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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La morale ne sert à rien aux hommes forts. Lorsque la vie bat son plein, qu'est-ce qu'on peut en avoir à foutre ? Lorsque la santé fait des fracas, la vraie morale recouvre la morale de la populace.


En complément à « Par-delà le bien et le mal », Nietzsche a écrit ce texte un peu trop argumentatif à mon goût pour répondre à une question restée latente dans le premier ouvrage : quelle est l'origine du système de la morale, qui a imposé ses valeurs à tous les hommes, sans distinction ? C'est cette dictature que Nietzsche dénonce. Que la morale soit nécessaire pour certains sous-hommes, c'est une réalité qu'il serait dangereux de combattre, mais que la morale créée par les hommes faibles pour les hommes faibles finisse par être imposée aussi aux hommes forts, c'est le plus grand crime commis par notre civilisation. That's the idea.


La « Généalogie de la morale » gueule dans les couloirs comme un pamphlet. Nietzsche accuse la civilisation chrétienne d'avoir exacerbé les tendances maladives de l'humain. « le non-sens de la douleur, et non la douleur elle-même est la malédiction qui a jusqu'à présent pesé sur l'humanité, — or, l'idéal ascétique lui donnait un sens ! » Mais l'homme fort –le maillon qui doit nous conduire vers le surhomme- ne se laisse pas avoir par sa douleur. L'homme fort la combat, la surmonte, trouve en elle une source de dépassement et d'explosion cataclysmique de sa puissance naturelle.


On nous dira que Nietzsche a fini fou quelques mois après avoir écrit ce texte. Oui, oui, j'ai lu ça dans un torchon soi-disant initiatique destiné à ceux qui se prennent pour les maîtres du monde parce qu'ils sont francs-maçons ou un truc du genre (sérieusement, ils disaient Nietzsche a renié Dieu, on voit que ça ne lui a pas réussi vu la mort de pédé qu'il a eue, alors ce qu'il a écrit ne vaut rien -niveau raccourcis y a pas pire). Et alors, on s'en branle non ? Depuis la mort de Ninietzsche, on a avancé l'hypothèse que la folie consisterait en un déchaînement de toute l'énergie forcée à se taire en soi. le fou serait un surhomme brimé. La question à laquelle Nietzsche ne répond pas trop, ce serait alors : pourquoi les hommes forts ont accepté de laisser naître la morale des faiblards qui chient dans leur couche ? Pourquoi, désormais, ne se reconnaissent-ils plus ? Seraient-ils trop bons ? (LOL)

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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"La Généalogie de la Morale" est articulée en trois dissertations : "le bon et le mauvais", "le ressentiment" et "les idéaux ascétiques". Il parait que cet essai est un des plus accessible de Nietzsche...difficile pour moi de comparer, vu que c'est le premier ouvrage de l'auteur que je lis, mais il faut bien avouer que j'ai dû m'accrocher par moment, moi qui ne suis pas philosophe de formation (mais ne l'est-on pas tous un peu par nature, finalement ?).

Néanmoins, cette lecture s'avère très intéressante et au premier abord fort remarquable par le style...Mr Nietzsche savait, à n'en pas douter, manier les mots. Je ne me lancerai pas dans une longue critique (de la raison impure) mais quelques points de l'argumentation me chatouillent, quand d'autres me convainquent.

J'entends bien la distinction entre la morale des esclaves (une morale du ressentiment à l'égard des maîtres) et celle des "maîtres-nés". Pour autant, jamais l'auteur ne pose la question de la légitimité du rapport dominant / dominé (ni donc de sa perpétuation) pour la simple raison qu'elle est inepte pour lui : les agneaux ne sauraient reprocher aux oiseaux de proie d'être ce qu'ils sont. Il y a donc des forts et des faibles "par nature" et Nietzsche oppose "le mot d'ordre mensonger" de la morale du ressentiment (le privilège de la majorité) à celui de l'aristocratie, "effrayant et enchanteur", mais sans développer davantage (en fin de première dissertation). Il présente d'ailleurs Napoléon comme le dernier homme à avoir incarné cet idéal aristocratique, synthèse d'inhumain et de surhumain.

En ce qui concerne la religion, Nietzsche taille en pièce la morale chrétienne qui par « la moralité des moeurs » façonne une société qui met en avant l'adaptation aux contingences au lieu de valoriser la volonté de puissance, c'est-à-dire l'activité, les forces conquérantes, agressives, novatrices. L'homme nietzschéen (le surhomme à venir) est instinctif et n'entend pas s'en excuser alors que la morale cherche à l'y contraindre et à le faire renoncer au plaisir de faire souffrir. En effet, pour Nietzsche ce n'est pas la souffrance qui pose problème mais bien son absence de sens et c'est pourquoi les hommes ont créé les dieux qui ont engendré « l'aristocratie sacerdotale » qui a imaginé cette horreur qu'est le péché. En gros, si tu souffres c'est de ta faute mec. Mais t'inquiètes pas, si t'es un bon chrétien tu pourras accéder au paradis après…Une logique, on l'imagine aisément, qui ne favorise pas l'aristocratie guerrière, les « maîtres-nés », ceux qui « peuvent promettre », car, surs de leurs capacités, ils tiendront leur promesse. On sent bien les parallèles avec Freud (notamment « le Malaise dans la Civilisation ») : la moralité des moeurs rappelle le surmoi et les instincts les pulsions, sauf que Nietzsche ne voit pas les aspects positifs du premier, ni le potentiel tyrannique des secondes. En fait, l'homme Nietzschéen c'est un peu un néo-libéral avant l'heure, un type qui veut de la droite décomplexée, sans la morale de bénitier.

Un mot sur les liens supposés entre le nazisme et Nietzsche : oui, il utilise parfois des exemples où le mot race est à la fête (avec visées eugéniques), oui il a tendance à ne pas être très cool avec les juifs car il y voit « le peuple sacerdotal par excellence » mais en même temps il n'aime pas les antisémites et ne m'apparait pas du tout comme nationaliste, il n'est pas toujours tendre non plus avec les allemands…De là à dire qu'il aurait été récupéré il n'y a qu'un pas (que je laisserai à chacun le soin de franchir ou pas) qui, en fin de compte, ne ferais qu'accréditer ses idées sur la dynamique historique…

Finalement Nietzsche donne à la philosophie le but louable de critiquer les valeurs et la morale (entendre ici une morale chrétienne) mais sans préciser dans quel objectif. Et pour cause ! S'il pose la question de l'idéal ce n'est que pour rappeler tout ce qu'il coûta à l'humanité au cours de l'histoire et le réfuter en bloc. Sur ce point, il m'est difficile de concevoir un homme sans idéal…On pourra m'objecter que le FUTUR a donné raison à Nietzsche quand on voit ce qu'a donné le communisme…Mais peut-être est-ce la trahison des idéaux qui serait à déplorer plus que les idéaux en eux-mêmes…Là aussi Friedrich a réponse à tout puisque, ce monde n'étant (ou n'ayant été) qu'un conglomérat de « volontés de puissance » en lutte, les idées, concepts, inventions etc…sont, dès leur naissance, détournés de leurs buts initiaux pour être « réagencer » par une volonté supérieure…Il n'y a donc pas de relations de cause à effet simpliste dans la dynamique historique selon Nietzsche…Et puisque dieu n'est qu'une fable mortifère (tout autant que l'athéisme scientifique qui est le revers de la médaille, puisqu'il cherche simplement à rendre l'idéal plus crédible), il en vient à poser l'hypothèse qu'il n'y a pas de vérité et que tout est possible…Mais le caractère non définitif, non universel de la vérité, bref le fait qu'elle SE CONSTRUISE, permet-il de penser que tout est possible ? Et si, comme Mathieu Potte-Bonneville, on la réduisait à son essence en affirmant « qu'il n'y a de vérité que dans l'éclipse des maîtres » ?

Je voulais terminer par des précautions d'usage, du genre, vous les spécialistes de Nietzsche, ne commencez pas à me sauter dessus, je ne suis qu'un HUMBLE néophyte qui vous fait part de son regard…Mais vu que je me sens soudainement l'âme d'un surhomme j'ai juste envie de dire…

Ainsi parlait Pavlik.

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Dans la Généalogie, Nietzsche réévalue les valeurs morales en soulevant, pas seulement, leurs origines (qui se trouvent dans les sentiments et les actions issus du judéo-christianisme), mais aussi en les critiquant, par la reconstitution de la genèse historique, psychologique et anthropologique de ces valeurs et attitudes pour mieux les démasquer, à savoir les faire apparaître comme autant d'illusions et de mensonges.

Il distingue dans ce livre, la morale des maîtres et celle des esclaves. Il y a donc d'un côté, la catégorie des dominants et de l'autre, celle des dominés. Mais les premiers se divisent, eux-mêmes, en guerriers et prêtres.
Et Nietzsche dénonce avec vigueur le peuple juif, de caractère sacerdotal, qui a opéré la distinction entre l'esprit et le corps, en mobilisant les faibles, à son profit, contre les guerriers.
C'est une telle analyse qui a amené à accuser le philosophe d'être un précurseur de Hitler, un raciste avant la lettre.
Cependant, c'est une appréciation sujette à caution : car sa vie prouve qu'il n'était nullement antisémite, loin de là !
De même, et par extension, il convient de ne pas schématiser la notion de « volonté de puissance ». Plus que d'une volonté de domination, il s'agit tout simplement de la manifestation des forces actives.
« …Nous avons besoin d'une critique des valeurs morales, et la valeur de ces valeurs doit tout d'abord être mise en question… ». L'établissement de leurs origines permet donc de faire leur diagnostic, et c'est par cet acte, cette voie que « l'évaluation et la réévaluation » est, en somme, possible.
Si les valeurs morales peuvent être, psychologiquement, expliquées (c'est là d'ailleurs, une des thèses principales du livre).
Et si, ces mêmes valeurs, qui reposent sur la négation de soi et la haine de soi, empêchent l'humanité de s'affirmer.
Alors, il convient de soutenir comme Nietzsche, l'idée selon laquelle la critique de la morale est nécessaire parce qu'elle permet de libérer l'homme de son nihilisme. Car la morale est toujours la nôtre !

Ce qui est intéressant chez ce philosophe, c'est son style (ce livre se présente comme une longue dissertation argumentée par des figures rhétoriques qui font de Nietzsche un grand styliste, également) et son expression qui est marquée par les contrastes, (donc loin d'être monolithique).
Il est tout à la fois un grand polémiste (La Généalogie de la morale est, en soi, une oeuvre polémique !) supérieurement brillant et un analyste pénétrant qui sait échapper à l'aridité de toute spéculation.
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Nietzsche, essaie, ici, en trois dissertations, de remonter aux origines de la morale chrétienne. Il met de côté pour le coup le style allégorique et son amour des aphorismes qui firent son succès. L'avantage de la philosophie nietzschéenne est qu'elle suit une continuité logique abordée dès "La naissance de la tragédie" jusqu'à "L'antéchrist".
Nietzsche s'efforce de montrer à quel point la morale chrétienne ou idéal ascétique est fondée sur une pente glissante car bâtie sur ce qu'il appelle la faute ou l'équivalent d'une dette que l'on devrait payer toute sa vie, pour être plus clair : "la négation de soi" et de la vie.
C'est un livre brillant, un de ceux qu'il faut lire si on s'intéresse un tant soit peu à la philosophie.
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Avec un discours clairement anticlérical et surtout antireligieux, le philosophe nous démontre toute l'hypocrisie, selon lui, de nos valeurs positives et bienveillantes qui cachent finalement la cruauté de l'homme, sa sauvagerie, qui n'est plus acceptable dans des sociétés qui s'assagissent et qui ne peuvent plus tout conclure par un affrontement physique.

Maniant les mots avec dextérité, Nietzsche ne manque pas d'arguments et d'exemples pour alimenter son discours. Cependant, comme il le dit lui-même, mieux vaut connaître en amont son travail pour pleinement appréhender sa vision des choses.

Le tout démontre une crainte de l'époque moderne qui se veut parfaite, bonne, lisse, et en cachant ses travers et ses fautes sous des habits plus affriolants. Mais surtout, tout ce traité établit la montée du nihilisme et de ses excès, du dégoût de l'homme pour lui-même et ce qu'il est prêt à faire pour se détourner de son être, se châtier et trouver un sens en son existence. La Généalogie de la morale tente de nous éclairer sur les valeurs morales de l'homme et ce qu'elles traduisent de son aspect psychologique, sous un faisceau particulièrement pessimiste et agnostique.
Lien : https://entournantlespages.w..
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