Citations sur Poèmes (1858-1888) - Fragments poétiques - Dithyrambes po.. (86)
Le mal du pays, non pas vis-à-vis d'un pays, non pas vis-à-vis d'une maison familiale et d'une patrie, car je n'ai ni l'un ni l'autre: mais le mal de n'avoir pas de pays.
Cela seul délivre de toute douleur
à toi de choisir:
la prompte mort
ou le long amour.
(L'un des "derniers fragments", écrits en 1888)
nous pensions du mal l'un de l'autre?...
nous étions trop éloignés.
Mais maintenant, dans cette cabane exiguë,
enchaînés au même destin,
comment pourrions-nous rester ennemis?
Car il faut bien s'aimer
Quand on ne peut se fuir.
( Extrait de "Derniers fragments", automne 1888 )
Et tout s’embrase et se met à parler –cimes glacées,
Torrent, sapin –
Tout dit, du regard, les mêmes mots :
« Nous t’aimons !
Enfant, tu le sais, nous t’aimons, nous t’aimons ! »
Tu es déjà heureux dans la sobriété
Quel bonheur quand tu seras –ivre !
C’est pour les braves, pour les coeurs joyeux,
Les abstinents,
Que je chante ce chant.
Soit dit aux rimailleurs et aux paresseux : celui qui n’a rien à créer, un rien le pousse à créer.
Divin est l’art d’oublier !
Si tu veux voler,
Si tu veux être chez toi dans les hauteurs :
Jette dans la mer ton plus lourd fardeau !
Voici la mer –jette-toi dans la mer !
Divin est l’art d’oublier !
Toi, désespéré ! Sais-tu aussi
Combien tu donnes de courage à ceux qui
Regardent vers toi.
Tu as cherché le fardeau le plus lourd :
Et c’est toi que tu as trouvé –
Tu ne te débarrasseras pas de toi…