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EAN : 9782213706504
379 pages
Fayard (01/03/2017)
2.79/5   29 notes
Résumé :
La France. La connaît-t-on ? Comment la raconter ?Anne Nivat, reporter de guerre, familière des lointains conflits en terres irakienne, afghane ou tchétchène, porte pour la première fois son regard sur l'Hexagone.Pour cette immersion dans six villes de France, à l'heure où les journalistes sont parfois taxés d'arrogance, la reporter de terrain se place à hauteur de ces femmes et de ces hommes côtoyés durant des semaines, chez qui elle a vécu.À Évreux, Laon, Laval, M... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans les années où il était notre Président de la République, et même lorsqu'il était Premier ministre de François Mitterand, Jacques Chirac avait le chic pour débouler au Salon de l'agriculture de la Porte de Versailles et tâter aussi bien le cul des vaches que le pouls de la France profonde : la terre qui ne ment pas....! Corrézien qui s'en dédit....
A croire qu'un voyage dans un pays "Potemkine" agencé tout spécialement pour les politiques et les gogos citadins durant une dizaine de jours va tenir lieu de socle à une politique innovante de réformes ambitieuses....
Ces immersions dans le réel , ou le prétendu réel, ne sont pas l'apanage des politiques. Les journalistes adorent cet exercice. Je me souviens du "Voyage en France" de Simone et Jean Lacouture , écrit dans les années 1980 , les années Mitterrand. Je me souviens du bouquin de Eric Dupin , du livre de Jacques Frémontier " La vie en bleu" , celui-là vraiment intéressant qui montrait l'inéluctable disparition des ouvriers à la charnière des années 70-80.
Les français aiment se regarder dans le miroir que leur tendent les médias. Il y a un côté très maso dans cette addiction. Car ce n'est jamais une vision confortable qui leur est présentée. le livre de Anne Nivat ne déroge pas à la règle : Nous vivons donc dans un pays qui va mal , très mal , tenez-le vous pour dit.
La journaliste, au demeurant d'un incontestable talent et d'un courage admirable (j'ai lu "Chienne de guerre" il y a 10 ans et j'en avais été impressionné ) , s'est " immergé " une année durant dans la " France profonde" . Son choix a été de se concentrer sur six villes "moyennes" qui représentent ce que tout les politiques et les journalistes , désormais tous lecteurs du pavé de Christophe Guilluy , appellent " La France périphérique".
Donc six villes "moyennes" : Evreux, Laon, Lons-le-Saulnier,Montluçon, Laval, Ajaccio. Je vous laisse, chers Babeliens -Babeliennes, convoquer vos souvenirs de collège pour ajuster villes et départements...:-).
Je le dit tout net, cette ambition ( que je crois sincère) d'ausculter la France par le biais de ses territoires délaissés (aussi bien les territoires "perdus de la République" que les territoires qui donnent 50/100 de voix à Marine le Pen ) , n'a , à la fin des 470 pages du livre, que réussi à me conforter dans l'idée que les "élites" n'ont pas encore compris les enjeux géo-politiques actuels. Ou si elles ont bien compris ces enjeux, elles en sont , alors, les "idiots utiles".
Le livre de Anne Nivat n 'est qu'enfonçage de portes ouvertes. Tout ce qu'elle nous relate de ce qui se passe dans les "quartiers" de Evreux, Laon, ou Ajaccio, on le sait. On le sait par TF1 , par les chaînes d'info en continu, par les hebdos, par les discussions à la machine à café le lundi matin. Dire que la France "va mal" c'est un pléonasme ! Mais dans l'enquête de Anne Nivat, je n'ai , pour ainsi dire jamais lu la généalogie des problèmes. Elle pointe l'égoïsme de la population , le rejet de " l'autre", le rejet du voile, l'islamophobie .... nous serions définitivement qu'un conglomérat d'égoïsmes dont la préoccupation principale serait de rejeter " l'autre" parce que nous l'aurions mal compris.....nos "logiciels" républicains et laïques étant désormais obsolètes. Que de pages dans son reportage sur la "montée" du FN et du vote Marine le Pen dans des contrées qui n'ont jamais vu, ou si peu, d'immigrés ! tout cela pour s'en étonner. Là je tombe des nues. N'a t-elle jamais regardé TF1 ? ou BMF TV ? ou écouté RMC où son cher mari officie le matin de 7 à 10 ? le " vivre ensemble" est définitivement compromis. Par la faute de qui ? Anne Nivat qui a certainement la foi du charbonnier dans la bonté innée de l'Homme imagine encore une France multiculturelle où la mixité sociale dans le "vivre ensemble" serait le paradigme du monde "mondialisé" à venir....
Ses reportages sur les "quartiers" d'Evreux, d'Ajaccio, désenchantent toute utopie humaniste ; le "vivre ensemble " a du plomb dans l'aile.( Ce qui pour un quartier d'Ajaccio est plutôt bien vu) . En toute honnêteté elle relate les affrontements sévères qui ont eu lieu en décembre 2016 dans le quartier de l"Empereur" d'Ajaccio entre les populations françaises , une partie d'origine maghrébine, et de confession musulmane, (je prends des précautions...) et la police. L'auteur interroge, enquête, questionne, mais ses convictions humanistes sont misent à mal quand elle voit que les communautés s'enferrent dans leurs à-priori. A la fête initiée par une assos de quartier, les mamans musulmanes voilées restent entre-elles, les françaises de souche (aurai-je dû mettre des guillemets ?) , restent entre-elles, et les hommes sont invisibles....
Le livre n'est pas qu'une longue diatribe contre les réticences françaises " à l'ouverture aux autres" . Quelques passages concernent l'économie (à Laval notamment ) , et aussi l'insécurité. Fantasmée bien sûr. L'auteur embarque à Lons-le-Saulnier avec une équipe de la BAC. Même pas un incendie de bagnoles , même pas une course poursuite, même pas un braquage, juste quelques poivrots que les policiers , bien courtois , emmènent déssouler au commissariat ! non vraiment l'insécurité en France c'est du ressenti , fantasme et compagnie.
J'aurais aimé que Anne Nivat , dans sa quête, aborde d'autres sujets. Par exemple l'écologie avec les problèmes des paysans, ou la désindustrialisation dramatique du pays, ou le problème du vieillissement de la population...Que nenni ! juste et toujours le problème de la montée des "extrêmes" , du "vivre ensemble"....C'est exactement ce que j'ai retrouvé dans l'émission de France5 d'hier soir (21/5) : La traversée. Daniel Cohn-Bendit et Romain Goupil donnant des leçons de "vivre ensemble" à nous autres français incapables de comprendre la chance que nous avons de vivre dans un monde "ouvert" . J'ai failli casser ma TV quand j'ai entendu Dany-le-rouge affirmer que les français attendaient tout de l'Etat ! et que nous avions peur de la Liberté.....Comme j'ai renâclé à une des dernières phrases de Anne Nivat . Que je vous livre in extenso : " Les occidentaux, c'est bien connu, sont toujours prompts à célébrer la différence , mais ils ne s'intéressent pas beaucoup à ce qui n'est pas eux. Ce triste constat s'était imposé à moi au fil de mes lointains reportages."
Aujourd'hui les "exploités", les "minorités" , le Tiers-monde, bref tout ce qui n'est pas occidental et blanc , nous reproche précisément de nous être TROP intéressé à eux. Que l' " Occident" l'ai fait pour des motifs bien loin de la simple humanité c'est un fait que personne ne conteste. Il n'en reste pas moins que l'on peut s'intéresser aux autres et les aimer comme des "frères en humanité" en sachant bien que : "Tout ce qui m'importe est de savoir qu'un homme est un être humain -cela me suffit. Il ne peut pas être pire " ( Mark Twain).
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En lisant ce livre-enquête d'une journalisme en immersion, je me disais que j'allais en apprendre un peu plus sur le pays dans lequel je vis, par la voix des gens que je côtoie tous les jours, dont je suis moi-même partie intégrante.
Ces gens de la campagne, ces français de la gentrification, des banlieues, de la "France périphérique" (selon l'appellation consacrée par de récentes études sociologiques), les petits et moyens entrepreneurs, fonctionnaires, les agriculteurs, les petites mains anonymes des associations qui font bouger les choses dans notre pays. Ceux que l'on appelle les "sans-voix" mais grâce auxquels un pays come le nôtre avance malgré tout.

Quelle n'est pas ma surprise de voir surgir, dès les pages d'introduction, des arguments surgis du fond des âges de la conversation de comptoir ! J'ai eu l'impression d'entendre mes deux grands-pères qui ont participé à la Seconde guerre : "les jeunes d'aujourd'hui, dans ce pays, il leur faudrait une bonne guerre pour qu'ils se rendent compte de la chance qu'ils ont de pas avoir à bouffer des cailloux" (j'exagère à peine, voyez p. 17, les propos mêmes de l'auteur n'en sont finalement pas si éloignés).

Quelques pages plus loin (p. 33), on lit comme autre argumentaire éclairé la chose suivante : "La propreté est telle qu'on pourrait manger à même le sol, cela ne me surprend guère, les intérieurs tchétchènes sont toujours impeccables. Je tiens à préciser cela à tous ceux persuadés que, parce que l'on vit dans une ZUS, on est pauvre donc sale. Mon expérience m'a plutôt prouvé l'inverse. Durant les deux premières nuits, j'ai séjourné chez un intellectuel aisé, pénétré d'idées stéréotypées sur la population musulmane des "quartiers", alors que lui-même vivait dans un intérieur crasseux, inconscient de l'état déplorable de son propre appartement...".
On appréciera la puissance et la pertinence d'une telle argumentation...
On dirait que l'auteur a des comptes à régler avec ses détracteurs ou anticipe l'inévitable volée de critiques à laquelle elle s'expose fatalement avec un tel sujet, dévoilant à mon sens une frilosité contradictoire, comme si son propos ne se suffisait pas en lui-même.

Si j'ai envie d'entendre ou de lire ce genre d'inepties, je vais sur des blogs ou visionner des vidėo de quidams quelconques ; je ne me farcis pas la lecture d'une enquête journalistique de terrain de 400 pages.
Sur un sujet similaire, Florence Aubenas dans son "Quai de Ouistreham" ou Pierre Bourdieu dans "La misère du monde" ne se sont pas rabaissés à une telle indigence rhétorique pour étayer leurs propos.
J'ai personnellement trouvé que l'on est ici plus proches de la conversation de rue que d'une étude journalistique et sociologique digne de ce nom.

Il ne s'agit pas, bien sûr, de ramener l'intégralité de cet ouvrage à ces seules "scories" dialectiques, ni de nier la véracité des propos rapportés par la journaliste, mais de la part d'un auteur de son rang, on est droit d'attendre un sens de la déontologie plus appuyé.
J'ai donc lu le reste du livre avec circonspection, sans réelle conviction et pas dans son intégralité.
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En principe, je me fais un devoir de lire jusqu'au bout le livre que je m'apprête à critiquer … Là, j'avoue avoir eu bien du mal à terminer cette enquête dans la France des villes périphériques, malgré la qualité de son auteur : une courageuse reporter de guerre, spécialiste de la Russie, épouse par ailleurs d'un ultra-célèbre chroniqueur matinal – c'est elle qui en parle dès les premières pages.
Voilà donc l'intrépide Anne Nivat partie en 2015 à la recherche des témoignages de vrais gens : à Evreux, Laon, Laval, Montluçon, Lons-le-Saunier et Ajaccio, elle a vécu chez l'habitant, rencontré des animateurs sociaux, des immigrés désabusés, des chefs d'entreprises efficaces, des femmes leaders d'opinion, des responsables religieux dépassés.
Le tableau d'ensemble est particulièrement pessimiste : à l'heure où elle écrit l'angoisse est avant tout celle d'une victoire de Marine le Pen. Et on cherche à savoir comment on en est arrivé là. En vrac donc, une série de lieux communs dignes du café du commerce : les immigrés non intégrés, la désertification des centre-ville, les handicaps, les femmes chefs d'entreprises ostracisées par leurs homologues masculins et privées de réseaux, l'échec de la politique de l'emploi.
J'ai noté la référence constante à la résurgence du fait religieux – et un hommage appuyé au protestantisme - et à la spiritualité d'où qu'elle émane, la confusion entre identité et religion, la méfiance générale envers les politiques, l'inadaptation des structures étatiques en soutien des initiatives entrepreneuriales, la faiblesse du lien social. Et une foule d'enfoncements de portes ouvertes : par exemple le constat que 20% des personnes inscrites auprès des structures d'insertion sociale ne retrouveront jamais de travail. Bref, un pays où la perte d'exemplarité des hommes politiques a grandement contribué au sentiment de désillusion de la population. En tous cas, pour un auteur qui se défend d'avoir écrit un énième livre misérabiliste, c'est raté.
Mais ça, c'était avant !
Car aujourd'hui, 50% de la population française se montre à nouveau optimiste … Les problèmes structurels de notre vieux pays demeurent, mais un vent de réforme trouve un large écho auprès de nos concitoyens. Allez comprendre … Il aura fallu l'irruption, dans notre paysage médiatique et politique d'un homme nouveau, jeune et entreprenant, convainquant, et la capilotade d'une dirigeante de parti très au-dessous du niveau requis pour diriger notre vieux pays.
Donc, vous pouvez vous dispenser de lire ce livre décourageant, certes lucide mais dorénavant dépassé, qui n'apporte aucune piste de solution au débat.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Ce tour de France est un livre contrasté.
Les interviews réalisés sont intéressants mais on doute néanmoins que l'auteure ait réellement compris le contexte et l'historique du monde rural ainsi que de celui des petites villes sans parler de certaines approximations de détail ou de jugements bien tranchés.
Il constitue néanmoins un point de vue intéressant sur l'état de la France périphérique et sur la façon dont les urbains la considère.
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Ce livre nous fait honteusement réaliser que nous vivons en vase clos et dans un groupe social précis. Il nous permet de lire des discours différents, qui parfois nous déplaît, mais que nous devons entendre afin de travailler notre vivre ensemble pour que chacun puisse trouver sa place.
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critiques presse (1)
LaPresse
26 avril 2017
Anne Nivat a donc fait ce qu'elle sait le mieux faire : aller sur le terrain et appliquer les règles qu'elle s'impose lorsqu'elle travaille en zone de guerre, soit rester longtemps au même endroit et dormir chez l'habitant afin de ne pas se couper de son sujet.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Considérée par certains comme intégriste, la communauté Saint-Martin est assurément traditionaliste, mais elle a surtout contribué au réveil des communautés de jeunes, ce que les catholiques, dans leur ensemble, sont bien en peine de critiquer. (p. 227)
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Videos de Anne Nivat (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Nivat
Anne Nivat vous présente son ouvrage "La haine et le déni : avec les Ukrainiens et les Russes dans la guerre" aux éditions Flammarion. Entretien avec Aude Ferbos.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3034668/anne-nivat-la-haine-et-le-deni-avec-les-ukrainiens-et-les-russes-dans-la-guerre
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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