Golden Kamui, tome 7

Si la Team Sugimoto poursuit sa recherche des tatoués évadés de la prison d’Abashiri pour retrouver l’or maudit du peuple aïnou, les tomes se suivent et ne se ressemblent pas… Dans ce tome 7, le mangaka est un peu dépassé par son succès, mais il ne lâche rien : il multiplie les trucs et astuces pour nous reconstituer la société d’Hokkaido au début du XXe et nous raconter sa fabuleuse histoire qui n’a rien à envier au Far West américain !
Dans un premier temps nous plongeons dans la rage du turf… Ashirpa femme ainou du futur tient la draguée haute à Inkarmat, femme ainou du passé qui avec sa beauté et ses talents d’augure parvient à vamper Shiraishi complètement accro aux champs de course, et Kiroranke le vétéran de la guerre russo-japonaise amoureux des chevaux s’oppose à des yakuzas truqueurs de champs de course qui maltraitent les chevaux.
Dans un 2e temps nous plongeons de nouveau dans le combat de l’Homme contre la Nature… Ashirpa tient absolument à récupérer la robe de mariée traditionnelle de sa famille vendue par un jean-foutre à un certain Eddie Dun qui développe un ranch américain en plein nature sauvage. Ce dernier veut bien leur rendre, à condition que la team Sugimoto parvienne à tuer le monstre qui décime ses troupeaux et terrorise ses employés… Et au fond d’une sombre forêt la Team Sugimoto, son guide, leur commanditaire et un couple de yakusas gays (les détournements grimdark de Rimbaud et Verlaine ?^^) rencontrent la violence et l'horreur les plus pures : le conte de Boucle d’Or et des trois ours se transforme en remake animalier de "La Nuit des Morts Vivants" de George Romero ! Enjoy !!!

La chasse au trésor et aux tatoués se poursuit et un mythe s'effondre avec ce tome que j'ai trouvé moins bon que les précédents à force des redondances du schéma narratif...
Oui, les ingrédients fonctionnent toujours : les nouveaux personnages déjantés, les combats au corps à corps avec la nature et la faune sauvage, le quatuor "harmonieux avec les gaffes de Shiraishi en lourdaud de service, etc etc
Mais bon, j'espère voir un sursaut, un bouleversement vraiment inattendu dans les prochains tomes.

Golden Kamui dont voici la 7ème livraison, reste quand même un manga à part.

Dès la présentation des différents personnages (utile, car il y a quand même de quoi se perdre entre les Sugimoto, Kiroranke, Shiraishi, Ushyama, Tsurumi…) on sait que l'humour sera là. Parmi les signes distinctifs des uns et des autres, on notera des détails tels que : "n'aime pas les criquets confits", "n'aime pas les Shiitaké", "aime la cervelle relevée d'une pointe de sel"…On est loin du questionnaire de Proust.

L'auteur Satory Noda nous ballade une nouvelle fois à travers les immensités glacées de l'ïle d'Hokkaido, d'un champ de courses, à une chasse à l'ours, à la poursuite des tatouages qui mis bout à bout, doivent conduire la petite équipe rassemblée autour de Sugimoto l'Invicible, au trésor des Aïnous.

Encore une fois, on referme le livre avec le sentiment d'avoir acquis les connaissances indispensables à tout homme moderne soucieux de garder un lien avec la nature (précaution qui pourrait s'avérer utile le jour où l'homme à la mèche et celui au plumeau sur le crane, finiront par tout faire péter) : comment capturer un renard avec un seau et de l'huile, faire de la divination avec un crâne de renard enveloppé dans des copeaux de saules, éloigner les mauvais esprits en mâchant de la racine d'Ikema, déguster de la viande de phoque (même sans anémones flasques),..

Un exemple parmi tant d'autres : imaginez que vous vous trouviez face à un ours grognon au sortir de l'hiver. Que faire ? Fuir ?
Un peu facile.
Pourquoi ne pas plutôt lui donner à manger du lichen et des pétasites ? Ces plantes qui permettent la création de gaz, serviront à déboucher l'anus du plantigrade obstrué par les écorces qu'il a mangées avant l'hiver. Une fois la nature arrosée sur 3 kilomètres à la ronde (pensez à vous baisser à temps), vous retrouverez un ours urbain et le tour sera joué.
Étonnant, non ? Enfoncé le Manuel des Castors Juniors !

A propos d'enfoncer, ce volume se laisse aller à des séquences assez trash montrant des découpes de museau d'ours suivies de sodomie au sabre. Quand je vous dis que ce manga est à part.
Sinon, au niveau du dessin, comme d'habitude, le découpage un peu haché et des cases sans doute trop biscornues ne facilitent pas toujours la lecture. Mais on n'a rien sans rien.