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EAN : 9782207169759
Denoël (03/01/2024)
4.44/5   9 notes
Résumé :
S’il le pouvait, Stephen danserait tout le temps. À l’église avec ses parents et la communauté ghanéenne dont il est issu, dans les caves de son quartier à Londres, avec son amour de jeunesse dont il s’éloigne irrémédiablement, ou seul, en écoutant les vieux disques de son père qu’il aimerait mieux comprendre. Stephen est surtout un musicien, et il joue de la trompette autant qu’il le peut.
Mais lorsqu’une tragédie vient frapper le jeune homme, son petit mond... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Chantant et musical, ce récit d'apprentissage est narré par un adolescent entrant dans l'âge adulte et ainsi confronté aux désillusions qui y sont inhérentes. Il nous ouvre les portes de la communauté anglo-ghanéenne, de ses odeurs et de ses goûts, de ses couleurs chatoyantes et de son unité face au racisme, aux amours bientôt enfuies et au deuil. La plume de l'auteur est rythmée et les airs de jazz qu'il cite s'entremêlent au texte pour créer un livre dansant (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/01/14/nos-petits-mondes-caleb-azumah-nelson/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Après Open Water, Caleb Azumah Nelson continue sur sa lancée de nouveau prodige de la littérature britannique avec ce deuxième roman tout en musicalité et en profondeur. Féru de musique, Stephen aurrait voulu en faire son métier mais la vie en a décidé autrement. Pris en tenaille entre sa famille, la jeune femme qu'il aime, ses origines et ses rêves, il essaie dans bien que mal de trouver sa place, en faisant face aux épreuves que la vie lui réserve. L'amour, l'échec, le deuil, le devoir, le sacrifice, l'exil… Autant de thèmes abordés ici et montrant toute la complexité d'une vie qui mérite d'être racontée – ce que Caleb Azumah Nelson fait comme personne.

Après Open Water, j'étais curieuse de découvrir la prose de l'auteur en langue originale, et je dois dire que je n'ai pas été déçue. Malgré la très belle traduction française, rien ne vaut le texte anglais pour éprouver le rythme des phrases, ce rythme lancinant qu'il donne à son roman en répétant régulièrement certaines phrases comme un refrain, et la musicalité de ces mots mis bout à bout avec tant de brio. Caleb Azumah Nelson est assurément un artiste hors du commun, qui parvient à manier la langue pour transmettre un flot d'émotions incontrôlables, pour exprimer le moindre sentiment vécu par son personnage, jusqu'à la plus petite hésitation du quotidien.

Stephen se livre entièrement, sur son histoire, ses racines, ses pensées, ses rêves. C'est fascinant de plonger entièrement dans la complexité de ce personnage plus vrai que nature. Sa vulnérabilité, sa simplicité et son innocente quête d'épanouissement en font un personnage attachant, que la plume de l'auteur nous rend familier comme peu de personnages peuvent l'être. Ne passez pas à côté de ce texte, vague d'émotions garantie.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
A l'étage en dessous, la salle dans laquelle on joue est brillante et claire. Il y a un truc dans les performances sur scène, particulièrement en jazz, qui pousse les musiciens à se faire confiance, et à décoller, à embellir le lieu qui accueille leur paradis, quel qu'il soit. Ici, le petit auditoire s'agglutine autour de nous, tandis que je courbe les notes de ma trompette dans l'espace entre les accords du piano, la batterie posée dessus et en dessous et autour, Amma, notre chanteuse, ne prononce pas de mots mais les notes qu'elle entonne sont une langue que nous avons baptisée nous-mêmes.

Je ne sais quelle posture adopter dans ces moments-là, mais Del rend toujours ça plus facile. Je la regarde et elle me regarde. On a l'impression qu'il n'y a que nous dans la pièce.
Au bout d'un certain temps, elle pince une corde, une autre, elle tire, elle pince, elle presse. Le reste de la musique se délite et j'entends quelque chose qui jouait depuis toujours. Je n'ai pas besoin de sentit les notes, simplement la vibration sous nos pieds. Le vrombissement des doigts qui disent, je suis ta colonne vertébrale. La basse, c'est autant les silences que le son : de la même façon qu'un battement de cœur contracte et relâche l'organe, l'emplit de vie, une note à besoin de calme pour respirer. Ma trompette se balance au bout de mon bras tandis qu'elle ferme les yeux et puise au fond d'elle-même, elle joue de quelque chose d'honnête et vrai. Elle puise à l'intérieur, jusqu'à se trouver dans une maison d'où le son jaillit. Si clair, si sûr, le jazz déferle entre ses murs. Elle avance et je la suis. Elle me demande si je me souviens, et j'ai envie de dire, comment pourrais-je oublier ? Mais je ne dis rien? Pas ici, pas maintenant. Del ouvre les yeux et c'est un sourire familier sur son visage.
Je porte ma trompette à mes lèvres et on transforme cette petite réunion en fête.

P190-191
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Ils avaient fait tourner le joint à tout le groupe, et quand il est arrivé jusqu'à moi, après une seule taffe, ma poitrine était carrément en feu. J'ai essayé d'en tirer une autre, mais dans ce joint, il y avait vraiment la dose. J'avais juré d'arrêter de fumer, et pourtant, voilà où j'en suis, à essayer d'assouplir le temps, de le plier, de l'étirer et de le dilater ; à essayer de le faire durer, à essayer de me donner un peu de répit, de soulager la pression de la voix pleine de reproche de mon père qui résonne dans ma tête. J'essaie de ne pas aspirer trop fort, et la fumée devient plus facile à avaler. On se passe le joint tout en marchant. Le temps qu'on arrive au JB, j'ai la tête à l'envers. On commande assez à manger pour plusieurs personnes et on retourne chez Del, le sourire aux lèvres.
Le temps s'aplatit, s'étire, se dilate, sourit et scintille devant notre désir. On mange, maladroitement, salement, et on avance des théories sur le temps et sa forme. Je pense que quelque chose en nous espère pouvoir mieux comprendre la forme de la chose entre nous, cette chose est-elle le temps, le désir, la proximité, l'incertitude ? A un moment donné, Del allume un autre joint, on se penche par une fenêtre ouverte, une brise légère embellit nos épaules. On passe nos disques préférés, on sort les vinyles de leur pochette, avant qu'une chanson se termine, et on prépare déjà la suivante, on laisse la musique nous envelopper. Del met "Let's Stay Together" et on fait un two-step dans le salon, en chantant et en groovant comme si on avait été là quand ce disque est sorti.

P88-89
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Et étant donné que la danse est la seule chose qui puisse résoudre la plupart de nos problèmes, après manger, Pops met un autre disque, "Abrentsie" de Gyedu-Blay Ambolley, une musique belle et chaleureuse et entière, une musique du pays, et bientôt on partage dans un même mouvement une petit two-step. Notre musique est incontournable. Je ne me suis jamais vraiment trouvé que dans les chansons, entre les notes, dans ce lieu où la langue ne suffit pas, mais où le beat pourrait, pourrait parler pour nous, pourrait porter la voix de ce qu'on a sur le cœur, et à cet instant-là, tandis que la musique gagne en rythme, qu'elle boucle un nouveau cycle, qu'elle dépasse la frénésie, qu'elle frôle l'extase, tous mes pas de danse sont ceux de mon père. On bouge comme un miroir, notre motion hante l'espace, nos corps libres s'agitent et se lâchent. J'ai envie de taper sur l'épaule de mon père, d'essayer de lui dire, j'aimerais qu'on puisse toujours être aussi ouverts, mais je ne sais pas si l'un ou l'autre avons les mots. Alors à la place, on construit chacun notre petit monde, nos solos enflent, s'élèvent comme un refrain, mon pas en avant pour son pas en arrière, mon pas en arrière pour son pas en avant, nos mains sur la poitrine en signe de déférence, on bâtit une église avec notre rythme, un lieu où nous n'avons rien à expliquer, un lieu où nous pouvons être honnêtes et vrais ; d'essence divine, même. Un lieu où nous pouvons rendre tous les deux les armes.

P333-334
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Étant donné que la danse est la seule chose qui puisse résoudre la plupart de nos problèmes, il semble logique qu'ici même, après le chatoiement des mains noires brandies, debout pour célébrer, le pasteur nous ai invités, nous, ses ouailles, à prier, et nous avons laissé cette prière s'étaler, nous nous sommes donnés le droit d'explorer les profondeurs et les sommets de nos êtres, de dire des choses honnêtes et vraies, d'essence divine, même. Nous nous sommes donné le droit de parler à quelqu'un qui est à la fois celui que nous sommes et celui que nous voudrions être, le droit de parler doucement, ce qui incite à renoncer au besoin de sécurité et à se demander : quand avons-nous rendu les armes pour la dernière fois ?

P9
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Les souvenirs me reviennent par bribes : l'anniversaire de Del, le retour chez elle. Cette heure entre la nuit et le jour, la lumière qui inonde tout de son halo d'outre-monde. Le calme entre nous. Juste elle et moi et les harmonies de D'Angelo qui emplissent l'espace. Une timidité maladroite entre nous. On se déshabille aussi vite qu'on l'ose. Des mains se pressent, un lien entre les doigts, sa main sur ma poitrine, sa poigne qui flue et qui reflue comme un océan, le nœud de ses tresses dans mon poing, ses doigts étalés sur mon dos. On titube jusqu'à son lit, on lutte l'un avec l'autre, des lèvres cherchent de la peau, des courbes et des angles qui s'étreignent. Notre proximité rend tout langage inutile. L'espace d'un moment, nos yeux grands ouverts et sombres et magnifiques. Entre les courbes et les angles, une vibration, un bourdonnement, l'envie, le désir. Ce lieu au-delà de la frénésie, plus semblable à l'extase, qu'aucun de nous ne connaît mais qui, d'une certaine manière, est en vue, et dont le chemin pourrait être ce rythme qu'on produit. On fait notre rythme, jusqu'à ce qu'elle dise, j'y suis presque, et je sais que moi aussi. Alors, un frisson, une secousse, un ah, un cri, un halètement, ma tête contre la chaleur de son épaule. On cale notre rythme, jusqu'à ce que le calme revienne, jusqu'à ce qu'on soit ailleurs, dans un autre petit monde...

P79-80
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Videos de Caleb Azumah Nelson (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Caleb Azumah Nelson
Été 2010, Stephan vient de finir le lycée. Il passe ses journées à jouer de la trompette et ses soirées auprès de sa petite amie. Mais l'horizon se noircit lorsqu'il apprend qu'il n'est pas accepté à la faculté de musique. À l'été 2011, le jeune homme n'a plus guère le temps de se consacrer à son art. Il travaille comme second couteau dans une cuisine car son père ne souhaite plus l'avoir à la maison.
Été 2012, alors que l'avenir de Stephan semble s'éclaircir, un événement tragique le terrasse. Avec un langage mélodieux, une sorte d'improvisation de jazz, Caleb Azumah Nelson nous off re une histoire enchanteresse sur les mondes que nous construisons pour échapper au quotidien.
Largement salué par la critique à sa sortie, " Nos petits mondes " est un roman lumineux et profondément attachant.
L'auteur Caleb Azumah Nelson est né en 1993 à l'est de Londres, où il vit toujours. " Open Water ", son premier roman, a reçu un accueil critique et public phénoménal. " Nos petits mondes " confirme son talent.
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