ligne droite, le passé et le présent se retrouvent alignés devant nos yeux, à égalité, comme s’ils étaient à notre disposition pour être étudiés, sélectionnés. La perte était ce temps qui tombait au fond de moi et s’y accumulait.
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Quand on se laisse flatter et tromper par les forts, quand non seulement on ne s’occupe que des faibles mais qu’en plus on les exploite, quand on ne sert que son seul intérêt, alors on vit dans un monde bestial où chacun ne pense qu’à sa propre survie. Quand on traite l’autre comme un ennemi, quand on ne pense qu’à triompher de lui, quand on est jaloux, envieux, alors on vit dans le monde de l’oppression et de l’impuissance…
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