"Blood & Sugar" en avait fait sa toile de fond,
1794 en a ajouté une couche en confirmant que le sucre, c'est dangereux pour la santé… des esclaves !
C'est eux qui meurent sur les plantations de cannes afin que les Blancs adoucissent leurs thés ou autres mets à boire ou à manger.
Direction Saint-Barthélemy (où Johnny n'est pas encore enterré) où l'Homme s'est transformé en monstre et en a asservi d'autres.
Ces Noirs, prélevés sur le continent Africain, futurs esclaves, futurs damnés de la Terre, sont vendus aux négriers par leurs frères, contre des verroteries. Leurs vies ne valent maintenant rien de plus qu'un meuble…
Ce polar historique, qui fleure le roman noir à toutes ses pages, est de ceux qui vous foutent un coup de poing dans la gueule, de ceux qui restent dans votre mémoire, même après le passage des années et d'Alzheimer.
Ce deuxième opus commence avec les déboires de Erik Tre Rosor, jeune fils de noble de quatorze ans qui va découvrir la noirceur du monde, bien que, n'ayant pas les connaissances que nous avons, nous, lecteurs, il ne comprendra pas dans quelle sordide toile d'araignée il vient d'aller s'engluer… Nous, oui.
Pour sa défense, il était tellement en recherche de compréhension de la part des autres, de reconnaissance, qu'il était la victime parfaite pour le Grand Méchant dont le personnage était parfaitement réussi, sadique et retors à souhait. J'en ai eu des frissons. Notre vieille connaissance, Mickel Cardell, arrivera ensuite, fidèle à lui-même.
L'auteur adore torturer ses personnages, leur faire vivre une vie de merde, une vie en enfer, les tordre, les fracasser. le contexte historique de la Suède n'a rien du monde des Bisounours non plus, il était donc parfait pour monter un thriller noir de chez noir, sans sucre, bien entendu.
La partie historique est copieuse, sans jamais devenir laborieuse ou indigeste, l'auteur ayant le talent nécessaire pour intégrer l'Histoire à son enquête (ou c'est l'enquête qui s'intègre parfaitement dans le contexte historique). En tout cas, l'équilibre est parfait et c'est difficile de s'embêter dans ce roman.
Les décors ne sont pas non plus oubliés dans cette grande fresque et l'auteur décrit d'une manière très précise les bas-fonds de Stockholm, nous parle de ses petites gens, les gens de la Suède d'en bas, opposés à ceux de la Suède d'en haut à qui tout est permis. Il ne sert à rien de traverser la route pour trouver mieux, on peut s'élever un peu au-dessus de sa condition, mais jamais très haut.
Un roman historique noir de chez noir, sombre, violent, sanglant, où l'Homme Blanc et riche adore exploiter l'Homme pauvre et l'Homme de couleur (qu'il considère comme un moins que rien).
Un roman où le contexte historique est bien présent, sans jamais être indigeste. Un thriller où les personnages sont réussis, réalistes et où le Méchant n'est pas d'opérette.
Un roman social qui parle de misère, d'esclavage, de politique, de magouilles, de conditions sociales vraiment horribles et où tout est relié par une enquête qui entraînera Mickel Cardell et Emil Winge dans les horreurs de l'humanité, et les lecteurs avec.
Lien :
https://thecanniballecteur.w..