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Citations sur Hauteurs de Machu-Picchu (13)

Hauteurs de Macchu-Picchu


XI

À travers la confuse splendeur
À travers la nuit de pierre, laisse-moi plonger la main
Et laisse palpiter en moi comme un oiseau mille ans prisonnier
Le vieux cœur de l’oublié !
Laisse-moi oublier aujourd’hui ce bonheur plus ample que la mer.
Car l’homme est plus vaste que la mer avec ses îles,
Et il faut tomber en lui comme en un puits pour rejaillir du fond
Avec un bouquet d’eau secrète et de vérités englouties.
Laisse-moi oublier, large pierre, la proportion puissante,
La mesure transcendante, les pierres de la ruche,
Et le long de l’équerre, laisse-moi glisser
La main sur l’âpre hypoténuse du sang et du cilice.
Quand le condor furieux, comme un fer à cheval aux élytres rouges,
Me frappe les tempes, dans sa ligne de vol
Et quand l’ouragan, de ses plumes de carnassier, balaie la sombre
 poussière
Des perrons obliques, je ne vois pas la bête rapide,
Je ne vois pas le cercle aveugle de ses griffes,
Je vois l’être antique, le serviteur, l’endormi
Dans les champs, je vois un corps, mille corps, un homme, mille
 femmes,

Sous la rafale noire, noirs de pluie et de nuit,
Avec la lourde pierre de la statue.

Jean Brisecaillou, fils de Wiracocha,
Jean Mangefroid, fils d’étoile verte,
Jean Piednus, petit-fils de la turquoise :

Monte, et nais avec moi, frère !

//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Hauteurs de Macchu-Picchu


XII
Extrait 3

Moi, je viens parler par votre bouche morte.
Unissez à travers la terre toutes vos
Silencieuses lèvres dispersées
Et depuis vôtre abîme, durant toute
Cette longue nuit, parlez-moi
Comme si j’étais retenu par la même ancre que vous,
Racontez-moi tout, chaîne après chaîne,
Maillon après maillon, pas à pas,
Affilez les couteaux que vous avez conservés
Mettez-les-moi dans la poitrine et dans les mains
Comme fleuve d’éclairs jaunes
Comme fleuve de tigres enterrés
Et laissez-moi pleurer, des heures, des jours, des ans
Des âges aveugles, des siècles sidéraux.

Donnez-moi le silence, l’eau, l’espérance

Donnes-moi la lutte, le fer, les volcans.

Comme autant d’aimants, suspendez à moi vos corps.

Envahissez mes veines et ma bouche.

Parlez par mes mots, parlez par mon sang.

//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Hauteurs de Macchu-Picchu


XII
Extrait 2

Apportez à la coupe de la vie nouvelle
Vos vieilles douleurs ensevelies.
Montrez-moi votre sang, votre sillon
Dites-moi : ici, je fus puni
Parce que la gemme fut sans éclat, parce que le sol
Ne donna pas à temps la pierre ou le grain.

Désignez-moi la pierre où vous êtes tombés,
Le bois où vous fûtes crucifiés
Eclairez pour moi les antiques silex,
Les vieilles lampes, les fouets collés
Aux plaies à longueur de siècles
Et les haches brillantes sous le sang.


//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Hauteurs de Macchu-Picchu


XII
Extrait 1

Monte, et nais avec moi, frère !

Donne-moi la main, du fond
De ta douleur éparse.

Tu ne reviendras pas de l’épaisseur des pierres,
Tu ne reviendras pas du temps souterrain,
Ni ne reviendra ta voix rauque
Ni ne reviendront tes yeux perforés.

Regarde-moi depuis le fond de la terre
Laboureur, tisserand, pasteur taciturne :
Dompteur des vigognes tutélaires :
Maçon du traître échafaudage :
Porteur d’eau chargé des larmes des Andes :
Joaillier aux draps broyés :
Semeur tremblant dans sa semence :
Potier répandu dans sa glaise.


//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Hauteurs de Macchu-Picchu


X
Extrait 3

Antique Amérique, fiancée submergée.
Tes doigts aussi,
Au sortir de la forêt, jusqu’à la vide altitude des dieux,
Sous les étendards nuptiaux de la lumière et sous l’honneur,
Mêlés au tonnerre des tambours et des lances,
Tes doigts aussi, tes doigts aussi,
Ceux qui portèrent la rose abstraite et la ligne des froids, ceux
Qui portèrent la poitrine ensanglantée du nouveau céréale,
Jusqu’à la trame de matière rayonnante, jusqu’aux dures cavités,
Avec eux, avec eux, Amérique enterrée, as-tu gardé au plus profond
De tes entrailles amères, comme un aigle, la faim ?

//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Muraille adoucie par les doigts.
Toiture combattue par les plumes.
Bouquets de miroir, appuis de tempête.
Trônes renversés par les lianes.
Ordre de la serre ensanglantée.
Ouragan en suspens sur la pente.
Immobile cataracte de turquoise.
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Écume minérale, lune de quartz.
Serpent des Andes, front d’amarante.
Coupole du silence, patrie pure.
Fiancée de la mer, arbre de cathédrales.
Bouquet de sel, cerisier aux ailes noires.
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Entonces en la escala de la tierra he subido
entre la atroz marana de las selvas perdidas

hasta ti, Macchu Picchu.

Alta ciudad de piedras escaleras,
por fin morada del que lo terrestro
no escondio en las dormidas vestiduras.
En ti, como dos lineas paralelas,
la cuna del relampago y del hombre
se mecian en un viento de espinas.
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Apegadme los cuerpos como imanes.

Acudid a mis venas y a mi boca.

Hablad por mis palabras y mi sangre.

Comme autant d'aimants, suspendez à moi vos corps.

Envahissez mes veines et ma bouche.

Parlez par mes mots, parlez par mon sang.
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Hauteurs de Macchu-Picchu


X
Extrait 2

Je t’interroge, sel des chemins.
Montre-moi la truelle ; laisse-moi, architecture,
User avec un pauvre bâton les étamines de pierre,
Monter toutes les marches de l’air jusqu’au vide,
Gratter l’entraille jusqu’à toucher l’homme.
Macchu Picchu, as-tu posé
Pierre sur pierre, et au fond, le haillon ?
Charbon sur charbon et, au fond, les larmes ?
Le feu dans l’or et, rouge et tremblante en lui,
Une large goutte de sang ?
Rend-moi l’esclave que tu as enterré !
Arrache à la terre le pain dur
Du misérable ! Montre-moi tes habits
Du serf et sa fenêtre !
Dis-moi comme il dormait durant sa vie,
Dis-moi si son sommeil
Fut rauque, entrouvert, comme le trou noir
Que fait la fatigue sur un mur ?
Le mur, le mur ! Si, sur son sommeil,
Pesa chaque étage de pierre et s’il tomba sous elle
Comme sous une lune, avec son sommeil !


//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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