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Critique de Iansougourmer


Hôtel iris est à mon avis l'un des meilleurs livre de l'excellente Yoko Ogawa.
Le roman fait le récit de la relation d'amour et de jeu pervers qui va se nouer entre un vieux traducteur de russe vivant reclus sur une île et Mari, jeune fille travaillant dans l'hôtel familial miteux nommé hôtel Iris, non sans ironie par Ogawa, qui vit sous la coupe étouffante d'une mère omniprésente et insensible. La vie De Mari va basculer le soir où elle va être spectatrice d'une scène insolite à l'hôtel Iris : une prostituée sort et insulte un vieil homme élégant qui se voit accusé des pires déviances sexuelles par cette femme. A partir de là Mari, fasciné par cet homme, va prendre contact avec lui et débuter leur relation amoureuse...
Dans ce roman, Yoko Ogawa exerce son talent majeur : semer de manière insidieuse et croissante le malaise chez le lecteur. Tous les éléments de sont mobilisés dans ce but. Tout d'abord les personnages sont bien construits. le personnage du traducteur est assez effrayant avec son caractère instable qui alterne brusques et imprévisibles poussées de violence, comme lors de la scène où il tente d'étrangler Mari, et moments de tendresse où il se montre affable et protecteur envers Mari ou son neveu.
Cependant, Mari est le personnage le plus troublant du récit. Si le lecteur peut avoir de la sympathie pour elle en raison de la vie qu'elle mène, seule depuis le décès des autres membres de la famille avec une mère égocentrique et maniaque, et de son caractère naïf, Mari nous dérange aussi car elle donne l'impression de considérer sa relation destructrice avec le traducteur et la manière dont celui-ci lui témoigne son amour comme une passion amoureuse anodine et normale.

En outre j'ai apprécié la construction du récit qui alterne habilement entre scènes de sexe SM et moments lents. L'accélération notable à la fin du récit provoquée par l'arrivée imprévue, du moins pour Mari, du neveu du traducteur est bien construite car elle remet en question l'équilibre, si l'on peut employer ce terme, qui s'était instauré entre Mari et le traducteur en attisant les passions des personnages.
Le roman est d'autant plus fort que la fin est réussie : le traducteur disparait dans les abysses de l'océan avec ses secrets, laissant le lecteur interdit et sans réponses. Un seul bémol : je pense que l'épilogue au dernier chapitre est superflu.

Tout le talent de Yoko Ogawa est de déboussoler le lecteur par le récit d'une relation déviante qui nous interroge sur les origines de l'amour et du plaisir et sur l'attirance de l'homme pour la destruction et par extension la mort via la pratique du sado masochisme. Cet aspect est encore accru par le caractère anodin des personnages : un intellectuel solitaire et une jeune assez banale.

Un roman dérangeant qui me laisse un sentiment indécis, entre malaise et amertume. A lire pour tous ceux qui aiment être bousculés.

Ps : par rapport aux romans de Ryû Murakami, en particulier Ecstasy, Yoko Ogawa reste très sobre concernant les pratiques SM !
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