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Béatrice Commengé (Traducteur)
EAN : 9782234059900
329 pages
Stock (08/11/2007)
3.83/5   77 notes
Résumé :

Octobre 1931 - Anaïs Nin rencontre Henry Miller et son épouse, June; la " vitalité animale " et l'aventurière fantasque, deux êtres pour qui la fidélité est à réinventer. Et par-delà la relation triangulaire qui s'instaure, transparaît le fantasme d'un amour total, absolu, à vivre sur le mode paroxystique. Un amour destructeur qui s'insurge contre le schéma traditionnel du couple, jugé ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La peur de la réalité et son déchirement
L'écriture d'Anaïs Nin possède une force enivrante, elle vient d'une longue pratique quotidienne, la tenue de son journal touche au plus près de ses émotions et nous offre une « authenticité » que ne possède pas la fiction. Elle évoque la tromperie de la littérature : « on lit des livres et on s'attend à ce que la vie soit tout aussi pleine d'intérêt et d'intensité. Et, naturellement, elle ne l'est pas ».
Elle analyse avec acuité, sa recherche d'un amour totale, la passion dans ce qu'elle a de destruction et de changement, la souffrance de la jalousie, tout en se révoltant contre la vision traditionnelle du couple. Ce « laboratoire » des sens, ce révélateur du corps féminin et de ses désirs, précipite dans le « corps » du texte une quête identitaire qui bouleverse, encore aujourd'hui, le lecteur attentif. « le Journal est un produit de ma maladie, il en est peut-être une exagération, une accentuation. Je parle du soulagement que
j'éprouve en écrivant ; mais c'est aussi, peut-être, une manière de graver en moi la douleur, comme un tatouage ».
Elle apporte à Henry la possibilité d'être « entier », de ne plus se scinder en écrivain rayonnant d'un côté, et en homme, avec tous ses débordements et faiblesses, de l'autre. Anaïs est-elle un « démon » ? Un démiurge plutôt. Certains passages sont d'une sensualité, d'une crudité, débordante, pourtant elle fait cet aveu : « Mes mots ne sont pas assez profonds, assez barbares. Ils masquent, ils cachent. Je ne connaîtrai pas le repos avant d'avoir raconté ma descente au coeur d'une sensualité qui était aussi sombre, aussi magnifique, aussi sauvage que mes instants de création mystique étaient éblouissants, extatiques, exaltés ».
Anaïs est un « ange sexuel », un ange tout de même. Elle prend peur, mais découvre aussi un emprisonnement, une solitude au sein même de sa relation avec Hugo, la découverte que l'amour ne suffit pas, qu'elle devait à présent trouver en elle-même « tout le reste », et que tout ce qui pouvait germer en elle désormais, en-dehors et au-delà de cette séquestration, ne pouvait
plus s'arrêter de grandir. Elle recherche l'amour profond qui pourra la réconcilier avec son être, la libérer totalement, lui permettre d'être enfin « à la hauteur de la vie ». A partir de là, un retournement surprenant s'opère dans sa relation avec Henry qui dit dans une lettre : « Entre les mains d'une personne quelconque, le journal peut être considéré comme un simple refuge, comme une fuite devant la réalité, un miroir de Narcisse, mais Anaïs refuse de le laisser tomber dans ce cliché » ; « Je ne suis pas heureux, pas plus que je ne suis profondément malheureux ; j'éprouve une sorte de mélancolie triste que j'ai du mal à expliquer. Je te veux. Si tu me quittes maintenant, je suis perdu ».
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Il y a quelque temps, je découvrais Henry Miller (il y a une critique sur le sujet pour ceux que ça intéresse d'ailleurs). La personne qui m'a fait découvrir cet auteur m'a aussi conseillé de lire ce journal d'Anaïs Nin, qui fut la maîtresse de Miller, pour voir une autre facette du personnage. On peut dire que la mission est accomplie : Miller qui se donne une réputation de misogyne m'en-foutiste apparaît ici plutôt comme l'amant transi d'amour près à ramper aux pieds de celle qu'il aime : Anaïs Nin.

Mais reprenons les choses dans l'ordre : ce livre est une sélection d'extraits du journal d'Anaïs Nin couvrant une période d'un an, d'octobre 1931 à octobre 1932, c'est-à-dire la période où elle a côtoyé Henry Miller et son épouse, June. Pour vous résumer la situation : Anaïs est mariée à Hugo, Henry est marié à June. Mais Anaïs aime June, tout en la haïssant un peu, et aime profondément Henry. Oh… un triangle amoureux, comme c'est mimi tout plein. Ah oui j'oubliai : Anaïs joue aussi au jeu de la séduction avec Eduardo, son cousin avec qui elle a déjà couché et après un an de psychanalyse environ elle se tape le psy, Allendy. Feux de l'amour puissance 10.000 !

Autant être honnête, je n'ai pas spécialement aimé ce livre. Je ne remets en aucun cas le talent de Nin en cause, elle écrit très bien, c'est juste que… comment dire ça poliment… ben on s'en fout quoi ! Va-y tapes toi tout Paris en nous expliquant combien tu es malheureuse ça nous fait une super belle jambe dis donc ! T'aimes pas la fellation mais avec Henry t'apprends à apprécier ! Ben on est content pour vous ma foi. J'ai vraiment fait l'effort de lire jusqu'au bout pour pouvoir mieux cerner Miller mais ce sentiment de lassitude, d'histoire qui ne m'intéresse absolument pas ne m'a pas lâché.

Mais surtout, surtout, j'ai trouvé ça tellement puéril ! J'avais par moment une irrépressible envie de prendre Anaïs par les épaules (ce qui est physiquement impossible, Dieu ait son âme) et de la secouer très très très fort en lui hurlant :

— BORDEL ANAÏS , IL Y A DES VRAIS PROBLÈMES DANS LA VIE ! Ta petite vie de bourgeoise qui n'a aucun souci et qui s'invente des problèmes là où il n'y en a pas ça va cinq minutes. Je sais pas moi, fait du caritatif, va faire la popote à la soupe populaire. Suis une formation d'infirmière, y a une guerre qui vous arrive là (bon ok elle ne pouvait pas le savoir !). Mais je t'en supplie arrête tes mièvreries d'adolescente.

Alors, je sais, ce sont des extraits de son journal qui volontairement ne parle que de sa relation alors ça fausse la vision d'ensemble. Peut-être du coup suis-je un peu de mauvaise foi mais je n'ai pas envie de lire les journaux au complet pour en être sûr !
D'ailleurs, je suis guéri de ce style littéraire pour un petit moment, je crois. Je n'avais jamais lu de « journaux intimes », mis à part L'herbe bleue quand j'étais ado… je n'ai plus envie de m'y essayer.

Pardon ? Comment ça la correspondance entre Nin et Miller a été publiée ? Et flûte… je crois que je vais aller jeter un oeil.
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L'histoire de la passion d'Anaïs Nin et d'Henri Miller...sulfureuse et passionnante !!
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De la même trempe que correspondance passionnée avec le coté psychologique en plus. UN délice.
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le début d'une passion charnelle et d'une connexion intellectuelle, par la suite, souvent contrariées...
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Nos conversations sont merveilleuses, du théâtre à deux, non des duels, mais de fulgurantes illuminations de chacun. Je peux servir de déclencheur à certaines de ses pensées encore imprécises. Il élargit ma propre pensée. Je le fais prendre feu. Il me change en eau. Il y a un mouvement constant entre nous. Et il s'accroche. Il me tient en main comme une proie.
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Ne compte plus me trouver sain d'esprit. Finissons-en avec la raison. Ce fut un mariage à Louveciennes, tu ne peux le nier. Je suis parti avec un morceau de toi collé sur ma peau ; je ne marche plus, je nage dans un océan de sang, ton sang d' Andalouse, distillé et venimeux. Tout ce que je fais, ce que je dis, ce que je pense tourne autour de notre mariage, je t'ai vue en maîtresse de maison, une Mauresque au visage épais, une négresse au corps blanc, des yeux sur tout le corps - femme, femme, femme. Je ne vois pas comment je pourrais continuer à vivre loin de toi - ces séparations sont comme la mort. Qu'as-tu éprouvé quand Hugo est rentré ? Etais-je encore là ? je ne peux pas t'imaginer te comportant avec lui comme tu l'as fait avec moi. Les jambes serrées, Fragilité. Traître consentement plein de douceur. Docilité d'oiseau. Avec moi tu es devenue femme. J'en fus presque terrifié. Tu n'as pas trente ans- tu as mille ans.
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Je me souviens de certaines de ses phrases, que je vais savourer pendant la nuit. J'ai encore le goût de son sexe dans ma bouche. Mes oreilles brûlent encore de ses morsures. Je veux remplir mon univers de Henry, de ses mots diaboliques, de ses plagiats, distorsions, caricatures, non-sens, mensonges, vérités profondes. Le journal, lui aussi, sera plein de Henry.
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Hugo et moi sommes allés dans un autre bordel, où les femmes étaient plus laides que celles du 32, rue Blondel. La pièce était couverte de miroirs. Les femmes se déplaçaient comme un troupeau d'animaux passifs, deux par deux, en se dandinant, sur la musique du phonographe. Je m'étais fait beaucoup d'idées avant de venir. Je n'arrivais pas à croire à la laideur de ces femmes lorsqu'elles sont entrées. Dans mon esprit, la danse de femmes nues était encore un spectacle plein de beauté et de volupté. En voyant tous ces seins tombant avec leurs gros mamelons marron comme du cuir, en voyant ces jambes bleuâtres, ces ventres proéminents, des sourires où il manquait des dents et ces amas de chair brute tournoyant passivement, tels des chevaux de bois sur un manège, j'ai perdu toute sensibilité [...]. Les poses monotones se succédaient et, de temps à autre, sans le moindre signe de désir, les femmes s'embrassaient entre elles sans passion, asexuées. Hanches, fesses rebondies, mystérieuse toison sombre entre les jambes — tout cela exposé aux regards avec si peu de sens qu'il nous a fallu deux jours, à Hugo et à moi, pour dissocier mon corps, mes jambes, mes seins de ce troupeau d'animaux remuants. Ce que j'aimerais, c'est me joindre à elles un soir, marcher, nue, au milieu d'elles dans la pièce, regarder les hommes et les femmes assis là et observer leurs réactions au moment où j'apparais, moi, l'intruse.
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Un visage d'une blancheur saisissante disparaissant dans l'obscurité du jardin. Elle pose pour moi en s'éloignant. J'ai envie de sortir en courant pour embrasser sa fantastique beauté, pour l'embrasser et pour lui dire : « Vous portez en vous un reflet de moi-même, une partie de moi-même. Je vous ai rêvée, j'ai souhaité votre existence. Vous ferez toujours partie de ma vie. Si je vous aime, c'est parce que nous avons dû partager un certain temps les mêmes fantasmes, la même folie, la même scène. »
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Videos de Anaïs Nin (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anaïs Nin
Dans Grand seigneur, Nina Bouraoui se tourne vers l'écriture pour conjurer la douleur de la mort de son père, entré en soins palliatifs en 2022. Entremêlant les souvenirs de sa vie et le récit de ses derniers jours, elle illumine par la mémoire et l'amour un être à l'existence hautement romanesque. Le désir d'un roman sans fin rassemble quant à lui de nombreux écrits de l'autrice, portraits, nouvelles, chroniques, parus dans la presse ou publiés entre 1992 et 2022. Une oeuvre à part entière, qui pourrait se lire comme un roman racontant la vie, ses arrêts, ses errances. Ces deux parutions récentes prolongent l'oeuvre prolifique et lumineuse d'une romancière majeure de la littérature contemporaine. Elle reviendra sur son parcours d'écriture à l'occasion de ce grand entretien mené par Lauren Malka, dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
Nina Bouraoui est l'autrice de nombreux romans et récits dont La Voyeuse interdite (Gallimard, prix du Livre Inter 1991), Mes mauvaises pensées (Stock, prix Renaudot 2005) ou Otages (JC Lattès, prix Anaïs Nin en 2020). Elle est commandeur des Arts et des Lettres et ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues.
Rencontre animée par Lauren Malka dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
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