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EAN : 9782234057739
400 pages
Stock (14/08/2007)
  Existe en édition audio
4.1/5   3328 notes
Résumé :
Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache.

Moi je n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer.

Mais les autres m'ont forcé : "Toi, tu sais écrire, m'ont-ils dit, tu as fait des études." J'ai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (319) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 3328 notes
Ce roman est aussi noir que sa couverture, aussi noir que l'âme humaine qu'il dissèque. Sa construction est basée sur des sous-entendus, des non-dits. L'auteur ne révèle rien ou si peu. Par un savant et magistral jeu de puzzle, en nous proposant des allers-retours entre le passé et le présent, il laisse au lecteur le soin de construire l'histoire. Il ne la situe pas vraiment, ni dans l'espace, ni dans le temps (même si on comprend qu'elle se déroule après la seconde guerre mondiale) car la peur, la violence et la lâcheté sont universelles et intemporelles.
Les protagonistes de son livre se soumettent aussi à la loi du silence, de la soumission face à la suprématie du groupe, la loi des plus forts ou des plus nombreux.. Brodeck se tait ; envahi par la culpabilité, il subit, persuadé qu'ainsi il purge sa peine. Seule, l'écriture va lui servir d'exutoire. Emelia s'est réfugié dans son mutisme, sans doute pour ne pas avoir à raconter l'indicible. Diodème, l'ami, rongé par le remord, dénoncera quelques coupables dans une lettre avant de se donner la mort, mais ce sera trop tard. Seul, le curé du village, comme il le dit lui-même, sert d'égout à toutes les horreurs qui lui sont révélées car on le sait lié par le secret de la confession.
Il va suffire d'un homme pour briser temporairement cet équilibre malsain. Cet "Anderer", dont on ne sait ni qui il est, ni d'où il vient et dont on ignore les motivations, en servant de révélateur à toute la laideur, va y laisser la vie. Une fois de plus, au lieu de faire face, Brodeck va choisir la fuite...
C'est un livre superbement bien écrit avec des phrases qui frappent et qui interrogent. C'est un livre puissant car même après l'avoir refermé, le malaise demeure :
Et nous, qu'aurions-nous fait ?
Et moi, qu'aurais-je fait ?
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“Je m'appelle Brodeck, et je n'y suis pour rien.
Brodeck, c'est mon nom.
Brodeck.
De grâce, souvenez-vous.
Brodeck.”
Ainsi s'achève le roman de Philippe Claudel, “Le rapport de Brodeck” paru en 2007.

Il est rare de rencontrer un personnage de fiction aussi peu épargné par les atrocités de l'Histoire, de voir une jeune vie d'adulte jonchée d'autant de malheurs. Antihéros par excellence, Brodeck est par contre d'un pragmatisme stupéfiant. Il a connu l'univers concentrationnaire où on l'appelait “chien Brodeck” : chaque jour, une laisse autour du cou, il suivait à quatre pattes le kapo dans ses pérégrinations à l'intérieur du camp. Il est des circonstances extrêmes où l'amour propre et la dignité humaine perdent jusqu'au moindre sens, où l'instinct de survie commande de se rabaisser plus bas que terre...

Aujourd'hui, un semblant de vie reprend peu à peu dans ce petit village frontalier de quatre cents âmes niché dans la combe. La guerre est finie mais ses stigmates se rappellent chaque jour à Brodeck. Il a retrouvé sa femme Emélia aveugle et sourde mais aussi maman d'une petite fille conçue un soir de viols.
Heureusement la brave Fédorine est toujours là pour panser les plaies. Brodeck doit une fière chandelle à cette mère adoptive avec laquelle, voici trente ans, il est arrivé en charrette dans ce village perdu au milieu des montagnes.
Mais l'implacable destin a décidé de mettre une fois de plus le pauvre Brodeck à l'épreuve. le voilà contraint de sonder en profondeur la personnalité de chacun de ses voisins, de consigner sur le papier les circonstances qui ont conduit les villageois à commettre un acte aussi monstrueux que gratuit.

C'est une aubaine d'avoir entre les mains un roman aussi travaillé, à l'écriture si joliment ciselée ! le cadre est paradisiaque mais, ne vous y trompez pas, la noirceur de l'âme humaine vous le rendra bien vite infernal. Insidieusement, l'étroitesse d'esprit dénature toute beauté...
Merci Brodeck d'avoir avec tact et simplicité retracé votre histoire et soyez pleinement rassuré : le lecteur n'oublie jamais tout à fait les personnages valeureux et intègres, souvent même il a besoin d'eux pour l'aider à suivre son propre cheminement.
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♫IL FAUDRA LEUR DIRE
Facile à faire
Un peu plus d'amour que d'ordinaire
Juste un peu plus d'amour encore
Pour moins de larmes
Pour moins de vides
Pour moins d' hivers♫
F. CABREL - 1986 -

"D'accord, ai-je dit, je vais raconter, je vais essayer, je vous promets que je vais essayer, je dirai "je" comme dans mes rapports parce que je ne sais pas raconter autrement, mais je vous préviens, ça voudra dire tout le monde, tout le monde vous m'entendez. Je dirai JE comme je dirais tout le village, tous les hameaux autour, nous tous quoi, d'accord ?" p22
Pas le temps de dire ouf
plongeon dans l'abyme, un gros plouf
Je sais que raconter est un remède sûr
le Chien Brodeck préfère la poussière à la morsure
"Je pars dans tous les sens, mais je n'ai pas à me justifier. Les mots viennent dans mon cerveau comme la limaille de fer sur l'aimant" p239
Les montagnes nous protègent souvent du tapage mais elles nous isolent d'une partie de la vie en même temps...
Plus près de la langue des anges,
des propos qui dérangent
Parler en images, il faut un temps pour dire,
Il est le seul à devoir dire le pire
je suis le berger,
le troupeau compte sur moi pour éloigner les dangers
Ramener du bois, schlitter
Ramener sa fraise, liste de Schindler
De grâce, souvenez-vous, je ne suis rien, je vous ai prévenu
L'heure des fables n'est -elle pas venue ?
"La litterature peut transformer le monde
en même temps qu'elle le dit"
inspiré du Voyage au bout de la nuit
un voyage sans limite, c'est Claudel qui nous le dit.

https://www.babelio.com/auteur/Louis-Ferdinand-Celine/2086/videos?id_auteur=2086&pageN=2

IL FAUDRA LEUR DIRE...

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Fin de la seconde guerre mondiale, dans un village, un étranger est assassiné. Brodeck rédige des notices sur la nature pour son administration. Sollicité par les villageois, il accepte d'écrire un rapport sur les faits qui ont conduit à ce drame. Méticuleux, ordonné, en quête de vérité, il se lance dans cette rédaction après avoit obtenu l'accord de ces concitoyens, de faire apparaitre la vérité même si celle-ci dérange.Les âmes grises sont devenues noires, très noires, Claudel construit son roman comme un puzzle, d'un personnage à l'autre, d'une période à une autre, il ne juge pas, il décrit ce que Brodeck découvre, pas besoin d'apporter de jugement, les faits se justifient d'eux-même, "l' Anderer" a payé de sa vie, la lacheté, la peur de l'inconnu, l'intolérance dans ce qu'il a de plus abject. L'histoire au final est intemporelle, la bétise humaine apporte son lot d'horreurs à n'importe qu'elle époque. Claudel réussit un roman qui hante, qui glace. Son écriture est nette, précise, sans fioriture et c'est tout simplement bouleversant. Ca sert aussi à ça la littérature.
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Au lendemain de la Seconde Guerre, dans un petit village frontalier de l'Allemagne, un drame est survenu.
Le meurtre d'un homme, un étranger, venu s'installer quelques mois plus tôt dans le village.
Parce qu'il a fait quelques études, Brodeck, le narrateur, est chargé par les villageois d'écrire un rapport sur les évènements qui ont conduit au drame.
Alors, endossant la charge de la parole collective, Brodeck écrit.
Consciencieux à l'extrême, il ne veut rien cacher de ce qu'il a vu.
Sous sa plume, peu à peu la vérité se dévoile, un ballet macabre se met en mouvement, le ballet des villageois capables des pires agissements quand la peur les anime, le ballet de la cruauté des hommes et de la collaboration.
Brodeck déroule ainsi le fil de la culpabilité, des crimes collectifs et des responsabilités individuelles, et montre toute l'ambivalence des liens entre l'écrivain qu'il est obligé d'être et la communauté qui le pousse à écrire tout en ayant peur du pouvoir de ses mots.

Philippe Claudel continue de scruter le visage du mal en approfondissant le thème de la haine de l'autre, et du mal infligé au nom de cette haine.
Formidablement construit, d'une écriture simple, limpide et poétique, « le rapport de Brodeck » pose la question de l'altérité et de la confrontation au collectif.
Qu'est-ce qu'une foule ? Qu'est-ce qu'une société et comment une société nous regarde-t-elle ? Comment intègre-t-elle, expulse-t-elle ou sacrifie-t-elle celui qui est différent ?
L'auteur met en roman le groupe, comment il se conduit et comment il devient inhumain.
Ni le mot Juif, ni le mot Shoah n'est ici évoqué et pourtant on comprend très vite que la catastrophe qui vient de se produire est de cette nature.
L'auteur, sans jamais rien nommer, ni la guerre, ni le problème de la différence, donne une portée universelle à son propos et explore le moment où une partie de l'humanité décide de façon génocidaire d'en supprimer un autre.
Tout le talent de Claudel consiste à toucher le lecteur par la suggestion plutôt que par l'évidence.
Ainsi la guerre l'est en arrière-plan, non de manière frontale mais de façon indirecte, intuitive, sensorielle, dans la suggestion et la mémoire. le lecteur est d'autant plus touché qu'il ne l'est pas de plein fouet mais plutôt par une sorte de perspicacité, d'empathie.
L'émotion est d'autant plus intense que l'action se déroule dans un petit village champêtre, au coeur d'une nature d'une exceptionnelle beauté. Claudel construit ainsi un roman de la nature, une histoire d'hommes souffrant au milieu du plus bel endroit du monde et par ce biais, montre l'abominable surgissant au milieu du beau.

Peintre exceptionnel, l'auteur s'intéresse aux gens du quotidien et comme avec « Les âmes grises », dresse une galerie de portraits saisissants de réalité.
Les évènements s'entrelacent dans une chorégraphie admirable. le village, la vie quotidienne, sa nature, ses couleurs y sont décrits au plus fin pinceau.
Certes, le roman est grave, son atmosphère sombre, la noirceur des âmes et l'opacité des consciences soulignées à grand trait charbonneux.
Cependant, derrière le pessimisme et le tragique, émergent de belles lueurs d'espoir.
Car c'est aussi un roman de l'amour dont il s'agit.
L'amour entre Brodeck et sa femme Emélia sans qui il n'aurait pu surmonter l'atrocité des camps, cet amour qui est le sel même de la vie et qui fait tenir bon malgré tout.
Enfin le but ultime de ce roman n'est pas de montrer une humanité noire mais de souligner la noirceur pour justement l'éclaircir.
Que le lecteur fasse alors un travail sur lui-même, vis-à-vis des autres et du monde, pour dissiper cette abominable noirceur.
Brodeck nous dit à la fin de son rapport « de grâce, souvenez-vous ».
Assurément nous n'oublierons pas.
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critiques presse (4)
Culturebox
29 avril 2015
Un roman graphique d'une rare puissance.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Telerama
15 avril 2015
Manu Larcenet insuffle sa poésie sombre dans cette adaptation du roman tragique de Philippe Claudel, dont il fait une fresque aussi âpre qu'intense.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lecturejeune
01 mars 2008
Lecture jeune, n°125 - Au fil des années, les jurés du « Goncourt des lycéens » choisissent des livres forts, qui ne peuvent laisser indifférents. Brodeck, anti-héros de ce roman, rédige des comptes-rendus sur la flore, le climat et tout ce qui relève de la nature dans cette zone montagneuse, située de manière indéterminée dans l’est de la France. On y parle un dialecte non identifiable, fortement mâtiné d’allemand, et une armée d’occupation y a séjourné naguère. Brodeck doit écrire un rapport sur le meurtre collectif d’un étranger (surnommé Anderer, c’est-à-dire « l’autre ») auquel il n’a pas participé mais dont il doit innocenter les coupables. Le lecteur ne découvre pas ce rapport mais celui qu’il écrit secrètement ; un puzzle qui se construit au fil de ses enquêtes, de ses émotions, de ses retours dans le passé. Il nous livre ainsi l’itinéraire en zigzag d’un’ réchappé des camps de concentration où il a mené une vie de chien, tenu en laisse par un gardien, celui d’un homme qui, même dans la pire déchéance, restera porté par l’amour pour sa femme. Ce récit qui tient aussi de la parabole et du conte explore plus avant encore que dans Les Âmes grises les racines du mal présentes en chaque homme, ses lâchetés et sa culpabilité, la violence du groupe et celle d’une société agnostique. Par-delà la figure de Brodeck, lui-même étranger et double de « l’autre » (Anderer) assassiné par les villageois, l’auteur dénonce la tendance génocidaire de l’être humain, son refus et sa détestation de l’autre quel qu’il soit, et le besoin irrépressible de déverser sa haine sur un bouc émissaire. Dans ce voyage aux frontières de l’inhumain et de la barbarie, l’auteur tient le lecteur en haleine : impossible de lâcher ce livre dérangeant, tragique, parfois lyrique et poétique. Un vrai coup de coeur ! Marie-Françoise Brihaye
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Lecturejeune
01 mars 2008
Lecture jeune, n°125 - « Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien ». Dans ce roman proche de la fable, Philippe Claudel pose les questions de l’identité, de l’altérité et de la culpabilité. En un temps et un lieu indéterminé, Brodeck incarne la figure de l’Autre, de l’étranger, de celui qui, différent, dérange et est rattrapé par la cruauté des hommes. C’est un autre lui-même qui est assassiné par les habitants du village : l’Anderer, un homme venu de nulle part, avec une jument et un âne – mademoiselle Julie et Socrate – à l’apparence étrange, au caractère doux et dont la simple présence attise la haine. « Ça ne pouvait que se terminer comme ça. Cet homme, c’était comme un miroir, il n’avait pas besoin de dire un seul mot. Et les miroirs ne peuvent que se briser. » Dans une langue travaillée – que l’on peut juger trop métaphorique, trop ornée… – l’auteur crée une atmosphère saisissante où petite et grande histoire s’enchevêtrent. Une fois encore, les lycéens du prix Goncourt élisent un ouvrage sombre, une destinée douloureuse qui interroge la notion d’humanité. Hélène Sagnet
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (438) Voir plus Ajouter une citation
"Les hommes sont bizarres. Ils commettent le pire sans trop se poser de questions, mais ensuite, ils ne peuvent plus vivre avec le souvenir de ce qu'ils ont fait. Il faut qu'ils s'en débarrassent. Alors ils viennent me voir car ils savent que je suis le seul à pouvoir les soulager, et ils me disent tout. Je suis l'égout, Brodeck. Je ne suis pas le prêtre, je suis l'homme-égout. Celui dans le cerveau duquel on peut déverser toutes les sanies, toutes les ordures, pour se soulager, pour s'alléger. Et ensuite, ils repartent comme si de rien n'était. Tout neufs. Bien propres. Prêts à recommencer. Sachant que l'égout s'est refermé sur ce qu'ils lui ont confié. Qu'il n'en parlera jamais, à personne. Ils peuvent dormir tranquille, et moi pendant ce temps, Brodeck, moi je déborde, je déborde sous le trop-plein, je n'en peux plus, mais je tiens, j'essaie de tenir. Je mourrai avec tous ces dépôts d'horreur en moi.
Vois-tu ce vin ? Et bien c'est mon seul ami. Il m'endort et me fait oublier, durant quelques instants, toute cette masse immonde que je transporte en moi, ce chargement putride qu'ils m'ont tous confié. Si je te dis cela, ce n'est pas pour que tu me plaignes, c'est pour que tu me comprennes...Tu te sens seul de devoir dire le pire, moi, je me sens seul de devoir l'absoudre."
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J'ai déjà dit qu'il parlait peu. Très peu. Parfois, en le regardant, j'avais songé à quelque figure de saint. C'est très curieux la sainteté. Lorsqu'on la rencontre, on la prend souvent pour autre chose, pour tout autre chose, de l'indifférence, de la moquerie, de la conspiration, de la froideur ou de l'insolence, du mépris peut-être. On se trompe, et alors on s'emporte. On commet le pire. C'est sans doute pour cela que les saints finissent toujours en martyrs.
p58
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O petite Poupchette… certains te diront que tu es l'enfant du rien, que tu es l'enfant de la salissure, que tu es l'enfant engendrée de la haine et de l'horreur. Certains te diront que tu es l'enfant abominable conçue de l'abominable, que tu es l'enfant de la souillure, enfant souillée déjà bien avant de naitre. Ne les écoute pas, je t'en supplie, ma petite, ne les écoute pas. Moi je te dis que tu es mon enfant, et que je t'aime. Je te dis que de l'horreur nait parfois la beauté, la pureté et la grâce. Je te dis que je suis ton père à jamais. Je te dis que les plus belles roses viennent parfois sur une terre de sanie. Je te dis que tu es l'aube, le lendemain, tous les lendemains et que seul compte cela qui fait de toi une promesse. Je te dis que tu es ma chance et mon pardon. Je te dis ma Poupchette, que tu es toute ma vie.
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Je ne sais pas si l’on peut guérir de certaines choses. Au fond, raconter n’est peut-être pas un remède si sûr que cela. Peut-être qu’au contraire raconter ne sert qu’à entretenir les plaies, comme on entretient les braises d’un feu afin qu’à notre guise, quand nous le souhaiterons, il puisse repartir de plus belle.
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Je ne savais pas trop quoi penser. Je ne sais toujours pas trop quoi penser. C’est sans doute cela la grande victoire des camps sur les prisonniers : les uns sont morts, et les autres comme moi qui ont pu en réchapper gardent toujours une part de souillure au fond d’eux-mêmes. Ils ne peuvent plus jamais regarder les autres sans se demander si au fond des regards qu’ils croisent il n’y a pas le désir de traquer, de torturer, de tuer. Nous sommes devenus des proies perpétuelles, des créatures qui, quoi qu’elles fassent, verront toujours le jour qui se lève comme une longue épreuve à surmonter et le soir qui tombe avec un sentiment de curieux soulagement. Il y a en nous les ferments de la déception et de l’intranquillité. Je crois que nous sommes devenus, et jusqu’à notre mort, la mémoire de l’humanité détruite. Nous sommes des plaies qui ne guériront jamais.
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« le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel, c'est à lire au Livre de poche.
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