L'incipit de ce livre est des plus célèbres de la littérature française : "J'avais 20 ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie."
Pourquoi pas un bel âge ? Car c'est une période de transition entre l'adolescence insouciante et l'adulte responsable, l'âge des choix cruciaux : préparer sa vie future. En effet, quel souci, surtout pour un fils de bonne famille bourgeoise, bien à l'abri du besoin !
Et le reste du livre est à l'avenant, chouinard, geignard, attentiste, négatif. Pauvre Caliméro !
Paul Nizan, pseudo intello, mais vrai bourgeois, ayant rejoint le PCF par opposition au milieu familial, sans avoir la moindre idée du monde du travail, abusé par l'illusionnisme stalinien (Il a toujours nié la famine en URSS et l'existence des Goulags !)
Paul Nizan, ami de
Sartre, "l'enfer c'est les autres", évidemment, pas de remise en question de soi-même !
Sartre qui, d'ailleurs, signe l'introduction de l'édition de 1960, en un charabia incompréhensible duquel ne ressort qu'une autosatisfaction certaine. On est très loin du volontarisme de Camus, force d'opposition, mais avant tout force de propositions* !
Quant au voyage à Aden, ce n'est que du tourisme bourgeois, bien loin de l'aventure rimbaldienne ! Tout cela pour revenir haineux (le dernier chapitre n'est qu'un déversement de mauvaise bile et une ode à la haine digne d'un pur terroriste islamiste !), mais penaud, rentrer dans le rang (Nezan passa l'agrégation et fut enseignant de philosophie dans un lycée de province), se marier, faire deux enfants, … Bien loin de Rimbaud !
Quand je pense que mes aînés soixante-huitards n'avaient que cet essai à la bouche, l'ont-ils seulement lu ?! Ce livre n'a pour lui que la beauté du verbe : c'est écrit dans un français parfait que beaucoup de prix Goncourt récents devraient prendre en exemple ; ça changerait de leur vocabulaire (très) restreint, de leurs psittacismes foireux, et de leurs approximations douteuses !
* "Qu'est-ce qu'un homme révolté ? Un homme qui dit non. Mais s'il refuse, il ne renonce pas : c'est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement."
Albert Camus,
L'Homme révolté, 1951.