Je me suis laissée tenter grâce aux critiques très positives lues ici ou là. Mais cet ouvrage ne m'a pas convaincu totalement. J'avais envie de légèreté, d'un retour aux sources, à des valeurs humaines, à la simplicité de la vie. Les ingrédients y sont réunis, il est vrai. Mais, je m'ennuie. Il ne se passe rien. Rien d'excitant, de palpitant, pas d'intrigue...que sais-je ? Je m'ennuie. le livre prend un peu la poussière. Je le delaisse souvent. J'ai perdu le goût de lire. Je m'y plonge comme une obligation. Parfois, je décroche, rêvasse tout en alignant les mots. Je ne sais si j'arriverai au bout du point final.
Cependant, certains passages sont attrayant. C'est un roman sensoriel. Il met en avant nos sens à travers les 4 saisons passées à Kamura au Japon dans
la papeterie Tsubaki.
Le sens des saisons : le temps, le chaud, le froid, la météo est importante à cause de son influence sur nos humeurs comme sur notre état physique. L' héroïne y est particulièrement sensible.
Le sens de l'odorat et du goût dans
les descriptions culinaires : pâtisserie, restaurant, petits plats emportés, le plaisir des saveurs, des fumets, de la convivialité. le sens du toucher dans le choix du papier, la création de l'encre, du stylo ou du pinceau choisi pour composer le message. L'héroïne, Poppo est calligraphe et écrivain public. Elle parle de son héritage et de son apprentissage de cet art, les différentes caractéristiques de la calligraphie : la couleur des encres, le choix de l'outil qui formera les caractères du langage écrit, le choix des signes et des idéogrammes, du papier (ancien ou pas, grammage, texture, douceur, fragilité, couleur). Je me perdais dans les différents styles japonais du langage et de leurs noms originels, Kanjis ou hiraganas... Il y avait de quoi y perdre son latin.
C'est intéressant cet univers exploré.
Elle parle, aussi, de ses rencontres avec ses clients commanditaires : l'accueil, l'écoute attentive et empathique pour comprendre le besoin. Ce temps dévoué à l'autre, ce temps pris, du temps volé, partagé autour d'une tasse de thé, un thé vert au yuzu, changeant à chaque fois. Une boisson aidant à la pause, à la réception de l'autre qui rentre chez elle, la boutique, loin de toute agitation, à la confidence et à la confiance. On entend lamer au loin, le vent dans les furins ou carillon japonais ou encore les tanzakus,
et le son des voix qui parlent, qui racontent. Enfin le bonheur d'en apporter à l'autre, la sensation procurée.
L' écriture n'est pas un don donné à quiconque. Poppo aide dans la confection de son art : un message, une carte de voeux, un texte d'encouragement, une déclaration...Il faut savoir trouver les mots et les magnifier par l'intermédiaire de leur écrin : enveloppe, timbre, support...
J'aime la description du métier de l'héroïne présenté dans l'ouvrage. J'ai ressenti sa passion pour celui-ci.
L' écrivain met en avant cette culture orientale un peu compliquée pour les néophytes. L'importance des convenances, de la politesse, des temples et la présence des esprits et des ancêtres. L' importance du respect pour les morts comme pour les vivants, le poids de la culture et des croyances, des traditions, aussi, empreint de pudeur.
Il met en opposition les époques et les générations en confrontant les techniques et technologies entre calligraphie et courrier électronique, critique implicitement la mentalité d'aujourd'hui lié à l'effort, à la facilité et la rapidité...contre le temps, le travail demandé et réalisé. Il semble s'écouler doucement et lentement ce temps comme une rivière tranquille et zen du Japon. Comme l'ouvrage au style lexical assez faible.
J'ai quand même envie de reprendre l'avion pour Paris.