AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe


L'auteure raconte trois épisodes distincts mais rapprochés de la vie de son héroïne dont on ne saura jamais le prénom: la « mère » de la sororité l'appelle Mary-Alice, Vernor l'appelle Anellia et à la fin, son identité se résume à être la fille de de son père…

L'histoire familiale est particulière: la mère de l'héroïne est morte peu après sa naissance, elle a eu trois fils, et eu du mal à arriver à avoir une quatrième grossesse: pour le père et les frères, c'est à cause d'elle que la mère est morte. On rajoute à cela les parents du père (émigrés allemands très croyants) qui se comportent de manière odieuse… le père est alcoolique est disparaît régulièrement, on finit par le croire mort.

J'en retiens une belle description du milieu étudiant des années soixante, avec une jeune femme qui accède au campus via une bourse d'études et veut absolument intégrer une de ses maisons bourgeoises qu'on nomme les « sororités »: il s'agit de la Kappa Gamma Pi, pour accéder à un autre milieu, trouver une famille de substitution, la sienne étant tellement défaillante. En fait, elle a été acceptée parce que les autres filles comptaient sur elle pour leurs dissertations. Beaucoup de beuveries….

Elle est étudiante en philosophie, brillante, mais un peu dérangée car seuls comptent la pensée, l'esprit, avec des références multiples (Spinoza, Kant, Descartes, Nietzsche…) et ce au détriment du corps qu'elle néglige totalement, se privant de nourriture, faisant les poubelles, s'habillant de vêtements d'occasion qui ne sont pas à sa taille… Une dichotomie corps esprit inquiétante qui fait craindre le pire pour sa santé mentale…

« J'en vins à considérer mon corps comme invisible; un corps à cacher sous de vêtements; un corps qui se défiait sans cesse d'être vu, défini; un corps dont mes frères et les autres hommes ne pouvaient se moquer puisqu'ils ne pouvaient pas le voir, un corps dont, pensais-je, les grands philosophes morts que je révérais ne se détourneraient pas avec dégoût. Un corps au service de l'Esprit. » P 141

Dans la deuxième partie, l'auteure raconte son histoire d'amour avec un doctorant en philosophie, extrêmement brillant, noir ce qui en pleine période de haine raciale lui vaut l'étiquette de « négrophile » : mais amour à sens unique car elle est ce qu'il veut qu'elle soit, probablement même ce qu'elle pense qu'il veut qu'elle soit et elle accepte qu'il la maltraite psychologiquement…

« Car ce qui rend heureux celui que nous aimons nous rend heureux; et, inversement; sinon l'univers serait un néant, un encrier sans fond. » P 262

Toujours, elle leur trouvera des excuses qu'il s'agisse de son père, ses frères, ses compagnes de sororité, Vernor et d'autres encore, car elle se sent fautive, coupable, à la recherche de l'amour des autres.

Je suis incapable de dire si j'ai vraiment aimé ce roman : il décrit très bien, le racisme, les émeutes raciales qui commencent, les réactions des autres lorsque Vernor et elle s'affichent en public, la situation des femmes qui font des études pour pouvoir trouver un bon mari et regarde avec dédain celles qui sont issues d'un milieu social moins favorisé… mais, les références philosophiques qui me plaisaient beaucoup au départ ont fini par devenir pesantes.

Je vais lire un autre roman de Joyce Carol Oates pour ne pas rester sur ce sentiment mitigé.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          431



Ont apprécié cette critique (40)voir plus




{* *}