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EAN : 9782714478757
256 pages
Belfond (07/03/2019)
3.94/5   335 notes
Résumé :
Après le succès d’Assez de bleu dans le ciel, Maggie O’Farrell revient avec un nouveau tour de force littéraire. Poétique, subtile, intense, une œuvre à part qui nous parle tout à la fois de féminisme, de maternité, de violence, de peur et d’amour, portée par une construction vertigineuse. Une romancière à l’apogée de son talent.

Il y a ce cou, qui a manqué être étranglé par un violeur en Écosse.
Il y a ces poumons, qui ont cessé leur œuvre que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (100) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 335 notes
Ce roman est composé de courts récits, pas vraiment des nouvelles, qui ont des liens entre eux et mélange des évènement autobiographiques et d'autres qui le sont moins.

Ils sont rédigés organe par organe du corps humain et à chaque fois, l'auteure propose une illustration et une date. Exemple : le cou 1990 dans laquelle elle a été agressée mais s'en est tirée alors qu'une autre jeune femme y a laissé sa peau.

Dans poumons, elle raconte une expérience où elle a failli mourir noyée pour suivre les autres, elle avait sauté dans la mer d'un mur de 15 m, dans le noir.

C'est aussi un avion qui chute brutalement alors qu'elle se rend à Hong Kong pour y travailler, dans une période où la Grande Bretagne est en récession…

Celle que je préfère est « Ventre » 2003, où elle raconte la manière dont l'obstétricien l'a traitée durant sa grossesse et son accouchement, lui refusant une césarienne alors qu'elle a une encéphalite étant enfant qui lui a laissé des séquelles neurologiques rendant les choses impossibles sur le plan musculaire ! elle se fait traiter d'hystérique et il ne veut même pas récupérer son dossier médical de l'époque.

« Si vous étiez venue me voir en fauteuil roulant, j'aurais peut-être accepté de vous faire accoucher par césarienne. »

Bien-sûr, les choses se passeront mal et elle s'en sortira de justesse. L'auteur en profite pour parler de l'état lamentable du système de santé britannique où les femmes ont une chance sur 6900 de mourir en donnant naissance à leur enfant (1/ 19 800 en Pologne, 1/45 200 en Biélorussie).

« Mourir en couches semble être un danger totalement daté, une menace extrêmement lointaine entre les murs des hôpitaux des pays développés. Mais une enquête récente à classé le Royaume-Uni 30e sur 179 pays en matière de taux de mortalité maternelle. »

Elle aborde aussi les fausses-couches et la culpabilité qui en résulte, les problèmes de l'allaitement pas toujours aussi aisé qu'on peut le penser, mais aussi des thèmes universels : l'amour, l'infidélité qui se traduit par une nécessité de vérifier si l'on a été ou non contaminé par le virus de SIDA.

Elle frôle la mort plusieurs fois, que ce soit elle ou des membres de son entourage, comme sa fille qui présente une allergie alors qu'elle contrôle toujours tout : les aliments, les produits ménagers, la poussière etc.

Ce qui frappe, dans ce livre, c'est la manière dont l'individu réagit aux situations qui mettent la vie en péril, les leçons qu'il en tire et ses capacités de résilience.

J'ai beaucoup aimé ce livre, original, où j'ai retrouvé le style si caractéristique de Maggie O'Farrell qui m'a tant plu dans « L'étrange disparition d'Esme Lennox » que j'ai adoré ou plus récemment « Assez de bleu dans le ciel ».

Le titre est inspiré d'un texte de Sylvia Plath : « La cloche de détresse » : « I took a deep breath and listened to the old brag of my heart. I am, I am, I am. » Ce qui donne en français : « J'ai respiré profondément et j'ai écouté le vieux battement de mon coeur. Je suis, Je suis, Je suis. »

Je remercie vivement NetGalley est les éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce livre en avant-première.

#IamIamIam #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Il existe des personnes qui ont de la chance de survivre face à tout ce qu'elles ont connu.
Maggie O'Farrell est de celles-là.

Je la connaissais à travers deux romans, « L'étrange disparition d'Esme Lennox » et « Assez de bleu dans le ciel », et déjà, je l'appréciais. J'aimais son humanité, son empathie, sa façon de raconter, vive et alerte.

Mais maintenant, elle fait partie de mes intimes.
Car je viens de lire son autobiographie présentée de manière originale : chaque chapitre fait référence à un moment de sa vie où elle a frôlé la mort, que ce soit lors d'une rencontre avec un homme pas net du tout qui cherche à lui mettre la courroie de son appareil photo autour du cou, ou lorsqu'elle a failli se noyer, ou encore en avion, lorsque celui-ci a amorcé une descente en piqué, mais surtout à 8 ans, lorsqu'elle a souffert d'une encéphalite qui l'a laissée handicapée pendant un an et avec des séquelles à vie, et j'en passe ! Son premier accouchement a été presqu'une catastrophe, suite à cela.
Malgré tout, malgré la souffrance, le sang, l'angoisse, les tremblements incontrôlés, la diarrhée, les vomissements, et encore une multitude de symptômes plus délirants les uns que les autres, malgré cela, malgré la mort, même, sl'humour demeure, la vie gagne. La volonté, la ténacité, la force au-delà du commun animent cette femme.

Mais lorsqu'arrive le dernier chapitre et que là, là, elle parle de sa fille, sa toute petite fille atteinte d'eczéma très dangereux, c'est l'émotion qui me noie.
Je me dis que cette femme a connu et connait encore, connaitra toujours des problèmes colossaux, mais que rien ne pourra l'empêcher de transcender sa souffrance et d'écrire.
Quel pouvoir a-t-elle donc pour survivre à cette agonie mentale ?

Tout ceci, elle n'en a jamais parlé dans ses romans, sauf à un tout petit moment.
L'écriture de son autobiographie lui a permis de lâcher un peu la soupape, et de proclamer que la vie est tellement proche de la mort, oui, mais qu'elle explose en chaque être et qu'il faut l'accueillir avec reconnaissance, malgré la douleur, malgré le chagrin, malgré les difficultés.
Formidable leçon !
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A travers diverses époques de sa vie , de ses cinq ans à la cinquantaine , l'auteure revient sur des faits marquants de son existence. Ces faits ont tous un point commun , ils l'ont mise en péril.

Très beau roman autobiographique , d'une extrême sensibilité , notamment lorsqu'il s'agît des thèmes gravitant autour de la maternité.
Maggie O'Farrell regarde la fille , la femme qu'elle a été plus jeune , les conséquences sur ce qu'elle est aujourd'hui, sur sa façon d'appréhender son rôle de mère.

Elle le fait lors de courts chapitres sans suivi temporel. Chaque chapitre est introduit par un dessin représentant le plus souvent un organe . Des dessins un peu glauques , noirs et blancs, à l'ancienne si vous voyez ce que je veux dire.

Elle revient sur son encéphalite à 8 ans qui a changé sa vie , son rapport à la mort, et toutes ces fois , où elle aurait pu perdre la vie : Une noyade, un accident domestique , une agression, ou simplement un harcèlement qui s'il n'enlève pas la vie peut l'altérer à long terme. Ce livre nous ramène forcément à notre propre expérience et nous renvoie à ces moments où tout aurait pu basculer . C'est très bien écrit pour ne rien gâcher.

Je reviens sur tout ce qui gravite autour de la maternité : L'accouchement compliqué , les fausses couches , l'allaitement, les responsabilités mais aussi l'amour incommensurable , tout est décrit minutieusement avec une sensibilité infinie.
Dix sept rencontres avec la mort, chacune modifiant l'auteure. Un peu comme sur la couverture où pousse d'un coeur tout un tas de végétaux.

Une très belle lecture , prenante , bouleversante de sensibilité.
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Lors d'un entretien accordé en 2019, Jacky Ickx, vainqueur à six reprises du célèbre «24 heures du Mans» déclarait, à 74 ans, qu'au vu de tous les risques pris et de l'insouciance qui régnait à son époque sur le fameux circuit de la Sarthe, le seul exploit qu'il ait jamais véritablement accompli était «d'être toujours vivant».
Casse-cous hyperactifs, explorateurs intrépides, cascadeurs téméraires, sportifs de l'extrême, ou peut-être commun des mortels comme vous, ou moi (certainement), peu importe, nous aurions tous, semblerait-il, des souvenirs d'avoir, au moins une fois dans nos vies, frôlé plus ou moins l'irrémédiable...
A la liste des rendez-vous ratés avec la vie que nous avons, hélas aussi, tous eu un jour ou un autre à déplorer ou à remémorer tout simplement, petit sourire en coin, et résignés, -le coup de fil qu'on n'aura pas passé, le poste qu'on aura refusé sans trop réfléchir, la déclaration qu'on n'a pas adressée...-, ne faudrait-il pas rajouter celle de nos rendez-vous (heureusement) ratés avec la mort dont l'évocation nous laisse parfois tout aussi songeurs, voire parcourus par un léger frisson ou bien rapprochés passagèrement du coeur palpitant du mystère de notre finitude, somme toute indéterminée..?
Je m'amuse à marcher sur les bords faisant le tour de la piscine aux dimensions démesurées du club où je passe des vacances avec mes parents et ma soeur. Toujours parmi les plus grands de ma classe d'âge, à 8 ans je ne sais toujours pas nager. Il fait très chaud cet après-midi-là, il y a du monde partout, autour et dans l'eau, de petits cris de joie stridents percent l'air et les oreilles. Des hordes d'enfants et d'adolescents gambadent autour de moi, se chamaillent, plongent. Je suis tout à coup entraîné dans une course poursuite, je chancelle et tombe à l'eau. Je coule comme un plomb, une fois, deux fois, je remonte à la surface, et cela recommence, sans fin, très lentement et très vite à la fois. Personne ne semble se rendre compte de ce qui m'arrive, je me sens comme devenu invisible à cette multitude pourtant si proche, mes poumons se remplissent, je n'arrive pas à appeler au secours, à crier, de toute façon ça ne servirait à rien, personne ne m'entendrait : je vais mourir. Subitement, des bras me tirent, me traînent, me sortent de l'eau. Je suis vivant : «I am», moi aussi ! A moins de deux-cents kilomètres de là, à ce même instant, chez elle, ma grand-mère croit m'entendre l'appeler depuis le jardin. Interloquée, elle ouvre la porte pour constater qu'il n'y avait personne, ni dans la grande allée longeant la maison depuis le portail et l'entrée, ni dans le jardin derrière la maison sur lequel s'ouvrait la cuisine, où elle se trouvait à ce moment-là. le soir, quand ma mère l'appellera, elle lui fera tout de suite part de ce curieux évènement, et surtout de la mauvaise impression qu'il lui avait laissé ensuite, tout ceci avant même que maman ait le temps de lui raconter la mésaventure qui m'était arrivée, et le fait que dans l'après-midi j'avais failli me noyer.
L'auteure raconte un souvenir très proche du mien dans I AM, I AM, I AM. le contexte est certes tout à fait autre, quand en 1988 et âgée de 16 ans, lors d'une soirée d'été particulièrement caniculaire, Maggie O'Farrell, répondant impulsivement au défi ordalique lancé par un jeune de la bande d'adolescents avec laquelle elle avait l'habitude de traîner le soir, sautera sans réfléchir dans les eaux profondes et noires du port de la ville côtière où elle habitait à l'époque, frôlant elle aussi la mort par noyade. Néanmoins, les sensations qu'elle décrit, ces moments suspendus, hors temps, où l'on voit comme de l'extérieur, mi-incrédule, mi-abandonné à son sort, la mort se rapprocher impitoyablement, me ramènent tout droit à celles restées associées au souvenir de cet après-midi du jour qui aurait pu devenir celui de ma mort. Comme le précise l'auteure, «frôler la mort n'a rien d'unique, rien de particulier, ce genre d'expérience n'est pas rare ; tout le monde, je pense, l'a déjà vécu à un moment ou à un autre, peut-être même sans le savoir (...) Vous pouvez toujours essayer de les oublier, leur tourner le dos, les ignorer : que vous vouliez ou non, ils vous ont infiltré et se logeront en vous pour faire partie de ce que vous êtes ; comme une prothèse dans les artères ou des broches qui maintiennent un os cassé ».
I AM, I AM, I AM, dont le titre s'inspire des vers de la poétesse Sylvia Plath cités en exergue au livre («J'ai respiré profondément et j'ai écouté le vieux battement de mon coeur. Je suis, je suis, je suis») est un récit autobiographique composé de 17 chroniques relatant autant de rencontres diverses, à des époques différentes, avec la mort. Datés, mais ne suivant pas un ordre forcément chronologique, identifiés chacun graphiquement à un ou à plusieurs organes du corps impliqués, mis en danger de fait et/ou symboliquement par ces rendez-vous manqués avec la visiteuse, ces récits constituent à mon sens de savoureuses bouchées littéraires, petits bijoux par la justesse invariable de leur ton, par le talent narratif et débordant de sensibilité qui les traversent, par leur point de vue foncièrement personnel, à la fois résolument féminin et parfaitement universel. Ces chroniques autobiographiques peuvent être lues dans le désordre, envisagées comme une sorte de puzzle, marelle de la vie où les pas de l'auteure s'enchaînent la plupart du temps «à l'aveugle» et où, en l'occurrence, la case «Enfer» aura pu, à chaque fois, être évitée de justesse.
En piochant de la sorte, dans le calendrier de sa vie, ces éphémérides où justement cette dernière aurait pu définitivement cesser, entremêlant délicatement les fils du passé à ceux d'un avenir que certains de ces fâcheux incidents tissaient justement dans l'ombre, tout à fait ignorants de leur rôle futur et bienfaisant, réunissant dans un boléro infernal danger de mort et élan vital, investissant quelquefois ces domaines ineffables des anticipations intuitives, des rêves prémonitoires ou de ce qui ressemblerait à des interventions «deus ex-machina», voire encore (en ce qui me concerne en tout cas), ces zones énigmatiques de synchronicité temporelle où j'aurais peut-être navigué avec ma grand-mère, I AM, I AM, I AM invite progressivement le lecteur, en toute authenticité et dans une sincérité de ton renversantes, à une réflexion sur le miracle d'être vivant, et surtout sur la réappropriation de l'idée de la mort, sous ses différents aspects, comme un élément essentiel à l'épanouissement de notre élan vital, indispensable à la jouissance de pouvoir vivre le moment présent comme un don, par un soi qui résisterait malgré tout en entonnant : I am, I am, I am! Sans afficher de prétentions d'ordre ouvertement philosophique et/ou métaphysique, peu compatibles par ailleurs avec le format retenu pour ces récits pulsatiles, l'auteure nous livre un témoignage personnel original, incarné et libre, traduit en même temps dans un langage de grande qualité littéraire, à la fois mélancolique et jubilatoire, selon que, dans un va-et-vient imparable, les eaux de la mort continuent à lécher les bords de la vie, ou que le limon de cette dernière réussisse tout de même à féconder les territoires déjà conquis par celle-là.
I AM, I AM, I AM est une lecture qui m'a éveillé à des émotions directes et intenses, qui m'aura suscité des images et des représentations par moments tout à fait inouïes pour moi. C'est ainsi que je n'avais jamais lu auparavant, je crois, en tant que lecteur homme, quelque chose d'aussi dense et condensé, aussi percutant et touchant en la matière, comme « Bébé et système sanguin», récit autour de ce que peut être ressenti par une femme lors d'une fausse-couche, épisode vécu de surcroît par l'auteure sous la forme ici, de ce que le corps soignant appelle une «fausse fausse-couche», fausse-couche «silencieuse», dans la mesure où le foetus n'est curieusement pas expulsé, expérience paradoxale et extrême durant laquelle une femme, d'abord sans le savoir, ensuite en l'apprenant, mais néanmoins dans une totale incapacité de le réaliser concrètement, aura porté pendant quelque temps en elle, à l'intérieur de son corps, indissociablement liées, la vie et la mort.
Une très belle lecture au bout du compte, servie en plus par une traduction impeccable, une découverte personnelle que je recommanderais sans modération, et une auteure, enfin, vers laquelle je pense revenir très prochainement, peut-être et pourquoi pas, sur son dernier opus en date, Hamnet, qui semble recueillir, ici même et en ce moment, beaucoup d'avis favorables et un grand enthousiasme de la part de nombreux lecteurs avisés.


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Ayant récemment lu « L'étrange disparition d'Esme Lennox », j'ai emprunté avec curiosité la dernière parution de Maggie O'Farrel, sans même parcourir la 4ème de couverture et donc sans savoir qu'il s'agissait non d'un roman mais d'un récit autobiographique en rapport avec la mort. le titre « I am I am I am » est inspiré du texte de l'auteure américaine Sylvia Plath.
17 chapitres, 17 moments de sa vie, 17 expériences avec la mort, 17 organes du corps humain qui ont souffert ou par qui Maggie O'Farrel a frôlé la mort (le cou, les poumons, le cerveau, etc.). Récit étonnant et original pour raconter sa vie à travers des récits de mort, ces expériences surprenantes, extrêmes, parfois sombres et douloureuses, alors qu'elle n'a même pas 50 ans. Avec tous ces chapitres ayant comme fil conducteur les accidents, les maladies et la mort, on pourrait penser qu'à la longue, cela peut plomber la lecture jusqu'à en faire une overdose. Il n'en est rien.
Au-delà du fait que je me sois parfois sentie un tantinet voyeuse (et ne pouvant m'empêcher de me dire que, heureusement, je n'avais pas vécu autant de moments terrifiants et difficiles), Maggie O'Farrel sait narrer avec beaucoup d'intelligence, par des analyses fines, d'introspection, et même parfois de l'humour (avec cette autodérision nécessaire pour supporter les épreuves et ne pas s'effondrer), ce qui rend la lecture plus que prenante.
Si son récit parle d'accidents, de maladies graves, d'agressions et même de pertes, et que la mort montre son nez souvent (dépassant son quota pour un seul être), si elle rôde encore et encore, si elle ricane sans se lasser, ce texte n'est pas pour autant morbide. Il est peut-être justement un pied de nez à la faucheuse. Il est peut-être le récit d'une personne riche d'expériences, qui a vécu, a voyagé dans cent contrées et plus, a fait des rencontres, a aimé et aime encore. Il est le récit d'une femme qui a grandi, a appris de ses expériences -marquantes, ancrées à tout jamais en elle-, qui a appris à être forte, à se battre et à ne pas baisser les bras, qui a chuté, s'est relevée et à continuer à aller de l'avant. Tout à l'heure, demain ou dans quelques années, elle croisera peut-être, sûrement, au détour d'une rue la mort qui cherchera à la narguer une nouvelle fois. Mais on ne doute pas que Maggie O'Farrel a les armes, le caractère et les mots (et l'écriture) pour la combattre et la repousser le plus longtemps possible.
Ces événements dans sa vie l'ont rendu encore plus courageuse et battante, et avec un goût et une curiosité pour la vie quasi inébranlable. Certains de ses proches ou connaissances ont parfois pensé, au vu de tous ces évènements vécus/subis que, vraiment, elle n'avait pas de chance. Elle, elle se dit au contraire qu'elle est chanceuse de s'en être sortie à chaque fois. Face à ces nombreuses épreuves qu'elle a affrontées et affronte encore (statistiquement, ça fait quand même beaucoup pour une seule femme), sa foi en la vie et son courage sont presque sans limite. Et nous ressortons de cette lecture obligatoirement impressionnés par cette femme…
Les chapitres ne sont pas écrits de manière chronologique ni en crescendo en épreuves de plus en plus lourdes -et heureusement pour notre rythme cardiaque-. Il y a des retours en arrière, des épisodes qu'on comprend mieux quelques chapitres plus loin. Cette lecture est comme un voyage sur un grand huit, semé d'embuches, d'émotions et de sentiments plus ou moins vifs. le dernier chapitre, en lien avec le premier, clos le livre de manière brillante et terriblement émouvante.
Et après le ouf où l'on s'est dit qu'elle a réchappé de tout ça, après le ouf où l'on s'est dit que notre vie est bien pépère à côté (on a beau compter nos épisodes où on a flirté avec la mort, Maggie O'Farrell nous dépasse de loin), on termine son récit par un ‘'wouah'', quelle incroyable femme, quel incroyable récit et quelle incroyable leçon de vie ! Et c'est bien là tout le paradoxe émotionnellement fort de ce livre traitant de la mort, puisque c'est la leçon de vie qu'on retient et que l'on grave dans notre mémoire.
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critiques presse (4)
LaLibreBelgique
05 juin 2019
Le lecteur le perçoit dès les premières lignes : c’est à une forme poétique et originale d’autobiographie que se livre Maggie O’Farrell dans I am, I am, I am, titre emprunté à un vers de la poétesse Sylvia Plath.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
18 avril 2019
La romancière britannique raconte dix-sept instants où elle a frôlé la mort. Un récit saisissant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
09 avril 2019
Dans I am, I am, I am, l’écrivaine irlandaise raconte en dix-sept nouvelles anatomiques une série d’instants où elle a senti la mort la frôler.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
20 mars 2019
La romancière a attendu d’avoir 45 ans pour écrire un récit autobiographique en dix-sept chapitres bouleversants et universels. I am, I am, I am est un remède contre la peur.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
De temps en temps, mais pas souvent,je pense à la femme que j'étais quand j'avais 25 ans. je la regarde . J'essaie de me souvenir ce que cela faisait d'avoir son âge. Quel était le cadre de ses journées , les motifs que dessinaient ses pensées ? Je suis aujourd'hui aussi éloignée d'elle qu'elle l'était de son enfance . Elle est la ligne médiane qui me sépare de la naissance .
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Je n'ai jamais compris cette habitude qui veut que les femmes gardent secrètes les premières semaines de leur grossesse. Je n'ai jamais ressenti le besoin d'aller le crier sur tous les toits, mais il me semble qu'une grossesse est importante quel que soit son stade, qu'elle représente un bouleversement assez important pour mériter que l'on en fasse part aux gens que vous aimez. Même lors d'un événement aussi dévastateur que la perte d'un bébé, ne souhaiteriez-vous pas que vos amis les plus proches, que votre famille le sachent ? Vers qui d'autre se tourner dans un pareil moment ? Par quelle autre raison pourriez-vous justifier ce chagrin, cette douleur gravée sur votre visage, ces larmes, cet état de choc ?
Parce que perdre un bébé, un fœtus, un embryon, un enfant, une vie, à n'importe quel stade, est un choc à nul autre pareil. Votre cerveau connaît cette éventualité : dès l'instant où la ligne apparaît sur le bâtonnet du test, il ne se passe pas un jour sans que vous ne guettiez une trace de sang, sans que vous ne vous disiez que cela peut arriver, qu'il ne faut pas nourrir trop d'espoir, pas en attendre de trop, qu'il faut rester alerte, rationnelle, garder les pieds sur terre. Mais vous n'avez jamais su faire tout ça et, du reste, votre organisme, votre corps vous chante une tout autre chanson, un air guilleret qui vous distrait, vous absorbe : votre capacité sanguine augmente, fait battre vos veines, vos seins gonflent comme de la pâte à pain, débordent de votre soutien-gorge, les muscles de votre cœur et votre capacité cardiaque se renforcent, votre appétit se décuple, s'aligne sur la demande, et vous vous retrouvez dans la cuisine à minuit à contempler un paquet de crackers, des rillettes de poisson, du raisin et de l'halloumi.
Face à ce corps qui grouille, votre esprit se met au diapason : vous imaginez une fille, un garçon, ou peut-être même des jumeaux parce qu'il y en a beaucoup dans la famille – votre propre père en fait partie. [...]

Et lorsque cela se produit – et plusieurs fois encore, cela se reproduira –, le choc vous fait l'effet d'un boulet de démolition. Chaque fois que vous vous coucherez sur la table d'examen, votre regard se fixera sur les radiologues qui examineront l'image sur l'écran, et vous apprendrez à déchiffrer leur expression – un léger ébranlement, un froncement de sourcils, une façon d'hésiter, craintive –, et vous saurez avant même qu'ils aient dit quoi que ce soit que celui-là n'a pas survécu non plus.
Il sera toujours difficile de ne pas céder à la culpabilité, de ne pas vous trouver médiocre. Votre corps n'a pas réussi à remplir ses fonctions les plus basiques ; vous n'êtes même pas capable de garder un fœtus en vie ; vous ne servez à rien ; vous n'êtes même pas encore mère que vous êtes déjà une mère défaillante.   
Vous essayez de vous dire, N'écoute pas ces bêtises. Tu n'y es pour rien.
Vous ne savez pourquoi, mais votre corps ne suit pas la procédure normale (et même ça, il n'y arrive pas, vous souffle cette petite voix malfaisante – vous n'êtes même pas capable de faire une vraie fausse couche). Votre système refuse d'imprimer que tout est fini. Vos hormones continuent de s'affoler. Pour vous, il n'y aura jamais de perte de sang, jamais aucun symptôme de mort fœtale. Vous ne le saurez qu'à l'échographie. Et vous sortirez de là avec la sensation d'être enceinte, avec l'air d'être enceinte et en étant, en tout état de cause, toujours enceinte, sauf que le bébé sera mort. À certains moments, votre incapacité physiologique à accepter la mort du bébé vous rend folle, vous dévaste ; à d'autres, cette incapacité vous semble juste, saine. Votre corps vous dit, Pourquoi baisser les bras, pourquoi lâcher, pourquoi accepter ce dénouement ? 
[Belfond, 2019, p. 96-98]
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Cet homme nous a -t-il vu réuni mon fils et moi ? Je l'espère. Lorsqu'il m'a pris la main, il m'a appris quelque chose sur la valeur du contact physique, sur la puissance communicatrice de la main humaine. Allongé sur la table d'opération, jamais je ne me serais douté que je repenserai à lui aussi souvent dans les années qui suivront.
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Je n'étais mère que depuis dix minutes lorsque j'ai rencontré cet homme,mais il m'a appris , par un simple geste, l'une des choses les plus importantes sur le rôle de parent : qu'il faut de la gentillesse, de l'intuition, du toucher, et que , parfois, il n'y a même pas besoin de mots.
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Quand on vous frappe ou que l’on vous fait du mal, enfant, l’impuissance, la vulnérabilité que vous ressentez, la rapidité avec laquelle une situation peut déraper, aussi vite qu’un battement de cils, qu’une respiration, sont des choses que vous n’oubliez jamais.
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