Fred, la quarantaine, raconte dans cette histoire sa volonté de changement, de s'y mettre comme il le dit si bien... "Mais d'abord, un dernier verre". Il passe en revue toute son expérience professionnelle qui se résume à des petits boulots, des tentatives avortées de faire quelque chose. Au final, il se retrouve en fin de droits : bientôt, il ne pourra plus toucher son chômage, alors c'est décidé, il va s'y mettre.
Mais la procrastination est devenue son mode de vie, chaque jour, il se répète un leitmotiv qui finit par ne plus rien vouloir dire. Les journées à prendre plaisir à la vue de
Sophie Davant l'après-midi vont se transformer lorsqu'il devient "protecteur" tentant de protéger deux jeunes femmes. Mais cette activité le mènera loin, jusqu'en Espagne où là, il s'y est mis dans son aventure.
À la fois loufoque et décalé,
Florent Oiseau nous offre un premier roman intéressant sur la société actuelle et ce mot : procrastination que j'entends de plus en plus dans certains médias.
Une écriture travaillée effleurant la facilité sans la dépasser : l'auteur joue avec les mots, joue aussi avec le quotidien de Fred, donnant des scènes d'un humour caustique délicieux. Jouant au Loto, se trouvant un travail qui ne va surtout pas l'exténuer jusqu'à protéger ces deux jeunes femmes... Jouant au Loto, se trouvant un travail qui ne va surtout pas l'exténuer jusqu'à protéger ces deux jeunes femmes... Comprendront les lecteurs... C'est la grande qualité de ce livre : avec un scénario simple, l'auteur nous fait voyager de la France en Espagne, utilisant un humour qui m'a conquise : loin des codes habituels de la littérature, on a droit à un livre qui ne connaît pas de copie dans sa façon de critiquer sans accuser.
La construction du livre est très intéressante. Je me suis attendue à ne pas apprécier Fred en lisant la quatrième de couverture. Et pourtant, je l'ai trouvé attachant dans sa bizarrerie, dans sa simplicité (car oui, il ne va pas au Ritz tous les soirs), mais aussi son franc-parler : il se rend compte de sa situation, il sait qu'il faut changer tout cela, mais en même temps, il tourne les événements de telle façon qu'ils semblent "normaux".
Fred rencontre différents personnages, et malgré son indolence, arrive à sympathiser avec eux. J'ai aimé cette palette de personnalité qu'il découvre au fil de ses péripéties : simple, entier, différent, critiquable par leurs actions... Bref des personnes, des vrais que
Florent Oiseau a su retranscrire dans ses pages avec beaucoup de réalisme et de respect.
Il y a également une bonne partie du livre qui peut se résumer au rapport que Fred a avec les femmes : targuant de les aimer et de vouloir leur bien, il n'est pourtant pas si "gentleman" que cela. En effet, le nombre de fois où il nous raconte ses mésaventures amoureuses et sexuelles, Fred s'en plaint, s'en forcément se remettre en question. Cela montre une autre facette de ce personnage prêt à s'y mettre.
En bref :
Pour un premier roman, je suis agréablement surprise de retrouver un livre maîtrisé, drôle, que j'ai même trouvé satirique de notre société où tout le monde doit réussir, gagner beaucoup d'argent et être reconnu de tous.
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