Citations sur Journal, tome 4 : 1944 - 1947 (38)
Je recherche l'harmonie. Si elle n'est pas là, je m'en vais ailleurs.
La grande beauté de ma vie c'est que je vis ce que les autres ne font que rêver, discuter, analyser. Je veux continuer à vivre le rêve non censuré, l'inconscient libre.
Le secret d'une vie bien remplie est de vivre et de frayer avec les autres comme si demain ils risquaient de ne pas être là, comme si vous risquiez de ne pas être là. Cela élimine le vice des tergiversations, le péché de remettre à plus tard, les communions manquées.
A Leo Lerman- décembre 1946
(...) Mon œuvre est seulement une essence de cette vaste et profonde
aventure. Je crée un mythe et une légende, un mensonge, un conte de fées,
un monde enchanté; c'est un monde qui s'effondre tous les jours et me donne
envie d'en finir comme Virginia Woolf. J'ai essayé de n'être pas névrosée, pas
romantique, pas destructrice, mais peut-être suis-je tout cela sous des
déguisements. (...)
Je n'ai aucune confiance en moi et grande confiance en autrui. J'ai besoin
d'amour plus que de nourriture. Je trébuche et je fais des erreurs,
et veux souvent mourir. (...)
A l'âge de quinze ans, je voulais être Jeanne d'Arc, et ,plus tard, Don Quichotte.
Je ne me suis jamais réveillée de mon accoutumance aux mirages , et je
terminerai probablement dans une fumerie d'opium. (...)
Tout ce que j'écris est vrai, transposé mais vrai. La source du Journal est
l'œuvre de ma vie. (Stock, 1975, p.217)
[Février 1947]
L'angoisse tue l'amour à coup sûr. Elle cause les échecs. Elle donne aux autres l'impression que vous auriez si un noyé se raccrochait à vous. Vous voulez le sauver, mais vous savez qu'il va vous étrangler avec sa peur panique. (Stock, 1975, p. 227)
[Novembre 1946]
Cinq heures, c'est l'heure de ma dépression. parce que la journée active est terminée durant laquelle je mets au pas et conquiers mes désillusions ou mes déceptions. Mais cinq heures, c'est l'heure fatidique, la fin du travail, le commencement de la prise de conscience, alors que les autobus sont tellement bondés que l'on ne peut monter, que tout le monde se dirige vers un but, que les amants se sont choisis. C'est alors, au coin de la rue, incapable de rentrer chez moi, que je sens cette vague d'angoisse qui m'étouffe, je suis échouée, déracinée, seule. (Stock, 1975, p.203)
[mai 1946]
Le secret d'une vie bien remplie est de vivre et de frayer avec les autres comme si demain ils risquaient de ne pas être là, comme si vous risquiez de ne pas être là. Cela élimine le vice des tergiversations, le péché de remettre à plus tard, les communions manquées. (Stock, 1975, p.183)
[juin 1946]
Le thème du -Journal- est toujours le personnel, mais cela ne signifie pas seulement une histoire personnelle : cela signifie une relation personnelle avec les choses et les personnes. Le personnel, s'il est assez profond, devient universel, mythique, symbolique, je n'intellectualise, je ne généralise jamais. Je vois, j'entends, je sens. Ce sont là mes instruments primitifs de découverte. (Stock, 1975, p;189)
[juin 1946]
Lorsque je rencontre de la difficulté à écrire, cela veut seulement dire que, tel le sourcier du temps jadis, je n'ai pas encore découvert la source. (Stock, 1975, p.188)
[Décembre 1945]
Lui, l'esseulé, s'est confié à une femme pour la première fois, et nous commençons le voyage de notre amitié comme des enfants mal aimés qui se sont élevés eux-mêmes, rendus ainsi plus forts et plus faibles à la fois. ( Stock, 1975, p; 141)