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sur 199 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Marie Nimier est fille d'écrivain. Fille de Roger Nimier, mort à 37 ans dans un accident de voiture, en compagnie d'une femme au drôle de prénom ( Sunsiaré) qui n'était pas sa mère. La petite avait alors cinq ans et demi. A plus de quarante ans, elle part sur les traces de ce père, dans un roman (ou récit) écrit de manière plus associative (comme chez le psy) que chronologique ou même logique. En cherchant à se rapprocher de ce père, qui avait une grande notoriété au moment de sa mort, elle se cherche elle-même et espère se trouver, se rassurer, se réconcilier. J'ai beaucoup aimé ce travail de reconstruction ou recomposition. Je l'ai trouvé très touchant.
Marie nous livre les liens qu'elle fait avec cette perte précoce et peu accompagnée : elle apprend à conduire sur le tard, elle est inhibée au volant et enchaîne les échecs à l'examen, elle a l'occasion de consulter des lettres de son père qui vont être vendues aux enchères et découvre avec stupeur le faire part de sa naissance à un de ses amis, en fin de courrier, comme un PS : « au fait, Nadine a eu une fille hier. J'ai immédiatement été la noyer dans la Seine pour ne plus en entendre parler » A 25 ans, Marie mettra en acte cette parole de son père en se jetant dans la Seine, sans pouvoir expliquer son geste. La tonalité de sa relation avec ce « papa » est assez sombre, la petite fille a du sentir qu'elle dérangeait, elle a été blessée de pas pouvoir exister même symboliquement dans la vie de cet homme qui ne lui a rien légué ( il avait fait un testament dans lequel il donnait certaines choses à son frère Martin ). Son parcours d'écriture lui permet de se déprendre de cet héritage lourd de non-dits.

L'écriture est fluide, le propos n'est pas dénué d'humour, au détour de certaines phrases Marie s'adresse au lecteur et en fait son confident. Au delà de l'histoire singulière, le propos est beaucoup plus large. Comment Fait-on avec l'absence, le manque et le silence ?

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Prix Médicis 2004 - Marie Nimier nous offre des images contradictoires d'un père décédé alors qu'elle n'avait que cinq ans. Qui était vraiment Roger Nimier, l'écrivain ? Il lui échappe aussi bien mort que vivant. C'est à travers trois ou quatre souvenirs de son enfance que nous ressentons toute l'ambiguïté de leur relation et le trouble dans l'âme de Marie. Ces épisodes trop rares sont touchants, troublants et nous ne savons pas si nous aimons vraiment l'homme.

L'oeuvre semble s'écrire malgré elle, malgré ses doutes d'écrivaine comme un puzzle à reconstruire auquel il manquera toujours quelques morceaux, mais peut-être qu'au fond, ce vide laisse-t-il place à sa propre légende personnelle, peut-être.
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Roger Nimier : un auteur lu il y a bien des années de cela, j'étais alors une jeune fille, fascinée par le destin tragique de cet écrivain. J'avais beaucoup aimé son livre " Les enfants terribles", que j'ai toujours gardé dans ma bibliothèque. Sa fille Marie Nimier nous fait connaître ici un homme, qu'elle n'a pas ou à peine connu, mais dont elle est héritière puisque devenue à son tour écrivain. Elle avait cinq ans seulement lors de sa mort et elle cherche à comprendre, elle essaie de trouver , dans les écrits de son père, dans les rencontres qu'elle fait, des traces d'amour pour elle, un semblant d'affection de ce père trop distant...
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Comment se construire face à un père mort jeune, dont on a peu de souvenirs et pas franchement des souvenirs positifs, et qu'on fait en plus le même métier que lui, et ce métier si particulier d'écrivain? Quand les gens chantent Nimier et qu'on se souvient surtout de son absence et des disputes? C'est cela que raconte Marie Nimier, ce père qu'elle ne connaît pas, dont elle n'est pas sûre qu'elle l'aurait apprécié, et il faut dire que Nimier incarne quand même beaucoup de choses bien passées de mode, et heureusement! Il avait une plume d'un certain style, mais comme époux et père, il avait clairement des progrès à faire!
Les anecdotes dans la presse, les anecdotes familiales, et puis ses romans, comment construire le portrait d'un homme à travers tout cela? Et puis il y a ce maudit permis que l'auteur n'arrive pas à avoir, comme un acte manqué, encore et encore, comme une rengaine, alors qu'elle s'éloigne de la tôle froissée et cherche son père ailleurs.
Un livre intime, un peu étrange, assez triste, assez beau.
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Un père qui disparaît quand on a cinq ans ne laisse pas beaucoup de souvenirs.
A-t-on d'autre choix, pour se représenter ce père, que de se fier aux témoignages des amis, avec toute la subjectivité que cela implique ? Comment s'y retrouver entre les impressions des uns et les anecdotes des autres, parfois contradictoires, comment déceler la véritable personnalité du défunt derrière le portrait volontairement idéalisé brossé par une mère qui a voulu vous protéger ?
Une tâche d'autant plus ardue quand l'image du père en question, homme publique, est auréolée d'un halo de légende...

Le père de Marie s'appelait Roger. Roger Nimier. Journaliste, rédacteur en chef, scénariste, conseiller littéraire chez Gallimard, écrivain, il connut une mort prématurée et tragique, en allant écraser son Aston Martin contre un parapet. Il avait trente-six ans. Sa passagère, une romancière affublée du patronyme exotique de Sunsiaré de Larcône, en avait vingt-sept.

Marie est écrivain, elle aussi.

Elle tente, avec toute la difficulté que cela suppose, de choisir une autre voix que celle des souvenirs d'autrui pour s'approprier une image paternelle qui lui serait personnelle, quitte à ce qu'elle soit inventée. Elle doit pour cela décider du ton dans lequel elle va bâtir cette image, outillée de son imagination de romancière, extrapolant à partir de petits événements en rapport avec son père, que leur évocation soit issue de sa mémoire ou de celle des autres.

Ce sont seulement des bribes de souvenirs qui lui reviennent, des flashs fugaces, et qui bien souvent dénotent le caractère violent de cet homme par ailleurs souvent absent. L'image d'empreintes de doigts sur la trachée maternelle, celle de son père s'écroulant, terrassé par l'alcool, la réminiscence de cette matinée au cours de laquelle il brûla de sa cigarette l'oeuf en plastique qu'elle lui avait servi pour jouer... voilà qui ne s'accorde guère avec la lumière qui brille dans les yeux des amis à l'évocation de l'être exceptionnel qu'était Roger. Il semble bien en effet qu'il existait un fossé entre l'individu publique et le père de famille. le premier faisait la une des magazines, donnait l'impression d'être facilement attendri par les enfants. le second ne supportait pas d'être photographié avec les siens, cachait honteusement sa carte de famille nombreuse, reniait l'aspect tristement prosaïque d'un quotidien de langes, de cris, de présence importune, qui s'accordait mal avec sa stature d'écrivain célèbre, de professionnel reconnu.

Néanmoins, Marie refuse de s'attarder sur la part d'ombre de son père. Son but n'est pas de faire dans le sensationnel, ou de susciter l'apitoiement. C'est de combler ce manque qui la terrorise, qui parfois lui donne le vertige, à l'idée de ne pas savoir ce que c'est que d'avoir un père qui vieillit, qui vous accompagne dans certains moments de votre vie, qui vous sert de référence.

Au fur et à mesure de son cheminement, elle parvient -c'est du moins l'impression qu'elle donne- à aborder avec plus de sérénité les éléments de la représentation paternelle qui au départ formaient un ensemble chaotique, incertain. Elle appréhende mieux, en même temps, l'oeuvre de l'écrivain Roger Nimier, prenant conscience qu'il était "tout entier derrière sa plume", que ses récits reflétaient fidèlement sa personnalité, avec ses outrances, ses emportements.
Elle se pose aussi des questions sur la nature de sa propre vocation : bénéficie-t-on de l'ombre ou de la lumière de celui dans les pas duquel on place ses pas ?

Écrit à la manière d'un témoignage dans lequel Marie Nimier exprime ses pensées, analyse avec finesse ses doutes et ses limites, "La Reine du silence" se lit comme un roman, et nous attache irrémédiablement à cette femme discrète et sensible, en même temps qu'il nous rend admiratif de cette auteure à l'écriture élégante mais jamais pompeuse.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Marie Nimier est en quête de son père, Roger, écrivain célèbre, disparu en 1962 dans un accident de voiture. Elle avait 5 ans au moment de l'accident et elle cherche par des bribes de souvenirs ou des témoignages de reconstituer ce qu'a pu être son père de son vivant.

Parallèlement, elle tente d'expliquer ses propres angoisses et ses réactions. Elle échoue au permis de conduire, elle a des cauchemars récurrents, elle a voulu se suicider... Visiblement elle veut en finir avec ce père qui semble l'avoir ignorée aussi bien dans ses jeux que dans son testament au profit de son demi-frère et elle souffre visiblement de n'avoir compté que pour du beurre. Ainsi ponctue-t-elle son récit des histoires qu'elle lit à ses enfants ou d'examens du permis de conduire pendant lesquels elle manque de confiance voire d'initiative.

Bien sûr elle se pose aussi la question de la filiation dans l'écriture, des contradictions entre ses propres convictions lorsqu'elle manifeste à gauche et sait que Céline l'a fait sauter sur ses genoux... Enfin elle trouve parfois des coïncidences troublantes ou les interprète comme telles.

On passe sans cesse d'un présent où l'auteure avance à petits pas et s'adresse au lecteur en le tutoyant - ce qui crée à la fois une distance ironique et une complicité de la quête du père, car c'est un thème très utilisé dans l'art et la littérature (voir Modiano) - à un passé qui se construit à la manière d'un puzzle, comme si le récit était improvisé et ténu quand même. Ce constant va et vient évite l'ennui de la quête et on a presque l'impression d'assister à un jeu de piste où le moindre détail est développé, évoque des souvenirs un peu à la manière de Proust. Et si l'auteure semble s'égarer ou digresser, c'est pour mieux se retrouver et éclairer son passé, ses appréhensions dans un récit vivant, d'une subjectivité somme toute très légitime.
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LA REINE DU SILENCE de MARIE NIMIER
La reine du silence, c'est Marie NIMIER elle même, c'est le surnom que lui donnait son père, écrivain lui aussi, Roger NIMIER. Ce père, qui s'est tué au volant de son Aston Martin, à 36 ans, avec à ses côtés sa maîtresse, elle ne l'a presque pas connu, elle avait 5 ans. Des quelques bribes qu'elle a gardé enfant, des courriers qu'elle a retrouvé, des discussions avec sa fratrie, elle va tenter de reconstruire ce père quasi inconnu. le père écrivain était célèbre, mais le père de famille était un mystère, seuls des cris et de la violence surnagent dans ce vide mémoriel.
Ce n'est pas le genre de livre qui me passionne en général, je l'avais trouvé sur un marché à Marseille, plus rien à lire, et à ma grande surprise j'ai avalé cette enquête de cette femme qui cherche, qui s'interroge sur ce père volage, violent. Une écriture simple, aucun racolage vulgaire, au contraire une grande pudeur qui m'a touché et m'a donné envie de lire ce Roger NIMIER!
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Le problème récurrent des "filles/fils de", c'est qu'ils essaient par tous les moyens de sortir de l'ombre du parent qui a connu la gloire, et que cette tentative - salutaire pour eux - vire souvent au pathétique aux yeux du public. Je n'ai pu m'empêcher, en lisant ce livre, à ressentir un certain malaise devant les écrits intimes de Marie Nimier. On la sent écartelée entre l'admiration qu'elle aimerait ressentir pour son père et sa propre voie qu'elle essaye de tracer. Pour autant, à la fin du livre, je n'étais pas vraiment convaincu de son émancipation vis-à-vis de la figure tutélaire de son père. de ce point de vue, le livre me semble raté malgré une réelle personnalité de l'auteure qui ne ressort pas gagnante du combat.
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