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sur 1524 notes
Gaëlle Nohant nous apprend en post-face que c'est en recherchant des traces de la déportation de Robert Desnos ( pour son superbe livre" Légende d'un dormeur éveillé" ) qu'elle a eu connaissance des archives d'Arolsen, qui permettent de restituer à la famille les objets des déportés trouvés dans les camps. Cela lui a donné l'idée de ce roman.

Il y a, comme toujours, un formidable travail de documentation de la part de l'auteure. Même si, comme elle le précise, les personnages, les destins sont inventés, la vérité historique est bien là.

C'est Irène, une archiviste hantée par ses méticuleuses recherches, parfois aboutissant à des impasses, , qui est le pivot essentiel de l'histoire. A travers ses enquêtes se dévoilent les autres protagonistes, morts pour certains mais ramenés à la vie par elle, au travers d'objets, des lettres,un jouet, un mouchoir...

Les rencontres avec les descendants sont très émouvantes, quand elles peuvent avoir lieu. Les parcours de vie fracassés bouleversent. Notamment celui de ces enfants kidnappés en Pologne car ayant un profil aryen et adoptés ensuite en Allemagne.

Cependant, je n'ai pas été complètement happée par ce livre, essentiellement parce qu'il nous présente trop de personnages, j'aurais aimé que l'histoire se resserre sur seulement quelques-uns d'entre eux. Mais c'est un ressenti tout personnel. Gaëlle Nohant s'est investie pleinement dans cette oeuvre poignante. Je n'oublierai pas la courageuse Witta, le tourmenté Lazar, Karl arraché à sa famille. Je n'oublierai pas toutes ces existences anéanties.
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«Ne pas laisser la mort éclipser la vie»

Dans son nouveau roman très documenté, Gaëlle Nohant nous fait découvrir l'International Tracing Service, le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. En suivant, Irène, chargée de restituer des objets retrouvés dans les camps d'extermination, elle nous offre aussi un témoignage bouleversant.

En 1990, à la recherche d'un emploi en Allemagne où elle s'est installée après avoir épousé un Allemand, Irène postule à un poste d'assistante dans une entreprise internationale dont elle ignore tout. Eva, qui la reçoit, lui explique alors que l'ITS (International Tracing Service) est le plus grand centre de documentation sur les exactions commises par le régime nazi. Fondé en 1948 et installé dans les bâtiments d'un haut-dignitaire nazi, ce centre continuait toujours sa mission. Comme le lui explique Eva, «des dizaines de milliers de lettres arrivent ici chaque année, dans lesquelles des voix implorent dans toutes les langues, racontent une longue quête. Certains ont retourné la terre en vain. D'autres écrivent: «Je ne sais rien. Devant moi, il y a un grand trou.» Ou encore: «Ma mère est morte avec ses secrets. Ne me laissez pas seul avec ce silence.» Chaque lettre pesait son poids d'espoir. de mots qui retenaient leur souffle.»
Très vite, Irène va s'investir dans son travail et prendre au fil de plus en plus d'assurance dans sa mission. Et après plus d'un quart de siècle, elle a réussi à se constituer un vaste réseau qui va lui servir dans sa nouvelle tâche, essayer de retrouver les propriétaires des milliers d'objets ramassés dans les camps, afin de les rendre à leurs propriétaires ou plus vraisemblablement à leurs descendants.
À partir d'une marionnette et d'une enveloppe précisant le nom du propriétaire, Teodor Masurek, elle commence une enquête minutieuse qui va lui permettre de découvrir que ce Pierrot est passé par plusieurs mains au camp de Neuengamme. En fouillant le passé et en recoupant ses informations, elle va nous entraîner dans le ghetto de Varsovie, essayer de comprendre ce que sont devenus les enfants qui ont pu échapper aux rafles ou ceux qui ont été volés. Elle va déchiffrer des documents enfouis par les derniers survivants, elle va revenir sur le courage incroyable des femmes incarcérées à Ravensbrück et qui servaient aux expérimentations de Mengele et consorts et qui ont décidé de se rebeller. Ce faisant, elle va aussi retrouver la trace de Eva, sa collègue disparue – qu'elle n'avait pas osé interroger de son vivant – qui avait elle aussi été victime de la barbarie nazie.
Mêlant avec brio le romanesque à la Grande Histoire, elle nous montre la complexité de la tâche et nous fait comprendre combien ce travail est essentiel et qu'il est bien loin d'être terminé.
Il n'est en effet pas rare de voir certaines victimes ne pas savoir par quel enchaînement de circonstances, elles sont arrivées dans un camp et ont pu survivre. Car pour nombre d'entre eux la reconstruction passait par le silence, la volonté d'effacer leur passé douloureux. Les révélations d'Irène sont alors dérangeantes, quand elles ne sont pas niées. Il est vrai aussi qu'en creusant un peu, elle met au jour des vérités dérangeantes. Tel enfant a été «adopté» par de «bons allemands» au désespoir de ses parents biologiques qui ont perdu toute trace de lui et l'imaginent mort. Tel autre ne s'est jamais demandé quel rôle avait pu jouer ses parents ou grands-parents dans la grande machinerie destructrice mise en place par Hitler et ses sbires. Gaëlle Nohant, qui avait déjà rassemblé une impressionnante documentation pour retracer le destin de Robert Desnos dans le formidable Légende d'un dormeur éveillé, a pu s'appuyer sur certaines pièces rassemblées à l'occasion. Mais elle s'est surtout longuement entretenue avec Nathalie Letierce-Liebig, la coordinatrice du département de recherche des archives d'Arolsen, qui a en quelque sorte servi de modèle à Irène. Tout comme cette dernière, la romancière s'est constitué un réseau, allant du musée de Lublin à l'Institut historique juif et au musée de l'Insurrection de Varsovie. de toutes ses lectures et voyages, de sa rencontre avec un descendant de déporté, elle a fait un grand roman sur la transmission et l'héritage, sur le devoir de mémoire. Un livre plus que jamais essentiel en ces temps troublés.



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Pourquoi lire "Le bureau d'éclaircissement des destins" le dernier roman de Gaëlle Nohant (La femme révélée, La part des flammes) est indispensable en ce début d'année 2023?

On vous donne en ce dimanche matin au moins trois bonnes raisons de vous ruer en librairie pour le dévorer :

Parce que le sujet du devoir du mémoire toujours d'actualité
Je suis tombée récemment sur les résultats d'une enquête menée auprès des millénials au Pays-Bas et repris dans le quotidien LeMmonde : Selon cette enquête, 54% des Néerlandais ne savent pas que la Shoah a fait plus de six millions de morts et 23 % pensent que l'Holocauste a un mythe ou a été exagéré.
C'est d'autant plus choquant vu l'histoire des Pays Bas :

» Sur les 140 000 juifs recensés dans le royaume, 102 000 furent exterminés ou moururent dans les camps. Soit, proportionnellement, le chiffre le plus élevé en Europe. » (source : le Monde).

Parce que cette page d'histoire est à lire comme une enquête
Saviez vous qu'il existe en Allemagne un service d'archives créé en 1948 et au service des citoyens des camps nommé International Tracing Service ?

A travers le personnage d'Irène qui travaille au ITS, on découvre l'histoire de ce service et ses missions (chercher les disparus et leur famille et leurs restituer un objet retrouvé dans un des camps de concentration ou de déportation)

Au delà de l'objet, à travers les différentes enquêtes que mène Irène, c'est une identité et une histoire qui reprennent vie.

Le bureau d'éclaircissement des destins est un titre peut-être un peu accrocheur mais le roman est très documenté sur le rôle de la Pologne, le fonctionnement des camps et les conditions de vie effroyables des personnes qui y ont été envoyées sans jamais tomber dans la leçon d'histoire.

Et parce que la plume de Gaëlle Nohant est de grande qualité

On se situe bien loin de l'écriture d'un manuel d'histoire et que Gaëlle Nohant émeut, questionne, touche avec justesse beaucoup de ressentis liés à la mémoire :

"Aujourd'hui on cuisine pour retrouver la saveur de ces moments. On teste douze recettes de borekitas de muez, on discute sans fin de la cuisson des boulettes de viande, de la préparation des filas. On ne retrouve jamais le goût précis de nos souvenirs, mais on essaie.

On ne veut pas d'un musée où on pleure sur les victimes en s'achetant une conscience, précise la jeune fille. Nous, on veut faire réfléchir les gens à la continuité de l'histoire, aux nouvelles formes du fascisme."

C'est aussi un roman qui se lit sans avoir envie de le lâcher car le personnage principal acquiert de l'épaisseur et on s'attache à elle à travers les relations qu'elle a avec son fils Hanno entre autre .

Le bureau d'éclaircissement des destins suggère l'importance du devoir de mémoire tant du point de vue collectif et sociétal qu'au point de vue de l'histoire individuelle.

Et j'ai beau avoir lu pas mal de livres sur ce moment de l'histoire, je suis toujours sidérée par la barbarie des hommes.
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Le bureau d'éclaircissement des destins
Touchante Irène qui dénoue le fil unissant les trajectoires individuelles à la mémoire collective de l'Europe.

Nous sommes en 2016 à Arolsen, petite ville de la région de Hesse en Allemagne, aux côtés d'Irène, mère de Hanna son fils de 20 ans. Cette jeune française est arrivée en 1990 après son mariage avec un allemand dont elle a divorcé depuis.
En 1990 elle a dit oui à un job proposé par l'International Tracing Service. D'emblée elle a été intriguée par l'activité de ce centre de documentation très particulier. Mais en 2016 tout s'accélère lorsqu'on lui donne pour mission de restituer des milliers d'objets récoltés depuis la libération des camps et qui reviennent de droit aux propriétaires ou aux familles des disparus.
Et c'est partie ! Elle est prise dans cette spirale psychologique que sont les relations humaines. Ces rencontres qui vous percutent, vous transpercent parfois jusqu'à la moelle, l'épicentre des blessures et failles de notre propre vie.
Tous s'entremêle, s'entrechoque : les destins et les secrets des disparus, la vanité camouflée et les ombres qui planent sur le centre, jusqu'à son passé à elle. Irène se démène au milieu de ces enquêtes de manière bouleversante et avec des moyens d'investigation plutôt modestes. Elle en délaisse même son fils.
L'autrice a été courageuse d'aborder ce thème si décrié durant tant de décennies. Sa documentation fouillée donne cette touche de réalisme qui explique certainement notre grande émotion à la lecture de ce roman qui coule, limpide et facile. Non, facile n'est pas le terme qui convient puisqu'il nous tire la larme.

Cela m'a fait repenser au discours de Jacques Chirac le 16 juillet 1995 qui commémorait la rafle du Vel' d'Hiv' du 16 juillet 1942, au rapport public de la CIVS (commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations) en 2017 concernant les victimes de spoliation, au discours de réparation et de mémoire d'Emmanuel Macron. Des points que l'autrice n'a pas abordés, probablement trop épineux à intégrer dans un joli roman.
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Irène habite de puis 25 ans à Bad Arolsen. Elle est aujourd'hui (2016) divorcée, son fils Hanno a 20 ans, et ils se voient trop peu au goût d'Irène. Elle travaille à l'ITS (International Tracing Service) où sont stockées une impressionnante quantité d'archives datant de l'Allemagne nazie, des listes venant des camps, forcément, mais aussi des convois, des prisons, des lieux d'exécution, etc. La directrice actuelle est française, elle aussi, et elle s'inquiète du sort des objets qui sont en leur possession. Ne pourrait-on pas essayer de retrouver leurs propriétaires ? non, plutôt leurs descendants ? Irène va mener l'enquête sur un Pierrot de chiffon portant l'inscription d'un matricule et sur un médaillon contenant un dessin représentant une femme et un enfant.
***
On va donc suivre Irène dans ses enquêtes, mais aussi dans ses relations avec son fils Hanno et on apprendra les raisons de son divorce. Ce travail la passionne, mais l'épuise tant physiquement que psychologiquement. C'est pourtant malgré tout une sorte de refuge pour elle, ce qui remplit sa triste vie de célibataire et lui donne un sens. Ce que j'ai le plus apprécié, ce ne sont pas les récits sur l'horreur des camps, mais plutôt tout ce qui concerne l'immédiate après-guerre : le déni de l'horrible réalité, les bagarres administratives au sujet des enfants déportés ou volés (on ne peut s'empêcher de penser à l'Ukraine), les coupables indulgences des politiques, etc., et en 2016, les survivants ne veulent pas forcément connaître la vérité…
***
Je n'avais pas accroché du tout à La Part des flammes, mais certaines critiques extrêmement élogieuses de Babelio ou d'ailleurs m'ont convaincue de tenter le coup et de lire le Bureau d'éclaircissement des destins. Si j'étais enthousiaste au début de ma lecture (quel angle passionnant pour traiter ce sujet !), j'ai vite été perdue dans la quantité de noms, de personnages morts ou vivants, de changements d'identité, d'explications utiles et inutiles… J'aurais dû, dès le début, faire une sorte d'arbre pour expliciter les liens entre les personnages. Les titres de chapitres avec les noms de certains personnages ne m'ont pas vraiment aidée à m'y retrouver. Si on excepte Irène (et encore !), les personnalités sont juste effleurées, jamais fouillées, et je n'ai pas réussi à m'attacher à eux. Évidemment, le roman n'évite pas de nombreux clichés. Il présente des enquêtes couronnées de succès et des aboutissements heureux. Grâce à cet artifice, Gaëlle Nohant réussit à traduire l'émotion des survivants et la totale implications de certains enquêteurs. le final est prévisible et cousu de fil blanc. Ce livre réveille pourtant chez moi un sentiment de révolte récurrent devant l'incommensurable duplicité des pouvoirs publics et la propension de certains acteurs et témoins à camoufler l'horreur sous couvert de nécessité.
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De Gaëlle Nohant, talentueuse autrice, j'ai beaucoup aimé « La part des Flammes » puis j'ai été époustouflée par son roman sur Desnos « Légende d'un dormeur éveillé ». Il y a dans ces écrits un tel travail de recherche, une telle qualité littéraire ! Il me semblait impensable de ne pas lire très rapidement son nouveau roman que j'attendais avec impatience.
Irène tient en ses mains des fragments du passé : une image, un mouchoir, un bijou, une lettre, des bribes d'existence dont il faut rapprocher les contours jusqu'à les imbriquer pour en trouver le sens. Ces objets vibrent, vivent, lourds d'une histoire dont les fils sont brisés heurtés à la noirceur des coeurs. Ils sont les témoins des horreurs des camps, de la cruauté, de l'inconcevable pour tout esprit sain et pourtant si vrai alors que s'effacent dans l'âge et le temps les derniers survivants. Irène et ses collègues de l'International Tracing Service traquent l'indice laissant à leurs nuits les stigmates de leurs découvertes, ils écoutent, tracent, rapiècent les destins et offrent aux familles des disparus le témoignage du vécu.
Passionnant, richement documenté, ce roman nous plonge dans le quotidien de ces enquêteurs hors-pairs confrontés à la violente réalité de la seconde guerre mondiale et des drames qu'elle a occasionnés. D'un Pierrot découvert tatoué d'un matricule à la lecture de cartes, aux rencontres et aux photos, la piste se remonte rappelant à tout instant les faits historiques. Les mots révoltent et serrent le coeur et luttent contre un oubli inacceptable. Encore et encore, il faut le dire, parler de la Shoah, des camps, des ravages de la folie des hommes.
Mille bravos à Gaëlle Nohant qui nous offre un livre à ne rater sous aucun prétexte.
Un coup de coeur.


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Une lecture agréable et instructive.
J'ai appris beaucoup sur la Shoah ,
des éléments qui avaient échappé
à tous les livres lus sur le sujet.
Ce bureau qui cherche
les vivants et les morts,
réconstitue des puzzles familiaux
éclatés à l'international...
Cet organisme préserve la mémoire
du passé et permet au présent d'avancer.
Tout cela est un formidable terreau
pour nourrir les élans romanesques.
Gaelle Nohant brode avec intelligence
des fictions puisées dans le réel.
Elle brode... un peu trop pour moi.
Ce récit aurait mérité une plus grande
sobriété pour frapper plus fort les esprits.
Ce témoignage hyper documenté
sait être poignant et passionnant.
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Le positif de ce livre, c'est le partage que fait Gaëlle Nohant de sa découverte de l'ITS (International Tracing Service) qui d'ailleurs porte maintenant le nom d'Archives Arolsen. Un organisme dont j'ignorais l'existence, comme l'auteur il y a deux ou trois ans.
Et dont le fonctionnement, pendant une dizaine d'années, sous l'égide de la Croix-Rouge, a semblé donner lieu à critiques (mais on en comprend mal les raisons, et c‘est regrettable).
Aujourd'hui, ses buts et son ouverture aux chercheurs comme aux particuliers sont éminemment respectables et nécessaires.
J'aurais préféré, au roman qu'a écrit Gaëlle Nohant, un document qui raconte cet organisme, son évolution, ses difficultés et ses succès. Qui évoque les personnes, parfois bénévoles, qui se dévouent aux recherches. Et qui rende compte du déroulement de ces enquêtes. du moins, de quelques-unes, authentiques.
Car je ne comprends toujours pas l'invention de personnages, dans le contexte de l'extermination poursuivie par les nazis, l'invention de destins tragiques et de souffrances, comme si ce qui a existé ne suffisait pas. Cela a quelque chose d'insultant pour ceux qui ont réellement connu les camps, en sont revenus ou non.
Et comment prétendre approcher la psychologie dévastée, les traces laissées et indélébiles, alors que ceux et celles qui ont pu en témoigner ne se sentaient compris que par leurs camarades de déportation ?
Ceux-là, oui, nous devons les lire et les écouter. Avec l'humilité de ceux qui n'entendront jamais, malgré tous leurs efforts, l'indicible de leur histoire. Mais se mêler de vouloir l'imaginer et la décrire, quelle prétention, sauf peut-être à avoir la puissance et la subtilité d'un Philippe Claudel (Le rapport de Brodeck) ou d'un Raphaël Jérusalmy (In absentia). La démarche de Gaëlle Nohant part d'une bonne intention, mais ce n'est pas sous la forme d'un roman sans envergure qu'elle aurait dû la développer.
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Voici mon retour de lecture sur le bureau d'éclaircissement des destins de Gaëlle Nohant.
Au coeur de l'Allemagne, l'International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies.
La jeune Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d'investigation.
Méticuleuse, obsessionnelle, elle se laisse happer par ses dossiers, au regret de son fils qu'elle élève seule depuis son divorce d'avec son mari allemand.
A l'automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d'objets dont le centre a hérité à la libération des camps.
Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé…
Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il faut retrouver la trace de son propriétaire déporté, afin de remettre à ses descendants le souvenir de leur parent.
Au fil de ses enquêtes, Irène se heurte aux mystères du Centre et à son propre passé. Cherchant les disparus, elle rencontre ses contemporains qui la bouleversent et la guident, de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique ou l'Argentine.
Au bout du chemin, comment les vivants recevront-ils ces objets hantés ?
Le bureau d'éclaircissement des destins est un excellent roman qui parle du devoir de mémoire, de la seconde guerre mondiale, de la shoah, du nazisme..
Des thèmes forts, importants pour ne surtout pas oublier ce qui s'est passé à cette période là. Des sujets parfois délicats et fort bien traités par Gaëlle Nohant dont j'ai adoré la plume. Elle sait nous captiver, nous faire nous poser des questions.
Irène est venu s'installer en Allemagne, où elle a d'ailleurs épousé un allemand.. avant de divorcer. de cette union est né un garçon, qui est devenu un jeune adulte fort sympathique.
Irène a commencer à travailler pour l'International Tracing Service un peu par hasard, sans savoir réellement où elle mettait les pieds.
J'ai aimé découvrir son parcours, les personnes rencontrées qui lui ont donné le goût de son travail.
Les années passent, les choses évoluent mais pourtant, de nombreux objets accumulés lors de la seconde guerre mondiale (notamment lors des rafles) n'ont jamais retrouvés leur propriétaire. Irène va avoir pour nouvel mission de retrouver à qui ils sont et à les redonner à leur propriétaire ou à leurs descendants.
J'ai aimé cette idée de retrouver l'histoire de personnes à partir d'objets anciens, qui ont un vécu. J'ai imaginé leur histoire, notamment à ce pierrot. Avant de découvrir à qui il était réellement.
Les histoires se découvrent, les langues se délient, parfois le passé et le présent se percutent..
C'est parfois triste, surtout en imaginant toutes ses personnes tuées à cause de la folie d'un seul homme, puis de toute l'armée qu'il a crée.
C'est aberrant, tout ce pan de l'histoire ne cesse de me surprendre et de me fasciner.
J'ai adoré ma lecture et je ne peux que vous inviter à lire à votre tour le bureau d'éclaircissement des destins de Gaëlle Nohant.
Ma note : un énorme cinq étoiles
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Il existe dans une ville du centre de l'Allemagne nommée Bad Arolsen un organisme qui centralise les archives de l'Allemagne nazie et notamment des camps de concentration. Initié par les alliés et d'abord intitulé "International Tracing Service" il avait pour but de retrouver les personnes déplacées pendant la guerre, ce qui n'était pas une mince affaire on l'imagine très bien. C'est le point de départ du nouveau roman de Gaëlle Nohant qui a découvert son existence en 2020, en rapport avec Robert Desnos. Je n'ose penser au choc de l'exposition à de telles archives, à l'atmosphère qui peut régner dans ce lieu situé dans une ville qui fut, ironie de l'histoire, hautement inféodée aux SS. On se situe effectivement au carrefour de milliers de vies, de destins brisés. Ce roman aura ainsi au moins le mérite de faire découvrir ce lieu à ses lecteurs.

Il y a donc à l'origine de ce roman une matière énorme, l'opportunité de parler d'une période moins souvent abordée dans les livres, celle de l'après-guerre, après massacres, après libération. Les familles séparées, des enfants esseulés, sans oublier ceux qui ont été enlevés à leurs parents dans le cadre de la politique de germanisation menée par les nazis. Gaëlle Nohant choisit de l'aborder par le prisme d'une française, Irène, employée dans ce centre depuis une trentaine d'années. C'est le hasard d'un mariage avec un Allemand qui l'a conduite à s'installer dans cette région dans les années 90, à trouver ce travail et à prendre goût aux enquêtes qui l'amènent sur les traces de disparus à la demande des membres d'une famille. Lorsque nous faisons sa connaissance, la directrice vient de lui confier une mission particulière, travailler à partir d'objets sans valeur récupérés dans les camps, des objets qui dorment dans les archives depuis des décennies et qui pourraient éventuellement être rendus à des descendants. C'est à travers les enquêtes d'Irène que nous allons découvrir les destins tragiques et compliqués de plusieurs familles.

Alors, malgré l'importance du sujet et la richesse de la matière, qu'est-ce qui m'a gênée ? Plusieurs choses. D'abord la construction romanesque que j'ai trouvée brouillonne, mêlant tellement d'histoires différentes qu'il est difficile de les suivre, et des coïncidences trop belles pour être crédibles - sans parler de quelques incohérences. On enfile les situations, les faits assénés mais on n'a jamais le temps de s'en imprégner ni de les personnaliser. Je sais bien que le roman est toujours un concentré mais à ce point... La belle-famille tellement "cliché" dans l'évitement voire la négation, le meilleur ami journaliste français qui comme par hasard a aussi remué la boue des familles pétainistes dont la sienne... La révélation de la fin qui vient ajouter une couche à un vase déjà trop plein. Mais le plus ennuyeux est sans doute le manque total d'épaisseur des personnages principaux. Ils sont juste esquissés, si prévisibles, et que dire des interactions entre eux. C'est service minimum, au point qu'en refermant le livre j'avais oublié tous les prénoms. Alors bien sûr il y a des moments poignants liés aux enquêtes et à ce qu'elles mettent en évidence. Comment ne pas être sensible à ces parcours ou ces retrouvailles tronquées par-delà la mort, comment ne pas être choqué par les faits révélés ? C'est sans doute l'effet recherché. Mais moi, ça ne me suffit pas. Peut-être parce que j'ai déjà beaucoup lu sur la période mais pas seulement. Un sujet et des recherches fouillées ne font pas un roman. Il y a des essais ou des documents pour ça. Pourquoi se contenter de cette accumulation mal ficelée, pourquoi ne pas s'attacher à construire de vrais personnages avec de la chair, de ceux qui existent longtemps, qui font vibrer et portent réellement le propos ? Cette lecture m'a parfois mise en colère parce que cette matière méritait tellement mieux que ce titre aux allures feel good et cette trame romanesque grossièrement tissée.

Pourtant, tout le monde va aimer ce roman. L'aime déjà d'après ce que j'ai pu voir. Il y a suffisamment de faits terribles relatés pour secouer le quidam, le sujet le rend quasiment inattaquable et la plupart des lecteurs vont découvrir la réalité et les conséquences de certaines vérités historiques ce que l'on ne peut que saluer. Ce n'est pas parce que tout le monde va l'aimer que c'est un bon roman (encore moins un grand roman comme j'ai pu le lire), et il me laisse à moi un arrière-goût bien amer.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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