C’est la forêt qui bouge, qui fait tomber les rois. Dire que certains croient à la fin du monde, alors que ce n’est que le début.
Je suis contreconteuse et je vais vous contreconter un contreconte de votre époque, avec des contremots qui sont des mots normaux mais remplis à nouveau de sens. Vous verrez comme ça fait du bien.
Je suis un contre-penseur, je prends votre pensée et je la remonte en rafting jusqu'à sa source.
Voilà ce que j'installerai quand nous serons dans la clairière : une forge, un atelier de contre-mots. Fabriqués à la main, avec de vrais morceaux de feu et de patience.
Je crois qu'on devrait reprendre le contrôle de notre imaginaire et des récits qu'on écrit pour nous.
On devrait inventer une nouvelle histoire à chaque communiqué officiel qu'on nous présente sous un certain angle, on devrait démolir les angles, interdire la paresse de ceux qui gueulent toujours avec les loups.
On devait inventer pour chaque conte un autre conte. Le conte et le dé-conte. Le conte et le contre-conte.
Est-ce le jour qu'on voit ou un reste de feu ?
C'est le matin, regarde. Il y a de la rosée jusqu'au bout de nos cheveux.
J'ai peur qu'une voix s'élève pour me dresser la liste de ce que j'ai mal fait.
J'ai peur que les regards me désignent et qu'on m'écrase les doigts avec une règle.
J'ai peur des plaisanteries.
J'ai peur quand tout le monde rit de quelque chose en même temps.
A un moment, la nuit finit par reprendre ses droits. Retour au royaume des insectes intrépides. Grouillements, frôlements, ronflements.
Depuis que je suis partie, j’ai déjà changé de peau plusieurs fois. Et j’ai déjà changé de monde.
Est-ce que j’ai changé le monde pour autant ? Quand je ferme les yeux, de nouveau, les femmes et les hommes sont des arbres centenaires, rangés en ordre de bataille. Avec cette force. Avec cette dignité.
Il faudrait devenir cracheurs de feu. Cracheurs, au visage des mous et des sceptiques. Brûleurs de tièdes. Il faudrait devenir danseurs nus dans les flammes et sorciers-sorcières pour frapper l’attention et mettre en garde. La nouvelle température, c’est nous ! L’avenir, c’est nous ! (p. 72)
Mais on ne chante pas à la place de l'oiseau.
Nous avons gagné.
Nous avons gagné parce que nous sommes devenus une possibilité, là où il n'y avait aucune alternative.
Nous avons fissuré le béton avec la force de nos racines.
Nous avons bourgeonné dans les massifs de fleurs nobles.
Pas de Lune?
Il me semble que quelque chose rampe.
Il me semble que quelque chose grouille.
Pour quelque chose, c’est l’heure de sortir de chez soi, c’est l’heure de vivre.
Il me semble qu’un phénomène inconnu déploie sa logique dans l’obscurité.
Des branches s’agitent. Du bois casse. On dirait que des informations sont chuchotées entre les feuilles.
C’est un grand affairement.
Un grand rassemblement d’histoires minuscules.