Ah... Guérilla... Si je dis que je le considère comme un des derniers chefs-d'oeuvre de la littéraire française, vous trouvez que ça donne ironique? Oui?
Vous avez raison.
Ce livre est à chier.
Ce commentaire est méchant, trivial, et n'est même pas construit. Mais comment formuler cela autrement ?
Déjà, c'est mal écrit. Voilà. Il n'y a pas à développer. Vous n'aurez qu'à le lire pour le voir (mais franchement, ne lisez pas cette daube). En fait, on sent trop la patte journalistique de Obertone. Dans
La France Orange Mécanique et
La France Big Brother – sur lesquels je ne m'exprimerai pas davantage –, la piètre écriture ne choquait pas, parce que c'était avant tout un essai, et qu'un essai, si c'est chiant, bah c'est comme ça, tant pis, on ne demande pas une prose digne d'un Cavanna. Mais ici, dans un roman, ça coince.
Là vous dites : « Oui, mais un livre mal écrit, si l'histoire tient, ça passe, non ? ». Je vous rejoins, Camarade, mais encore faut-il que l'histoire tienne.
Si vous êtes un heureux individu qui n'a pas lu Guérilla, voici – en gros – le résumé :
Dans un futur (proche ?) et suite à une bavure policière, la France, aveuglée par l'idéologie du, je cite, « très-bien-vivre-ensemble » s'effondre. Nous suivons tour à tour différents personnages, qui vivent la situation à leur manière. Citons pêle-mêle : un vieux colonel résigné qui veut botter des culs et qui recueille une petite fille métisse, un survivaliste qui veut botter des culs comme son grand-père, une jeune bobo-écolo-féministe-LGBTQ+++ qui finit par être esclave du harem d'un méchant. Somme toute, tout ce qu'abhorre
Laurent Obertone.
Ces destins sont décrits sur fond de violences terroristes, comme une fusillade dans un Ikea, un méchant-djihadiste qui lance un missile sur un Airbus (ne posez pas de questions), ou encore un barbecue géant façon Oradour-sur-Glane. Oui, c'est moche.
Quant aux méchants, je pense qu'il est superflu de préciser que ce sont les méchants-arabes.
Mention spéciale pour le viol de la jeune bobo qui est à peine suggéré, ce qui est étonnant. On aurait pu penser à une longue description – laborieuse, conformément l'écriture de Obertone – du méchant-arabe qui abuse de la pauvre fille, mais non. Tant mieux, ça évite de rajouter des pages à lire.
Certains verront peut-être un petit rapport avec le
Camp de Saints, de Raspail. J'ai lu les deux, donc je peux clairement affirmer qu'il y a plus qu'un rapport. Une « inspiration », oui, c'est plus correct de dire comme ça. Enfin, comme dit l'autre, si je n'en affirme pas davantage, c'est que je trouve l'insinuation plus efficace...
Les points communs sont ceux expliqués plus haut : un racisme dégoulinant, une volonté de rendre la bien-pensance plus ridicule qu'elle ne l'est déjà – oui, c'est possible... – un objectif de dénoncer une société décadente sans proposer de solutions alternatives... Enfin, vous voyez où je veux en venir, quoi. Cela étant, quitte à lire un livre de ce genre, préférez
Jean Raspail : Au moins, c'est mieux écrit.
C'est marrant, parce que, quand j'ai refermé le
Camp de Saints, l'année dernière, je m'étais dit que l'idéologie prude de Raspail (« Comment ? Des migrants qui s'adonnent à des plaisirs sexuels en solitaire sur un bateau ? C'est contre-nature ! » Ah... Espèce d'hypocrite, va...) devait un peu tomber en désuétude. Et puis bon, je suis tombée sur Guérilla. Au moins, le flambeau de Raspail a été repris.
Reste à savoir s'il vaudrait mieux ne pas l'éteindre...