Je me sens plus utile à trier mes déchets qu’à choisir un président. (Amandine, jeune technicienne de labo surdiplômée)
Bref, être journaliste, c’est refuser la posture et ne jamais esquiver ses efforts.
Pour être respectée, sois toujours respectable. (Élise, auxiliaire de vie)
Vivre ensemble, c’est accepter la différence de l’autre, ce à quoi ici, personne ne parvient.
Si, dans ma carrière, je m’étais limitée à questionner mes semblables, je ne serais jamais partie durant des mois dans des pays en guerre découvrir une situation, un peuple, une religion, des us et coutumes. Je me serais privée d’interviewer des djihadistes, des talibans, des oligarques, et de raconter leur histoire. J’aurai failli à devenir cet intermédiaire nécessaire entre la source d’un récit et sa réception par le public, qui veut et doit savoir.
À tout vouloir étreindre avec la même intensité, nous nous sommes dangereusement éloignés de la nature, la nôtre, et celle de la terre.
Qu’ils soient récemment arrivés ou enracinés, les ruraux d’ici ont choisi la tranquillité. Ils observent le reste de la France depuis leur refuge, parfois horrifiés, persuadés que les fauteurs de troubles ne résident pas dans leur campagne. Dans cette France tranquille, éloignée du centre et qui se croit dénigrée, la population se sent protégée. Au risque de se refermer.
Et tant mieux si être journaliste de terrain aujourd’hui contribue à mettre au jour notre humanité, à donner à entendre avec respect les chemins de chacun, et surtout, à raconter sans décevoir.
J’assume ma subjectivité et revendique l’absence de jugement : sans censurer ni porter aux nues quiconque, je donne la parole dans les limites de l’angle journalistique choisi et respecte de stricts principes éthiques
“C’est quoi être journaliste ? Tout le monde l’est! “ m'assène t-on de plus en plus souvent. Non, tout le monde ne l’est pas. être journaliste, ce n’est pas “produire du contenu” pour susciter un maximum de likes, de clics ou de rentrées publicitaires, c’est raconter des histoires vraies, obtenues et partagées grâce à du travail, l’art de la contextualisation, de la pédagogie, le respect d’une éthique et, accessoirement, du talent. J’ajouterais la passion de se frotter au terrain, à l’inconnu et à l’inattendu. Être journaliste, c’est passer son temps à quitter son confort (matériel, intellectuel) pour prêter attention à des points de vue autres.
Le citoyen désenchanté continue de ressentir au plus profond de lui injustice et ressentiment à l’égard des institutions et de ceux qui les incarnent.