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EAN : 9782213712567
384 pages
Fayard (19/01/2022)
4.22/5   9 notes
Résumé :
Depuis son livre-enquête Dans quelle France on vit, Anne Nivat a continué de parcourir la France, rencontrer et écouter des centaines de personnes issues de générations, de parcours et de milieux différents. Des gens simples et remarquables.

A Denain, Givors, Alès, dans la vallée du Diois, à Saint-Maixent-l’Ecole, Fégréac, Andernos-les-Bains ou Châlons-en-Champagne, elle a observé La France de face. Ni de haut, ni d’en bas.

Elle a vé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
“Je suis une femme blanche, cisgenre, hétérosexuelle, d'une catégorie socioprofessionnelle aisée qui, par pure curiosité journalistique (cela correspond aussi à ma nature), revendique le droit de s'intéresser à ceux qui ne sont pas comme elle” nous dit Anne Nivat dans les premières pages de “La France de face”.

Après : “Dans quelle France on vit”, elle reprend la route, arpentant la France en journaliste de terrain à Denain, Givors, Alès, le Diois, Saint-Maixent-l'Ecole, Fegreac, Andernos-les- Bains, Châlons-en-Champagne.
"Écrit entre 2018 et 2021, ce nouveau livre continue à regarder la France non de haut ou de bas mais bien de face.”

Parce que l'ouvrage est constitué des mots des autres, parce que l'auteure “donne la parole dans les limites de l'angle journalistique choisi”, j'ai choisi de rapporter à mon tour ses propos (une fois n'est pas coutume) ici et en citations.
Une façon de chroniquer de manière plus fidèle cet essai que ce que je pourrais commenter : “J'ai écrit ce livre pour aider à porter un diagnostic, pour montrer ce qui se passe, sans explication idéologique. Proposer à notre société un miroir d'elle-même est un rouage essentiel au fonctionnement démocratique. Voilà à quoi, humblement, pourrait servir ce travail”.

Peut-on s'immerger plus qu'elle ne le fait quand on est journaliste pour aller dans ces endroits oubliés des médias, à la rencontre des Français invisibles et “passer son temps à quitter son confort (matériel, intellectuel) pour prêter attention à des points de vue autres”.

Le livre est astucieusement monté en tissant des liens entre les témoins : “J'ai rencontré et écouté à peu près cent personnes” qui se passent des relais autant que faire se peut pour construire une observation sociologique sur la précarité, le trafic de drogue, les gilets jaunes, le communautarisme, la prédation du loup, les néo-ruraux, le désert médical, l'agribashing des paysans pollueurs, les vieux pauvres, le voile, les décrocheurs scolaires, les jeunes…Le tout avec la perspective de l'élection de 2022, la montée des extrêmes et la Covid en filigrane.

A la lecture de ces témoignages, vous vérifiez l'engagement d'Anne Nivat : “Mon implication n'est pas “politique” au sens de “militante”, elle est émotionnelle, c'est-à-dire humaine”. Sa vision est bien éloignée de celle des “journalopes” ou des “press-tituées" : “Je n'ai jamais cru en l'objectivité en journalisme, en revanche, je défends farouchement l'idée du travail honnête et utile”.

Je salue “cette démarche lente et patiente” qui obéit à des règles éthiques, offrant un kaléidoscope de la “vraie vie” : “J'ai mélangé focales et points de vue, mixé des thématiques, mais j'ai aussi posé des interrogations et lancé des pistes qui pourraient aboutir (on peut toujours rêver) à une grande conversation collective”.
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Il est très difficile de donner un avis sur une enquête de terrain. le moindre mot peut être déformé ou compris de travers et le but pour l'auteure est d'apporter une représentation fidèle des habitants de la France. Sans jugements, ni critiques, Anne, journaliste de guerre, nous rapporte la parole des autres, de nos concitoyens, dans différents lieux : villes, villages, campagne, différentes régions, toutes particulières.

Un point commun à tous ces habitants : certains n'iront pas voter et ceux qui le feront parlent de trois noms, Mélenchon, le Pen, Macron, les personnalités politiques ont un ego surdimensionné, n'ont aucune idée de la vie et des problèmes des gens, ne les représentent pas, ces femmes et hommes politiques n'ont plus la confiance des français, quelque soit leur parti.

Anne s'est immergée dans les lieux qu'elle a traversés, accompagnés de bénévoles, de militants, d'élus ou de travailleurs précaires et pourtant sociaux qui amènent un peu de plus dans la vie des gens.

Distribution alimentaire, conditions des femmes, trafic de drogue ou au contraire un village tel celui des irréductibles girondins où il n'y a que deux étrangères qui tiennent un commerce dans le centre (être femme aide, parfois), très peu de logements sociaux et où les retraités ayant un petit pécule veulent y habiter pour connaître (enfin ?) la tranquillité. Il est vrai que dans cette enquête, les habitants parlent de différences et de vivre ensemble, ce qui paraît compliqué pour les uns et les autres.

Le trafic de stupéfiants a également évolué et si un gamin prend le train de Montpellier à Alès pour prendre son emploi de guetteur, il percevra environ 200 euros par jour, là où en travaillant légalement il toucherait 50 euros à peine. Les trafiquants font du social maintenant car ils ont compris que la tranquillité et une certaine légitimité de leur commerce passent par là. Les sous-effectifs des agents du service public ne permettent pas de toute façon de supprimer ce trafic.

Nous rencontrons également des familles surendettées qui peinent à nourrir leur famille tout le mois et pourtant, la surconsommation est bien présente avec les smartphones, grands écrans, vêtements de marque et jeux en ligne.

Le monde de l'agriculture blasé et défaitiste, entre débrouillardise, échec, guerre entre eux qui votent plutôt à droite.

Les aînés, vaillants ou dépendants qui se débrouillent quoiqu'ils arrivent, ils en ont connus d'autres et font de leur mieux pour survivre.

Et je finirai par les jeunes, toute cette génération déjà désabusée, surdiplômée, qui ne trouve pas de travail ou alors avec un salaire ne correspondant pas à leur profil, en donnant la parole à l'auteure :“Aujourd'hui, le futur de notre pays appartient à cette génération désillusionnée, mais si impatiente d'agir.”

Le meilleur moyen de se faire une idée est de lire cette enquête passionnante, la réalité et la compréhension de chacun sont différentes selon le mode de vie.


Je remercie Masse critique de Babelio et les Éditions Fayard pour cette découverte passionnante.

Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Anne Nivat, reporter de guerre indépendante, a entrepris de parcourir la France à la rencontre de gens comme vous et moi, de divers horizons, de diverses cultures.
Aucun jugement, aucune prise de position, juste laisser la parole aux français, les laisser s'exprimer sur leur pays, leur place, leurs difficultés mais aussi leurs réussites.
Comme elle l'écrit elle fait parler ses interlocuteurs d'eux mêmes parce que leur situation personnelle est ce qu'ils connaissent le mieux et que toutes ces vies quotidiennes sont bien souvent éloignées des préoccupations de la vie politique nationale.

Anne Nivat nous propose un état des lieux de notre société. Un témoignage intéressant, riche , à mettre entre toutes les mains, et peut être plus encore entre les mains de nos élus.
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Un grand merci à mon libraire qui m'a conseillé la lecture de ce livre.
Merci à Anne Rivat pour ce très beau livre.

Tous les dirigeants de notre pays devait lire ce livre.
Anne Rivat va faire parlé ceux que l'on attend pas ou très peu.
Grâce ce livre, on peut comprendre pourquoi l'extrême droite est aussi présente dans le pays.
On rencontre des personnes bien différentes, qui nous apporte leur point de vu.

On parle de la pauvreté, des petits salaires qui son presque au niveau des aides, du manque de transports en commun de leurs prix qui enclave des villes, la drogues dans certains quartiers, le manque de médecins dans les zones rurales, les agriculteurs et le bio ce que certains peuvent faire à d'autres, le rapports des uns face autres, les vocations d'élus qui peuvent avoir envie d'arrêter, le sentiment de déclassement de population, pourquoi pour les libéraux cela devient difficile financièrement est..

Dans l'ouvrage, on trouve uniquement des témoignages de personnes que les médias de masse oublie de nous mettre en lumière car ils sont le visage de la France.

Il y a des réalités que j'ai découverte dans ce livre.

A faire partager,
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Dans son dernier récit, Anne Nivat reprend la route et nous entraine dans des patelins perdus, à l'ombre de ceux qui ne prennent jamais la parole, qui votent extrême droite ou pas du tout, qui sont oubliés, rarement écoutés, plongés dans des difficultés qui ne font que s'aggraver : ainsi, on papote avec Cindy, une nana super belle, on boit du lait de chèvre entre Morgane et Manu, on file à la messe avec le père Joseph, on fait une partie d'échecs avec Florian et bien d'autres encore. Moi, perso, j'ai adoré Elise, une auxiliaire de vie épatante. On s'installe, sur le coin d'une table, et on les écoute nous raconter leurs galères. Pourtant, au fil des pages, se produit un miracle : leurs mots simples, limpides, évidents tissent, en nous, un nouveau regard. Une bien jolie tendresse. La réalité nous offre ainsi de sacrés personnages. Et, sous la plume de l'auteur, ils deviennent enfin des ambassadeurs bavards et loquaces dont le bon sens révèle parfois de brillantes perspectives. A lire absolument.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
J’assume ma subjectivité et revendique l’absence de jugement : sans censurer ni porter aux nues quiconque, je donne la parole dans les limites de l’angle journalistique choisi et respecte de stricts principes éthiques
“C’est quoi être journaliste ? Tout le monde l’est! “ m'assène t-on de plus en plus souvent. Non, tout le monde ne l’est pas. être journaliste, ce n’est pas “produire du contenu” pour susciter un maximum de likes, de clics ou de rentrées publicitaires, c’est raconter des histoires vraies, obtenues et partagées grâce à du travail, l’art de la contextualisation, de la pédagogie, le respect d’une éthique et, accessoirement, du talent. J’ajouterais la passion de se frotter au terrain, à l’inconnu et à l’inattendu. Être journaliste, c’est passer son temps à quitter son confort (matériel, intellectuel) pour prêter attention à des points de vue autres.
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Si, dans ma carrière, je m’étais limitée à questionner mes semblables, je ne serais jamais partie durant des mois dans des pays en guerre découvrir une situation, un peuple, une religion, des us et coutumes. Je me serais privée d’interviewer des djihadistes, des talibans, des oligarques, et de raconter leur histoire. J’aurai failli à devenir cet intermédiaire nécessaire entre la source d’un récit et sa réception par le public, qui veut et doit savoir.
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Même si, depuis 2013, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique offre le droit de consulter les déclarations d'intérêts et de patrimoine des élus, le citoyen désenchanté continue de ressentir au plus profond de lui injustice et ressentiment à l’égard des institutions et de ceux qui les incarnent. Se prenant à rêver d’une démocratie moins verticale, il n’accepte plus automatiquement ce que “les sachants” disent et remet allègrement tout en doute. Il fait sécession, devient un citoyen différent.
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Qu’ils soient récemment arrivés ou enracinés, les ruraux d’ici ont choisi la tranquillité. Ils observent le reste de la France depuis leur refuge, parfois horrifiés, persuadés que les fauteurs de troubles ne résident pas dans leur campagne. Dans cette France tranquille, éloignée du centre et qui se croit dénigrée, la population se sent protégée. Au risque de se refermer.
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Venues du fond de la mine, les gueules noires se sont muées en seigneurs. Mines et aciéries ont disparu, seuls restent les pauvres, solidaires. Car si l’individualisme sépare et anéantit les dernières illusions, la fraternité demeure.
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Videos de Anne Nivat (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Nivat
Anne Nivat vous présente son ouvrage "La haine et le déni : avec les Ukrainiens et les Russes dans la guerre" aux éditions Flammarion. Entretien avec Aude Ferbos.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3034668/anne-nivat-la-haine-et-le-deni-avec-les-ukrainiens-et-les-russes-dans-la-guerre
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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