Dites-le avec des fleurs...
Je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout... Qui n'a pas effeuillé la marguerite jusqu'au dernier pétale ?
Depuis toujours les fleurs sont étroitement liées au sentiment amoureux. L'amour éternel, l'amour qui s'enfuit. Dites-le avec une rose rouge il sera passion, dites-le avec une rose jaune il sera trahison.
Dans cette courte nouvelle de Nashiki Kaho publiée en 2004 ce n'est pas la rose qui met nos sens en émoi mais le lilas des Indes. Ce petit arbuste ornemental déploie ses généreuses grappes colorées en été et se pare d'un magnifique manteau feuillu teinté de rouge et de jaune à l'automne puis quand vient l'hiver, telle une belle amoureuse, il nous offre sa nudité en laissant apparaître son magnifique tronc marbré de gris et de rose.
De floraison blanche il symbolise la pureté et l'innocence ; rose ou encore parme il symbolise l'amour et l'amitié.
De sentiment et d'attachement il est bien sûr question dans cette nouvelle. Un jeune apprenti écrivain sans le sou en mal d'inspiration et certainement en manque d'amour qui s'installe pour un temps, en même temps que vient la saison du printemps, dans la maison de famille de son ami Kōdō tragiquement décédé durant leurs années d'études alors qu'il pratiquait l'aviron sur un lac en contrebas des collines non loin de la propriété. Un lilas des Indes qui semble curieusement revenir à la vie au jardin depuis l'arrivée de notre jeune gardien et qui déploie ses plus beaux atours dans une longue danse amoureuse l'emmenant vers des rives oniriques et spirituelles qui lui permettront peut-être de retrouver le chemin duquel il semble s'être momentanément égaré.
Une très jolie nouvelle, délicate et lyrique qui nous rappelle combien la nature est vivante, sensible à notre regard tout comme nous sommes sensibles à ses bruissements et qu'elle nous rend cent fois la pareille dès lors que nous lui accordons un minimum d'attention.
Je rêve et je me réveille
Dans une odeur de lilas
De quel côté du sommeil
T'ai-je ici laissé ou là
Je dormais dans ta mémoire
Et tu m'oubliais tout bas
Ou c'était l'inverse histoire
Étais-je où tu n'étais pas
...
(
Louis Aragon - Les lilas)
* Je remercie Mh17 pour le partage de cette nouvelle et je vous invite à lire sa critique.