George Orwell est décédé en 1950. Ses oeuvres sont passées dans le domaine public 70 ans après sa mort, si bien que quatre adaptations en romans graphiques de
1984 sont parues sur les derniers mois.
L'adaptation de
Fido Nesti, auteur et illustrateur brésilien, est oppressante avec beaucoup de gris et de rouge et des extraits assez longs du roman dans sa traduction réalisée en 2018 par
Josée Kamoun.
Fido Nesti a choisi un découpage en trois parties, elles-mêmes divisées en chapitres, avec un appendice sur les principes du néoparler -ou novlangue dans la première traduction française- lequel permet, par la réduction du langage, de rétrécir le champ de la pensée.
La première partie est consacrée à la présentation du contexte.
On y découvre la ville de Londres en
1984, telle qu'elle avait été imaginée par
George Orwell dans sa dystopie publiée en 1949. Londres est située dans une des trois superpuissances, l'Océanie (comprenant les Amériques, l'Australie, l'Afrique du Sud), les deux autres étant l'Eurasie (allant du Portugal au détroit de Behring et comprenant l'Europe du Nord et la plus grande partie de l'Asie) et l'Estasie (constituée notamment de la Chine et du Japon).
Les principes du régime totalitaire, avec sa propagande, sont posés : il faut aimer Big Brother et haïr Goldstein, l'ennemi du peuple ; « Big Brother is watching you » ; « guerre est paix, liberté est servitude, ignorance est puissance » ; « qui contrôle le passé, contrôle l'avenir, qui contrôle le présent contrôle le passé » justifiant que le passé soit réécrit à l'infini pour permettre de corroborer les messages du présent et fixer les objectifs pour l'avenir.
Les personnages sont présentés : Winston Smith qui, travaillant à la réécriture du passé, connaît les manipulations du régime et décide de consigner ses pensées par écrit, prenant ainsi le risque d'être annihilé ; Julia, mécanicienne sur une machine à romans, portant la ceinture emblématique des jeunesses antisexe mais qui va se rapprocher de Winston ; O'Brien, membre du parti intérieur ; M. Charrington, qui tient la petite boutique du quartier prolo dans laquelle Winston a acheté son carnet et qui louera à ce dernier une chambre à l'étage non équipée d'un « télécran ».
La deuxième partie est ensuite dédiée principalement à la construction de la relation entre Winston et Julia, l'étreinte étant « une victoire, un coup porté au parti, un acte politique », à la lecture du livre de Goldstein analysant les principes du régime pour les contrer et à la lutte individuelle contre le totalitarisme par le « mentocrime », le crime de la pensée.
Dans la troisième partie, après l'arrestation, c'est maintenant l'heure de la torture, longuement décrite et illustrée, pour aller vers la manipulation de la pensée, la trahison, la déshumanisation et enfin l'amour de Big Brother.
1984 est un chef-d'oeuvre et ce roman graphique de
Fido Nesti semble, selon les critiques, être l'adaptation qui colle le plus au récit originel. Je l'ai tout particulièrement apprécié et il m'a donné envie d'approfondir mes connaissances sur cette dystopie : lire le roman de
George Orwell, mais je n'ai pas encore décidé si j'irai vers la traduction de
Josée Kamoun, disponible en édition de poche depuis mai 2020, ou vers la traduction initiale d'
Amélie Audiberti et lire une autre adaptation graphique, hésitant à ce stade entre celle de
Xavier Coste et celle de
Sybille Titeux de la Croix au scénario et Amezing Ameziane au dessin. Tous vos commentaires pour m'aider à la décision seront les bienvenus !