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Rémi Cassaigne (Traducteur)
EAN : 9782266288095
528 pages
Pocket (18/06/2020)
  Existe en édition audio
3.92/5   801 notes
Résumé :
1793. Le vent de la Révolution française souffle sur les monarchies du nord. Un an après la mort du roi Gustav III de Suède, la tension est palpable. Rumeurs de conspirations, paranoïa, le pays est en effervescence. C'est dans cette atmosphère irrespirable que Jean Michael Cardell, un vétéran de la guerre russo-suédoise, découvre dans un lac de Stockholm le corps mutilé d'un inconnu. L'enquête est confiée à Cecil Winge, un homme de loi tuberculeux. Celui-ci va bient... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (210) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 801 notes
Un roman historique coup de poing. Une intrigue chorale sur quatre personnages. Un polar crasseux, poisseux et violent. Une plongée en apnée dans les tréfonds de l'âme humaine et des cloaques de la Stockholm de 1793.
Niklas Natt Och Dag, l'auteur, a découpé son livre en quatre parties s'étalant sur l'année 1793. Mais tout ne se déroule pas dans l'ordre et chaque partie se focalise sur un personnage. Cela paraît déstabilisant, surtout entre la première et la deuxième, mais ce puzzle est plutôt réussi et tout s'emboîte parfaitement dans la dernière et quatrième partie qui fait, en vérité, suite à la première.
On est d'abord dans un polar historique très classique. Un cadavre découvert dans le lac Fatburen à Stockholm, capitale du royaume de Suède. Cardell, vétéran de la guerre russo-suédoise et qui a découvert le corps, fait équipe avec Winge, policier juriste. Cette première partie met surtout en place les deux personnages et la recherche de l'identité du cadavre. Mais on est déjà dans du sordide et du glauque. le corps est mutilé d'atroces façons, plus de bras, ni de jambe, ni d'yeux, ni de langue. Et on lui aurait enlevé ces membres au fur et à mesure de son vivant.
Les deux enquêteurs sont des cabossés de la vie. le vétéran a perdu un bras à la guerre et a sombré dans l'alcoolisme, le juriste est phtisique, séparé de sa femme adultère et proche de la mort. Niveau noirceur, on est servi.
Mais, ce n'est qu'un début. Alors que l'enquête avance très lentement. L'auteur, dans la deuxième partie nous plante là et revient plusieurs mois en arrière nous présenter un nouveau personnage qui n'a, semble-t-il, aucun rapport ni avec la victime, ni avec l'enquête. Et on plonge encore un peu plus dans l'enfer de la vie suédoise en cette fin de XVIIIe siècle. On y côtoie l'indicible et l'inhumain. Et on finit par faire le lien avec la première partie.
Mais on remonte encore de quelques mois et on plonge encore plus profond, avec un troisième personnage, une femme à la volonté de fer mais que peut-elle face au rouleau compresseur social ? On y découvre avec horreur et stupéfaction ces filatures suédoises où les ouvrières sont des prisonnières totalement soumises à l'arbitraire de leurs geôliers masculins.
La dernière partie reprend l'enquête où on l'avait laissé mais on sait maintenant, nous lecteurs, beaucoup plus de choses que les enquêteurs. Toutefois, on ne sait pas tout. Et les pièces du puzzle machiavélique se reconstituent devant nos yeux de lecteurs avides de sensations fortes.
On ne ressort pas totalement indemne d'une telle lecture. le style au rasoir de l'auteur, son absence de pathos, mais sa description clinique des malheurs, des horreurs, des violences parfois insoutenables (âmes sensibles ,abstenez-vous!) laissent des traces.
En même temps, l'écriture est vive et dynamique et les chapitres courts permettent de reprendre sa respiration et d'aller de l'avant comme dans une chute sans fin. On est aspiré par les malheurs de ces personnages et on veut comprendre où est le lien et où tout cela nous mène.
Cette lecture est donc addictive mais très éprouvante. Très bien construite, très bien documentée, mais d'une noirceur rarement lue auparavant.
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Un mot: suis sur le cul ! Ha non ça c'est 4 mots. Alors un mot : magistral ! Ou encore génial ou mieux remarquable ou ...allez le grandiose que vous voulez. C'est un premier roman des plus accomplis. Il tape fort et c'est un coup de circuit .
1793 en Suède. Une année à Stockholm, véritable cloaque, où les miasmes et ses relents nous restent dans le nez longtemps après avoir refermé ce livre. Car nous découvrons une société beaucoup moins "propre" (dans tous les sens) que ce que l'on peut imaginer. Incroyable lecture.
Ça pue, ça saigne, ça chie, ça cogne, ça tue, c'est délirant mais c'est incroyablement vrai. C'est d'une précision à couper le souffle.
C'est raconté sur une année, en suivant les saisons, d'une écriture précise et incisive, dans une langue parfaite ! Des personnages, oh la la , disons plus grands que nature, authentiques et parfaits dans ce décor. Luttant pour survivre, vivant d'espoirs et de rêves brisés, certains avec une morale élastique, d'autres avec une conscience légère et une probité inexistante, d'autres encore tentant de rester honnêtes et purs.
Suis fan de polars historique mais là, cette reconstitution est hallucinante! Ce que l'on décrit dans ce livre m'a fasciné, m'a scotché à mon fauteuil de lecture. C'est ce qu'il fallait pour que nous en sachions un peu plus sur ce corps retrouvé dans le fond d'un lac et sur cette société.
Oh ce n'est pas une jolie balade dans la ville. Attendez-vous à vous salir les souliers avec les enquêteurs, à vous pincer le nez, à vous vomir les tripes, à avoir une gueule de bois, à être frigorifié, à avoir faim et soif, à être fiévreux et malade ...
Préparez-vous un café bien fort, installez-vous confortablement et allez-y !
1793 est un premier roman puissant. Un coup de maître. Chapeau bas Niklas Natt och Dag.
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Waouw un sacré roman, sans doute mon coup de coeur de mes lectures estivales. A la fois historique et policier, pour moi une véritable immersion dans la Suède du 18ème siècle.

Un policier très bien construit même si lors de certains passages on est plutôt déstabilisé justement à cause de sa construction. Mais une intrigue menée de main de maître. Une écriture fluide et addictive qui m'a poussée à poursuivre intensément ma lecture.
Ce roman de presque 450 pages n'a pas fait long feu, je l'ai littéralement dévoré… tout cela pour avoir une fin en apothéose et bluffante.

Un roman qui compte et je souhaite et espère un très bel avenir à l'auteur.. je vais suivre son actualité avec attention.
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Nous sommes en 1793. La Révolution française n'en finit plus d'échauffer les esprits en Europe. En Suède, la tension est à son maximum, depuis qu'un an auparavant, le roi Gustav III a été assassiné par des partisans révolutionnaires. C'est dans ce contexte explosif que le boudin Mickel Cardell – sobriquet attribué aux vétérans invalides de la garde séparée – repêche dans le lac de Stockholm un corps non identifié et atrocement mutilé. Il fait équipe avec l'homme de loi Cecil Winge qui est chargé de l'enquête. Entre la tuberculose qui le ronge et l'arrivée imminente d'un nouveau chef de la police réputé corrompu, Winge ne dispose que de jours comptés pour faire toute la lumière sur ce crime.


Impossible de demeurer indemne sur la berge : ce livre est une plongée en apnée dans l'infâme abîme des bas-fonds de Stockholm au XVIIIe siècle. La misère la plus noire y enserre dans ses griffes des quartiers ignoblement insalubres, où épidémies et incendies parachèvent le mortifère travail de sape de la faim et du froid sur une population éreintée par des conditions de vie et de travail dont l'indignité dépasse l'imagination. Pourtant, chaque détail est le reflet d'une réalité historique soigneusement investiguée par l'auteur, et c'est donc avec le plus profond effroi que l'on s'efforce de digérer cette peinture sans fard d'un enfer gouverné par le désespoir, la violence et le crime. L'impunité y est quasiment assurée pour ceux qui y exercent le pouvoir, et qui du coup ne se privent pas d'en abuser. le lecteur horrifié découvre ainsi le terrifiant fonctionnement de la filature de Långholmen, inextricable prison où étaient incarcérées les femmes dites « sans défense », c'est-à dire coupables de n'avoir ni foyer ni profession, et où sévissaient, de manière avérée, d'odieux tortionnaires.


Dans ce cadre historique véritable, évoqué de manière saisissante en ce qu'il peut présenter de plus sordide, l'auteur a imaginé un crime des plus atroces, dont la reconstitution, incluant ce qu'il faut appeler des scènes de torture, a de quoi paraître abominable. Trop peut-être, même s'il est vrai que la réalité ambiante rivalise assez bien avec cette fiction. Ce qui se justifie à la lecture parce que représentatif d'une vérité, peut susciter le malaise lorsqu'inventé de toutes pièces. Je me suis ainsi sentie parfois au bord de l'overdose, avec le vague sentiment d'une sorte de surenchère à l'ignoble, destinée à frapper les esprits des lecteurs les plus blasés. Et si la maîtrise de l'intrigue et l'art consommé de la narration, si soigneusement étayée par la documentation historique de l'auteur, ont eu raison de ce trouble passager, persiste le regret que ce livre addictif et immersif ait, à mon goût, un peu trop cédé à la tentation du spectaculaire et du sensationnel.


Mérité pour l'intensité et l'authenticité de sa restitution historique comme pour l'habileté de son intrigue envoûtante, l'énorme succès de ce thriller ne doit-il pas aussi, quelque part, à ce qu'on pourrait y voir d'outrance un rien racoleuse dans le sordide ?

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je dois dire que j'ai été proprement impressionné et bluffé par ce roman d'une noirceur peu commune.
Scénario, contexte, intrigue et psychologie des personnages, tout ce qui est important pour un bon ressenti de lecture est réuni dans cette histoire.
Cela-dit et avant toutes choses, je conseillerai aux âmes sensibles de s'abstenir, le moins que l'on puisse dire c'est que cette histoire est sombre et cruelle, dure et potentiellement à la limite du soutenable pour quiconque aurait la faculté de se représenter certaines scènes, ici elles seront particulièrement rudes car ne laissant que peu de place à l'imagination ou l'interprétation, voilà vous êtes prévenus.
J'ai été tout de suite aspiré dans ce contexte historique très bien rendu. Cette Suède, contemporaine de notre révolution française, a les mêmes problèmes d'hygiène et de pauvreté, la misère à Paris ou Stockholm y est la même. Dans ce roman on "crache", on "pisse" et tout le monde "pue" à des degrés divers. La société y est particulièrement violente et corrompue, policiers compris.
La vie, en plus d'être difficile pour le commun des mortels semble soumise à un arbitraire omniprésent et démoralisant qui déteint sur le lecteur de façon subliminale.
Niklas Natt och Dag s'y entend pour nous captiver d'entrée avec une ambiance sombre aux relents de corruption généralisée dans un Stockholm plutôt inquiétant, un cadavre particulièrement mutilé est repêché et l'enquête est confiée à Cecil Winge, assisté de Cardell ils vont se retrouver confrontés au mal absolu.
L'auteur va particulièrement soigner ses personnages, Cecil Winge au premier plan, malade et proche de la mort et qui va se lancer dans une "dernière croisade" contre le mal. Il y a aussi Cardell, ancien combattant infirme et désabusé, Blix et Anna Stina avec qui nous ferons intimement connaissance.
J'ai aimé le style et la plume de l'auteur, selon mes critères on touche ici la perfection à tous les niveaux, la narration est tellement naturelle que l'on côtoie l'abject sans même s'en offusquer, c'est vraiment bluffant.
J'aurai juste une réserve qui est un ressenti personnel, j'ai été un peu désappointé par le parti pris narratif en quatre parties que j'ai vécu comme une "cassure", surtout entre les deux premières parties même si par ailleurs cela peut se justifier.
Pour conclure et même si nous ne sommes qu'en janvier, ce titre est mon "coup de coeur" de l'année, ni plus ni moins !
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critiques presse (3)
Culturebox
12 août 2019
Si l'intrigue de 1793 paraît banale, un crime atroce et une enquête, le roman a une profondeur que peu de thrillers historiques proposent. [...] Avec cette histoire, Niklas Natt och Dag nous dresse le portrait plutôt inattendu de la Suède de cette époque.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeJournaldeQuebec
17 juin 2019
Issu de l’une des plus vieilles familles de la noblesse suédoise, Niklas Natt och Dag signe un premier roman absolument captivant.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
28 mai 2019
1793, fresque ­colorée et documentée, peine toutefois à égaler le souffle passionné qui ­traverse les romans ­historiques d’Hilary Mantel ou de Tim Willocks.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (99) Voir plus Ajouter une citation
Sur le secrétaire, une feuille où a été dessiné un quadrillage. Cecil Winge pose sa montre à gousset devant lui sur la tablette, en détache la chaîne et rapproche la chandelle qui crépite. Ses tournevis sont alignés avec une pincette et quelques pinces. Il tient ses mains devant lui dans la lueur de la flamme. Aucun tremblement visible.
Avec une grande application, il se met à l’ouvrage. Il ouvre la montre, détache les axes des aiguilles, prélève ces dernières et les pose chacune dans une case sur le papier. Il enlève le cadran et dévoile le mécanisme, qui se laisse extraire de sa coque sans résister. Lentement, il le déshabille, engrenage après engrenage, qu’il place dans autant d’enclos tracés à l’encre. Libéré de sa prison, le ressort plat se détend en longue spirale. En dessous, l’échappement. Puis le tourbillon. Des tournevis à peine plus gros que des aiguilles à coudre tirent les petites vis de leurs logements.
Privé de sa montre, Winge suit le cours du temps grâce aux cloches des églises. Par-delà Ladugårdslandet sonne la grosse cloche ­d’Hedvig Eleonora, de la Baltique parvient le faible écho du clocher de Katarina, au sommet de sa montagne. Les heures filent.
Une fois le mécanisme entièrement démonté, il répète chaque étape dans l’ordre inverse. La montre reprend lentement forme, à mesure que chacune de ses parties retrouve sa juste place. Ses doigts minces commencent à se crisper, il doit souvent marquer une pause pour laisser aux muscles et aux tendons le temps de se remettre. Il ouvre et ferme ses mains, les frotte l’une contre l’autre, étire ses phalanges sur ses genoux. Sa posture inconfortable devient pénible et la crampe à la hanche, qu’il ressent de plus en plus souvent, s’étend aux reins, l’obligeant à changer sans cesse de position sur son siège.
Une fois les aiguilles remises en place, il introduit la petite clé dans son trou et la tourne en sentant la résistance du ressort. Dès qu’il lâche prise, il entend le tic-tac familier et se fait pour la centième fois depuis l’été dernier la même réflexion : voilà comment le monde devrait fonctionner. Un mécanisme rationnel et compréhensible, où chaque engrenage a sa place et qui, par sa rotation, produit un effet exactement prévisible.
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Cardell l’observe rapidement et constate qu’il est plus jeune que sa voix rauque ne le laissait penser. Sa mise est élégante, même si ses habits sont de coupe vieillotte. Un habit noir à taille étroite, bords empesés et col haut. Là où apparaît le gilet, un discret motif est brodé. Culotte de velours noir avec boucle sous le genou. Cravate blanche nouée haut dans le cou, à double tour. Cheveux longs et noirs, attachés sur la nuque par un ruban rouge. La peau est si blanche qu’elle semble luire d’elle-même.
Winge, les membres fins, est mince, d’une minceur qui n’est pas naturelle. Il ne pourrait pas être plus différent de Cardell, qui est, lui, un de ces hommes qu’on voit partout dans les rues de Stockholm, à la jeunesse volée par des années de misère et de guerre, usés avant l’heure. Cardell doit être au moins deux fois plus large d’épaules, avec un dos grossier de soldat qui tend l’étoffe de sa redingote en plis inélégants, des jambes comme des troncs, le poing droit gros comme une maison. Ses oreilles décollées ont essuyé tant de claques que leurs bords se retroussent en fronces calleuses.
Cardell tousse, gêné par le regard de Winge, qui donne l’impression de le toiser de la tête aux pieds, sans jamais quitter des yeux son visage couvert de cicatrices. Il tourne instinctivement son corps vers la gauche pour cacher son infirmité.
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En mer, tout est atrocement lent. Dès que les flottes s’aperçoivent, les manœuvres commencent, on guette les vents et les courants pour s’approcher suffisamment, puis se mettre en ligne de bataille, le flanc tourné vers l’ennemi, afin de laisser libre jeu aux canons. Sur commande, on tire, on tire, et on tire encore. Tout ce qu’on voit, c’est par les sabords, quand les pièces sont reculées pour être purgées et rechargées avec une nouvelle gargousse et un nouveau boulet. Dans le meilleur des cas, ce sont des vagues rougies de sang charriant des débris, dans le pire des cas une ligne de canons prêts à ratiboiser nos ponts. Nous servons autant de cible que nos adversaires. C’est horrible. Les boulets qui ne portent pas rebondissent sur le bois en secouant tout le navire. Des éclats de bois s’enfoncent dans les chairs et les os comme dans du beurre frais.
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Nous nous apprêtons à enquêter sur un meurtre très étrange. Il n'a pas été commis par un meurtrier ordinaire. De quelles ressources ne faut-il pas disposer pour garder un homme prisonnier assez longtemps et le mutiler ainsi, sans pourtant être découvert ? Songe quelle volonté il faut pour ça. Quelle détermination. Qui sait ce qui grouillera sous cette pierre, si nous parvenons à la retourner ?

Page 80, Pocket.
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Il se débarrasse de sa redingote avec la gaucherie du manchot. La perruque de laine oubliée dans la doublure tombe dans la boue. Bah, peu importe. Cette cochonnerie lui a coûté trois sous, la mode est en train d’en passer, et il ne la porte que parce que bien se présenter augmente les chances d’un vétéran de guerre de se faire offrir un ou deux coups à boire. Cardell lève les yeux. Tout là-haut, les étoiles brillent au-dessus de la baie d’Årstafjärden. Il ferme les yeux pour garder en lui ce sentiment de beauté, puis entre de la botte droite dans Fatburen.
La vase détrempée ne porte plus le poids de Cardell. Il s’enfonce jusqu’au genou et sent l’eau s’engouffrer dans sa botte, qui reste coincée dans la boue quand sa chute en avant en extirpe sa jambe. Mi-nageant, mi-rampant, il s’éloigne du bord.
L’eau est épaisse, lourde sous ses doigts, chargée de tout ce que même les taudis de Södermalm ne jugent pas bon de garder.
L’ivresse a altéré soin jugement. La panique le saisit au creux du ventre quand il ne sent plus le fond sous ses pieds. L’eau est plus profonde qu’il ne l’avait cru, et le voilà replongé devant Svensksund, trois ans auparavant, dans l’effroi de la tempête, au large du front suédois.
Il embrasse le corps, dont ses battements de pieds l’ont rapproché. Sa première pensée est qu’il avait raison : ceci n’est pas une créature humaine. C’est le cadavre d’un animal, coulé là par les grouillots de l’abattoir, et transformé en bouée par les gaz de putréfaction qui ont rempli ses intestins. Puis le paquet se retourne et il se retrouve face à lui.
Ça n’est pas du tout décomposé, mais les orbites qui le regardent sont vides. Derrière les lèvres déchirées, plus de dents. Les cheveux ont gardé leur lustre – la nuit et l’eau gluante de Fatburen ont fait de leur mieux pour éteindre son éclat, mais c’est sans aucun doute une claire chevelure blonde. À force de haleter, Cardell boit la tasse.
La quinte de toux passée, il reste immobile à flotter près du cadavre. Il observe ses traits déformés. On entend plus les enfants sur le rivage. Ils attendent son retour en silence. Il fait demi-tour et se met à battre l’eau de son pied nu, pour regagner le rivage.
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