15 juillet 1988. Dexter et Emma sont allongés côte à côte sur un lit. La veille, ils ont fêté la fin de leurs études. C'est la première fois qu'ils se parlent et, a fortiori, qu'ils passent une nuit ensemble. En tout bien tout honneur. Secrètement amoureuse de Dexter depuis quatre ans, Emma n'a pas voulu précipiter les choses... Mal lui en a pris car l'occasion ne se représentera pas de sitôt. Les années passent et l'amitié s'installe entre eux, sournoisement, interdisant tout passage à l'acte sexuel. Dexter devient animateur télé et multiplie les aventures amoureuses tandis qu'Emma enchaîne les petits boulots de serveuse.
Pour les amateurs de comédies romantiques, le sujet est prometteur. Malheureusement, l'histoire ne décolle pas. Dexter est aussi antipathique qu'Emma est insipide et les deux personnages évoluent de manière prévisible. Les vices du beau Dexter - citons en vrac la paresse, le je-m'en-foutisme, l'égoïsme et l'alcoolisme - ont raison de sa carrière et de sa vie privée. En revanche, la brillante et travailleuse Emma voit ses efforts récompensés. Autant vous prévenir : leur chassé-croisé amoureux va durer près de vingt ans et pendant les 250 premières pages, il manque cruellement de rebondissements. Entre chaque chapitre, une année s'écoule jour pour jour. Cette construction peut paraître séduisante, mais, sur la longueur, faute d'événements significatifs justifiant un nouveau chapitre, le procédé devient superficiel. En outre, il oblige l'auteur à multiplier les ellipses narratives et c'est au détour d'une petite phrase (ô combien frustrante) qu'on apprend un mariage, un nouvel emploi, une mort, un adultère... de même, le flash-back final m'a semblé injustifié et de mauvais goût : non seulement il n'éclaire rien, mais en plus sa situation dans le roman ajoute au mélo. Les dialogues entre les personnages sont attendus, truffés d'idées convenues, faussement drôles. Soyons juste, une scène quand même m'a amusée : Dexter ivre mort pendant qu'il babysitte. L'image du père en prend un coup. A ce stade de ma lecture, je n'espérais plus rien et ce passage moins conventionnel que le reste du livre m'a heureusement surprise. Dans le même esprit que cette scène, je conseille le livre illustré (pour adultes) "Go The Fuck to Sleep" d'
Adam Mansbach.