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EAN : 9791032925638
L'Observatoire (04/01/2023)
4.12/5   32 notes
Résumé :
Atay et Abay ont toujours eu la tête sur les épaules, aussi Firuzeh et son petit frère, le turbulent Nour, ne sont-ils pas inquiets lorsque leurs parents leur annoncent qu'ils quittent Kaboul. Et puis les deux enfants ont d'autres préoccupations?: d'abord, s'écharper toute la journée, puis écouter les contes d'Abay, enfin se faire des copains dans le camp de fortune où ils sont parqués après leur traversée des mers. Mais alors que les jours deviennent des mois, que ... >Voir plus
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L'odyssée de Firuzeh de E. Lily Yu, un livre très touchant sur l'exil, on en parle tous les jours, mais de suivre la vie de cette famille durant ces longs mois en compagnie d'autres migrants, est terrible. Racontée par cette petite-fille est encore plus poignant.

Les parents, Atay et Abay, accompagnés de leurs enfants, Firuzeh, l'aînée et son petit frère Nour, sont obligés de quitter Kaboul, pour leur sécurité. Commence alors pour eux, un long voyage, vers l'Australie, fait de larmes, d'espoirs, de maltraitances. Ils sont obligés de faire confiance aux différents passeurs, certains augmentent la note, sans qu'ils puissent refuser.

Pour écourter les journées, ils écoutent les contes, d'Abay, leur mère dont ils sont friands.

Des escales, au Pakistan, puis en Indonésie, à Jakarta, où ils se lient d'amitié avec une autre famille, la fille Nasima, sera une confidente fidèle pour Firuzeh. Les deux copines se promettront, quel que soit leur destin, de toujours rester en contact.

Quelques jours plus tard, le départ, pour le pays de rêve qui les attend, malheureusement, le bateau est une vraie coquille de noix, surpeuplé, tempête, peur, hurlements, une traversée horrible. Récupérés par des garde-côtes australiens, ils seront parqués dans un camp sur l'île de Nauru. Nour se fait des copains, Firuzeh accompagnée par la fantomatique Nasima, sa meilleure amie des fonds marins.

« J'ai essayé dit Nasima, mais ils ne m'ont pas vue. Comme quand j'étais en vie. Je n'étais qu'un espace en forme de fille dans l'univers. Quelque chose à nourrir. Auquel on met des chaussures et des robes. Qu'on élève comme il faut, comme un mouton, afin de pouvoir l'amener un jour au marché. Mais quelque chose qu'on ne voit pas, pas vraiment. Personne ne voit jamais vraiment sa fille. Pas comme on voit ses fils. Qui eux valent quelque chose. Qui eux travailleront un jour. »

Mais alors que les jours deviennent des mois, que les gardes ne cessent de les abreuver d'insultes et de coups et que les médicaments semblent la seule réponse des adultes au malheur, Firuzeh comprend que l'enfance touche à sa fin. La petite fille n'est qu'au début d'un long voyage.

« Si Nauru était une bénédiction pour Quentin, c'était la plus terrible des malédictions pour la racaille basanée qui venait s'échouer ici. On leur avait promis la liberté et les allocs australiennes, pas la chaleur des tropiques, les tentes et des clôtures sans fin. On pouvait voir la colère et le sentiment de trahison dans leurs yeux, et rien que ça donnait envie de porter la main à sa matraque. »

Verront-ils l'Australie ? Quelle sera leur vie en terre inconnue ? Ils sont prêts à tout endurer, pour un petit coin, où ils pourront vivre en paix, sans avoir peur du moindre regard.

« Quand vous n'avez rien, pas même la moindre raison d'espérer, quand les chances de vous en sortir sont quasi nulles et que non pas un, mais deux gouvernements sont contre vous, comment faites-vous pour rire ? Comment faites-vous pour rester sensible à la beauté ? Comment parvenez-vous encore à faire preuve de bonté et d'amour ? »
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Il était une fois un roman
Qui faillit ne jamais voir le jour
C'eût été bien dommage …

Firuzeh est encore une petite fille lorsqu'on lui demande de faire ses bagages à la hâte. Aujourd'hui, avec ses parents et son petit frère Nour, ils quittent Kaboul. Omid et Bahar ont payé cher ce passeur pour être emmenés en sécurité en Australie, loin de la guerre.

Bercée dès son plus jeune âge par les contes et histoires de ses parents, Firuzeh commence ce voyage comme une aventure durant laquelle elle invente elle aussi ses propres histoires.

Avant la traversée, ils font une étape au Pakistan puis à Jakarta. Là, Firuzeh rencontre Nasima. Sa famille sera aussi du voyage. Les deux fillettes se font la promesse de toujours rester en contact, même si le sort devait en décider autrement.

Neuf jours plus tard, entassés dans un bateau de pêcheur bringuebalant, les migrants prennent la voie de l'Océan. Une tempête, la peur, les cris, les pleurs, le retour au calme et puis la côte au loin.

Alors qu'ils pensent être enfin arrivés en Australie, ils se retrouvent sur l'île de Naura. Cette île qu'ils considèrent au début comme un genre de vacances se révèle vite être une prison à ciel ouvert.

Verront-ils un jour l'Australie ?

Même si je n'ignore pas les difficultés rencontrées par ces personnes qui ont quitté leur terre natale en laissant derrière elles leur maison et leurs souvenirs, j'ai été extrêmement touchée à la lecture du voyage initiatique de cette famille de réfugiés afghans.

Ce roman dont la prose lyrique mêle magnifiquement réalité, rêves et histoires, nous plonge au coeur des rêves brisés de ces demandeurs d'asile prêts à tout supporter et sacrifier pour vivre et être acceptés en terre d'accueil.

Vivre cet exil principalement à travers les yeux de cette petite fille, insuffle au roman une bouffée d'espoir et de lumière.

Une lecture nécessaire pour ouvrir la voie à un élan de tolérance et de solidarité.


Merci à Masse critique de Babelio et aux éditions de l'Observatoire pour l'envoi de ce roman.
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Firuzeh, fillette afghane, ses parents et son petit frère, le turbulent Nour, doivent quitter précipitamment Kaboul, où leur sécurité n'est plus assurée. Leur seul choix est l'exil. C'est par le regard de Firuzeh que le périple de la famille est abordé par E. Lily Yu, jeune autrice américaine.
Passé la première surprise de voir ces Afghans, en compagnie de migrants d'autres nationalités, tenter une longue errance vers l'Australie, rien n'est très différent des périples de demandeurs d'asile entre l'Afrique et l'Europe, ou l'Asie et l'Europe. le passage des frontières, l'attente des passeurs, la montée à bord d'embarcations surpeuplées, la traversée de tous les dangers jusqu'à ce que des gardes-côtes australiens les récupèrent et les parquent dans un camp sur l'île de Nauru (j'allais écrire Lampedusa, mais non). Là, dans des conditions intenables, ils doivent attendre, pendant un temps que les enfants n'évaluent pas, que leur demande d'asile aboutisse ou non. La deuxième partie du roman se situera après cet internement à Nauru.

Le style original, plutôt poétique, qui place cette narration du point de vue d'une petite fille est touchant. L'amitié de Firuzeh avec Nasima, une fillette de son âge, amitié qui va perdurer au-delà des difficultés, constitue le coeur du roman. Si le mélange de réalité brutale, d'histoires et d'imagination enfantine déconcerte un peu, il est parfait pour montrer à quel point les enfants sont obligés dans ces conditions extrêmes de grandir trop brutalement. le titre ne mentionne que Firuzeh, mais le petit Nour s'avère de plus en plus attachant aussi, au fil des pages. Leurs parents aimeraient les garder dans l'enfance, et leur racontent souvent des histoires issues de leurs traditions, du moins tant qu'eux-mêmes ont encore suffisamment d'espoir pour pouvoir en insuffler dans leurs contes. Il faut dire que les désillusions s'accumulent.
Quelques chapitres, dans un style différent, montrent des personnages secondaires, et l'une d'entre eux, arrivant à la fin du roman, semble correspondre au parcours de l'autrice. Cela renforce la réalité de l'histoire. La fin est tout juste formidable, et rattrape le rythme un peu lent du milieu de ce premier roman.
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Firuzeh est une enfant.
Tu ne sais pas prononcer ce prénom, tu vas te contenter de le murmurer, de l'ébaucher.
Au fil des pages, cette esquisse de prénom devient une évidence.

Firuzeh quitte Kaboul, avec son père et sa mère, et Nour son petit frère. Ce que laisse la petite fille tient tout entier dans les contes du père, donner à rêver, donner à réfléchir.

Ils affrontent les colères noires des mers déchaînées. Y laisse une vie. Nasima la meilleure amie. Celle avec qui on échange des promesses, des toujours, même là-bas au pays des kangourous, rien ne pourra les séparer. Rien. Peut-être même pas la mort.

L'arrivée a la couleur des désillusions. Parqués dans un camp, avec d'autres migrants, parqués et maltraités par les gardes, voilà qu'elle apprend ça, Firuzeh. le crime de désirer. Pas la fortune. Ou à peine. Pas le pouvoir.
Désirer la vie, simplement la vie. Ca ne tient à rien. Des mots sur un courrier administratif. Un oui, un petit oui précieux.
Au prix exorbitant.
Et tout au bout, l'Australie.

Ce prénom fragile, Firuzeh, ce prénom que tu ne sais pas prononcer, s'estompe tout doucement. Au profit de ceux qui l'entourent, famille, amis, sacrifiés, tous, de mille façons différentes.
Firuzeh les porte tous, elle est Nour, Masima, les frères de Masima, Atay et Abay, elle est l'histoire de cet exil et de la souffrance qui en découle.

La poésie de l'enfance aux prises avec la violence du réel, avec le rejet, avec le corps qui romp, qui cède. Et tenir encore, quitte à s'accrocher aux vestiges du passé, aux fantômes laissés derrière soi.
La plume sonne juste.
On est ému.
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Vous avez déjà terminé un livre en vous disant que c'est exactement le type de récit que vous auriez aimé écrire ? C'est ce qui s'est passé pour moi avec L'Odyssée de Firuzeh, superbe roman sur l'exil d'une famille afghane vers l'Australie, qui a nécessité neuf ans de recherches pour son autrice, E. Lily Yu. Contraints de quitter Kaboul pour assurer leur sécurité, les protagonistes se retrouvent à confier leur destin à divers passeurs plus ou moins fiables, au risque de se mettre en péril, avant d'être récupérés par les garde-côtes australiens et installés dans un camp sur l'île de Nauru. N'ayant malheureusement pas d'autre choix, ils subissent comme ils le peuvent les épreuves qui leur sont imposées, essayant tant bien que mal de continuer à survivre, de continuer à espérer, un jour, pouvoir atteindre les rives de l'Australie, qu'ils espèrent accueillantes.

Si le thème traité par l'autrice est un thème déjà largement abordé dans la littérature contemporaine, elle l'aborde d'une manière nouvelle, étonnante, et émouvante. La majeure partie du récit est écrite du point de vue de Firuzeh, fillette contrainte de grandir trop vite, qui restitue fidèlement les dialogues autour d'elle, sans la ponctuation habituelle. D'abord déroutante, cette manière de raconter apporte finalement une certaine authenticité au texte, bien que Firuzeh soit clairement un personnage de fiction, et nous permet de mieux saisir les sentiments mêlés, les émotions diffuses et les réflexions parfois décalées que peuvent avoir ces personnes qui doivent tout quitter du jour au lendemain et essayer de se reconstruire ailleurs, si on leur en laisse la possibilité.

Mélange de fiction réaliste et d'imaginaire tiré des contes orientaux, c'est un récit plein de nuances que nous offre E. Lily Yu, qui n'entre jamais dans le manichéisme, le jugement hâtif ou la condamnation franche. Plusieurs chapitres adoptant un autre point de vue, permettent de décentrer l'intrigue et de prendre du recul sur les personnages secondaires, notamment ceux qu'il serait facile de diaboliser, comme les gardes du camp de réfugiés. C'est donc un roman qui amène à réfléchir, qui émeut et questionne, tout ce que j'apprécie dans une lecture digne de ce nom. A lire absolument !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Tu sais comment on combat un cauchemar ? Est-ce que tu sais seulement de quoi est fait un cauchemar ?
Non.
Tu assembles des bouts d'histoires pour te créer un chez-toi ou une famille. Certains bouts, on te les donne, d'autres, tu les fabriques toi-même en vivant ta vie. Un cauchemar, c'est quand les bouts les plus moches et les plus féroces s'agglutinent ensemble, et partent chasser d'autres histoires pour les dévorer.
Firuzeh dit : Tu ne peux pas te battre contre une histoire.
Bien sûr que si. Il suffit de casser un cauchemar en petits bouts d'histoires dont il est constitué, et boum, plus de cauchemar.
Et donc ?
Tu vis dans un cauchemar. Tu devrais le mettre en pièces.
Tu es cinglée.
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Tu sais comment on combat un cauchemar ? Est-ce que tu sais seulement de quoi est fait un cauchemar ?
Non.
Tu assembles des bouts d’histoires pour te créer un chez-toi ou une famille. Certains bouts, on te les donne, d’autres, tu les fabriques toi-même en vivant ta vie. Un cauchemar, c’est quand les bouts les plus moches et les plus féroces s’agglutinent ensemble, et partent chasser d’autres histoires pour les dévorer.
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"Mais où irons-nous ? fit Omid, les yeux écarquillés. Jadis, il n'avait été qu'un petit garçon aux genoux croûtés, pas plus lourd qu'un sac de blé. Jadis, Hassan l'avait porté sur ses épaules.
Je n'en sais rien, répondit Hassan. N'importe où, Là où vont ceux qui quittent l'Afghanistan. C'est un pays d'exilés, un pays d'hirondelles migratrices. Toutes finissent par trouver un lieu où se poser. Toi aussi, tu trouveras."
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Alors pourquoi ta famille à toi a quitté l’Afghanistan ?

Ils refusent de me le dire.

Ils refusent de te le dire ?

Abay dit que je n’ai pas besoin de le savoir.

Mais bien sûr que si ! On a besoin de raisons autant qu’on a besoin d’eau et d’air. Je serai la meilleure amie que tu aies jamais eue. Je te la trouverai, ta raison.
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"Firuzeh dit : Atay est un héros. Il transperce les lions et les dragons de sa lance. Il vaincra le div maléfique du ministère de l'Immigration, et lui coupera la tête.
Assez, dit Atay posément. Votre mère a raison.
Firuzeh insista. Elle raconterait cette histoire comme il le faudrait.
Tu iras sur ton cheval tacheté - enfin, dans ta voiture - jusqu'au bureau du ministère, et tu brandiras la vérité contre eux, telle une épée. Vous ne voyez pas ce qui se passe vraiment en Afghanistan ? Nous ne pouvons pas y retourner : nous nous ferions tous tuer. Et la vérité leur transpercera le cœur."
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