Citations sur Poèmes (1858-1888) - Fragments poétiques - Dithyrambes po.. (86)
C’est le plus étranger qui à présent m’est cher !
Gênes –a sombré, a disparu
Reste froid, mon cœur ! La main ferme sur la barre !
Et devant moi –la mer –et une terre ? –une terre ?
[…]
Tout m’est sans cesse plus nouveau,
Loin devant moi brillent espace et temps
Et le plus beau de tous les monstres,
L’Eternité, me sourit.
Les oiseaux chantent avec ravissement
Loin dans l’épaisseur du bois ;
Les champs ensoleillés s’étendent
Sous les gracieux rayons de mai.
Les ruisseaux murmurent doucement
A travers la campagne fleurie
Où jubile l’alouette.
Oh peut-il se donner chose plus belle
Que le mois de mai, que le seul mai ?
Et vous autres ne me semblez lourds
Que quand je me sens à moi-même un fardeau !
Des ennemis ne peuvent avec moi entreprendre que fort peu ; je retrouve trop vite mon rire après chaque orage.
Vous pouvez m’ébranler avec toutes les larmes de la terre et toutes les plaintes humaines : je reprendrai toujours le dessus, comme l’huile sur l’eau.
Ne vous approchez pas de moi de trop près si vous voulez vous réchauffer contre moi –ou autrement vous pourriez vous brûler le cœur. Je suis bouillant et contrains à peine mes flammes à ne pas bondir hors de mon corps.
Courage, ami Yorick !
Et quand ta pensée te tourmente
Comme elle fait en ce moment,
N’appelle pas cela – « Dieu » ! Car, loin de là,
Ce n’est jamais que ton propre enfant,
Ta chair et ton sang,
Qui là t’oppresse et te torture […].
Gueux que vous êtes ! Vous pouvez bien être jaloux
Car j’ai eu ce que –jamais vous n’obtiendrez :
Je souffre, je souffre, il est vrai
Mais vous –vous mourez, vous mourez !
Le désert croît : malheur à qui devient désert !
Le désert, c’est la faim qui ronge après la mort […].
O heureux qui au milieu des orages de cette vie
Connaît une maison où trouver repos,
Où un souvenir doré le baigne,
Et où le bonheur de mai lui sourit avec tendresse.
Là règne la paix, règne la joie bienheureuse.
[Perdue]