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Très beau ce roman où se mêlent de nombreuses valeurs : famille, loyauté, honneur, simplicité, avec le cadre naturel des Appalaches dont l'auteur distille au fil des pages des merveilles toutes simples, telles que les étoiles, la préparation des fourmis à l'orage, les oiseaux de nombreuses variétés, les fleurs des champs.

Tucker est le personnage central et il porte à bout de bras ce récit en même temps que sa famille, son épouse, Rhonda, ses enfants dont la plupart souffrent de déficiences physiques mais n'en sont pas pour autant moins aimés par leurs parents. Chris Offutt ne sombre jamais dans la pitié ou le misérabilisme dans son approche de cette vaillante famille qui vit ses joies et ses dures peines avec presque sérénité.

Tucker est un héros de la guerre de Corée, "la guerre de Truman" qui n'était pas la sienne, au cours de laquelle il a renforcé ses aptitudes physiques et son sens de la nature . Il est foncièrement bon et ne veut que le bien des autres tout en restant intransigeant sur la protection des siens.

Tucker aime Rhonda; ils se sont connus jeunes et les épreuves ne les éloignent en aucun cas l'un de l'autre, elles renforcent leur union et leur attachement à leurs enfants.

Tucker n'est pas un voyou et s'il connaît la prison, c'est une sorte de sacrifice suite à un marché conclu avec Beanpole qui le respecte et le craint. La prison ne le transforme pas en bête sauvage ou en justicier. Il est armé et utilise ses armes si nécessité absolue, toujours avec l'idée de protéger les siens.

La fin du roman est grandiose particulièrement dans ses dialogues -- d'ailleurs tous les dialogues sont d'une qualité et d'un réalisme exceptionnels --, elle conclue cette oeuvre avec un naturel qui traite l'essentiel, sans fioritures inutiles.

L'épilogue est également très intéressante puisqu'elle indique le devenir des principaux protagonistes du roman dont l'action s'étend de 1954 à 1971. Et d'ailleurs, ce rythme des différentes périodes ne casse en aucune manière celui de l'histoire de Tucker et de sa famille.

Plusieurs critiques ont comparé Chris Offut à Ron Rash; il est vrai que ce sont deux auteurs très proches mais, dans ces Nuits Appalaches, Chris Offutt m'a paru un cran au-dessus.
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Ohio, 1954. Après la fin de la guerre de Corée, Tucker, 18 ans, décide de rentrer chez lui, dans son Kentucky natal, à pieds ou en voiture si un homme croisé au hasard s'arrête à sa hauteur. La marche, les paysages, le soleil qui le réchauffe, l'apaisent de ces quelques mois passés loin de chez lui, au coeur de ces combats qui ne l'auront pas épargné. Les terres vertes et ondoyantes du Kentucky l'accueillent enfin. Il bivouaque quelques jours, non loin d'un étang. Un endroit sûr et loin des gens. C'est pourtant là qu'il assiste à une scène effroyable : un homme violent assène des gifles à une jeune fille et tente de la violer. Aussitôt, Tucker intervient. Il blesse l'homme suffisamment pour qu'il ne puisse plus bouger, le dépose mal en point chez lui et s'enfuit à bord de sa voiture, Rhonda installée à ses côtés. Bien qu'encore plus jeune que lui, elle décide de le suivre là où il ira. Après une seule nuit passée ensemble, il lui propose déjà de l'épouser...

Chris Offut arrive, dans un style épuré et sans fioritures, à nous offrir un roman dense qui, pourtant, fait à peine 250 pages. Il dépeint, de 1954 à 1971, la vie de Tucker, sa femme, Rhonda, et leurs enfants. Tandis qu'elle reste à la maison pour s'occuper de ces derniers, dont la vie, pour certains, commence mal, lui a accepté le premier boulot qu'on lui a proposé, à savoir travailler pour Beanpole, un baron local. Malgré des conditions sociales, sanitaires et économiques à déplorer, la famille s'en sort bon gré mal gré, porté par l'amour indéfectible réciproque mais aussi le courage, la loyauté et la force de Tucker. Si les personnages sont malmenés par la vie, si l'ambiance reste sombre et tragique tout au long du roman, il n'en reste pas moins que Chris Offut réussit, de par sa plume descriptive et intense, de par le poids de ses mots et de par la pudeur et l'émotion qui se dégage, à rendre ce roman lumineux et pétri d'une profonde humanité.
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C'était un vrai événement que d'avoir pû voir il y a désormais la dizaine de jours Chris Offutt à quais du polar, car il est considéré à juste titre comme un auteur culte et cela faisait près de vingt ans qu'on n'avait eu de nouvelles de lui en France.

Après deux décennies de silence littéraire, Offut, dont le visage buriné est bien fidèle à ce qu'on imagine de ce genre de romanciers américain, est revenu en cette année 2019 avec Nuits Appalaches.

L'intrigue est simple: on est en 1954, et on suit Tucker, dix-huit ans à peine, qui revient de la guerre de Corée. Il s'est engagé à seize ans, afin de s'éloigner de la pauvreté et la misère de sa famille perdue dans un vallon des monts Appalaches qu'il va prendre de plein fouet à son retour.

Comme pour Ron Rash également présent à Lyon, Chris Offut possède, bien ancré en lui, ce talent incroyable de raconter les histoires de gens dont on ne parle jamais, des sortes d'invisibles, et de les rendre passionnantes et émouvantes

Et comme pour Ron Rash il trouve les mots pour décrire cette Amérique provinciale et archaïque qui semble être à des années lumières des grandes mégalopoles, on se dit que cette amérique rurale telle que nous le décrit Offut se déroule certes dans les années 60, à l'époque des Kennedy et de Martin Luther King , mais risque bien d'être totalement immuable si on la peignait aujourd'hui, soit 50 ans plus tard.

Pour (ra)conter son histoire de souffrance et de résilience, Offutt va à l'à l'épure, condense ce qu'il faut condenser, afin de ne jamais extrapoler sur ses personnages ( la fin est édifiante à ce propos), et son récit ne souffre ainsi d'aucune longueur et langueur, tout va à l'essentiel pour cette histoire de survie dans des rivages hospitaliers.



Nuits appalaches est une histoire âpre, mais dont le souffle poétique est prégnant, qui exhume son lot de violences tant Offut sait parler de ces des écorchés qui n'ont que les poings pour s'exprimer, ces hommes accrochés à leur terre autant qu' à leurs proches, qui restent en marge de la société.

Un roman aussi court qu'intense à dévorer toutes affaires cessantes.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Qu'évoque pour vous le mot Kentucky ? Un trou de bouseux qui vivent au milieu de nulle part en distillant illégalement du bourbon probablement.

1954. Tucker revient dans sa région natale après avoir passé deux ans en Corée. Il a 18 ans, évite les grands axes routiers, marche dans les forêts, fait de l'auto-stop. Pas le type particulièrement intelligent, pas une brute non plus portée sur la bouteille. Il sait manier un couteau et une arme à feu. Durant son périple, Tucker rencontre Rhonda, guère plus jeune que lui. Ils fondent une famille. Pour nourrir femme et enfants, Tucker accepte de travailler pour le bootlegger local. Mais comment réagir lorsque tout part en vrille et que l'on respecte un code d'honneur ?

Malgré les apparences, Chris Offutt nous parle essentiellement d'amour dans ce court roman noir. Amour du travail bien fait, amour de Tucker pour Rhonda et pour ses enfants à qui il ne peut offrir qu'une vie de misère. Jamais l'auteur ne sombre dans la pleurnicherie ou le misérabilisme. Il n'y a pas de gentils. Pas de méchants. Uniquement des gens simples qui essaient de survivre.
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Tout juste sorti du dernier Ron Rash, je reste dans les Nuits Appalaches avec Chris Offutt, toujours traduit par Anatole Pons. Un court roman noir, simple, aux personnages attachants.

À commencer par Tucker, jeune gars du Kentucky de retour de la guerre de Corée où les forces spéciales ont fait de lui une machine à exécuter, les ordres et l'ennemi. Au contact de sa terre retrouvée, il s'apaise peu à peu, se range et tente de faire subsister les siens en jouant les passeurs de gnôle pour un baron local afin de glaner quelques billets. Il s'apaise encore plus grâce à Rhonda, sa femme, battante, aimante, au corps protecteur et rédempteur, qui lui a offert cinq enfants.

Mais les faibles conditions sociales et sanitaires locales ont fragilisé la vie et l'avenir de ces enfants et pour les protéger, Tucker va à nouveau accepter de se mettre en danger, replongeant dans ce monde binaire du bien et du mal d'autrefois. Avec des conséquences qui s'avèreront plus dramatiques que prévu…

Dans Nuits Appalaches, j'ai retrouvé tout ce qui m'avait emballé dans le bon frère : des gens simples mais droits, portés par leurs valeurs liées à la terre, à la famille et à l'honneur, bousculés par la vie et l'injustice, confrontés à la vengeance mais toujours animés par un souci d'humanité permanent.

J'ai surtout été emporté par l'amour qui émane de cette famille et qui se dégage à chaque page de l'écriture d'Offutt, avec notamment de formidables et émouvantes pages de dialogues entre Tucker et ses enfants, Big Billy, Jo ou Shiny. Sans oublier l'amour de la nature, omniprésente et magnifiée… Une nature qui soigne également, quand assis nu la nuit sur une pierre dressée dans la montagne, elle devient pour Tucker apaisante et rédemptrice.

Précipitez-vous dans ces nuits du Kentucky : attachement garanti !
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Tucker, 18 ans, revient de la guerre de Corée. Sur son chemin il sauve une jeune fille des griffes de son oncle et l'épouse. Nous les retrouvons 10 ans plus tard avec cinq enfants. Galère, précarité, débrouille, combativité, courage, loyauté. C'est l'amour des siens et de toutes ses petites choses autour d'eux qui fera qu'ils ne baisseront jamais les bras. Magnifique couverture des éditions Gallmeister. Merci à Wyoming qui, avec les premières lignes de sa critique m'a donné envie de le lire.
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Le jeune Tucker,ayant combattu en Corée, rentre dans son Kentucky natal.
Méfiant, taiseux, c'est à pieds qu'il effectue la plus grande partie du trajet, traversant les Appalaches au milieu de cette nature sauvage qui lui a toujours servi de refuge.
Sur sa route, il rencontre Rhonda qu'il sauve des griffes d'un oncle incestueux et qu'il emmène avec lui.
Ensemble, ils vont vivre loin de tout, dans les collines et fonder un foyer.
Cinq enfants naîtront de leur union dont, hélas, trois avec un handicap.
L'administration tentant de les leur retirer, le taiseux Tucker se met en position d'attaque car sous le corps de l'âpre combattant bat le coeur d'un père tendre et d'un mari attentionné, soucieux de préserver l'unité familiale.
Ayant conclu un marché avec le trafiquant qui l'emploie, il se résoud à passer 6 années en prison en échange de la protection des siens et d'une grosse somme d'argent à sa libération.
Mais les choses ne tourneront pas nécessairement comme prévu...

Avec ce roman, Chris Offutt nous entraîne dans l'Amérique rurale, loin des grandes métropoles, au fin fond de ce Kentucky sauvage où les hommes, bien que vivant dans la précarité, sont accrochés à leur terre autant qu'à leur famille et se servent de leurs poings pour défendre leur bien.
Une vie aux aguets, toujours à l'affût du moindre danger.
Un récit dans lequel, en fin de compte, il n'y a ni gentils ni méchants, où les meurtres commis le sont par nécessité, par instinct de protection.
Il y a un contraste très fort entre la violence des situations et la tendresse, tellement touchante d'un père envers ses enfants.
Les quelques moments d'intimité de Tucker avec son fils hydrocéphale sont d'autant plus émouvants que l'on sait le caractère renfermé du personnage.

Dans la même veine que Ron Rash, Chris Offutt nous offre des romans à la fois rudes et lumineux, dans lesquels les hommes font corps avec la nature sauvage de leur environnement.
Une nature qui façonne leur caractère aussi finement qu'une lame acérée.
Le style lui-même est tranché, direct, sans fioriture mais il excelle, Dieu sait comment, à rendre l'atmosphère palpable, vibrante.
Malgré quelques maladresses de traduction qui rendent certaines phrases un peu bancales, la lecture est agréable.

La littérature américaine attise de plus en plus ma curiosité et les quelques livres lus jusqu'à présent m'ont conquises.
Je mets un léger bémol sur celui-ci car il n'est pas parvenu à me transporter autant que les précédents, Ron Rash ou Philipp Lewis, mais cela reste un très beau moment de lecture.

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A la fin de la guerre de Corée, Tucky , jeune vétéran, rentre chez lui dans le Kentucky, il rencontrera Rhonda , 15 ans, d'une drôle de façon, et ils tomberont amoureux . Cinq enfants suivront, dont certains souffrant d'un lourd handicap et les services sociaux s'en mêleront. Tucker fera ce qu'il faut, (après tout le Kentucky à côté de la guerre, c'est de la gnognote!) , il travaillera pour le baron local, les propositions d'embauches dans le coin étant réduites à néant.

C'est un roman qui oscille entre violence et nature writing, Tucker connaissant les deux sur le bout des doigts.

Certains passages , notamment ceux sur les services sociaux en 1954 font frémir : comment pouvait-on "disposer" des enfants sans l'accord des parents, sans leur expliquer, sans leur faire visiter les structures d'accueil pour enfants ? Mais la façon dont Tucker et sa femme "géraient" ces handicaps, même s'ils étaient remplis d'amour pour leurs petits, fait frémir aussi, tant leur ignorance en matière d'éveil est colossale. C'est ce qui m'a le plus marqué dans ce roman. Ça et la nature (désormais , je sais comment trouver des morilles !).

C'est un roman noir, très sombre car la vie de ces gens était vraiment très dure et la violence fait partie, depuis la guerre, de la vie de Tucker qui se bat comme un lion pour sa famille, quitte à faire " le vide "autour de lui... Il m'a fait penser à un animal, très intuitif, connaissant son environnement, son biotope, parfaitement, aimant avec ses tripes, et ne faisant pas de quartier, à ses ennemis, sans aucun état d'âme . Ni remord , ni regrets, ce qui doit être fait , doit être fait. Tucker n'attaque jamais, Tucker se défend , c'est tout. Mais sa façon de voir la vie n'est pas celle de la loi ou de la bonne société. Il n'empêche que le lecteur est de son côté car c'est un "gentil".

Trois périodes pour raconter une vie, celle de Tucker, sa famille et es autres : 1954, puis 1964, et puis un épilogue à la fin très surprenant, comme si l'auteur faisait retomber la pression en nous donnant des nouvelles , des années après de tous ceux que l'on a croisé dans ses pages.
Surprenant et très prévenant ..

La nature est partout; elle nourrit la famille de Tucker, elle soigne, elle rassénére, elle renseigne sur la présence actuelle ou passée, d'un ennemi, Il y a de jolis noms de végétaux qui comme je ne les connais pas , ont résonné de façon rès poétique, rythmant cette histoire.


Un roman très original , "très Gallmeister."..
♫ Noir c'est noir ♫ (et vert aussi ..)
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En 1954, Tucker est de retour dans son Kentucky natal, à la fin de la guerre de Corée. Il n'a que 18 ans, il rencontre Rhonda qu 'il sauve des griffes de son oncle incestueux. Ils s' enfuient ensemble et se marient. Tucker trouve un job auprès d'un bootlegger local.
Le couple vit chichement dans une maison en bois, ils auront cinq enfants dont trois anormaux. Quand les services sociaux débarquent et décident de leur enlever les enfants malades pour manque de soins Tucker voit rouge. Il va entrer en guerre contre eux, pour sauver sa famille. Tucker est un époux fidèle et un père aimant, mais il peut devenir violent pour défendre sa famille c'est le côté sombre de sa personnalité.
Chris Offutt, dans un roman court, au style efficace, sans fioritures, habitué à écrire des scénarios, nous dresse le portrait de ces petits blancs déshérités, en marge de la société, sans culture, isolés, vivant dans la nature où les femmes n'ont même pas de médecin pour accoucher.
C'est un roman noir, dur, âpre, où la vie ne fait pas de cadeaux, où on sort souvent son arme pour défendre ses droits.
J'ai apprécié le personnage de Tucker, un homme droit, porté par ses valeurs et son amour pour sa famille, malchanceux, abîmé par la vie, prêt à tout pour défendre les siens
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Avec Chris Offutt, tout est possible, à tout moment. L'imprévisible, le hasard, l'inattendu régissent le monde, pour le meilleur parfois, et souvent pour le pire.
Vous pensiez que ces deux personnages avaient tout pour être heureux ? Ils vivent un cauchemar. Vous espérez passer un peu de temps avec ce type haut en couleur et si minutieusement décrit ? Dommage pour vous, vous ne le reverrez jamais. Vous aimez la belle amitié qui se dégage de ces deux gars fort sympathiques ? Vlan, l'un descend l'autre. Un soleil radieux illumine toute la vallée ? Au tournant de la route, un arbre s'abat violemment sur le capot de la voiture.
Chris Offutt n'écrit pas de feel-good.
Pas de bons sentiments ici.
Pas de vision manichéenne du monde.
Pas de gentils. Pas de méchants.
Mais des gens qui font ce qu'ils peuvent pour vivre pas trop mal. Des gens qui, face au pire, s'arrangent. Tant pis pour la morale. Tant pis pour ceux qui l'ont ouverte un peu trop ou qui ont voulu imposer leur loi bidon.
Non, rien n'est joué d'avance, rien n'est tracé et la vie n'a vraiment rien d'un long fleuve tranquille.
On se tient aux aguets quand on lit un texte de Chris Offutt et la tension est permanente. Parce que le pire rôde toujours dans cet univers violent, âpre et sauvage : la mort peut frapper à tout moment, n'importe qui, même les gens les plus sympathiques, même les coeurs purs, même les enfants.
Chris Offutt met en scène des gens qu'on ne voit pas habituellement : des petites gens, ceux qui n'ont pas eu de chance, dès le départ. Des écorchés, des blessés, des meurtris.
Ils sont là, bien présents, dans toute leur humanité, leur faiblesse, leur peur, leur générosité, leur honte, leurs mensonges, leur vie cabossée, leur corps cassé.
Pas d'apitoiement, pas de pitié.
Ils sont comme ils sont et ils assument leur malchance. Ils se débrouilleront avec ça, comme ils l'ont toujours fait.
L'auteur sait par un détail les faire exister. Pas de longues descriptions inutiles, pas d'effets de manche : non, juste l'essentiel, une suggestion, un mot ou deux : un tremblement dans la voix, un silence, un regard et tout est dit.
Tout en pudeur, en retenue.
Et ils existent. Ils sont.
Il suffit de quelques lignes à Chris Offutt pour faire surgir un personnage que l'on n'a dorénavant plus envie de quitter. Parce qu'il nous intrigue, parce qu'on nous laisse supposer un passé bien lourd. Mais l'on ne saura pas forcément lequel. Pas tout de suite en tout cas. le lecteur est plongé in medias res, dans l'action, la rencontre, le mouvement. La pause permettra de comprendre.
Et quand l'amour surgit, dans cet univers bien sombre, tout s'apaise.
Tout devient tendresse.
Enfin.
La poésie se déploie sur le monde et un court moment, au moins, on souffle.
Encore une chose : vous saurez toujours avec Chris Offutt quelle plante émet cette fragrance un peu envoûtante, à quelle essence d'arbre appartient l'ombre que vous devinez à peine dans le lointain d'une nuit étoilée, quels sont les oiseaux qui chantent en fin d'après-midi lorsque l'orage menace et que l'air se charge d'eau. La nature, omniprésente, essentielle, sert de refuge. Elle protège, cache, soigne. Parce que le monde est dur, brutal, violent, cruel même et qu'il faut se battre.
Chaque jour, encore et encore.
Une lutte que l'on sait infinie.
Je vais vous laisser faire connaissance avec Tucker, découvrir d'où il vient et ce qu'il a fait avant de marcher, par cette matinée lumineuse de printemps, le long d'une route de l'Ohio.
Il rentre chez lui, sur ses terres.
Au loin, on aperçoit déjà les plaines vertes et ondoyantes du Kentucky.
Ce qu'il fera après, il vous faudrait beaucoup d'imagination pour le deviner parce que Chris Offutt est un vrai conteur et qu'il ne vous laissera jamais rien prévoir à l'avance. (Ne lisez pas la quatrième de couv', ce serait tellement dommage!)
En deux mots ou presque : je me suis régalée de ce chef-d'oeuvre.
Sur une route écrasée de soleil, s'arrête une vieille voiture. L'homme qui sort sa tête s'appelle Freeman… Tout un programme.
Tucker monte dans le pick-up, un Chevrolet 1949.
Allez-y, montez avec lui...
L'aventure, la vraie, peut commencer…
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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