Avec La distance entre nous, je boucle ma découverte de l'oeuvre de Maggie O'Farrell (jusqu'à la prochaine publication, bien sûr !). C'est en effet son septième roman que le lis – son troisième publié, juste avant l'Étrange disparition d'Esme Lennox (toujours mon préféré)
Ce roman est un bon cru. Je suis tombée à nouveau sous le charme de la plume brillante de cette auteure irlandaise. La distance entre nous est un roman riche et prenant, qui tourne autour de deux personnages ; Jake et Stella. Il se cherche, elle se fuit. On attraperait presque un peu le tournis parfois, tant la narration danse de l'un à l'une puis à la mère, la soeur, les grands parents, avant de revenir en avant et encore en arrière, éclairant un épisode de l'enfance ici, une nébuleuse généalogique là. Mais jamais on ne décroche, car Maggie O'Farrell excelle à ce jeu de narrations entremêlées. Au contraire, on accroche de plus en plus aux personnages éclairés avec finesse dans leurs personnalités, motivations, demi-teintes et tourments. Ils prennent à mesure les couleurs mouvantes de la vie.
Entre Hong-Kong, Londres, l'Italie et l'Écosse, ce roman explore les différents liens familiaux, avec une focale particulière sur ceux unissant Stella et Nina, sa soeur ainée (l'épigraphe cite Simone de Beauvoir, à propos de sa soeur : « Elle était mon homme-lige, mon alter ego, mon double ; nous ne pouvions nous passer l'une de l'autre »), mais aussi la quête du père, d'identité, l'intégration, les métissages de culture. La maladie d'un enfantégalement, vue du côté de l'enfant – ce qui semble être un témoignage de pur vécu par l'auteure, qui a souffert à l'âge de huit ans d'une maladie virale extrêmement grave lui ayant fait rater un an d'école. Elle le raconte dans I am I am Iam qui a paru l'an dernier en version originale – et dont j'espère bien sûr une rapide traduction française… Et bien sûr, La Distance entre nous parle de secret. J'avoue avoir été très agréablement surprise de n'avoir pas du tout deviné, avant qu'on nous le dévoile, celui sur lequel repose une grande partie de ce récit.
Je ne vous en dit pas plus sur l'histoire, elle est à découvrir.
« Combien de fois l'a-t-elle reconnu sous les traits d'un étranger dans la rue, le train, un bar, un ascenseur, un magasin ? Ces visions lui gâchent la vie, semblables à des cratères d'effondrement, le sol s'érodant tout autour, devenant instable. »
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