Décrire mon ressenti pour une oeuvre musicale ou des poèmes m'a toujours paru difficile, c'est intérieur, c'est un état d'âme imprécis.
Ce fut valable pour cette critique de
la Centaine d'amour, j'en suis à ma quatrième ou cinquième version, j'ai voulu éviter une analyse littéraire du livre pour me cantonner à mon ressenti, j'espère m'en approcher !
La Centaine d'amour est un recueil de cent poèmes dédicacés par
Pablo Neruda à son épouse Mathilde Urrutia ; tous ces poèmes sont les témoins de son amour.
Ils font l'objet de quatre parties : Matin, Midi, Soir et Nuit, chacune ayant une sensibilité différente : nous passons ainsi le Matin de l'amour charnel et du désir - "J'ai faim de tes cheveux, de ta voix, de ta bouche", à Midi à un amour plus calme, plus spirituel et qui s'interroge - "Sache que je ne t'aime pas et que je t'aime puisque est double la façon d'être de la vie",
Le Soir nous présente un amour plus fragile - "L'amour venait avec sa traîne de douleurs" pour arriver à la Nuit, partie plus sombre qui peut évoquer tant la fin de l'amour que la vieillesse et la mort - "Et quand la terre ainsi recevra notre étreinte, nous irons confondus en une seule mort et vivant à jamais un éternel baiser".
Au fil de la journée, le poète peut se révéler tantôt passionné, tantôt pensif, ou philosophe, tantôt pessimiste. Tous ces états d'âme transparaissent dans ses poèmes.
J'ai beaucoup apprécié les nombreuses métaphores de
Neruda, parfois extravagantes ou surprenantes - "Tes hanches furent toute la lune pour moi, le soleil, les plaisirs de ta bouche profonde et l'ardente lumière et tout le miel dans l'ombre", parfois irrévérencieuses ou cocasses - "Cher coeur, reine du céleri et de la huche, petite panthère du fil et de l'oignon".
J'ai aimé certaines oppositions -
"Toi ma laide, tu es une châtaigne hirsute,
toi ma belle, tu es belle comme le vent
ma laide, de ta bouche on peut en faire deux,
ma belle, tes baisers sont des pastèques fraîches."
J'ai trouvé très judicieux que cette édition présente tant la version originale que la traduction, elle m'a permis d'apprécier le rythme et la musicalité des poésies, musicalité créée par des allitérations - "con espadas y espinas" est plus marqué que "de ses épées, de ses épines".
L'amour n'est pas facile à définir, il peut me sembler inexprimable, ses visages sont nombreux.,
Pablo Neruda a l'art de les débusquer, on aimerait s'inspirer de ses poésies pour la femme aimée !