Vendu par les éditions Ring comme un roman "hyper-réaliste" issu de recherches poussées sur la question traitée,
Guérilla déçoit le lecteur avide de profondeur et de sens.
Tout d'abord,
Guérilla se vend comme l'équivalent français du Gomorra de
Roberto Saviano, c'est-à-dire une enquête journalistique formulée sous la forme d'un roman qui prend aux tripes. Cependant, la recherche journalistique ne se fait sentir à aucun moment, ni dans le traitement des personnages, ni dans la trame du récit, qui est pratiquement inexistante. L'intention n'est donc clairement pas respectée.
Les personnages, donc, sont des archétypes qui représentent les grands fantasmes de la nouvelle droite rebelle et revancharde née en réponse à la bien-pensance de gauche qui, il lui semble, régit le discours médiatique et politique français et mondial depuis plusieurs décennies: le "nègre sauvage", le djihadiste, l'übermensch meurtrier et psychopathe, le Russe bourrin, la fiotte métro-boulot-dodo, le faux bobo qui ruine la société pour s'en mettre plein les fouilles, etc. On en vient à un tel point que la description de certains personnages me tirait des sourires moqueurs, tant les personnages font dans le cliché.
La trame, pour sa part, dénote un message nihiliste qui incarne le délire de l'effondrement apocalyptique de la société face au laxisme et à l'ouverture totale au reste du monde. Consistant d'une suite sans fil rouge d'évocations apocalyptiques, la "trame" va d'une scène de violence infernale à une autre sans jamais proposer une idée qui dépasse le seul "on vous avait prévenus". Enfin, le roman conclut sur une note de néant qui exprime très bien l'idée défaitiste exprimée par Hitler à la fin d'une guerre totale déjà perdu: "ceux qui resteront après ce combat, ce sont les médiocres, car les bons sont tombés." Et ainsi, le lecteur est laissé sur une touche amère de néant. L'auteur, donc, crée un message d'avertissement apocalyptique reposant sur des clichés politiques et n'a aucun propos politique profond ou intelligent à offrir.
Cependant, la lecture est fluide et l'horreur du récit tient le lecteur en haleine, même s'il laisse un goût amer en bouche et un malaise profond au coeur à la fin de la lecture.
Une étoile pour avoir suscité des sensations chez le lecteur, et une demi-étoile pour m'avoir fait rire avec les évocations caricaturales de l'imaginaire de l'alt-right française.